En France, en région et en Europe

Vainqueur du Challenge Open Hors Catégorie Sport en 2014, Thierry Bertin repartait cette saison pour une nouvelle campagne dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. Pas de changement en ce qui concerne sa monture, c’est toujours au volant de sa Dallara PA 08 à moteur 1300 cm3 que le Franc-comtois allait affronter les Courses de Côte de l’hexagone. Côté objectifs, ils se limitaient à terminer cette saison, sans grever son budget, et en évitant de faire subir à sa monoplace des dommages qui auraient pu compromettre les nombreuses participations initialement prévues.

Animateur assidu de notre championnat, Thierry avait établi cette année un calendrier étoffé, sur lequel on trouvait non seulement des épreuves françaises, mais également quelques rendez-vous en dehors de nos frontières : « J’avais cœur de disputer plusieurs épreuves régionales, mais également de faire quelques courses à l’étranger » confie-t-il. « J’ai hésité à m’engager sur l’ensemble du Championnat de France, mais j’avais quelques incertitudes concernant mes obligations professionnelles. Difficile pour moi de savoir si je serais en en mesure de me libérer pour les douze épreuves. »

Thierry Bertin optait alors pour une inscription en Open, avec la liberté par la suite de s’engager au coup par coup sur des épreuves régionales, et de pouvoir saisir l’opportunité de s’exporter sur des épreuves européennes.

Mais c’est à Bagnols-Sabran, sur la manche d’ouverture de notre championnat national, que Thierry débutait sa saison : « J’ai eu du mal sur cette première », avoue-t-il. « J’avais chaussé quatre pneus neufs, et je suis à une seconde de ma meilleure performance sur cette épreuve. Sur le moment je n’ai pas vraiment compris pourquoi je ne parvenais pas à rééditer mes précédents chronos. Ce n’est qu’en milieu de saison que j’ai réalisé que je ne disposais pas d’un bon étagement de boîte de vitesses, et que je n’exploitais donc pas correctement le couple dont je disposais. »

Thierry allait mettre à profit les quinze jours qui séparaient Bagnols-Sabran du Col Saint-Pierre pour réviser sa Dallara. Cela lui permettait de se présenter au départ de l’épreuve comptant pour le Championnat d’Europe, avec une voiture disposant de réglages plus à sa convenance. Sur ce deuxième rendez-vous gardois de la saison, il engageait un duel avec Yves Martin, et devait s’incliner pour seulement 57 millièmes de secondes : « A l’arrivée, Yves m’a avoué avoir tout donné. Il ne m’a pas caché qu’il voulait vraiment être devant, et que dans son esprit, ça passait ou ça cassait ! Il gardait en tête que l’an dernier je l’avais devancé de plus de deux secondes, et il tenait à prendre sa revanche. Pour cela, il avait optimisé son moteur durant l’intersaison, et chaussé quatre gommes neuves pour le Saint Pierre », explique Thierry qui reconnait malgré tout être très satisfait de cette deuxième place.

Successions de victoires jusqu’en fin de saison
Devancé sur les pentes du Col Saint-Pierre, Thierry Bertin ne laissait par la suite à personne, le soin de s’imposer en classe DE/1. A Abreschviller, il signait un premier succès assorti d’une 26ème place au scratch : « J’ai passé un excellent week-end. J’avais opté pour des rapports de boîte plus longs, et je signe de très bons chronos. »

Thierry rééditait sur la Course de Côte des Beaujolais où on le retrouvait une nouvelle fois en tête des 1.300 du classement Sport : « J’ai configuré la voiture pour disposer de 12 km/h supplémentaires dans la boîte. C’est payant puisque j’améliore mon chrono de plus de deux secondes et demie. C’est toujours plaisant de réaliser ce genre de performance avec une auto dont on a seulement révisé le moteur durant la pause hivernale. »

