Le Lorrain a vécu sa plus belle saison

En se portant acquéreur de la Honda Civic de Steve Cabelo, Jérôme Janny a également pris la succession du pilote de Belfort. Tout au long de l’année, le Lorrain a dominé la classe N/3, se permettant le luxe d’améliorer les temps de son prédécesseur, pourtant auteur de nombreux records.

Chez les Janny, la course automobile est une histoire de famille. Guy, le père de Jérôme, roule en course de côte depuis plusieurs décennies, et cette année encore, on a pu le voir affronter les pentes du Mont-Dore au volant de sa Peugeot 106 groupe N.

Jérôme a donc été bercé par les bruits de moteurs, et baigne dans le milieu de la côte depuis sa plus tendre enfance. Tout gamin, il assistait en spectateur aux épreuves du Championnat de France de la Montagne : « Depuis l’âge de quatre ans, je me rends régulièrement à Abreschviller, au Mont-Dore… Très tôt j’ai su que, dès que j’aurai le permis de conduire en poche, je disputerai des courses de côte », confie Jérôme. « La question ne s’est pas posée sur le choix de la discipline. J’avais toujours évolué parmi les Montagnards, et c’est vraiment vers la côte que je voulais me tourner. »

Promesse tenue, un mois après avoir passé l’examen qui lui permettait de s’installer derrière le volant, Jérôme était au départ de Schirmeck avant de s’aligner, en cette année 2003, à Vuillafans, au Mont-Dore et Limonest : « J’ai débuté avec une Golf qui appartenait à mon père. C’était la voiture idéale pour commencer. »

Jérôme Janny prenait alors goût aux épreuves du Championnat, et décidait de courir essentiellement sur celles inscrites à ce calendrier : « Lors de ma première saison, j’avais même l’intention de disputer le Ventoux. J’avais envoyé mon engagement, mais le lendemain, j’ai reçu ma convocation pour passer mon BEP le lundi matin au lendemain du Ventoux, à soixante kilomètres de chez moi », se souvient Jérôme. « Bien évidemment cet examen était une priorité, et je n’ai pas pu débuter sur les pentes du mythique Mont Ventoux… Je rêvais d’être au départ l’année suivante, mais l’épreuve a été annulée. »

En 2004, Guy Janny décidait de prendre un peu de recul et de mettre sa carrière de pilote entre parenthèses. C’est donc sans état d’âme qu’il confiait sa Seat Ibiza groupe A à Jérôme, pour qu’il puisse disposer d’une auto plus performante : « Ce fut une saison d’apprentissage durant laquelle je découvrais la voiture et les épreuves. Les résultats n’étaient pas encore vraiment au rendez-vous, mais j’ai pris beaucoup de plaisir cette année-là. »

Partenariat avec Seat France
Un Seat Léon Cupra groupe N viendra remplacer l’Ibiza en 2005, et c’est au volant de cette voiture que Jérôme Janny allait disputer avec assiduité le Championnat de France de la Montagne : « 2005, c’est la première année où je dispute toutes les manches du championnat. Je disposais d’une auto toute neuve, sortie des ateliers de Seat Sport en Espagne, et d’un partenariat avec Seat France pour un projet qui portait sur trois ans », explique Jérôme. « Seul point négatif, c’est qu’à l’époque la réglementation nous obligeait à rouler avec des brides de turbo de 32mm, et face aux BMW je ne pouvais évidemment pas me battre. Mais je terminais systématiquement derrière les M3, ce qui était un vrai motif de satisfaction alors que la concurrence était affutée en groupe N. »

Jérôme garde d’excellents souvenirs de cette époque : « J’ai découvert des courses que mon père n’avait jamais disputées, telles que Bagnols-Sabran, le Col Saint-Pierre où La Pommeraye. C’est également à cette époque que nous avons tissé des liens avec la famille Prudent. Nous avons passé d’excellents week-ends sur les courses. »

