Et une totale domination en GT de Série

Pour cette saison 2015, Pierre Courroye avait deux objectifs clairement définis : Remporter le Trophée du GT de Série, et battre les records dans la catégorie sur chacune des manches du Championnat. Le jeune franc-comtois réalise un parcours au-delà de ses espérances, puisqu’en plus de dominer son groupe, il termine la saison sur le podium du Championnat Production.

La réglementation concernant l’attribution des points sur le Championnat de France de la Montagne a connu cette année une modification qui favorise la position au scratch. Si en 2014 Christian Schmitter était parvenu à accrocher la troisième place du Championnat Production au volant de sa Porsche, avec ce nouveau barème la probabilité de rééditer cet exploit face aux GTTS était mince. En début de saison, Pierre Courroye en avait d’ailleurs pris son parti, estimant que le seul objectif réalisable était d’aller chercher le Trophée FFSA du GT de Série.

Avec sa Porsche 997 GT2, Pierre savait disposer d’une arme redoutable. Déjà, l’an dernier, alors que la voiture était dans une configuration totalement d’origine, il avait signé d’excellents résultats. Pour cette saison 2015, afin de mettre toutes les chances de son côté, le jeune franc-comtois décidait de parfaire la préparation de sa monture : « Christian Schmitter m’avait conseillé d’opter pour des amortisseurs de compétition. Ce que j’ai fait, et le comportement de la voiture s’en est ressenti. » Pour le reste, le belle allemande conserve ses éléments d’origines, comme le veut la réglementation et la philosophie du GT de Série.

De victoires en victoires
On ne peut pas attribuer aux seules performances de sa Porsche la suprématie dont Pierre a fait étalage cette saison. A plusieurs reprises, le jeune vésulien est venu s’immiscer dans la lutte que ne manquaient pas de se livrer les animateurs du GTTS. Et pour cela, la puissance de sa voiture ne suffisait pas, il fallait une certaine dose de talent.

Et dès Bagnols-Sabran, Pierre allait donner un aperçu de ce talent en remportant un premier succès en GT de Série : « C’est un parcours que je découvrais, et j’ai dû prendre mes marques durant les essais. Le tracé est étroit, ce qui oblige à être super propre, et vigilant lors des ré-accélérations », explique-t-il. « J’estime avoir été raisonnable sur ce premier rendez-vous. L’important était la victoire en GT de Série, la position au scratch était alors accessoire. »

Après le tracé si atypique de Bagnols-Sabran, Pierre Courroye allait découvrir une autre épreuve réputée difficile à assimiler, le Col Saint-Pierre : « J’ai dû faire près de 200 kilomètres de reconnaissance avant de parvenir à comprendre où je mettais les roues. J’ai vraiment énormément bossé sur cette épreuve, et malgré ça, je ne suis pas parvenu à signer le record du GT de Série. » Pas de record, mais une victoire, puisque Pierre positionnait sa Porsche au septième rang, en tête des GT de Série.

A Abreschviller, là encore Pierre découvrait le tracé. Cette fois, il allait pleinement lâcher la cavalerie pour accrocher une quatrième place au scratch, assortie d’un succès de groupe : « Bien évidemment, je n’avais pas la prétention d’aller chercher Christian Schmitter qui dispose d’une auto bien plus évoluée que la mienne, mais il était ma référence, et mon objectif était de me rapprocher de ses chronos. Ce que je suis parvenu à faire, et c’est pour moi un réel motif de satisfaction. »

Hors de question de prendre des risques inconsidérés à Hébécrevon où Pierre n’avait jusqu’alors jamais mis les pieds. Sa découverte du tracé normand se soldera toutefois par un nouveau succès en GT de Série : « Ce n’est pas ma meilleure course. Nous avons eu quelques problèmes avec la voiture, et je n’étais pas en mesure de me battre pour une position au classement scratch. L’objectif est malgré tout rempli puisque je m’impose dans le groupe. »

Court et rapide, le tracé de La Pommeraye ne permet pas aux ténors de la discipline d’assoir leur domination. Les écarts sont souvent infimes, et quelques dixièmes de secondes perdus peuvent vous faire chuter de plusieurs places. S’il termine sixième, Pierre pointait à seulement quatre dixièmes du podium : « Je suis un peu déçu, parce que je pense avoir commis une erreur sur chaque montée. Sur la première j’avais trop de sous-virage, sur la deuxième je me loupe sur un changement de rapport, ce qui me fait perdre près d’une demi-seconde, et sur la dernière je me loupe à un endroit. Malgré tout, j’ai réussi chaque fois à améliorer mes chronos », confie Pierre qui quittait l’épreuve angevine avec le Trophée du GT de Série sous le bras.

