Après une saison mitigée en 2023

Pour sa première saison sur le CFM, Ferdinand Loton avait comme premier objectif d’être dans le match. Au volant de sa Honda Civic, s’il a connu quelques problèmes, il a avant tout démontré qu’il pouvait jouer les premiers rôles dans le groupe F2000… A confirmer en 2024.

Thierry Loton, l’oncle de Ferdinand, a participé à ses premières courses automobiles dans les années 80 avec une Sunbeam TI groupe 1. Didier Loton, le père de Ferdinand, suivra le mouvement à la fin des années 80, les deux frères évoluant uniquement en courses de côte. L’implication de Didier Loton durera l’espace d’une dizaine de saisons avant qu’il ne raccroche le casque et les gants. Un arrêt qui correspond à la naissance de Ferdinand qui a vu le jour en novembre 1993.

La passion restait toutefois intacte et l’envie toujours présente… Mais il faudra attendre 20 ans avant qu’en 2013 Didier Loton décide de se relancer, et d’entrainer son fiston dans l’aventure. Toutefois, avant que Ferdinand n’ait l’occasion de tester ses compétences derrière le volant, c’est en motocross qu’il disputait ses premières compétitions. L’occasion pour lui de s’aligner sur le championnat de Bretagne et de terminer deuxième la première année, avant de remporter le titre l’année suivante.

Cette première approche des sports mécaniques offrait de belles sensations à Ferdinand qui conserve d’excellents souvenirs de cette période : « Le niveau était là, j’aurais pu poursuivre, mais ce qui nous a arrêté c’était l’investissement nécessaire », explique Ferdinand. « Pour rester dans le coup et espérer s’illustrer au niveau national il fallait nécessairement faire l’acquisition chaque année d’une nouvelle moto, bénéficiant des dernières évolutions. Nous n’étions pas en capacité d’acheter une moto neuve chaque année et je n'ai donc pas poursuivi dans cette voie. »

Confrontation familiale en N/2
En 2013, c’est donc avec une Honda Civic évoluant dans la classe N/2 que Didier Loton reprenait le chemin des courses de côte : « Lorsqu’il avait arrêté il roulait en N/2, et il voulait reprendre dans la même classe. Mais il s’est rapidement rendu compte qu’en l’espace de 20 ans le N/2 avait sacrément évolué et que les autos n’étaient plus les mêmes », sourit Ferdinand. L’année suivante, la famille Loton achevait la préparation d’une seconde Honda Civic avec laquelle Ferdinand allait pouvoir défier son père.

Les premières apparitions de Ferdinand en course se feront en slaloms, « histoire de voir comment cela fonctionnait », avant qu’il ne s’engage sur la Course de Côte Régionale d’Hébécrevon. « Sur cette première épreuve, je termine à deux dixièmes de mon père, mais par la suite je suis passé devant et il ne m’a jamais rattrapé », confie Ferdinand goguenard.

Une casse moteur en fin de saison 2014 allait obliger Ferdinand à faire l’impasse sur une éventuelle campagne 2015. Le Breton prenait alors le temps de la réflexion et décidait avec les siens de monter une ''vraie'' N/2, plus performante que celle dont il disposait jusqu’à présent. La saison 2016 était en grande partie consacrée à des épreuves régionales mais voyait Ferdinand faire ses premières apparitions sur les manches de la campagne de l’Ouest du Championnat de France de la Montagne. La saison se concluait pour lui par une victoire dans la classe N/2 sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne disputait cette année-là à Limonest : « Ce fut l’occasion d’une grosse bagarre avec Kevin Cesco-Resia, une baston que je ne suis pas près d’oublier. »

En contact avec une sommité du Rallycross, Yann Le Jossec, qui avait le soutien de Centrakor, Ferdinand Loton bénéficiera à son tour d’un partenariat avec ce spécialiste de la décoration : « Ils ont contribué à l’acquisition d’une nouvelle voiture, une Honda Civic, mais qui cette fois évoluée en N/3. L’objectif était avant tout de me qualifier pour la Finale de la Coupe de France. » Une qualification que Ferdinand décrochera pour en 2017 remportait la classe N/3 sur la Course de Côte de Quillan, théâtre de cette finale. « J’ai pu également prendre part à plusieurs manches du Championnat de France, et je me suis donc aligné, en plus des épreuves de la campagne de l’Ouest, au Mont-Dore. C’était pour moi une épreuve mythique, dont mon père m’avait souvent parlé, et ce fut un réel plaisir de découvrir et de courir sur ce tracé », reconnait Ferdinand qui pour sa première participation terminait deuxième de sa classe derrière Florian Bartaire. Mais Ferdinand prendra sa revanche sur la Finale où cette fois c’est lui qui devancera Florian.

En 2018, on retrouvera une nouvelle fois Ferdinand sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne, courue cette année-là à Urcy. Mais un problème mécanique l’obligeait à abandonner. Il sera de nouveau de la fête en 2019 sur les Sarmentelles Beaujolaises où il viendra chercher une nouvelle victoire dans la classe N/3.

