Le Bourguignon deuxième du Challenge Open F.R.

Deuxième du Challenge Open Formule Renault en 2014, Didier Chaumont se présentait cette saison comme l’un des prétendants au Trophée. Une nouvelle fois, le Bourguignon sera le principal rival d’Antoine Betzel, qui au final ne le devance que de huit points.

Ce qui transparait avant tout chez Didier Chaumont, c’est le fatalisme avec lequel il aborde les épreuves. Comme tout compétiteur il fait bien évidemment de son mieux pour signer de bons résultats. Mais avec plus de 280 participations et plus de 90 victoires de classe, le Bourguignon possède suffisamment d’expérience et de recul pour ne pas focaliser sur ses performances. Valeur sûre au sein de la meute des Formule Renault, Didier est une référence pour la jeune garde qui suit de près les duels qu’il ne manque pas de livrer à son habituel rival, Antoine Betzel.

A l’heure d’aborder cette saison 2015, Didier Chaumont n’a en rien changé son approche de la course : « Pour moi, l’essentiel est de ne rien casser et d’être entier le dimanche soir pour être au boulot le lundi, le reste n’a guère d’importance », rappelle-t-il. « En termes de résultats, j’aurais bien aimé m’imposer plus souvent, mais cette année encore Antoine a été le plus fort. » Même s’il n’en faisait pas une fixation, le viticulteur de Solutré-Pouilly ne cache pas qu’il aurait bien aimé prendre sa revanche sur le gendarme du Vaucluse, vainqueur du Challenge Open F.R. en 2014.

La particularité de ce Challenge Open Formule Renault, c’est qu’il offrait une parfaite parité entre les garçons et les filles. Et si en début de saison de nombreux observateurs estimaient que ces demoiselles allaient se battre entre elles, laissant les gars jouer les cadors aux premiers rangs, les débats démontraient rapidement qu’il faudrait compter avec les féminines : « Il est clair que la progression de certaines est impressionnante. Il va notamment falloir se méfier de Sarah (Louvet), dans l’avenir, elle pourrait bien nous faire mal aux dents », lâche le Bourguignon qui ne cache pas avoir été impressionné par la jeune lyonnaise. « Il faudra également faire attention à Estel (Bouche), et garder à l’esprit que si nous on prend de l’âge, elles sont encore jeunes. »

De bons résultats et quelques pépins
Lorsque l’on se penche sur les feuilles de classement de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, et l’écart de quatre secondes qui sépare le vainqueur Antoine Betzel de Didier Chaumont, on est en droit de penser que ce dernier a connu quelques soucis. Il n’en est rien, car si au final Didier accroche la troisième place de la F.R, c’est sans prendre de risque : « J’ai toujours abordé Bagnols-Sabran comme une séance d’essais grandeur nature. J’adore cette épreuve, l’organisateur est vraiment super sympa, mais je n’ai jamais été à mon aise sur ce tracé. A mon âge, je ne veux absolument pas tenter le diable, et je préfère donc faire preuve de sagesse sur ce premier rendez-vous. »

La Course de Côte du Col Saint Pierre sera un tant soit peu frustrante. Samedi, des essais prometteurs permettaient à Didier d’appréhender les montées dominicales en confiance. Mais les jours se suivent et ne se ressemblent pas obligatoirement, et la journée de dimanche ne sera pas à mettre sous le signe de la réussite : « J’étais largement en tête à l’issue des essais, mais j’ai été victime d’une rupture du câble de levier de vitesses. De ce fait je n’ai pas pu prendre le départ de la première montée. Ensuite, on m’a refusé le départ de la deuxième montée, et je n’ai pu faire que la troisième avec un levier de vitesses de F3000 prêté par Alban Thomas, et pas vraiment adapté à ma Formule Renault », explique Didier. « Je suis déçu, mais dans ces conditions terminer troisième reste un bon résultat. »

Sur le court tracé d’Abreschviller, on attendait une nouvelle confrontation entre Antoine Betzel et Didier Chaumont, et un écart infime en guise de dénouement. On ne sera pas déçu, Betzel raflait la mise pour une demi-seconde : « Nous avons livré notre duel habituel, c’était très sympa. Je garde un très bon souvenir de cette bagarre avec Antoine, et bien évidemment d’Abreschviller où nous sommes toujours excellemment accueillis, par des gens vraiment sympathiques. Rien que pour cela, ça vaut le déplacement. »

Le duel entre Antoine et Didier se poursuivait sur les pentes des Beaujolais-Villages, et cette fois, ce ne sont que trois dixièmes de secondes qui permettaient au Gendarme vauclusien de s’imposer : « L’an dernier je l’avais emporté pour quatre centièmes. C’est le jeu, c’est comme ça, il peut bien se venger pour trois dixièmes », confie Didier dans un éclat de rire.

A Vuillafans, Didier Chaumont allait connaitre sa pire course de la saison. Tout au long de la journée de dimanche, le Bourguignon allait accumuler les déconvenues : « Lors de la première montée de course, je casse un cardan après la troisième épingle. Sur la deuxième montée, avec le goudron qui fondait, je me suis un peu trop méfié, et cet excès de prudence me fait perdre un temps précieux. Ensuite la troisième montée a été annulée. » La messe était dite pour Didier qui devait se contenter d’une cinquième place dans sa catégorie.

