Compétition et partage de la passion

A l’issue d’une saison 2017 difficile, Martine Hubert prenait la décision de se lancer dans un nouveau challenge, en délaissant son Proto 3 litres pour une nouvelle Norma en configuration européenne. Alors que l’on s’approche de la mi-saison 2018, l’occasion nous est donnée de faire le point avec la quadruple Championne de France de la Montagne.

L’objectif de Martine Hubert à l’heure d’aborder la saison 2017 était de poursuivre sur sa lancée, et de coiffer une cinquième couronne. Mais malheureusement pour la pilote normande, une succession de déconvenues, des problèmes de santé, l’empêcheront d’atteindre son objectif. Pas de quoi ébranler la détermination de Martine qui, même si elle ne cache pas que son moral en avait pris un coup, se devait de conserver toute sa détermination face à la solidarité dont faisait preuve à son égard, non seulement son entourage, mais un grand nombre d’acteurs de la discipline : « Fin 2017, j’estimais avoir vécu ma saison la plus difficile, mais certainement la plus enrichissante d’un point de vue humain », analyse Martine. La Championne ne manquait pas de rendre alors hommage à Sarah Louvet (de 30 ans sa cadette), qui lui succédait au palmarès du Championnat.

Toute autre que Martine Hubert aurait pu jeter l’éponge face au cumul de déceptions enregistrés durant la saison. Mais il en faut plus pour entamer la pugnacité de notre Normande : « Et puis surtout j’ai pu mesurer l’élan de solidarité qui s’est créé autour de moi. Malgré les problèmes, mes partenaires fidèles ont continué à me soutenir, mes proches à me motiver, et Jean-Pierre, mon compagnon, à être un indéfectible pilier. Une chose est sûre, je garderais toujours à l’esprit la gentillesse, les preuves d’amitiés, et les diverses attentions dont ont fait preuve énormément de personnes. »

Nouveau Challenge en E2-SC
Cela faisait de nombreuses années que Martine souhaitait franchir un cap, et disposer de ce qu’il se fait de plus performant dans la discipline. Depuis 2016, la pilote normande convoitait le CN+, avec la ferme intention de venir goûter aux sensations si particulières que procure le moteur 4 litres. « Finalement, nous avons estimé que puisque nos moyens financiers et techniques étaient insuffisants il était opportun de tourner la page et de passer à autre chose. Le Proto 3 litres m’a offert de belles satisfactions, mais l’occasion de rouler au volant d’une nouvelle voiture, au sein d’un nouveau groupe, nous paraissait un défi particulièrement intéressant à relever. »

C’est donc pour disposer d’une auto plus moderne et plus performante que la décision était prise de se tourner vers une Norma en configuration européenne, engagée dans le nouveau groupe E2-SC : « Dans mon esprit, il fallait que j’aille au bout de ce que je pouvais avoir, et cette voiture apparaissait comme le meilleur Proto actuel. Avec cette nouvelle Norma, je savais pouvoir disposer d’une excellente aérodynamique, d’importante évolutions mécaniques, d’une direction assistée… Cela me permettait de m’installer dans le cockpit d’une auto d’exception. D’autre part, le passage en E2SC ouvrait des perspectives de revente de notre auto sur l’Europe »

Dès les premiers essais, les sensations étaient là… Martine Hubert pouvait se rendre compte que l’énorme travail effectué sur l’aérodynamisme, le fond plat, l’aileron, lui permettait de disposer d’une auto compétitive : « L’équipe de chez Norma a fait un travail exceptionnel », reconnait-elle. « Seul hic, dès Sabran, j’ai eu un problème de soupapes sur mon nouveau moteur en version « libre » avant de rencontrer un enchainement de soucis sur chacune des épreuves. C’était d’autant plus incompréhensible que les casses dont j’ai été victime ne surviennent en principe jamais. J’ai vraiment accumulé de la malchance. »

On le sait, il en faut plus pour décourager Martine qui reste persuadée qu’une fois résolus ses problèmes mécaniques, elle pourra enfin tirer pleinement profit de sa Norma : « Tony, de chez TFT travaille sur un nouveau moteur, et j’attends qu’il me fasse un moteur exceptionnel. Je connais ses compétences, et je sais pouvoir compter sur lui. D’ailleurs j’ai pu vérifier en ce début de saison, à quel point les gens pouvaient s’impliquer. Quel que soit le jour ou l’heure, Norbert Santos et Guillem ont toujours répondu à nos attentes, et Tony a toujours été super réactif pour tenter de palier à nos problèmes. »

Pénalisé par ses problèmes de mise au point, Martine l’est également par un souci de ’’paddle Shift’’ qui l’empêche de passer correctement ses vitesses : « D’ailleurs je profite de l’occasion pour répondre définitivement à la sempiternelle question qui m’est posée cent fois dans le week-end et qui est, ’’pourquoi restes-tu si longtemps au rupteur’’… Et bien parce que je ne parviens pas à passer mes vitesses ! Nous travaillons sur ce problème ! »

