Cinquième trophée de groupe pour Sébastien

Après avoir remporté deux Trophées FFSA du groupe F2000 en 2014 et 2015, Sébastien Lemaire a poursuivi sa quête de titres du côté du groupe N. A l’issue de cette saison 2023, il remporte son troisième Trophée FFSA en groupe N et par la même occasion une nouvelle coupe de vainqueur du Challenge Open N/4.

Le groupe N, sur le Championnat de France de la Montagne, serait-il en passe de devenir une histoire de famille ? Est-on en train de voir naitre une nouvelle dynastie qui a aujourd’hui la main mise sur la catégorie ? En effet, après que Pascal Cat a régné en maitre sur le groupe en établissant un record de 87 victoires et en inscrivant à son palmarès dix trophées FFSA du groupe N, c’est sa fille Morane qui prend la succession en remportant au terme de la saison 2023 un second titre de Championne de France acquis au volant de la BMW jadis pilotée par son papa. Dans le même temps, le compagnon de Morane, Sébastien Lemaire, assoit sa suprématie sur le groupe N en signant cette année onze victoires sur les douze épreuves qu’il a disputées. Sébastien a par la même occasion pris le relais de Pascal Cat puisqu’il compte à présent trois Trophées FFSA du groupe N à son palmarès.

Il est donc clair qu’en l’espace de quelques saisons, Sébastien Lemaire est devenu la nouvelle référence dans un groupe où les BMW M3 tiennent le haut du pavé : « De ce fait l’objectif pour cette saison était de conserver les titres tant sur le Challenge Open que sur le Trophée FFSA, mais également d’essayer de rentrer dans le top 10 », débute Sébastien. « En 2022, je pointais à la dixième place avant la Course de Côte de Limonest, dernière manche de la saison, et je me fais sortir du top 10 par David Meillon. Je voulais donc cette année terminer parmi les dix meilleurs pilotes du Championnat Production. »

En sa qualité de tenant du titre, Sébastien Lemaire se présentait en favori, mais gardait à l’esprit qu’il allait devoir se battre pour rester au sommet de la hiérarchie : « Morane (Cat-Mackowiak) avait démontré sa progression lors de la saison passée et je savais qu’elle serait une adversaire de taille, Alex (Garnier) reste bien évidemment un sacré rival, et il fallait compter sur l’arrivée de Kévin (Jarousse) dont on sait qu’il est performant. Donc l’objectif numéro un était de conserver le titre et accessoirement de terminer dans les dix premiers du championnat. »

Excepté une révision de contrôle, la BMW M3 ne bénéficiait pas de réelles améliorations durant l’intersaison. Il faut dire que Sébastien Lemaire avait réalisé un carton plein en 2022 en ajoutant au Trophée FFSA du groupe N et à sa victoire sur le Challenge Open N/4, une victoire de groupe sur la Finale de la Coupe de France. Les performances de la ''Béhème'' étaient donc au rendez-vous, il n’y avait pas de raison de modifier les réglages : « L’auto était prête, je n’allais pas prendre le risque de la dégrader en apportant des changements. C’est tout de même l’avantage du groupe N, c’est que l’on n’a pas grand choses à réviser contrairement à des voitures de courses plus sophistiquées. »

Onze victoires de groupe en douze manches !
Alexandre Garnier découvrait cette année la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture du championnat, ce qui ne l’empêchait pas de pointer en tête du groupe N à l’issue des essais. Et même s’il ne devançait Sébastien Lemaire que de 69 millièmes, le pilote audois savait qu’il allait devoir tout donner pour s’imposer : « A la première montée de course, il est encore devant moi, et là j’ai vraiment dû cravacher dimanche pour aller le chercher. Morane n’était pas loin, et si au final je l’emporte, j’avoue que ce fut pour moi un gros lancement de saison, avec une vraie pression de la part de mes adversaires. »

Après avoir accroché la onzième place du Production à Bagnols-Sabran, c’est au seizième rang que l’on retrouvait Sébastien à l’arrivée du Col Saint-Pierre où il signe une nouvelle victoire de groupe : « Je bats le record que détenait mon ami Bertrand Simonin d'un dixième. Là encore il y a eu une belle bagarre, avec une vraie progression de Morane et également d’Alex, qui sur une montée me suit à seulement un dixième. Sur une épreuve où il a beaucoup moins d’expérience que moi il est performant, ce qui présageait de beaux combats pour la suite. »

A Abreschviller un autre protagoniste viendra se mêler aux débats, Gaëtan Jeannel, toujours performant sur l’épreuve mosellane avec sa Mitsubishi Lancer : « Avec une météo pluvieuse, je redoutais cette épreuve. L’an dernier j’étais parvenu à m’imposer au cumul, mais c’est Gaëtan qui avait signé le meilleur chrono. Cette année, je suis parvenu à signer le meilleur temps et à l’emporter au cumul, donc très satisfait. Je savais que Gaëtan serait performant sur une épreuve qu’il affectionne et qui convient bien à sa voiture. Au final, ce fut un week-end compliqué mais qui pour moi se termine bien », analyse Sébastien qui, au cumul, devance Gaëtan Jeannel de 944 millièmes.

