Antoine vainqueur de la F.R. et du Challenge Open

Pour la troisième année consécutive, Antoine Betzel inscrit son nom au palmarès du Challenge Open Formule Renault. Et comme en 2014, il termine cette saison 2015 premier de la catégorie à laquelle il reste fidèle.

Du plus loin qu’il se souvienne, Antoine a toujours été attiré par les belles mécaniques, notamment par les bolides rouges arborant le ’’Cavallino Rampante’’. Son père, médecin, était lui aussi un adepte de la compétition automobile, qu’il a pratiqué de manière homéopathique, son emploi du temps ne lui permettant pas d’assouvir pleinement cette passion : « Mes parents ont disputé quelques rallyes dans le Nord de la France et en Belgique », se souvient Antoine. « Ils ont également assumé la présidence d’un club de karting. »

Gamin, c’est vers la pratique du football que se tournait Antoine Betzel, au poste de gardien de but dans l’équipe de Tourcoing. Mais une fois le permis de conduire en poche, avant d’intégrer la Gendarmerie et d’avoir comme mission de retirer le précieux sésame aux chauffards de la route, Antoine faisait ses premières armes en sport auto : « Entre 18 et 19 ans, je me suis essayé au circuit et au rallye en Belgique, au volant d’une Renault 8 Gordini puis d’une Simca 1000 Rallye II. »

Si après cette première expérience Antoine délaissait la compétition, il n’en abandonnait pas pour autant la vitesse, puisqu’à la fin des années 80, il validait son ’’stage de voitures rapides’’ au sein de la Gendarmerie : « Cela m’a permis de faire un stage de pilotage sur le circuit Bugatti au volant d’une Formule Renault. Par la suite, j’ai continué de rouler en circuit, mais uniquement en loisir, au gré des voitures que l’on voulait bien me confier. »

Ce n’est qu’à la quarantaine passée que, rattrapé par sa passion de la vitesse, il décidait de s’installer derrière le volant : « A cette époque, on organisait un stage de conduite sur glace sous la direction de Lionel Régal. Ce fut l’occasion de discuter de Courses de Côte, de visionner ensemble des vidéos. Moi qui avais déjà eu l’occasion de rouler en Formule Renault, j’ai de suite compris que cette discipline était pour moi. »

Coaché par Lionel Régal, Antoine prenait part à une séance d’essais sur le circuit de Lédenon, et les prestations du Gendarme n’allaient pas manquer d’enthousiasmer le Champion de France : « ’’Lio’’ m’a dit que je pouvais rejoindre son équipe quand je voulais. Je n’en demandais pas plus. »

Au sein de l’Equipe Régal
En juin 2007, c’est donc au sein de l’Equipe Régal qu’Antoine allait disputer sa première course de côte. D’entrée de jeu, il allait s’attaquer à un mythe, puisque c’est sur les pentes du Mont-Ventoux qu’il faisait ses premiers tours de roues : « ’’Lio’’ estimait que, tant qu’à apprendre, autant me lancer tout de suite dans le grand bain. C’était la 69ème et dernière édition de cette épreuve », rappelle Antoine.

Excepté trois épreuves disputées au volant d’une Norma M20 que Lionel Régal lui avait confié, Antoine est toujours resté fidèle à la Formule Renault : « On a évoqué un temps la possibilité que je troque la Formule Renault contre un Proto ou une monoplace, on a même pensé à une Mégane Trophy, et j’avoue que j’étais ouvert à toutes les propositions que l’on pouvait me faire. Mais comme souvent, c’est le budget qui décide, et passer ce cap me paraissait difficile. En fait, j’avais le choix entre disputer une douzaine de courses avec la Formule Renault, ou me contenter de quatre ou cinq épreuves avec une auto plus puissante. Compte tenu de l’âge que j’avais, ma priorité était avant tout de me faire plaisir. En plus de cela, j’apprécie énormément l’ambiance qui règne au sein de la Formule Renault. De plus, le niveau est tout de même relevé, ce qui permet de belles bagarres, ça a tout pour me plaire. »

