Troisième de l’Open F3 à l’issue d’une saison compliquée

C’est avec comme objectif de terminer sa saison sur le podium de la F3, et si possible de conserver la deuxième place acquise en 2014 que Raynald Thomas abordait la saison 2015. Mais il allait rapidement prendre conscience que les réglages adoptés n’étaient certainement pas les meilleurs pour se mettre en avant. Ajouter à cela une confiance un tant soit peu écornée suite à une violente sortie de route, l’an dernier au Mont-Dore, et Raynald allait connaitre une saison jalonnée de belles prestations et de moments de doute.

Août 2014, la sortie de route de Raynald Thomas au sommet du Col de la Croix Saint-Robert avait marqué les esprits. Un accident dont il sortait indemne, mais qui allait occasionner quelques dommages sur sa F3 Lola B06/30. Si Raynald parvenait rapidement à réparer, il savait pertinemment qu’à la suite d’un tel accident, il se devait de réviser totalement sa monoplace : « J’ai mis à profit l’intersaison pour réviser le moteur et apporter pas mal de petites modifications sur les réglages de la voiture. Je pensais sincèrement que cela m’apporterait un mieux, mais finalement j’ai le sentiment que je suis parti dans une mauvaise direction. »

Sa violente sortie au Mont-Dore, qui se concluait par un tonneau au passage de la ligne d’arrivée, aura une autre conséquence. Car si physiquement Raynald sortait indemne de cet accident, psychologiquement il en sera autrement, et le pilote de Vallières reconnait en toute honnêteté qu’il a dû batailler ferme pour retrouver la confiance : « Juste après cette mésaventure, je m’impose à Chamrousse, mais par la suite ce fut plus compliqué. Je ne peux pas incriminer le matériel, je sais que la voiture est performante. Mais durant cette saison, par moment, l’accident refaisait surface dans mon esprit. Tout au long de l’année j’ai été moins rapide que lors des précédentes saisons. » Une situation frustrante pour un pilote expérimenté, habitué à jouer les premiers rôles dans sa catégorie. « Sur certaines épreuves, le pied se levait tout seul à des endroits où normalement ça passe à fond. J’avais vraiment du mal à retrouver la confiance. »

Raynald savait de plus que le défi qui l’attendait ne serait pas facile à relever : « J’étais lucide, face à Billy (Ritchen) et à David (Guillaumard), ce serait difficile. Mais j’espérais au moins rééditer mes chronos des années précédentes et pouvoir concurrencer avec eux. Au final je me suis retrouvé distancé, et même si nous ne disposons pas du même matériel, un tel écart ne peut pas être dû à la voiture », analyse Raynald. « Je sais que même si mes réglages n’étaient pas optimisés, c’est avant tout moi qui n’était pas dans le coup. »

Soucis moteur sur les manches gardoises
D’entrée de jeu, Raynald Thomas allait connaitre quelques soucis lors de la première confrontation disputée sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran. Samedi, lors des essais, une panne de démarreur allait le priver d’une montée : « Ce n’était pas idéal, car avec Didier (Chaumont), nous n’avions pas fait d’essais préparatoires avant ce premier rendez-vous, et il était important d’accumuler les montées », explique Raynald : « Dimanche, sur la dernière montée, j’ai eu des coupures dues à un problème de batterie. J’espérais améliorer mon chrono, mais ça n’a pas été possible. » Sixième des F3, le pilote de la Lola s’avoue déçu du résultat.

Difficile à nouveau pour Raynald de trouver le bon rythme sur le long tracé du Col Saint-Pierre où, une nouvelle fois, le démarreur allait lui donner quelques soucis : « Sur ces deux premières courses de l’année, j’avais le moteur qui se mettait en défaut à cause d’un dysfonctionnement de l’électronique. Là encore, j’espérais mieux de cette participation. » Animateur du Championnat de France, Raynald était également engagé sur la manche européenne à l’occasion de ce Col Saint-Pierre. Et malgré ses déboires, il tire parfaitement son épingle du jeu en accrochant la quatrième place au scratch, assortie d’une victoire en classe E2SS 2 : « C’est une de mes épreuves préférées, et c’est important pour mes partenaires et pour moi-même de réaliser ce genre de résultat. C’est une vraie satisfaction. »

