Vainqueur du Challenge Open A/4

Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Yann Machka a su très rapidement mettre en pratique les enseignements qu’il dispense tout au long de l’année. Moniteur de pilotage, le patron de Redline Performance remporte au volant de sa Clio Cup 4, le Challenge Open A/4.

Yann Machka a fait de sa passion son métier… Loin d’être une évidence, c’est un véritable choix, puisque les adeptes de sport automobile ne sont pas légion au sein de sa famille. Mais dans son village natal, Yann était voisin des parents de Guy Poinsignon, et chaque matin, en se rendant à l’école primaire, il ne manquait pas de jeter un œil sur la Scora et la Simca 1000 qui suscitaient chez lui une réelle curiosité.

Plus tard, ce sont des liens d’amitiés tissés à l’adolescence qui allaient influer sur le destin du jeune mosellan. Yann avait 15 lorsqu’il faisait la connaissance d’Olivier Ricloux, neveu du même Guy Poinsignon, et de ce fait totalement immergé dans le monde de la compétition automobile.

Par la suite, Olivier Ricloux deviendra carrossier chez Fabrice Marchal, ce qui entrainera entre les deux amis de longues discussions sur la préparation de voitures de course. Côté sport, avant d’envisager de défier les chronos, c’est sur les tatamis que Yann évacuait son trop plein d’énergie, en pratiquant le judo et le ju-jitsu durant sept ans, sur des compétions régionales.

Avant de disputer ses premières courses, c’est en loisir que Yann Machka allait faire son apprentissage derrière le volant : « A 16 ans, avec mes premiers salaires en poche, je me suis acheté un kart. C’était un 100 cm3 à air, avec lequel j’ai roulé en loisir parce que déjà les coûts pour faire de la compétition étaient très élevés » se souvient-il. « N’étant pas issue d’une famille de pilotes, je n’avais pas alors cette logique d’aller chercher des sponsors pour essayer de budgétiser une saison. »

Après plusieurs années passées au Luxembourg, en 2013 Yann Machka retrouvait la France et passait avec succès son brevet de pilotage. Par la suite il créait sa propre structure, Redline Performance. Son activité lui permettait de sillonner les circuits, mais il mettait également à profit ses week-ends pour suivre les copains : « Cela fait plusieurs années que j’accompagne mes amis sur les courses de côte, ne serait-ce que pour assurer l’assistance. »

L’aide apporter aux copains ne pouvait que donner envie à Yann de connaitre les mêmes sensations, et après une quinzaine d’années à suivre les Fabrice Marchal, Louis Granjon, et ces dernières années Bertrand Simonin, il décidait de franchir le pas : « Ma société est à présent bien installée, et je peux donc me permettre de faire à mon tour du sport automobile », explique Yann.

Le choix de la Clio Cup viendra d’une opportunité que Yann Machka saura saisir : « Je suivais un client qui roulait en Clio Cup France durant deux ans. Pour des raisons professionnelles, il a décidé de mettre un terme à sa carrière sportive et m’a proposé de lui acheter sa Clio. Je me suis dit alors qu’avec la création de la classe A/4, un 1600 turbo était idéal pour cette catégorie, et j’ai saisi l’opportunité. J’avais pu voir sur les réseaux sociaux que plusieurs pilotes semblaient intéressés, ce qui ne pouvait qu’accroitre ma motivation. »

Première saison, premiers succès
Yann Machka décidait donc de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne, par le biais du Challenge Open, pour un programme de huit courses. Même si ces années passées aux côtés de ses amis lui permettaient d’avoir une bonne idée des tracés, il allait découvrir cette année en course, l’ensemble des épreuves : « De ce fait je ne m’étais pas fixé d’objectif en début de saison. Je me suis lancé sans prétention, mais avec un peu de pression, parce qu’en tant que moniteur je savais que j’allais être observé par mes confrères qui m’attendaient au tournant », lâche Yann dans un large sourire. « Mais mon objectif était avant tout de découvrir la voiture et les courses, même si de nombreuses reconnaissances avec Fabrice et Bertrand m’avaient déjà permis de bien cerner les parcours. »