En 2008, le partenariat avec Seat arrive à son terme. Sur quelle auto Jérôme va-t-il jeter son dévolu ? C’est une Honda Civic qui sera sa prochaine monture : « C’est vraiment le fruit du hasard. Un copain voulait vendre cette Honda, et je la gardais chez moi. La voiture était au fond du garage, pleine de poussière, pas vraiment dans les meilleures dispositions pour attirer un éventuel acheteur », se souvient-il. « J’ai alors dit à mon copain que s’il voulait bien me prêter cette auto, je m’engageais à lui refaire une jeunesse en carrosserie, et à la lui vendre en fin de saison. Il a accepté, et j’ai donc roulé avec cette voiture. »

Finalement, Jérôme aura un vrai coup de cœur pour cette Honda Civic, au volant de laquelle il termine deuxième du Challenge Espoirs en 2008. Un coup de cœur qui allait l’inciter à se porter acquéreur de la petite japonaise, pour débuter la saison 2009 : « J’ai alors peaufiné les réglages de la voiture, et renforcé la sécurité, en demandant notamment à Nicolas Werver de me construire un arceau plus robuste. J’avais alors une auto idéale pour débuter le championnat, et sur une course comme le Beaujolais, je parviens même à être dans les temps des grosses groupes A. »

Malheureusement, à Vuillafans, une petite erreur de pilotage aura des conséquences plus que fâcheuses pour la Civic qui se retrouvait sur le toit. Jérôme ressortait sa Seat Léon pour disputer le Mont-Dore, et prenait part à Chamrousse et Turckheim au volant de la Peugeot 106 de son père. Suite à l’accident de Vuillafans, Jérôme était contraint de refaire une caisse, et il profitait de l’occasion pour passer en F2000 où l’on trouvait alors plus de concurrence.

C’est donc avec sa Honda, engagée en F2000, qu’il disputait la saison 2010. Une saison mixte pour Jérôme, qui prenait cette année-là le départ de ses premiers rallyes. En 2011, la Honda laisse place à une Porsche Cayman : « Je cherchais une auto pour pouvoir courir en côte et en rallye, et je pensais que la Porsche offrait un excellent compromis. Effectivement, j’ai pris énormément de plaisir au volant de cette voiture, et je regrette souvent de l’avoir vendu. »

Au départ du Rallye de France
Pour les saisons 2012, 2013 et 2014, Jérôme Janny prenait quelques distances avec la Montagne pour se concentrer sur le rallye. Le Lorrain disputera toutefois quelques courses de côte, pour le plaisir de retrouver ses amis : « J’ai pris part au Mont-Dore, où je me sens un peu chez moi. Et puis j’ai roulé à Abreschviller pour ’’Guillou’’ et ’’Tof’’ que je connais depuis que je suis gamin. On est toujours super bien accueilli à Abreschviller, je ne voulais pas louper ce rendez-vous. »

Le point d’orgue de sa saison 2014 restera sa participation au Rallye de France, manche du Championnat du Monde des Rallyes, au volant d’une Skoda Fabia R2 : « C’était une semaine magique. J’ai pu côtoyer les pilotes du WRC, disputer les spéciales alsaciennes, prendre part à la remise des prix au Zénith de Strasbourg… des moments inoubliables. »

2015… La domination en N/3
C’est au volant de la Honda Civic groupe N avec laquelle Steve Cabelo s’est illustré en 2014, que Jérôme allait disputer sa saison 20115. Une saison qui débutait à Abreschviller avec une entrée en lice remarquée, qui se solde par une sixième place de groupe et une victoire de classe : « Entre le mois de novembre, où j’ai pris possession de la voiture, et le week-end d’Abreschviller, je n’ai pas touché l’auto. Steve m’avait dit qu’elle était prête pour courir, je n’ai donc rien fait dessus », commente Jérôme. « Et ça a bien marché, je me suis de suite senti bien dans la voiture, et je suis content du résultat. »