Antoine Betzel s’épanouissait pleinement au sein d’une Equipe Régal où il était parfaitement intégré. Le drame survint en 2010 avec la disparition de ’’Lio’’. Antoine traversait alors une période difficile, mais par égard pour son mentor, il décidait de ne pas mettre un terme à sa saison : « J’ai terminé la saison avec le Team Berney, avec qui j’ai continué à courir pendant deux ans. » Mais les résultats n’étaient plus au rendez-vous, et Antoine prenait rapidement conscience qu’il ne disposait certainement pas du meilleur matériel pour se mettre en valeur. « A cette époque, j’ai été démarché par plusieurs équipes », se souvient-il. « J’ai eu alors l’occasion de discuter avec Stéphane Krafft, et j’ai tout de suite été séduit par son approche de la course. La priorité pour lui était de se retrouver entre amis, de passer du bon temps sur les week-ends de course, tout en signant de bons résultats. C’est une philosophie qui collait parfaitement avec ma conception de la compétition, je n’ai donc pas hésité à le rejoindre. »

Vainqueur de l’Open avec le Krafft Racing
En 2013, Antoine Betzel intégrait donc l’équipe de Viriat, et immédiatement il allait aligner des résultats probants. A l’issue de cette saison 2013, il remportait le Challenge Open. La saison suivante, il réalisait le doublé en se classant premier des Formule Renault au Championnat, et en conservant son titre au sein du Challenge : « C’est un souvenir super sympa tant pour moi que pour l’équipe dont c’était seulement la deuxième saison. J’étais également particulièrement satisfait d’avoir pu prouver, lorsque ma voiture a été démontée par les commissaires techniques, que nous étions conformes. Ce qui a fait taire les rumeurs malveillantes qui pouvaient circuler à ce moment-là », précise Antoine. « Nous avons démontré que lorsque l’on donne à un pilote tous les ingrédients pour réussir, au sein d’une équipe avec qui il est en parfaite osmose, les résultats sont là. »

C’est donc avec le statut de favori et avec comme objectif de conserver ses deux couronnes qu’Antoine se présentait au départ de la saison 2015 : « En fin d’année dernière, j’avais déclaré que mon souhait était que le Krafft Racing, équipe difficile à battre, devienne une équipe impossible à battre. En plus je n’avais jamais gagné à Bagnols-Sabran et au Saint-Pierre, et je mettais un point d’honneur à m’imposer sur ces deux épreuves. »

Antoine avait une autre raison de s’enthousiasmer, avec l’arrivée en Formule Renault de trois pilotes féminines qui n’allaient pas manquer d’amener un regain de médiatisation à la catégorie : « En toute franchise, je ne m’attendais pas à ce qu’elles nous offrent une telle opposition. La victoire de Charlie (Martin) à Hébécrevon m’a interloqué, je savais qu’Estel (Bouche) avait une réelle envie de progresser et qu’elle était bien entourée pour cela, et puis Sarah (Louvet) a fait une énorme progression au fil des épreuves. Je dois avouer que Sarah m’a même mis la pression sur certaines courses, même si le problème ne vient pas du fait que ce soit une fille. Que ce soit elle ou Didier Chaumont, je n’apprécie pas que l’on me passe devant », lâche-t-il goguenard.