Son statut de moniteur de pilotage permettait à Yann de préparer sa saison dans de très bonnes conditions : « J’ai pu enchaîner les tours de circuits au volant de la Clio, et mon activité me permet de couvrir environ 500 kilomètres de piste par week-end aux volants de diverses autos. De ce fait, j’étais prêt pour débuter la saison. »

C’est donc à Bagnols-Sabran que Yann entamait sa campagne de France, avec comme objectif premier de trouver les réglages les mieux adaptés à la côte : « Je suis allé à Bagnols avec la boule au ventre. On est encore tous marqué par la disparition de Steve, et je ne cache pas que j’avais beaucoup d’appréhension de retrouver ce cadre. Mais si on fait abstraction de cela, je me suis fait tout de même plaisir sur ce tracé, et finalement j’en repars avec de très bons souvenirs », confie Yann qui, pour sa première épreuve, s’impose dans la classe A/4 en terminant cinquième du Groupe A.

C’est avec des réglages modifiés, suite aux enseignements de Sabran, que Yann abordait le tracé du Col Saint-Pierre : « Sur cette épreuve, la présence d’Éric Peyrard, qui est un pilote chevronné, me mettait une pression supplémentaire. Mais je me suis vraiment senti très à l’aise avec la Clio et j’ai pu retrouver les sensations que j’avais eu en circuit… Après, j’avoue que j’étais un peu perdu sur le haut du parcours, comme la plupart des pilotes qui découvrent le Saint-Pierre. Mais c’est une épreuve magnifique, prestigieuse, et remporter la classe sur cette course en devançant Eric me laisse un excellent souvenir », confie Yann qui accroche la quinzième place scratch.

A Abreschviller, Yann se retrouvait confronté à Bruno Fra, qui au volant d’une BMW M3 semblait disposer d’une auto bien plus performante que la Clio : « Au Saint-Pierre, j’avais dû lutter face à la M3 3 litres d’Yves Dubrana, ce qui ne me dérangeait pas outre mesure, mais face à la 3,2 litres de Bruno je savais qu’il serait impossible de lutter. Pour être clair, Bruno lui-même croyait devoir rouler en A/5 et pensait que son engagement en A/4 était une erreur », se souvient Yann. « Il doit disposer de 180 ou 190 chevaux de plus que moi, ce qui sur la relance sur les lignes droites fait une différence énorme. C’était donc un peu frustrant pour moi, sur mon épreuve à domicile. Je garde malgré tout un excellent souvenir de ce week-end passé avec les copains et en la présence de mes partenaires. »

Après une deuxième place de classe à Abreschviller, Yann Machka allait renouer avec la victoire à La Pommeraye : « J’ai bien aimé cette épreuve, courue en partie sur un tracé humide, ce qui n’est pas pour me déplaire. Je suis juste déçu qu’Éric (Peyrard) n’est pas pu venir. Je m’étais donc fixé comme objectif d’égaler son chrono de la précédente édition, et finalement je l’améliore d’une seconde cinq, ce qui me satisfait pleinement. »

A Vuillafans, Yann retrouvait Bruno Fra et sa BMW M3. Le patron de Redline Performance savait donc d’entrée de jeu qu’il lui serait quasiment impossible d’aller chercher une victoire de classe : « J’attendais ce rendez-vous avec impatience car je trouve le tracé magnifique, avec une environnement sublime et un tracé réservé aux gros cœurs. Je termine cinquième du groupe, deuxième de classe, je ne pouvais pas faire mieux, donc je ne peux être que satisfait. »