A l’heure de se présenter au départ de la Course de Côte d’Abreschviller, Raynald était parvenu à résoudre les problèmes électroniques qui avaient affecté la mécanique de sa Lola sur les deux épreuves gardoises. Plus en verve, il se classait alors huitième au scratch, deuxième des F3 derrière Billy Ritchen : « Je ne suis pas trop loin de Billy et du Proto 2 litres de Kévin Durot, ce qui m’a rassuré sur les performances de mon moteur. Je sais que la mécanique Opel dont je dispose est compétitive, ça se confirme sur une épreuve comme Abreschviller, où la puissance joue un rôle prépondérant. »

C’est à la quatrième place, à un dixième de la troisième marche du podium occupée par Marcel Sapin, que l’on retrouvait Raynald Thomas à l’issue de la Course de Côte des Beaujolais-Villages : « Marcel est chez lui, et même s’il a connu quelques soucis sur cette épreuve, il reste toujours très performant », rappelle Raynald qui n’a pas hésité à aider son adversaire lorsque ce dernier a été victime d’un début d’incendie. « Cette quatrième place est satisfaisante, mais je suis déçu car je ne suis pas parvenu à signer mes chronos de l’an dernier. Sur certaines portions qui se passent à fond, je levais le pied, parfois même je mettais le pied sur le frein. Le souvenir du Mont-Dore était bien présent, et comme, de plus, les réglages de mon auto n’étaient pas adaptés, il m’était très difficile d’être en confiance », avoue-t-il. « Mais compte tenu du plateau particulièrement étoffé, je le répète, cette quatrième place me satisfait pleinement. »

La Course de Côte de Vuillafans allait permettre à Raynald Thomas de retrouver le podium de la F3. Troisième, il peut être satisfait de sa prestation sur l’épreuve franc-comtoise : « C’est une course que j’affectionne. Mais là encore je suis un peu déçu de mon chrono, même si je ne suis pas très loin de Billy. Malgré tout, avec le recul, je suis content de mon week-end. »

C’est plus pour accompagner Didier Chaumont dont il gère la Formule Renault, que par inclination pour l’épreuve, que Raynald se rendait à Dunières : « Je n’ai jamais vraiment apprécié cette course, et le fait d’avoir rallongé le parcours ne fait que confirmer mon manque d’affection. C’était à mon sens limite dangereux, et je ne me suis vraiment pas amusé durant ce week-end. »

Week-end positif sur le Mont-Dore
Une épreuve auvergnate succède à une autre, et après Dunières Raynald retrouvait le Mont-Dore, théâtre de son accident en 2014. Ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’il affrontait les 5 kilomètres qui mènent au Col de la Croix Saint-Robert : « Mais finalement ça s’est plutôt bien passé. Excepté sur le dernier virage où je suis sorti l’année précédente, j’étais bien sur l’ensemble du parcours », confie-t-il. « Mais je me souviens avoir été victime d’un tête-à-queue, sous la pluie, lors des essais. De ce fait, dimanche, je suis parti parmi les premières monoplaces alors que la route s’asséchait au fil des passages, ce qui a eu pour effet d’un peu me désavantager. » A l’heure de faire les comptes, c’est à la cinquième place des F3 que l’on retrouvait Raynald.

Le pilote natif de Nancy ne cache pas qu’il espérait mieux de sa participation à Chamrousse où, en 2014, il avait imposé sa monoplace en tête de la horde des F3 : « Je suis pas parvenu à rééditer mes chronos de l’an dernier, et sur celle-là j’étais vraiment déçu, car c’est une course que j’aime vraiment, disputée sur un magnifique parcours. Après, je dois reconnaitre que Billy, David et Marcel ont vraiment roulé comme des avions sur cette épreuve. En ce qui me concerne, je n’ai pas été suffisamment rapide… Je suis fautif. En m’étant obstiné à conserver les mêmes réglages depuis le début de saison, j’ai pris conscience que je payais mes erreurs. »

Et l’addition sera aussi lourde à Turckheim, où Raynald avoue en toute honnêteté avoir connu une grosse déception sur l’épreuve alsacienne : « J’ai détenu le record de la catégorie pendant des années sur cette course. C’est une épreuve où en principe je vais très vite, et là je n’ai même pas pu réaliser en course les temps que je signe habituellement aux essais », se désole Raynald qui, aujourd’hui, est parvenu à cerner d’où venaient ses problèmes et à les résoudre.

