Avant de se tourner vers les Historiques

Unanimement apprécié dans les paddocks tant pour son généreux coup de volant que pour ses facéties, Jean-Michel Godet a cette saison non seulement assuré le spectacle, mais s’est également illustré en remportant pour la seconde fois le Challenge Open GTTS/1.

S’il a fait l’essentiel de sa carrière sportive en rallye et en circuit, prenant part à de nombreuses épreuves internationales, Jean-Michel Godet a également une longue histoire avec la Mitjet à laquelle il est fidèle depuis de nombreuses saisons. En 2018, pour sa première participation sur le Championnat de France de la Montagne, c’est au volant d’une de ces petites bombes qu’il avait remporté le Challenge Open GTTS/1. Depuis, il s’est disputé les victoires, notamment face à son comparse Jean-Michel Lestienne.

Sur le podium de ce Challenge Open à l’issue des saisons 2019, 2020 et 2022, Jean-Michel Godet repartait cette année encore au volant d’une Mitjet, mais en étant privé, une fois n’est pas coutume, de son acolyte Jean-Michel Lestienne retenu par d’autres occupations.

Le duo Jean-Michel Godet / Mitjet est devenu au fil des saisons une évidence. Les observateurs de la discipline conservent un œil attendri envers cette improbable monture qui cette saison affichait des allures d’Aston Martin. Pour Jean-Michel Godet, il était donc logique de poursuivre son implication sur le championnat au volant de cette voiture : « Pourquoi faire une nouvelle saison en Mitjet ? En premier parce que cette voiture addictive présente un mix plaisir/performances/prix inégalé qui incite à replonger chaque année », débute Jean-Michel. « En second, parce que je finis la saison précédente frustré en laissant bêtement filer la deuxième place du Challenge Open. Et accessoirement en troisième, parce que j'avais envie d'en finir avec les carrosseries d'Outre-Rhin un peu pataudes et aller vers un style plus léger et plus élégant, exactement ce que propose le design Aston Martin. »

Avant de débuter cette saison, Jean-Michel offrait un relooking à sa monture et profitait de l’occasion pour lui apporter quelques modifications : « Nous avons abandonné des capots avant et arrière Mercedes remplacés par des Aston Martin pour gagner un peu de poids. Nous avons également fait une tentative de changement d'amortisseurs, validée par le commissaire technique dédié, mais nous avons vite abandonné car ceux-ci s'avèrent trop compliqués à régler (4 voies !). En revanche, nous n’avons réalisé aucune intervention sur le moteur et la boîte qui n'ont jamais été ouverts et qui sont restés strictement d'origine et plombés. »

En quête d’un nouveau titre sur l’Open GTTS/1
Avant d’entamer sa longue campagne de France, Jean-Michel Godet menait à bien une séance d’essais sur le circuit de Lédenon pour valider les réglages. De quoi se rassurer sur le comportement de sa Mitjet et entamer la saison avec comme objectif de participer au plus grand nombre d'épreuves possibles, « en essayant d'être régulier pour viser le titre », commente le natif du Pas-de-Calais.

L’entrée en lice de Jean-Michel Godet, sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, ne correspondra pas réellement à ses attentes : « La saison démarre très fort car ma première montée d'essais chrono s'est arrêtée au bout de 100 mètres à cause d’une rupture des boulons qui relient la sortie de boîte à l'arbre de transmission », se désole le pilote de la Mitjet. « Heureusement, Styl & Grip, le team de Jérémy Avellaneda veillait au grain et j'ai pu repartir. Impossible de rivaliser avec Stéphane Villain qui maîtrise à la perfection toutes les routes du Gard ! Quant à Aurore Louison, elle a été également meilleure, point. Petit coup au moral quand même », reconnait Jean-Michel qui termine troisième de sa classe.

« '' Villainator'' a encore frappé et continue à dominer son sujet », lâche Jean-Michel en évoquant le Col Saint-Pierre où il se voit une nouvelle fois devancé par Stéphane Villain. « Mais je parviens à sauver les meubles en terminant deuxième sur ce tracé plus favorable aux 1400 qu'aux 1300 cm3 », avoue-t-il en toute honnêteté.