Dire de Thierry Bertin qu’à Vuillafans il dispute sa course à domicile n’est pas une litote. Le Franc-comtois a passé une bonne partie de son enfance dans la maison familiale située dans le village du Doubs, et c’est ici-même qu’il a vu évoluer pour la première fois les stars de la discipline. Ce rendez-vous a donc un caractère particulier pour le pilote de la Dallara, qui met un point d’honneur à s’illustrer sur la route qui mène de Vuillafans à Echevannes. Cette année encore, il sera à l’honneur en accrochant une nouvelle victoire de classe : « Jusqu’alors, mon meilleur temps était d’une minute douze, et là je signe un chrono en 1’10’’132. Bien évidemment, je suis chez moi, et je connais le tracé dans ces moindres détails. Ça devient presque obligatoire pour moi de m’imposer ici. Dans le cas contraire, j’aurais le sentiment d’avoir commis une erreur. »

La dernière manche de la saison, disputée à Turckheim, donnait l’occasion à Thierry de remporter un nouveau succès : « Ce fut assez compliqué car je n’avais plus de pneus », se souvient-il. « Je signe mon meilleur temps lors de la deuxième montée, et je n’ai malheureusement pas pu améliorer sur la dernière. Mais je pense que c’est la course sur laquelle j’ai été dans l’obligation de prendre le plus de risques cette saison. »

Podium et victoires de classe en régional
S’il a animé le Championnat de France de la Montagne de fort belle manière, Thierry Bertin ne s’est pas privé de s’illustrer également sur des épreuves régionales. Ce fut le cas à Coligny où il plaçait sa Dallara à la quinzième place du classement scratch, terminant par la même occasion deuxième des 1.300 cm3 : « Je garde un très bon souvenir de cette participation. Je pense que j’aurais pu être devant, mais je n’avais pas fait un bon choix en ce qui concerne les rapports de boîte. C’est une erreur de ma part, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. »

Le week-end suivant on retrouvait le Franc-comtois à Donzy-le-Pertuis, où cette fois, malgré une forte concurrence, il imposait sa Dallara en classe DE/1 : « Nous étions quatre dans la classe et il a fallu batailler ferme pour aller chercher la victoire. Là j’ai dû chausser quatre pneus neufs. »

Thierry avoue être également très satisfait de sa prestation à La Broque où, au mois de juin, il plaçait sa Dallara en tête des 1.300 avec en prime une quinzième place au scratch.

Au mois de septembre, Thierry allait réaliser une de ses plus belles courses de la saison en accrochant la deuxième place au scratch sur la Course de Côte de Malbuisson. La plus haute marche du podium lui échappait pour seulement 139 millièmes, le temps qui le séparait de Thibaut Brand : « Je ne pouvais pas aller plus vite », reconnait-il. « J’ai tout donné, j’ai même failli me sortir. Si j’avais mis des pneus neufs, je pense que j’aurais été devant, mais on ne refait pas l’histoire. »

Ses performances sur les épreuves régionales permettaient à Thierry Bertin de décrocher son ticket pour la Finale de la Coupe de France. Mais son week-end à Limonest ne lui offrait pas vraiment des motifs de satisfactions : « Une catastrophe ! », résume-t-il. « Mes concurrents disposaient de pneus neufs, je n’en avais pas, ce qui est une énorme erreur. Après, je suis conscient qu’il m’aurait été impossible d’aller chercher Fabrice Flandy, qui a un excellent moteur et un non moins excellent coup de volant. Mais je termine quatrième, ce qui est pour moi une contre-performance. »

Pour conclure la saison, Thierry s’engageait sur la Course de Côte du Circuit de Bresse. Il allait sur cette épreuve vivre un moment particulier, de ceux qui marquent la vie d’un pilote : « Laurane, ma fille, disputait sa première course en démonstration au volant d’une monoplace que Virginie Krahenbuhl lui a prêté. Bien évidemment je me suis avant tout occupé de Laurane, ma course était accessoire », confie Thierry qui ne manquait pas toutefois de remporter sa classe. « Ce que je retiens avant tout c’est d’avoir partagé ce week-end avec ma fille. Elle m’a suivi sur les courses tout au long de la saison, m’a soutenu dans les moments difficiles, et j’étais vraiment ravi qu’elle puisse rouler. »

Une première course qui pourrait en appeler d’autres. Laurane ne cache pas qu’elle aimerait bien s’essayer au circuit avant de, pourquoi pas, rejoindre son père sur les courses de côte.