« Je crois énormément en cette voiture, et une fois que j’aurai un très bon moteur, que tout sera mis correctement au point, je suis persuadée que je pourrai enfin signer de très bons chronos. Mais pour le moment je dois assumer cette période de malchance », confie Martine qui aborde cette saison comme une année de transition : « Ce n’était pas l’approche que nous avions en début de saison. Je pensais sincèrement disposer d’une auto performante, et évoluer au sein d’un groupe bien plus fourni. Là déception est là, mais j’espère que la roue va rapidement tourner. »

Certains esprits chagrins ont pu estimer que, c’est uniquement pour des raisons stratégiques que Martine Hubert a opté pour un Proto E2-SC. Avec uniquement deux voitures engagées cette année dans la catégorie – la sienne et celle de Sébastien Petit – Martine est assurée de marquer systématiquement de gros points de groupe, ce qui peut être un avantage pour l’obtention du titre féminin : « Je n’ai jamais abordé la compétition dans cet esprit… Les informations que les observateurs de la discipline pouvaient glaner durant l’intersaison laissaient entendre que plusieurs pilotes seraient au départ de la saison au volant de Proto engagés en E2-SC. Malheureusement Cyrille (Frantz) et Benjamin (Vielmi) ont pris du retard dans la préparation de leurs autos, et les projets de Damien (Chamberod) ont été avortés. Sincèrement ce manque de concurrence m’affecte plus que ça ne m’arrange », confie Martine.

La transmission du savoir comme projet
La majorité des pilotes féminines qui évolue sur le Championnat de France de la Montagne, que ce soit en Sport ou en Production, a souvent bénéficié de l’aide de Martine Hubert, qui n’a jamais été avare de conseils pour les représentantes de la nouvelle génération.

C’est dans cet esprit de partage, que Martine et Jean-Pierre Troadec souhaitent communiquer leur passion et transmettre leur expérience : « Jean-Pierre, qui il y a 30 ans était préparateur, passe actuellement le BPJEPS. Pour ma part, cela fait une trentaine d’années que j’évolue dans le sport automobile. Nous avons donc accumulé une longue expérience et de réelles compétences, dont nous souhaitons faire profiter d’autres passionnés. Aider les autres et leur permettre d’assouvir leur passion apporte une réelle satisfaction. »

Dans les mois à venir, l’équipe JMH Sport Evolution, au sein de laquelle évolue la quadruple Championne de France, va s’étoffer : « Nous souhaitons accueillir de jeunes mécaniciens désireux de s’épanouir au sein d’une structure qui leur permettra d’accroitre leur expérience. Pour les récompenser de leur implication, nous les ferons rouler aux volants de nos voitures. » Marraine de l’opération ’’un lycée dans la course’’, Martine Hubert souhaite étendre cette action : « J’aimerais bien créer, avec Jean-Pierre, une opération ’’un mécanicien dans la course’’, pour amener des passionnés de mécaniques à la compétition. »

Pour l’heure, la structure de Martine Hubert dispose de trois voitures et prend en charge la gestion d’autres autos de course : « Nous avons bien évidemment mon Proto ES-SC, une Norma 2 litres M20B, une Formule Campus issue de la FFSA Academy, et nous gérons également une Formule Renault, une autre Norma CN/2 (en collaboration avec Max Motorsport) et une Mosler qui développe plus de 400 chevaux. Prochainement nous aurons certainement une Clio Cup 3 au volant de laquelle nous espérons faire rouler une féminine. »

On le voit, Martine Hubert et Jean-Pierre Troadec ont de la motivation à revendre et espère bien mener de fronts l’ensemble des challenges qu’ils sont prêts à relever. Mais pour cela, ils doivent également étoffer leurs partenariats, « que nous considérons avant tout comme un échange entre passionnés. C’est pour cela que nous offrirons à ceux qui veulent nous rejoindre des sessions de pilotage en circuit. »

Surprise par l’élan de solidarité qui s’est forgé autour d’elle, Martine voudrait remercier ceux qui la soutiennent en retrouvant la place qui fut la sienne : « J’espère maintenant retrouver une voiture performante et pouvoir à nouveau me battre pour une place dans le top 10. Ce début de saison est compliqué, je sais que c’est un mauvais moment à passer, mais j’ai bon espoir qu’une fois que tout sera rentré dans l’ordre, je vais pouvoir à nouveau défier les chronos… »

Martine veut y croire, comme tous ceux qui la soutiennent et qu’elle souhaite remercier : « Un énorme merci au domaine de Lascamp (la famille IMBERT), au Super U La Pommeraye, au Groupe Moulinvest, Hop Communication, la Carrosserie Poutas, Autovision Tourlaville, Motul, Bienvenue Chez Nous, l’Entreprise Jeanjean, Max Motorsport (Famille Dodille), DD Concept. Je remercie également ceux qui restent dans ’’l’ombre’’ mais qui contribuent à notre réussite. Je conclus par un énorme merci à mon équipe : Jojo, Loys, Thierry, Lionel, Fabian et surtout mon Jipé ! »

Propos recueillis par Bruno Valette

 


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