Le rendez-vous lorrain d’Abreschviller sera l’occasion pour Jean-Michel Godet de prendre un nouveau petit coup au moral en étant devancé au final par Aurore Louison : « Aurore m'inflige une petite leçon de trajectoire à l'unique épingle qui conditionne toute la montée. Lorsque je comprends enfin la situation, il est trop tard et je termine deuxième. A l’heure de faire les comptes, elle marque sept points, moi quatre. »

En toute humilité, Jean-Michel Godet ne tire aucune gloire de sa victoire sur les Teurses de Thèreval – Agneaux où il était en manque de concurrence : « C’est la première épreuve de la campagne de l’Ouest, région on ne peut plus importante si l'on veut se battre pour le championnat. Je gagne sans vraiment forcer, pas de quoi en faire un plat ! »

S’il ne parvenait pas à contrer les attaques de Stéphane Le Crom à La Pommeraye, Jean-Michel Godet pouvait se satisfaire de terminer premier des pilotes engagés avec des Mitjet sur le championnat : « Stéphane Le Crom, qui louait la voiture de mon frère d'armes Jean-Michel Lestienne, nous met tous d'accord avec des chronos de fou. Il gagne, je fais deuxième, mais je marque de précieux points. »

La participation de Jean-Michel à Saint Gouëno se soldera par une nouvelle victoire, décevante, parce qu’elle sera obtenue aux dépens de sa principale rivale : « C’est à mon sens un premier tournant sur le championnat. Je livre une belle bagarre à Aurore Louison qui en fin de course se trouve confrontée à une aggravation de la fuite de son radiateur d'huile. Je lui suggère de ''shunter'' le fautif et de faire la dernière montée dans cette configuration. Ne voulant pas prendre de risques pour son moteur, elle renonce. Je marque donc cinq points alors qu’Aurore ne score pas. »

C’est en tacticien avéré que Jean-Michel Godet abordait la Course de Côte de Marchampt. Car s’il n’accède pas au podium de sa classe, il peut pleinement se satisfaire d’engranger de précieux points : « Encore une satisfaction au plan comptable avec quatre points acquis en tant que premier pilote du CFM dans la classe GTTS/1, sur une course incontestablement favorable aux 1400 cm3 grâce à leur allonge. Les locaux (Christophe Demare et Christian Faury) ne sont pas partageurs et ne laissent qu'une place sur le podium pour Baptiste Merle et sa Caterham. Dans ces conditions, je n’ai pas pris de risques inconsidérés, l’important étant le Challenge Open. »

Jean-Michel Godet aurait aimé être au départ des treize manches du Championnat de France de la Montagne. Mais sa passion pour les épreuves de prestiges l’incite à poursuivre son implication en circuit. Début juillet, il était donc au Mans Classic pour fêter dignement le Centenaire de cette épreuve en alignant une TVR Grantura MKIII.

On le retrouvait par la suite à Dunières, où il viendra chercher une victoire de classe devant Stéphane Villain : « C’est un succès sans éclat devant un Stéphane prudent, qui avait d’ores et déjà vendu sa voiture, et qui était démotivé suite à sa décision d'arrêter sa saison après Dunières. Pas de quoi être hyper content », explique Jean-Michel en toute modestie.

Dans l’esprit de Jean-Michel Godet, le Mont-Dore sera le second tournant du championnat 2023. Avec pas moins de six Mitjet au départ, le combat s’annonçait rude. Il sera malheureusement prématurément arrêté : « C’est en cela que j’estime que c’est un tournant du championnat. En fait plusieurs facteurs concourent à expliquer ma vision des choses : Une météo pourrie, une organisation perfectible, une course tronquée et une Aurore Louison qui passe complètement au travers lors de sa première montée, un handicap qu'elle ne pourra pas combler lors de la seconde et ultime manche », analyse Jean-Michel. « Avec six Mitjet au départ, je termine troisième derrière Xavier Burgevin et William Chardin, mais premier du CFM. Après coup, j’avoue avoir une petite satisfaction personnelle de terminer devant Stéphane Le Crom après la correction qu'il m'avait infligée à la Pommeraye », sourit-il.