Pas de BMW M3 en vue à l’heure d’affronter le Mont-Dore, mais de nombreuses Clio et surtout une Skoda Fabia R5 qui se retrouvait en classe A/4 : « C’est une 1600 turbo donc, sur le papier, il n’y a rien à dire. Après, c’est une auto d’usine, et mon seul espoir résidé dans le fait que son pilote ne soit pas à la hauteur. » Mais Romain Guillerot est un pilote rapide qui n’allait pas laisser passer l’occasion d’accrocher une victoire de classe. « Même si je ne m’impose pas, c’est pour moi la plus belle ’’victoire’’ de la saison. J’avais face à moi des références, et notamment Jean-Pierre Pope, Eric Peyrard, Thierry Tierce, et mon seul objectif initial était de faire le chrono réalisé par Jean-Pierre (Pope) l’année passée. Il est pour moi ’’la référence’’ en Clio Cup et je rêvais d’aller le chercher. J’y suis parvenu, je n’y croyais pas… C’est ma première saison, j’ai vécu un magnifique combat à quatre dans une ambiance très sympa, c’est pour moi génial ! »

Après avoir vécu sa plus belle course de la saison sur le Mont-Dore, Yann était engagé à Chamrousse où le week-end sera un peu plus compliqué : « Sur un tracé aussi large, je pensais retrouver des sensations de circuit, mais finalement je n’étais pas bien. Le comportement de la voiture, avec des températures très basses, était très surprenant, avec des décrochages intempestifs, ce qui ne fait rien pour te mettre en confiance. Je m’impose dans la classe, mais ce n’est pas pour moi ma plus belle victoire. »

A Turckheim, Yann débutait son week-end par une sortie de route qui, malheureusement allait avoir de fâcheuses conséquences pour la suite : « Je suis parti à la faute, samedi matin dans la dernière épingle droite en vue de l’arrivée. Je me suis fait piéger par un manque d’adhérence et de reconnaissances. Les dégâts n’étaient pas très importants, mais ça m’a mis un coup au moral et je ne suis pas parvenu à retrouver la confiance. J’étais d’autant plus déçu, que Turckheim est à une centaine de kilomètres de la maison, et que ma famille et de nombreux amis étaient venus me voir. J’étais là dans l’optique de me faire plaisir, le Challenge Open étant joué, c’est raté », confie Yann qui termine finalement troisième de sa classe derrière l’intouchable BMW de Bruno Fra et la Clio 3 de Nicolas Miclo.

Vainqueur du Challenge Open A/4
Pour sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Yann Machka remporte le Challenge Open A/4. De quoi être bien évidemment satisfait de sa prestation et tirer un bilan largement positif : « Super saison ! J’ai vécu des moments fabuleux en découvrant le championnat en tant que pilote, avec une voiture qui m’a donné entière satisfaction, et je pense déjà à la saison prochaine. »

On le voit, Yann Machka gardera d’excellents souvenirs de sa première campagne sur le Championnat, et tient aujourd’hui à remercier tous ceux qui l’ont accompagné dans l’aventure : « Un grand merci à Charles et Michel Pax de Espacebio, Philippe de Sécuritest Remilly, Racoon Cleaning Product, Boulanger le Comptoir de Metz, Alex de chez Flock Me, Arnaud Fuchs ingénieur chez Renault Sport, Ton de chez Aerovention.nl, Christophe cuisine et Redline Performance. Je n’oublie pas tous ceux qui m’ont soutenu, Olivier (Ricloux) pour la carrosserie, Bertrand (Simonin) pour l'assistance, la famille Poinsignon pour leur accompagnement tout au long de la saison, ma famille pour leur soutien moral et ma petite amie Mélanie, également pour son soutien, Gilles (Huntzinger) et Thomas (Gasser) de Pilotes TV, Nicolas Millet pour les photos, et toutes les personnes qui me suivent sur les réseaux sociaux pour leur soutien. »

Yann Machka a bien la ferme intention de repartir la saison prochaine pour une nouvelle campagne française, « en espérant qu’il y aura plus de monde dans la classe et que la réglementation soit modifiée pour ne plus être en concurrence avec des M3 nettement plus performantes. Il me reste maintenant à boucler les budgets », conclut le patron de Redline Performance.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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