Mi-mai, l’entreprise qui emploie Sébastien Lemaire fêtait ses 20 ans, et pour l’occasion organisait une journée portes ouvertes à destination de ses fournisseurs et de ses clients : « Il y a plus de six cents personnes qui nous ont rendu visite, je ne pouvais pas décemment être absent. De ce fait je loupais la Course de Côte des Teurses de Thèreval – Agneaux. Les journées portes ouvertes étaient prévues le vendredi et samedi, et je me suis dit que je pouvais peut-être prendre le départ dimanche. Mais j’étais à Metz, et la distance avec la Normandie était trop importante pour que cela soit raisonnable. Finalement j’ai pu arriver à Hébécrevon dimanche à 18h00 pour assister à la première victoire de Morane sur le championnat. J’ai pu la féliciter et j’étais super content pour elle. »

''Seb'' sera de retour derrière le volant à La Pommeraye où, en terminant quatorzième du Production, il signait un nouveau succès en groupe N : « J’avais battu le record l’an dernier et j’améliore encore par deux fois cette année sur la première et la troisième montée. Morane était à quelques dixièmes et cela m’a obligé vraiment à tout donner. »

A Saint Gouëno, Sébastien Lemaire allait connaitre sa seule défaite de la saison, car s’il accroche la quinzième place du scratch en Production, il est devancé de quatre dixièmes par une autre M3 groupe N, celle d’Alexandre Garnier : « Là encore il découvrait, et il me devance aux essais. Mais comme je prenais mes repères, je ne me suis pas vraiment formalisé, même si je savais que ça allait être chaud. Le samedi soir, il me met une sanction en me devançant d’une seconde et demie et en battant le record du groupe qui tenait depuis 2010. Je me suis remis en question pour la journée de dimanche et je suis parvenu à réduire l’écart. Je suis content d’être revenu au contact, mais il est clair que sur ce week-end il a été meilleur que moi, sur une course qu’il découvrait, félicitation à lui, et un peu frustrant pour moi. »

Sébastien Lemaire savait alors en retrouvant Alexandre Garnier à Marchampt que leur confrontation dans le Beaujolais pouvait avoir une importance capitale pour la suite. Celui qui prendrait l’ascendant marquerait les esprits : « J’appréhendais un peu ce rendez-vous parce qu’Alex sortait d’une victoire et qu’il s’était imposé ici-même l’an dernier. Il arrivait dans les meilleures dispositions et je savais que je devais remettre les pendules à l’heure pour qu’il ne prenne pas l’ascendant sur moi », analyse Sébastien. « Finalement j’ai réussi à le contenir tout au long du week-end, et si au final je ne m’impose que d’une seconde une, la victoire est bien là », se satisfait l’Audois qui termine douzième du Production sur une course qui affiche un énorme plateau et dont le tracé favorise les voitures les plus puissantes.

La confrontation entre Sébastien Lemaire et Alexandre Garnier aurait dû se poursuivre à Vuillafans. Malheureusement, sur l’épreuve franc-comtoise, Alexandre partait à la faute et devait renoncer : « C’est vraiment dommage, d’autant que c’est un peu sa course à domicile. J’espérais un beau combat, il n’a pas eu lieu puisqu’il est sorti sur la première montée de course. Par la suite, j’ai surveillé de près Morane et David (Lamarche) qui est un pilote très rapide en rallye et qui avec sa M3 signe de très bons chronos. » Sébastien quittait le Doubs avec une nouvelle victoire de groupe en poche en ayant devancé au final sa compagne Morane : « Pour le championnat c’est bien évidemment le scénario idéal puisque je marque des points importants, mais il est clair que je suis déçu pour Alex qui heureusement ne s’est pas fait mal mais qui a endommagé sérieusement son auto. »

La victoire en groupe N allait une nouvelle fois échoir dans l’escarcelle de Sébastien Lemaire à Dunières où on retrouve à l’arrivée la BMW M3 au seizième rang du Production : « Je suis content de mon week-end, même si j’espérais un peu améliorer mes chronos car au final je signe les mêmes temps que l’an dernier. Ce n’est pas la course sur laquelle je suis le plus à mon aise, mais je m’impose devant Morane et Kevin (Jarousse), ça me va très bien. »