Pour la saison 2020, Ferdinand Loton allait changer de monture. Jean-Paul Picard lui proposait en effet de rouler avec la Mitjet du Team Picard : « Une belle opportunité que je ne pourrai pas réellement concrétiser, puisqu’à cause de la crise sanitaire qui a entrainé de nombreuses annulations d’épreuves, je n’ai pu faire que le Mont-Dore avec cette voiture. » Un Mont-Dore qui en cette année 2020 proposait deux courses, une le samedi et une le dimanche, et qui voyait à deux reprises Ferdinand Loton s’imposer dans la classe GTTS/1. « Ce fut ma seule course de l’année avec la Mitjet et je bats de manière significative le record de la classe et je devance Jean-Marc Tissot bien plus expérimenté au volant de cette voiture. Cela m’a permis également de me prouver que j’étais capable de passer d’une traction à une propulsion sans problème. »

Le partenariat avec le Team Picard était reconduit en 2021, ce qui permettait à Ferdinand de conserver le volant de la Mitjet. La saison débutait alors à La Pommeraye avant que l’on retrouve Ferdinand à Dunières, au Mont-Dore et à Limonest. Vainqueur de sa classe à La Pommeraye, Ferdinand accrochait alors la neuvième place du Production. Il remportera également le GTTS/1 sur les épreuves auvergnates de Dunières et du Mont-Dore avant de conclure la saison par un ultime succès à Limonest : « J’ai battu mon propre record sur le Mont-Dore et amélioré celui de Jean-Marc Tissot à Dunières. J’avais donc envie de passer à autre chose, et comme nous avions terminé la préparation d’une Honda Civic Type R, prête à rouler en F2000, j’ai proposé à Monsieur Picard de confier la Mitjet à un autre pilote et de nous suivre dans l’aventure avec la F2000. » La Mitjet sera alors confiée à Aurore Louison, mais le regretté Jean-Paul Picard déclinera l’offre de Ferdinand et ne le suivra pas dans son nouveau challenge.

La saison 2022 verra Ferdinand Loton évoluait en régional avec comme objectif la Finale de la Coupe de France : « Sur cette édition des Sarmentelles Beaujolaises, j’ai terminé deuxième de groupe derrière Sébastien Rochatte, et premier de ma classe. » Les résultats obtenus durant cette saison 2022 faisaient prendre conscience à Ferdinand que son niveau de performances était plus en corrélation avec le championnat qu’avec des épreuves régionales. « Il me paraissait logique pour défier les meilleurs pilotes du F2000 d’évoluer sur le championnat, c’est ce qui m’a motivé à m’engager en 2023. C’est une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps et que je me devais de concrétiser. Cela m’offrait également l’opportunité de prendre part à des épreuves très différentes, ce qui est l’idéal pour mettre au point une voiture. »

Objectif : Être dans le match
Avant de débuter la saison, Ferdinand Loton mettait à profit les journées d’essais organisées par Yann Le Jossec pour tester sa Honda. Cela lui permettait de peaufiner certains réglages et de revoir le freinage de sa monture qui présentait certaines lacunes. Pour ce qui est des objectifs, le Breton ne visait pas de position mais espérait défendre ses chances : « Je voulais avant tout être dans le match, ne pas être largué par mes adversaires. Nous avions une bonne base qui demandait à évoluer, mais je disposais d’une auto qui paraissait performante, même si par manque de moyen j’avais opté pour une boite six à crabots, bien moins chère qu’une séquentielle. »

Avant d’attaquer la saison sur le Championnat de France de la Montagne, Ferdinand Loton alignait sa Honda Civic N/3 sur le Rallye de Lohéac où il terminait cinquième au scratch et deuxième du groupe N : « C’était mon tout premier rallye, une participation due à une promesse fait à Olivier Lesigne, l’ancien copilote de cette voiture à qui j’avais dit qu’un jour nous ferions un rallye ensemble. J’ai tenu ma promesse en ne modifiant pas, comme convenu, la couleur de la voiture qui était connue sous cette livrée lorsqu’elle courait en Championnat d’Europe des Rallyes, et en lui demandant de faire cette épreuve avec moi. Au final ça reste un très bon souvenir. »

C’est à Bournezeau que Ferdinand Loton ira chercher une première victoire de groupe en terminant quatrième du Production sur cette course de côte : « Logiquement j’aurais dû me retrouver face à Samuel (Durassier) qui s’est tordu la cheville la veille du départ. Donc je m’impose mais en l’absence de la référence du F2000. »

Même si Ferdinand Loton n’a pas été en mesure de boucler son week-end sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, premier rendez-vous pour lui sur le championnat, le bilan reste malgré tout positif : « Lors des essais je me rends compte que je suis dans le match, ce qui pour moi est rassurant. Mais le dimanche matin, sur la première montée du jour je casse un cardan et je suis obligé d’abandonner. »

Impossible de réparer pour La Pommeraye, c’est avec sa Honda Civic engagée en N/2 que Ferdinand Loton se présentait au départ de l’épreuve angevine : « L’occasion pour moi de pulvériser mon propre record dans la classe en améliorant de près de deux secondes. Je me suis fait réellement plaisir car même si ça va moins vite qu’une F2000,  c’est hyper plaisant à conduire », confie le Breton qui remportait sa classe en terminant troisième du groupe N.