Jean-Michel Godet ne conservera pas un souvenir impérissable de sa participation à Chamrousse où il n’est pas parvenu lors de cette édition à se mettre en valeur : « Il y a des courses qui ne m'aiment pas, Chamrousse est la première de celles-là. Pourtant j'adore ce tracé mais je n'arrive pas à être constant tout au long de cette épreuve. Je n’ai pas grand-chose à en retirer avec une quatrième place en GTTS/1, ce qui me permet de terminer deuxième des Mitjet engagées sur le CFM, derrière celle d’Aurore. »

Si en bon épicurien Jean-Michel Godet sait apprécier les vins d’Alsace, en revanche il semble que l’Alsace ne l’apprécie pas. A Turckheim, il sera une nouvelle fois contraint à l’abandon : « C’est la plus belle et... la deuxième qui ne me réussit pas ! En 2020 je sors et je visite brièvement l'Hôpital de Colmar. En 2022 à l'arrivée, je termine deuxième derrière Jean-Mi Lestienne, mais je n’arrive pas au bout de la dernière montée, suite à la sortie de route d'un concurrent et à un trajet particulièrement long pour reprendre le départ, ce qui me provoque une panne d'essence. Cela me vaut de terminer seul, abandonné de tous, de nuit en pleine forêt noire » se désole Jean-Michel sur le ton de la plaisanterie. « En 2023, avec mon vieux complice (Jean-Michel Lestienne), nous nous sommes appliqués, en reconnaissances, à bien repérer les bosses et autres compressions traîtresses. C'est justement l'une d'elles qui va me piéger et m'envoyer faire connaissance avec le rail ! »

Vainqueur du Challenge Open GTTS/1
Privé de voiture, Jean-Michel Godet sera tout de même présent à Limonest, mais en qualité de spectateur : « J’étais serein, car je savais avant le départ que le championnat et la 2ème Division étaient déjà pliés », explique Jean-Michel qui remporte donc le Challenge Open GTTS/1 et se classe dans le top 10 de la 2ème division. Comptant parmi les pilotes les plus assidus du Championnat de France de la Montagne, le vainqueur de l’Open GTTS/1 peut se réjouir de sa campagne 2023 : « Au final, ce fut une saison intense qui se termine dans la joie et la bonne humeur avec un deuxième titre qui, cette année, s'est dessiné dès le mois d'Août à Chamrousse, pile pour fêter mon changement de dizaine », confie le jeune septuagénaire.

On l’a vu, Jean-Michel Godet n’a pas manqué cette année encore de rouler en circuit, mais la réussite ne sera pas cette saison au rendez-vous : « Côté circuit, cette année, rien de vraiment transcendant car la joie que nous nous faisions de participer au Mans Classic du Centenaire a été contrariée par une soupape baladeuse et des problèmes de surchauffe qui se sont soldés par un abandon. Mais cet événement reste absolument magique. »

Jean-Michel Godet profite de l’occasion pour réitérer ses remerciements à ceux qui l’ont soutenu durant cette longue campagne de France : « Merci à Vulcanet, Motul et RRS pour leur indéfectible soutien. Amicale pensée à tous ceux qui m'ont hébergé ou accompagné (et supporté !) à un moment ou un autre de la saison : Jean-Michel et Aline Lestienne, Plantier Racing Team, Sport Technik Racing, Anthony Dubois Compétition, Styl&Grip – Stage de pilotage, Mylénia Machado, Thierry Bertin, Vincent Lagache, Kevin Nouhen. Et enfin, merci à Isabelle, ''La Direction Générale'' de ma vie qui ne m'a jamais empêché mais toujours encouragé... »

Terminé la Mitjet, pour la saison 2024 Jean-Michel Godet se lance un nouveau défi, et non des moindres. Car s’il sera toujours un animateur du Championnat de France de la Montagne, il change de catégorie : « Je ne surprendrai personne en annonçant que je roulerai en Véhicules historiques de Compétition, Vivianne Bonnardel m'ayant fait l'honneur de me vendre son iconique Volkswagen Scirocco Jägermeister avec laquelle elle a glané tant de titres. Pour ma part, je ferai mes premiers tours de roues au mois de décembre, à l’occasion du Cévennes Race Track où je découvrirai l'auto. Quant au nombre d'épreuves en 2024, cela dépendra du budget que j'arriverai à réunir », conclut le double vainqueur du Challenge Open GTTS/1.


© Bruno Valette, avec les infos de Jean-Michel Godet

 

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