Le couple leader du groupe N allait réaliser un nouveau doublé à l’occasion du Mont-Dore, puisque dans le Massif du Sancy Sébastien vient chercher une victoire devant Morane : « Même si le week-end a été écourté, puisque nous n’avons fait que deux montées de course, je suis pleinement satisfait parce que j’ai établi un nouveau record. C’était un peu frustrant de ne pas faire plus de montées, mais pour Morane et moi c’est le week-end parfait. »

A Chamrousse, Sébastien Lemaire devancera une nouvelle fois Morane Cat-Mackowiak pour aller signer une victoire iséroise assortie d’une treizième place en Production : « En 2022, Morane était très proche de moi, elle m’avait même devancé sur une montée. J’attendais donc ce rendez-vous avec une certaine tension car je savais qu’elle serait performante sur cette épreuve. Je ne me suis pas trompé parce qu’elle m’a poussé tout au long du week-end, c’est entre nous une belle émulation. »

Turckheim marquait le retour d’Alexandre Garnier qui se présentait toujours comme un sérieux rival, d’autant que le Haut-Saônois disposait de pneus neufs pour aborder la manche alsacienne : « Pour ma part je n’avais plus que des gommes usagées et je craignais de ne pouvoir résister. Finalement Alex s’est fait quelques chaleurs sur la première montée, et de ce fait à eu du mal à rentrer dans la course. Je m’impose à l’issue d’une nouvelle bagarre avec Alex et Morane, donc c’est pour moi positif. »

S’il y a un rendez-vous que Sébastien Lemaire redoutait c’est bien la Course de Côte de Limonest. Cela faisait de nombreuses années qu’il n’avait pas eu l’occasion de prendre part à cette épreuve : « La dernière fois c’était en 2013 et j’étais en concurrence face à Pascal (Cat). » A cette occasion, Pascal Cat avait remporté le groupe N, 29 millièmes devant Sébastien. « C’est la seule course sur laquelle Morane compte plus de participations que moi, la dernière fois j’avais été devancé par le père, je ne voulais pas être cette fois devancé par la fille », lâche Sébastien dans un sourire. « Finalement je suis parvenu à la contenir, et on termine la saison par un nouveau doublé », se réjouit ''Seb'' qui signe un dernier succès devant Morane. « Ce dernier rendez-vous me permet de valider ma place dans le top 10, c’était parfait pour moi. »

Trophée FFSA, Challenge Open et 7ème place du Production
A l’heure de faire les comptes, c’est à la septième place du Championnat Production que l’on retrouve Sébastien Lemaire. En plus de terminer dans le top 10, il remporte un nouveau succès dans le Challenge Open N/4 et s’adjuge son troisième Trophée FFSA du groupe N : « C’est la saison parfaite, si ce n’est que je regrette de ne pas avoir été qualifié pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne, car j’aurais aimé faire comme l’an dernier, le doublé, Championnat / Coupe. Mais je n’ai pas pris part à suffisamment d’épreuves hors championnat pour obtenir mon ticket. Mais pour le reste, je ne peux être que pleinement satisfait, c’est très largement positif. »

A l’issue d’une saison où il accumule une nouvelle fois les trophées, Sébastien Lemaire tient à remercier ceux qui l’ont accompagné et soutenu : « Un grand merci à mes partenaires, Fournitures Pièces Auto, Marchal Sport Garage, Lysion, Eroshop Clermont Ferrand, Carrosserie Granier, EMS Motorsport, MC Motorsport. Un immense merci à mes parents, à Morane et ma famille pour leur soutien sans faille. Je n’oublie pas Ronald (Garcès) pour ses conseils et talents culinaires », plaisante Sébastien, « ainsi que Bertrand (Simonin) pour tout le travail et la mise au point de l'auto, Bernard et Pascal pour l'assistance sur toute la saison. »

Il est peu probable que le numéro 107 figure en 2024 sur les flancs de la BMW M3. La voiture de Sébastien Lemaire est en effet à la vente : « J’espère pourvoir changer de monture. Pour l’heure rien n’est arrêté. Pour être honnête, je dois moi-même passer par l’assistance pour une petite révision afin de résoudre un petit souci qui me gêne pour tourner correctement le volant », confie Sébastien sur le ton de la plaisanterie. « Si la révision se passe bien, je serai rapidement de retour derrière le volant… Pour le moment la BMW est à la vente, et si elle part il me restera à trouver une nouvelle auto et je ne sais pas encore exactement vers quoi je vais me tourner. Mais normalement je vais continuer à animer le Championnat Production », conclut Sébastien.

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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