Pour le plaisir de retrouver le volant et les amis

Si Philippe Marion a fait le choix de la côte, c’est parce qu’un emploi du temps particulièrement chargé ne lui permet pas de s’impliquer sur des disciplines nettement plus chronophages. En homme d’expérience, il sait que la réalisation de bons chronos nécessite de consacrer du temps à travailler les courses. Du temps il n’en a pas, et c’est donc en gentleman driver qu’il aborde la compétition. Faute de pouvoir s’investir pleinement, c’est avec comme objectif de se faire plaisir qu’il engage sa Seat Léon Supercopa sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne.

Entre aimer l’automobile et se prendre de passion pour la compétition, il y a un pas que Philippe Marion n’aurait certainement pas franchi, s’il n’avait compté parmi ses amis un des fers de lance du Championnat Production. C’est en effet le regretté Philippe Leclerc, animateur de notre championnat aux volants notamment de Mercedes 190 2.3 16V et BMW 635, qui allait lui donner le virus : « En 1990, nous nous sommes retrouvés à Turckheim où Philippe fêtait ses 40 ans. J’ai découvert le monde de la Course de Côte, et j’ai instantanément accroché », confie Philippe Marion. « Il ne me restait qu’à trouver une voiture, et là encore Philippe m’a donné un coup de main, en me dégotant une BMW 323 avec laquelle j’ai débuté. »

Les années BMW…
S’il découvrait la compétition, Philippe avait déjà eu l’occasion de goûter au pilotage en participant à un stage sur le circuit de La Châtre, dans le cadre de l’Ecole de pilotage Avia Formule 3. Pour ce qui est de la course, c’est en 1990 que le pilote natif de Nancy s’engageait sur sa première course de côte au volant de sa 323 : « C’était une groupe F avec laquelle je me confrontais à quelques gars rapides… De quoi parfaire mon apprentissage. »

Philippe conservait cette 323 durant cinq ans, avant de la troquer contre une M3, pilotée précédemment par Francis Dosières : « La première année, l’auto évoluait en groupe F, avant de passer l’année suivante en FA. C’était une auto très plaisante, au volant de laquelle je me souviens avoir remporté à la fin des années 90, deux succès, aux Beaujolais-Villages et à Vuillafans. »

Mais à l’issue de la saison 1999, Philippe devait mettre un terme à sa carrière sportive : « Je n’avais plus un rond ! » lâche-t-il dans un éclat de rire. « Ça me parait être une bonne raison. » Le Lorrain recentrait alors ses efforts sur ses occupations professionnelles, histoire de disposer d’une meilleure assise, et de pouvoir faire son retour au sein de la grande famille des Montagnards.

Un retour qui se fera en 2014, au volant d’une Seat Léon Supercopa, une auto qui techniquement suscitait la convoitise de Philippe : « C’est une belle voiture, performante, qui disposait d’avancées technologiques et d’un bon rapport qualité / prix, ça me plaisait bien. »

Côté prétention, la seul qu’affiche ouvertement Philippe est celle de se faire plaisir, sans se prendre la tête, en savourant pleinement chaque week-end passé sur les épreuves. Après quinze ans d’interruption, le Lorrain sait qu’il doit avant tout reprendre ses marques, avant de réaliser des chronos convaincants : « En 2014, j’ai fait mon retour sur le Col Saint-Pierre, et cela faisait 15 ans que je n’avais pas touché un volant. Lors de la première montée d’essais, Ronald Garces m’a rattrapé, ce qui ne m’a pas spécialement surpris », confie Philippe en toute humilité. « Par la suite, on lui a accordé la minute, je ne l’ai plus gêné durant le week-end. »

La course entre amis
A l’issue d’une saison 2014 composée de sept manches du championnat, des quelques épreuves régionales, et d’une participation à la Finale de la Coupe de France à Limonest, Philippe Marion s’avouait pleinement satisfait : « J’avais pu retrouver les copains, passer de très bons week-ends et me faire plaisir dans l’ambiance si conviviale qui règne sur les courses de côte. C’était vraiment là l’essentiel pour moi. »

Et c’est dans le même esprit qu’il abordait cette saison 2015. Engagé dans le Challenge Elite A/4 aux côtés de Ronald Garces et de Guillaume Plan, Philippe n’avait pas pour ambition de défier ses adversaires, mais avant tout de poursuivre l’apprentissage de sa Seat, et de prendre encore énormément de plaisir au volant. A son programme, dix épreuves du championnat, un calendrier qui devait lui permettre de s’épanouir pleinement tout au long de la saison.