Au mois de mai, entre deux épreuves du Championnat, Raynald Thomas a pris part à la Course de Côte de Donzy-le-Pertuis. Une participation qui se soldait par une sixième place au scratch, troisième des F3 derrière son frère Alban - deuxième de l’épreuve - et Ludovic Cholley : « C’est une épreuve qui se trouve à côté de chez Didier (Chaumont) et à laquelle je participe pour la deuxième année consécutive », commente Raynald qui ne cache pas qu’il a dû se remettre dans le rythme d’une épreuve régionale : « C’est très sympa et on y trouve un plateau de qualité. Mais il faut s’adapter à la cadence d’une épreuve qui se dispute sur une seule journée. » Satisfait de son résultat, Raynald garde un excellent souvenir de cette participation.

Pour conclure sa saison, c’est sur la Course de Côte du Circuit de Bresse que Raynald allait engager sa F3 Lola B06/30. Alors que son frère montait pour la deuxième année consécutive sur la plus haute marche du podium, Raynald s’avouait un peu déçu de sa prestation : « Je pensais une nouvelle fois faire mieux, d’autant que j’adore le circuit et que j’étais en confiance sur un tracé sécurisé. Mais j’ai à nouveau connu des soucis de démarreur, ce qui m’empêche de prendre part à une manche. Je n’ai pas voulu écouter Alban qui me conseillait de modifier mes réglages, j’ai eu tort, car je suis complétement à côté de la plaque sur cette épreuve. »

Sur le podium de l’Open F3
Douzième du Championnat, troisième de l’Open F3, Raynald Thomas est parvenu, nonobstant les nombreuses difficultés rencontrées tout au long de la saison, à signer un résultat probant. Malgré un manque de confiance et une approche lacunaire dans les réglages de sa monoplace, il réalise une prestation qui conviendrait à bon nombres de pilotes, mais qui ne peut le satisfaire : « C’est certainement une de mes plus mauvaises saisons. Mais c’est une expérience, et il faut savoir en tirer les leçons. Cela va me permettre de travailler sur moi-même et de ne pas négliger les réglages de la voiture comme j’ai pu le faire par moment », analyse Raynald. « Durant cette saison, mes réglages n’étaient absolument pas adaptés, j’avais un problème qui m’empêchait de retrouver les vitesses de pointe des années passées, mais je suis parvenu à identifier l’origine du problème, et à le solutionner. Je sais qu’il va falloir que je travaille sur les acquisitions de données pour parfaire le set-up de la voiture. »

Le point positif de cette saison 2015 vient avant tout du fait que, dans les périodes moins faciles, Raynald a su pouvoir compter sur des soutiens fidèles. En premier lieu celui du manufacturier français avec qui il travaille en étroite collaboration : « Michelin m’apporte son soutien depuis une douzaine d’année. Cette saison encore, j’ai pu disposer de pneumatiques très performants. Et si parfois les chronos n’étaient pas au rendez-vous, je ne peux en aucun cas incriminer mes pneus. »

Raynald a également pu bénéficier du soutien inconditionnel de ses proches et tiens de ce fait à les remercier : « Avant tout Sandrine, ma compagne, qui me laisse vivre pleinement ma passion, ainsi que tous les membres de ma famille et mes amis. Mes partenaires, Bruno Bazaud de Jura Filtration, Hifi Filter, les Huiles Seven et bien évidemment Didier Chaumont. J’ai également une pensée pour mes fidèles mécanos, Julien, Benjamin, Anthony, Nathan, ’’casse grain’’, et mon fils Thibault. »

La F3 Lola B06/30 Opel est aujourd’hui sur le marché, mais Raynald ne fait pas de cette vente une priorité : « Ma Lola est compétitive, j’en veux pour preuve qu’elle s’est imposée sur circuit, en Allemagne, face à des autos identiques à celles de Billy et de David. Si je souhaite changer de voiture, c’est uniquement pour disposer d’une auto plus récente. Mais je sais qu’en repartant avec la Lola, en ayant travaillé sur une configuration mieux adaptée à la discipline, j’aurais toujours ma carte à jouer. »

Une chose est sûre, Raynald Thomas sera en 2016 l’un des animateurs du Championnat de France de la Montagne. Autre certitude, c’est au volant d’une F3 qu’il évoluera : « J’adore la Formule 3. Et si je dois conserver la Lola, je sais d’ores et déjà que je peux la faire évoluer dans le bon sens. Mon moteur est neuf, la voiture est performante. On va revoir les suspensions, bien travailler sur l’ensemble des éléments qui ont pu nous créer problèmes », explique-t-il. « J’ai retrouvé la confiance, je suis toujours aussi motivé, et tout devrait donc bien se passer. »


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