A La Pommeraye, Jérôme ne se contentait pas de signer une nouvelle victoire de classe, il se permettait par la même occasion de monter sur le podium du groupe N : « Je savais que compte tenu du nombre d’engagés c’était jouable. Mais il y avait tout de même quatre M3 au départ, il fallait aller les chercher. J’ai saisi ma chance et j’accède au podium. »

La Course de Côte des Beaujolais-Villages ne laissera pas le même genre de souvenirs à Jérôme qui, victime d’une casse moteur, devait renoncer : « Durant les essais j’ai eu le sentiment que quelque chose n’allait pas. J’ai pensé que ça provenait des pneus parce que depuis le début de saison, l’auto fonctionnait tellement bien que je n’utilisais que des pneus d’essais que Steve m’avait fourni », commente Jérôme. « N’étant pas bien, nous avons décidé de chausser des gommes neuves, et lors de la première montée de course j’étais vraiment bien sur le temps intermédiaire, avant que le moteur ne me lâche. C’est d’autant plus frustrant que nous étions nombreux dans la classe, et que j’espérais pouvoir livrer de beaux combats. »

La casse du moteur à Marchampt allait obliger Jérôme à s’aligner au départ de Vuillafans au volant de la Peugeot 106 familiale : « J’étais tout seul en classe N1. Je me suis fait plaisir, c’est l’essentiel. »

Moteur réparé, la Honda Civic pouvait prendre le chemin du Massif du Sancy. Au Mont-Dore, Jérôme allait une nouvelle fois s’imposer dans sa classe : « Je retrouvais des pilotes que j’aurais dû affronter aux Beaujolais, et je suis content de les devancer. »

Les épreuves s’enchaînent et les résultats se ressemblent pour Jérôme qui, à Chamrousse, termine à nouveau en tête de la classe N/3 : « La satisfaction est double, d’une part parce que je m’impose, mais également parce que j’améliore les temps signés par Steve l’an dernier », confie-t-il. « Je dois reconnaitre toutefois qu’il était plus facile de battre les chronos de Steve en début qu’en fin de saison. On sent qu’il avait vraiment pris toute la mesure de la Civic en fin d’année. »

La saison de Jérôme se conclut à Turckheim où il allait accumuler les soucis tout au long du week-end : « Samedi j’ai rencontré des problèmes de boîte de vitesses, j’avais beaucoup de mal à rentrer la cinquième. On a essayé de réparer le samedi soir du mieux que l’on pouvait… Dimanche, en essayant de sortir du parc, j’étais victime de coupures moteur. J’ai dû renoncer à la première montée afin de réparer. Par la suite, la voiture ne prenait plus les tours comme auparavant. Je ne pouvais pas me battre comme je le désirais, et la deuxième place de classe est juste une consolation. »

Excepté quelques soucis mécaniques, Jérôme Janny a vécu une saison dont il tire un bilan largement positif : « C’est à n’en pas douter ma plus belle saison », estime-t-il. « J’avais comme référence les chronos signés par Steve en 2014, alors qu’il a tout gagné. Et je suis parvenu à faire la même chose, voire mieux, et j’estime que c’est un bon motif de satisfaction. »

Jérôme Janny garde donc d’excellents souvenirs de cette saison 2015 et tiens à remercier ceux qui lui ont permis de vivre cette aventure : « Un grand merci à mon père qui m’a communiqué la passion, et qui travaille tout au long de l’année pour me trouver des partenaires. Merci également à Igol, à l’ensemble de mes partenaires, à ma famille, mes amis, et tous ceux qui m’encouragent. »

En ce mois d’octobre, Jérôme n’a encore rien décidé pour ce qui est de sa saison 2016. Le pilote lorrain voudrait se tourner à nouveau vers le rallye, pour participer en fin d’année à la Finale de la Coupe de France des Rallyes : « Mais je sais qu’il me sera difficile de délaisser la côte, et je serai donc au départ de plusieurs épreuves du Championnat de France de la Montagne. »


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