L’an dernier, Philippe n’avait pas eu l’occasion de disputer la manche d’ouverture du Championnat, la Course de Côte de Bagnols-Sabran. L’actuel Franciliens devait donc reprendre ses marques sur l’épreuve gardoise : « Je n’étais d’autant pas à mon aise, que j’ai été victime d’une sortie de route fin 2014, et que j’ai débuté la saison avec un amortisseur cassé. Il me faudra plusieurs courses avant que je comprenne l’origine du problème, et bien évidemment, dans ces conditions, la voiture n’était pas très efficace. »

Ayant vécu à Alès pendant cinq ans, Philippe avoue qu’il une bonne connaissance des deux épreuves gardoises qui inaugurent la saison. Au Saint Pierre, il retrouvait donc un terrain familier, « mais sur lequel il est toujours difficile de trouver ses repères. Je vais devoir encore bosser pour bien mémoriser ce tracé. Sur le bas ça va sans problème, mais sur la fin de parcours, je vais devoir réapprendre. »

Natif de Nancy, Philippe ne cache pas son affection pour la Course de Côte d’Abreschviller, rendez-vous lorrain de la saison : « C’est une des premières épreuves que j’ai disputées. J’apprécie toujours de venir sur cette course. » Philippe sera ensuite au départ d’Hébécrevon, avant de faire l’impasse sur La Pommeraye, puis de devoir déclarer forfait aux Beaujolais, retenu par des obligations professionnelles.

A Vuillafans, il retrouvait ce qu’il considère comme sa course préférée : « Ce tracé est vraiment magnifique, et même si cette année il a fallu composer avec la canicule, j’en garde un excellent souvenir. Je pense que c’est la course sur laquelle je me sens le mieux. »

Il s’en est fallu de peu pour que Philippe Marion accède au podium de la classe A/4 sur la Course de Côte de Dunières. Quatrième, le Lorrain avoue pourtant ne pas avoir été à son affaire sur le tracé auvergnat : « Je ne suis jamais arrivé à comprendre le grip de cette route. Je ne pense pas être le seul, mais pour moi c’était compliqué, et j’avoue que cette édition ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. »

Le Mont-Dore, épreuve mythique, offre chaque année à Philippe l’occasion de se retrouver en famille : « L’épreuve est organisée par mon ex-beau-père (Daniel Pasquier, Ndr) et j’aime beaucoup évoluer dans cet environnement familial. »

Initialement, la Course de Côte de Chamrousse n’était pas inscrite au calendrier de Philippe Marion. Mais n’ayant pas la possibilité de se rendre à Turckheim, il décidait d’engager sa Seat Léon Supercopa sur l’épreuve iséroise : « C’est, là-aussi, une course magnifique ; d’autant plus que j’adore les Alpes. J’ai passé un excellent week-end. »

En fin de saison, c’est en double monte, avec Francis Dosières, que Philippe Marion participait à la Course de Côte de Marson. L’occasion pour lui d’accrocher une sixième place au scratch (Sport et Production confondus) et d’avoir le sentiment d’être en progression : « Le plateau n’était pas très important et les organisateurs nous ont donc offert la possibilité d’enchaîner les montées. Grâce à ce roulage, j’ai pu vraiment faire des progrès. J’ai pu également bénéficier des conseils d’un pilote de la trempe de Francis, ce qui est un plus non négligeable. »

En dehors du Championnat, Philippe s’est également engagé sur la Course de Côte de La Broque, où un problème sur un boitier papillon allait le contraindre à l’abandon : « J’ai pu prendre part aux essais, mais malheureusement pas aux montées de course. »

« Je dois aller plus vite en 2016… »
Conscient qu’il va lui falloir travailler pour améliorer ses performances, Philippe Marion ne peut tirer qu’un bilan mitiger de cette saison 2015 : « Il faut que cela fonctionne mieux l’année prochaine, je dois aller plus vite... J’ai eu un peu de mal à rentrer dans le rythme, mais je garde à l’esprit que ma dernière participation de la saison, sur une épreuve régionale, s’est plutôt bien passée. De ce fait, je suis en confiance pour la suite », confie-t-il.

La suite, ce sera une nouvelle saison en Championnat de France de la Montagne, toujours au volant de la Seat Léon Supercopa. L’objectif sera de réduire l’écart qui le sépare de ses adversaires directs : « Pour l’heure, je pointe à trois secondes, et ce serait pour moi satisfaisant si je parvenais à revenir à une seconde et demie des temps de référence des Supercopa. »

« Pikes Peak », la réponse tombe sans le moindre doute lorsque l’on demande à Philippe Marion quel est le rêve qu’il souhaiterais réaliser. Dans un avenir plus ou moins proche, il se verrait bien prendre part à la légendaire épreuve américaine, courue dans le Colorado : « C’est un monument, et franchement si j’ai l’opportunité de pouvoir disputer cette course, je n’hésiterai pas. J’ai la chance d’avoir une fille qui vit aux Etats-Unis, cela me donnerais l’occasion de lui rendre visite », explique Philippe. « Aujourd’hui le Pikes Peak se court intégralement sur l’asphalte, cela fait une raison de plus qui me donne envie d’y participer. »

On le voit, c’est le plaisir de courir qui reste une priorité pour Philippe Marion. Un plaisir qu’il partage avec ses amis Montagnards, qu’il ne manque pas de remercier : « Je veux avant tout remercier les copains avec qui je partage cette passion et les week-ends de course. Merci donc à Francis (Dosières) à Jeannot (Natter), à Marco (Lafont), à Régis (Court), qui sont là pour nous aider, qui suivent nos résultats quand ils ne peuvent nous accompagner. Il m’est difficile de remercier mes proches, car s’ils me laissent vivre pleinement ma passion, je ne peux pas dire qu’ils soient vraiment des supporters acharnés », conclut Philippe dans un immense éclat de rire.


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