Sabran, une victoire au goût amer
Pour cette nouvelle saison en Formule Renault, c’est à Bagnols-Sabran qu’Antoine allait débuter sa campagne nationale. Si comme il le souhaitait il parvenait à inscrire la manche gardoise à son palmarès, l’issue de la course lui laissait un souvenir amer : « Je suis sorti lors de la dernière montée. La voiture était en grande partie détruite, et cet accident a bien failli compromettre la suite de ma saison. Je tiens d’ailleurs à remercier les bonnes volontés qui ont mis la main à la poche pour m’aider, et toute l’équipe qui a fait un travail extraordinaire pour réparer la voiture en un temps record. »

Victorieux à Bagnols-Sabran, Antoine allait récidiver sur le Col Saint-Pierre où il devançait son équipier, Régis Tref, d’un dixième de seconde : « Samedi j’étais un peu en retrait parce que j’avais du mal à digérer la sortie de Bagnols-Sabran. Samedi soir, on a travaillé là-dessus avec Stéphane et Bernard Chamberod qui m’ont expliqué que ça allait revenir. Effectivement j’étais bien mieux le dimanche, mais Régis a fait claquer un temps sur la dernière montée, et il s’en est fallu de peu. »

Sur un tracé pourtant plus court, Antoine allait creuser l’écart à Abreschviller où il s’imposait avec cette fois une demi-seconde d’avance sur Didier Chaumont : « J’adore ce tracé qui oblige à être super pointu. J’aime de plus l’accueil qui nous est réservé par les organisateurs. C’est une épreuve sur laquelle je me sens bien et où je pense être difficile à battre. »

C’est Estel Bouche qui se présentait à La Pommeraye comme la principale rivale d’Antoine. La pilote auvergnate s’intercalait entre les deux pilotes du Krafft Racing, à seulement neuf dixièmes du leader de la Formule Renault : « Ça ne m’a pas réellement surpris, car je sais que Yannick (Latreille) adore ce tracé, et qu’il est un excellent coach pour Estel. Mais je dois avouer que je ne m’attendais pas à telle performance de sa part. »

A Saint-Gouëno, Antoine allait assez nettement dominer les débats pour accrocher à nouveau la victoire, deux secondes devant Régis : « J’ai été en retrait durant tout le week-end, mais avant la dernière montée, Stéphane a su parfaitement me coacher et me mettre en confiance. Il m’a rappelé les bases du pilotage sous la pluie, et ça a payé. »

La Course de Côte des Beaujolais-Villages donnait l’occasion à Antoine de retrouver un rival qu’il connait bien, Didier Chaumont. Le Gendarme du Vaucluse aura le dernier mot, mais pour seulement trois dérisoires dixièmes de secondes : « C’est une de mes courses préférées. J’affectionne particulièrement ce tracé qui, avec Vuillafans, est pour moi ce qui représente le mieux le Championnat », confie Antoine. « Malheureusement, c’est également les deux tracés préférés de Didier, donc je sais que c’est un sacré client sur ces épreuves. »

Antoine attendait donc Didier à Vuillafans, mais le viticulteur bourguignon allait connaitre des problèmes, et c’est finalement Régis Tref qui lui donnait une nouvelle fois du fil à retordre. Au final, les deux pilotes du Krafft Racing ne seront séparés que d’un dixième de secondes, et Antoine restait invaincu : « J’étais vraiment en confiance durant tout le week-end. Bizarrement, malgré la forte opposition de Régis, j’étais quasiment persuadé de l’emporter. C’est vrai que ça s’est joué à pas grand-chose. »

A Chamrousse, Antoine allait poursuivre sa série de victoire en accrochant l’épreuve iséroise à son palmarès : « Je n’ai pas vraiment compris la différence entre mon chrono de l’an dernier et celui de cette année », avoue-t-il. « J’avais le sentiment d’avoir fait une superbe montée alors que je me retrouve à une seconde et demie de mon chrono de la précédente édition. »

A l’heure d’aborder le dernier rendez-vous de la saison, à Turckheim, Antoine restait invaincu. Difficile alors de ne pas viser le grand chelem : « Je suis passé à côté », lâche Antoine qui ne parviendra pas à terminer sur le podium. « J’aurais peut-être pu revenir sur la dernière montée, mais j’ai commis une grosse erreur sur le dernier virage de la dernière montée, de la dernière course de la saison », dit-il fataliste. « Lorsque j’ai voulu tomber deux rapports alors que j’étais à fond de six, je n’ai pas tapé assez fort dans le levier de vitesses, et je me suis retrouvé au point-mort. Je suis rentré dans la courbe en vrac, et après ça, la quatrième place m’a parfaitement convenu. »