A Saint Gouëno, Ferdinand retrouvait le volant de sa Honda F2000 et son rival de référence, Samuel Durassier : « C’est ma course, une épreuve sur laquelle en principe je suis super bien. Mais là je vais me rendre compte que la boîte de vitesses va me donner du fil à retordre. La boîte à crabot me fait louper trop de rapports et de ce fait je lâche de précieux dixièmes. A l’arrivée ça fait la différence », explique Ferdinand qui terminait deuxième derrière Samuel Durassier.

A Marchampt, Ferdinand allait être confronté à deux Sébastien : Rochatte et Delors. Et s’il parvenait à devancer d’une demi seconde la 206 de Delors, il devra céder face à la 205 de Rochatte : « Je suis bien dans l’auto, mais une nouvelle fois je suis absorbé par mes changements de vitesses et je cumule les erreurs qui font qu’au final j’en lâche. Je sais à ce moment-là que la boîte me pénalise, parce que le châssis va bien, que les conseils donnés par Sébastien Delors pour régler mon châssis vont dans le bon sens. » A Marchampt, Ferdinand ne sera pas au départ de la quatrième montée, une vis d’admission qui casse dans la culasse l’incitant à ne pas tenter le diable.

On retrouvait par la suite la Honda du Breton à Dunières où son week-end auvergnat se conclura par un abandon : « Lors des essais j’étais super bien dans l’auto. Même si sur la première montée je fais un énorme travers qui me pénalise pas mal, et ensuite j’ai un souci avec un capteur de position papillon qui déconne. J’arrive tout de même au bout, et sur la deuxième montée d’essais je me retrouve à un dixième de Samuel (Durassier). Là me je dis que ce week-end je peux faire quelque chose, et effectivement il s’est passé quelque chose, parce que je découvre une fuite d’huile au niveau du carter de boîte. En démontant je me rends compte que le carter est ouvert et que le pignon de capteur de vitesses est tombé dans la boîte. Mon week-end et ma saison se termine comme ça, sachant que pour le championnat ''c’est mort'' et que je préfère d’ores et déjà consacrer du temps à travailler sur la voiture pour l’avenir »

Une première expérience enrichissante
Si la saison 2023 de Ferdinand Loton s’arrête prématurément, le Breton peut tout de même retenir des aspects positifs de sa première participation au championnat : « J’ai signé de bons chronos, je suis dans le match, et c’est prometteur pour l’avenir. Je sais que je peux être dans le coup lorsqu’on aura fait quelques évolutions et que nous ne serons plus embêtés par la voiture » estime Ferdinand. « Humainement, j’ai énormément apprécié, parce que j’ai fait de belles rencontres et qu’au sein du groupe F2000 régnait une excellente ambiance. Je connaissais un peu Gilbert (Payneau) qui courrait face à mon père il y a quelques décennies, j’ai découvert Sébastien Delors qui est un garçon super sympa capable d’aider ses adversaires, et Samuel (Durassier) qui reste un pur amateur avec qui l’entente est parfaite. »

Lorsque l’on demande à Ferdinand Loton qui il veut remercier, c’est vers celui qui lui a transmis la passion que vont ses premières pensées : « Un grand merci à mon père sans qui je ne serais pas là, merci à Laure ma compagne, tous mes proches qui suivent de loin mes prestations. Merci également à la boutique CR Tune ainsi qu’à Yann Le Jossec qui m’a beaucoup appris en termes de pilotage, à Steven, Pierre, Julien Loton et à l'atelier C-concept. Je n’oublie pas Sébastien Delors qui m’a énormément aidé au niveau du châssis et grâce à qui j’ai réellement évolué de course en course. J’ai vraiment apprécié le fait que nous étions adversaires et que malgré cette rivalité, il m’apporte autant d’aide. Je n’oublie pas Gilbert (Payneau) et Samuel (Durassier) pour la très bonne entente sur les épreuves. »

« On n’a pas bossé sur l’auto pour rien ! Donc on repart sur le championnat », lance Ferdinand dans un large sourire lorsque l’on évoque le proche avenir. « J’ai monté sur la Honda une boîte séquentielle et j’espère cette année pouvoir faire quelque chose de bien. Je repars sur un calendrier similaire, et suivant les résultats du début de saison je rajouterai des épreuves. Normalement on devrait avoir de beaux combats en F2000 cette année. »

 

Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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