Campagne européenne perturbée par la pluie
On l’a vu, Thierry Bertin décidait pour cette saison 2015 de s’exporter hors de nos frontières pour aller défier les pilotes étrangers. Choix intéressant, mais l’occasion de se faire plaisir sera un peu gâchée par une météo peu clémente qui, cette année, allait perturber deux rendez-vous majeurs.

Début mai c’est tout d’abord à Eschdorf que Thierry allait vivre un week-end très difficile, sous une pluie battante : « Il tombait des cordes, c’était très compliqué de rouler dans ces conditions. »

Mais au mois d’août, à Onasbrück, le soleil était de la partie et Thierry en profitait pour signer une excellente performance : « Je remporte la classe des moins de 1.600 cm3, car en Allemagne on ne trouve que deux classes : Une de moins de 2 Litres et une dédiée aux moins de 1.600 », rappelle le Franc-comtois. Le plateau de l’épreuve allemande était particulièrement étoffé et Thierry se retrouvait confronté à des autos plus puissantes, ce qui rend sa victoire de classe d’autant plus belle.

L’accalmie météorologique sera de courte durée, et sur la Course de Côte de Saint Ursanne - Les Rangiers, les fortes pluies allaient être à l’origine d’un dysfonctionnement de son boîtier électronique : « Il a tout simplement grillé. J’ai dû le confier à mon préparateur, HTR développement, qui m’a refait un boîtier et un faisceau en un temps record. »

Ces petites déconvenues européennes n’allaient en rien entamer le moral de Thierry qui, à l’heure de faire le bilan, s’avoue entièrement satisfait de son année : « J’ai vraiment vécu une excellente saison. Je n’ai pas eu la moindre casse mécanique et je n’ai pas été victime de la moindre sortie de route », rappelle Thierry. « Je sais aujourd’hui que tout le travail réalisé l’an dernier a été bénéfique. »

Thierry Bertin a un autre motif de satisfaction, celui d’avoir pris énormément de plaisir au volant, tout en restant extrêmement raisonnable en termes de budget : « Je roule aujourd’hui avec une auto qui me convient parfaitement. Je ne sais pas si je pourrais trouver une voiture aussi plaisante, qui me permette d’évoluer avec un budget aussi limité. Le rapport entre plaisir et dépenses est pour moi idéal. »

Pour ce qui est de 2016, Thierry est en période de réflexion. Mais même s’il cogite sur la manière d’aborder la saison à venir, il lui parait impossible de lâcher la Course de Côte : « Je voudrais avant tout partager des choses avec Laurane, ce sera ma priorité pour l’année prochaine. Pour le moment, nous n’avons pris aucune décision, et je ne sais donc pas si je vais la faire courir avec mon auto, si elle disposera de sa propre voiture, ou si nous nous dirigeons vers le rallye pour rouler ensemble », confie-t-il. « Pour ce qui est du Championnat, c’est le budget qui définira si je dispute un Challenge Open ou si je m’engage sur la totalité du Championnat. »

On retrouvera donc l’an prochain la Dallara PA 08 à moteur 1300 cm3 sur des épreuves du Championnat de France de la Montagne. Une nouvelle fois, elle devrait afficher les couleurs des fidèles partenaires qui soutiennent Thierry : « Je tiens d’ailleurs à remercier les Transports Samat et le cabinet d’assurance MMA de Roche Lez Beaupré. » Mais Thierry n’oublie ceux, qui dans l’ombre, assurent le bon déroulement des épreuves : « Je veux remercier les commissaires qui tout au long de la saison font un travail formidable, parfois dans des conditions difficiles. »

Bien évidemment, Thierry Bertin ne peut oublier sa plus ardente supportrice, sa fille Laurane : « Merci à elle parce qu’elle m’a suivi tout au long de l’année et que je suis très heureux de partager tous ces moments avec elle. Un grand merci également à Alain Arbant qui a su réparer les problèmes électroniques que j’ai rencontrés à La Broque », conclut Thierry.


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