Antoine, un pilote comblé
Au terme de cette saison 2015, Antoine Betzel réalise ses objectifs puisqu’il termine en tête des Formule Renault au Championnat, que pour la troisième année consécutive il remporte le Challenge Open et qu’il remporte huit des neuf manches auxquelles il a participé : « Je ne peux être que satisfait. J’ai vécu une saison extraordinaire, au sein d’une équipe composée de gens fabuleux à qui je dois énormément. Jean-Noël et Stéphane Krafft sont des mecs exceptionnels, qui ont su s’entourer de gens non moins exceptionnels », confie Antoine. « Stéphane est moniteur de pilotage et c’est vraiment un excellent coach qui voit de suite les imperfections au visionnage des vidéos. L’équipe me fournit une auto qui me convient à la perfection, je suis vraiment comblé. »

Le partage est essentiel pour Antoine Betzel qui n’envisage pas la course autrement qu’en vivant intensément ces moments de convivialité et de franche camaraderie. Il sait ce qu’il doit à son équipe, mais également à ceux qui le soutiennent : « La liste est grande, mais beaucoup moins que la reconnaissance que je leur porte pour ce soutien qui bien souvent provient de leur richesse de cœur, et de l'amitié que nous nous témoignons. A ce titre, je me dois de remercier Michel de la Terre d'Emie, Christophe Paris de Valerian, Michel Viera de MDA, Jacques Lheureux, Jean-Claude Maroncelli, Éric Chetail pour Cerise & Potiron, Philippe et Gauthier Gheysen pour Neo Travaux, Daniel Boisson, Philippe Terrier, René Braja pour Braja & Vésigné (une pensée à ton papa), Laurent de La Cantine, Jackie de la Carrosserie Damery, Samuel et Philippe de Mon Stand, Laurent Missolin Le Transporteur, Régis Malcles MAN &VW Industriel (Mr Pneus), Emmanuel Ninin de Anatelis Steel, Pascal Peretti pour Joly Stores, Jean-Michel Pellegrino pour Plaza Pizza, Patrick Julien pour les Piquets Julien, Guillaume Ryckwaert pour Raphaël Michel, Daniel Roticci, Philippe Sciacqua Transports Sciacqua, Sébastien Germain et Serge de la SARL 1962, Monsieur Aubert (mécène particulier)… Un Enorme Merci ! Je garde aussi une pensée pour Olivier Dupeyre de ODF qui m'a permis de débuter dans de bonnes conditions et je ne peux terminer cette liste sans citer mon grand ami Serge Mourgues qui est un homme de grande valeur à qui je dois beaucoup, ainsi que Pierre Grangeon… A tous un grand merci et j'espère pourvoir vous remercier de la même sorte fin 2016. »

Et justement pour ce qui est de 2016, Antoine Betzel est toujours dans l’expectative. Et si dans la logique des choses, on devrait le retrouver au volant de sa Formule Renault la saison prochaine, il veut garder à l’esprit que son programme dépendra comme toujours des budgets qui lui seront alloués : « Il est clair que j’aimerais bien évoluer sur une Formule Renault de nouvelle génération. On verra par la suite, mais il me parait évident qu’il me faudra passer à une Tatuus plus récente dans un avenir plus ou moins proche. » Mais pour ce qui est de l’avenir immédiat, Antoine Betzel a bien l’intention de défendre sa couronne l’année prochaine. Celui que certains n’hésitent plus à surnommer ’’Monsieur Renault’’, sera donc l’homme à battre dans la catégorie.


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