Mais le Bourguignon n’allait pas manquer de prendre sa revanche sur la manche suivante, la Course de Côte de Dunières, où il s’imposait en Formule Renault : « Antoine n’était pas là, ce qui rend la performance moins savoureuse », estime Didier en toute humilité. « Mais c’est une victoire de plus, et c’est toujours bon à prendre. »

Au Mont-Dore, c’est le jeune David Sudre qui s’illustrait dans la catégorie, en devançant Didier de deux dixièmes. Mais comme beaucoup de pilotes cette saison, Didier avoue son incompréhension face au chrono : « Je suis trois secondes plus lent qu’en 2012. Mais je suis content de voir qu’un gamin que je connais depuis qu’il est tout gosse vienne me défier. A une époque, je me battais contre son père, et ça m’a fait plaisir de voir que David était heureux de m’avoir battu. »

Troisième derrière Antoine Betzel et Pierre Vian, Didier Chaumont s’avoue satisfait de sa prestation à Chamrousse, dernière épreuve inscrite à son calendrier dans le cadre du Championnat de France : « Ça s’est bien passé, on a passé un bon moment. La saison se terminait pour moi, la voiture était entière et nous avons pu boire un coup avec Antoine et Pierre, c’est bien là l’essentiel. »

Didier Chaumont n’a pas remporté des trophées que sur les manches de notre championnat national. Au mois de mai, à Donzy le Pertuis, il signait un succès de classe en devançant Pierre Vian de deux dixièmes de secondes. Mais quand on évoque cette victoire avec le viticulteur bourguignon, on a le sentiment que ce n’est pas ce qu’il retient de ce rendez-vous : « La bagarre était belle entre ’’Pierrot’’ et moi, et puis ce rendez-vous se situe à côté de chez moi ce qui m’a permis d’inviter tous mes amis montagnards le samedi soir. Nous étions une sacrée tablée, et nous avons passé un bon moment. »

Une nouvelle fois, Didier Chaumont a vécu une année sportive qu’il qualifie de pleinement satisfaisante : « J’ai bien couru, j’ai été plus vite qu’en 2014, mais Antoine également. J’ai pu rivaliser avec des pilotes qui sont en progression, Régis (Tref) qui aujourd’hui se bat pour la victoire, Sarah (Louvet) qui m’a réellement impressionné, Estel (Bouche) qui a fait une belle progression. Je me suis fait vraiment plaisir », avoue celui qui termine, comme l’an dernier, deuxième du Challenge Open.

Une double fracture pour terminer l’année
Sa maîtrise du volant a permis à Didier Chaumont d’éviter cette saison toute sortie de route. Mais alors qu’il en terminait avec les vendanges, c’est un stupide accident domestique qui allait être la cause d’une blessure assez sérieuse : « Il commençait à pleuvoir et j’ai voulu aller fermer la porte de mon camion », explique-t-il. « J’ai glissé sur le sol mouillé et mon pied s’est bloqué dans un caniveau. J’ai entendu un craquement et je me suis retrouvé avec le pied à l’équerre, ce qui m’a fait comprendre que ce n’était pas bon pour moi. » Et effectivement, victime d’une fracture de la malléole et du péroné qui lui valait soixante-six jours de plâtre, Didier est pour l’heure contraint de se déplacer avec des béquilles : « Je pensais pouvoir retrouver mes activités et m’occuper de mes vignes une fois que l’on m’aurait retiré le plâtre. Je n’étais pas conscient que j’allais devoir passer par une phase de rééducation, et ça m’ennuie profondément », avoue le viticulteur qui déteste rester inactif.

Didier reconnait malgré tout avoir eu de la chance dans son malheur, cet accident est survenu alors que sa saison sportive était terminée : « A l’issue du Championnat, je m’étais engagé sur la Course de Côte du Circuit de Bresse, j’ai dû renoncer, mais c’est la seule épreuve sur laquelle je déclare forfait. »

Il reste à Didier Chaumont un peu plus de trois mois pour retrouver la grande forme et se présenter au départ de la première épreuve du Championnat 2016. Car lorsqu’on évoque l’avenir, la réponse tombe comme s’il ne pouvait en être autrement : « Je serai bien évidemment au départ de la saison à venir, toujours en Formule Renault et toujours avec le souhait de me faire plaisir et d’essayer d’accrocher le Challenge Open à mon palmarès. »

En cette période pour lui un peu compliquée, Didier a une pensée pour ceux qui lui ont apporté un soutien, que ce soit dans ces heures difficiles ou tout au long de la saison : « Un grand merci à Florence et Bruno qui me soutiennent chaque année, bien évidemment à Raynald Thomas sans qui il me serait impossible de courir, puisque c’est lui qui prend en charge ma voiture. Merci à tous les montagnards qui m’ont soutenu, il m’est impossible de tous les citer, ils se reconnaitront. Merci également à Marc Grandjean de la société Embouteillage 2000 pour son aide », conclut Didier.


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