Pour seulement 84 millièmes de secondes, Pierre Courroye loupait la troisième marche du podium à Saint-Gouëno. Et la victoire acquise en GT de Série ne peut effacer la frustration ressentie face à un si faible écart : « J’étais dégouté ! », lâche-t-il dans un large sourire. « A l’issue de la deuxième montée, je pointais à la sixième place, et je ne m’attendais pas à me battre pour le podium. Mais quand à l’issue de la troisième montée, j’ai vu que j’étais à rien de la troisième place, j’ai ressenti un énorme sentiment de frustration », avoue Pierre. « Après, je veux retenir que j’ai signé une bonne performance sous la pluie, ce qui au volant de la Porsche 997 GT2 est toujours compliqué. »

Victime d’une sortie de route, qui allait le contraindre à l’abandon, lors de la dernière édition de la Course de Côte des Beaujolais-Village, Pierre avait bien l’intention de prendre sa revanche : « C’est sûr que je ne pouvais prétendre qu’à mieux », ironise-t-il. « J’adore ce tracé, et durant ce week-end Michelin m’avait demandé de tester de nouveaux pneus. Ils étaient un peu plus performants que leurs prédécesseurs, et au final je signe un bon résultat », estime Pierre que l’on retrouve à la sixième place, premier des GT de Série. « L’an dernier, je suis sorti lors des essais. Je découvrais donc quasiment la course cette année, et j’ai pu améliorer de près de quatre secondes entre le début et la fin du week-end, ce qui est pour moi une vraie satisfaction. »

Et pourquoi pas le podium du Championnat ?
Les bons résultats de cette première partie de saison, et l’accumulation de succès en GT de Série permettaient à Pierre de se fixer de nouveaux objectifs : « Ce n’est qu’à partir du milieu de saison que nous avons pris conscience qu’un podium était jouable », reconnait-il.

Pour viser une place sur le podium final, il se devait de conserver cette dynamique et la régularité dont il avait fait preuve jusqu’alors. Mais malheureusement, Pierre ne pouvait être au départ de Vuillafans pour défendre ses chances : « Initialement, je devais faire le choix entre Vuillafans et une course de la RCZ qui avait lieu le même week-end au Val de Vienne. Avec mon père, nous avions décidé en début de saison que je participerais à l’épreuve sur laquelle il était le plus important que j’engrange des points. Mais au final, je me suis retrouvé en période de partiels, et mes études restant la priorité, je n’ai disputé aucune des deux épreuves. »

Absent à Vuillafans, Pierre Courroye allait marquer les esprits à Dunières en montant sur le podium, troisième à seulement 260 millièmes de la Mégane Trophy de Francis Dosières : « Sur un tracé où l’adhérence est aussi précaire qu’à Dunières, il est déjà compliqué d’arrivée en haut avec la GT2. Alors terminer sur le podium, c’était pour moi inimaginable. D’autant qu’avec une auto aussi puissante, et un turbo qui vous pousse littéralement, il est difficile de faire une montée sans commettre d’erreur. », reconnait-il. « J’ai vécu un moment de grâce, en parfaite osmose avec l’auto. C’était du plaisir à l’état pur. »

En totale confiance, Pierre allait à nouveau s’illustrer sur les pentes du Mont-Dore où il plaçait sa Porsche au quatrième rang, en venant s’immiscer entre les Porsche évoluant en GTTS : « Lorsque j’ai vu mes chronos je n’en revenais pas. Là j’ai pu me rendre compte de l’énorme différence qu’il y avait entre les amortisseurs de compétition, et ceux de série qui équipaient ma voiture l’année précédente. Je suis vraiment content de mes améliorations. »

La Course de Côte de Chamrousse allait permettre à Pierre de rester invaincu en GT de Série, mais sa huitième place finale lui laisse une certaine amertume : « C’est un tracé qui convient parfaitement à ma voiture, même l’altitude est un avantage quand comme moi on dispose d’un turbo. Malgré cela, je ne suis pas parvenu à battre le record et ma position n’est pas à la hauteur de mes espérances. Après, j’estime avoir fait le job en remportant le groupe. »

Pour conclure sa saison, Pierre Courroye allait signer un nouveau succès en GT de Série sur la Course de Côte de Turckheim où on le retrouvait une nouvelle fois au quatrième rang : « Là encore c’était top. J’ai pulvérisé mes chronos de l’année précédente, et je crois que j’améliore le record signé l’an passé par Christian Schmitter en GT de Série de cinq secondes. »

Troisième du Championnat de France de la Montagne Production, Pierre Courroye remporte le Trophée FFSA du GT de Série, et à 21 ans accroche pour la deuxième année consécutive le Trophée du meilleur Jeunes. De quoi bien évidemment être totalement satisfait : « C’est un bilan presque parfait… L’accumulation de quatrième et cinquième places au scratch, et la régularité dont j’ai fait preuve, me permettent de monter sur le podium du Championnat, ce dont je suis totalement satisfait », confie Pierre. « Compte tenu du nouveau barème d’attribution des points, qui favorise la position au scratch, je n’aurais jamais imaginé pouvoir jouer le podium, même en enchainant les victoires de groupe. Dans mon esprit, il fallait cette année impérativement rouler en GTTS pour pouvoir prétendre terminer parmi les trois premiers », poursuit-il. « Après, si je dis presque parfait, c’est que je m’étais fixé comme but de battre les records sur l’ensemble des épreuves, et si j’y suis parvenu sur la majorité des courses, je n’ai pas atteint cet objectif au Col Saint-Pierre et à Chamrousse. »

Si Pierre a totalement dominé le GT de Série cette saison, il à la franchise de reconnaitre que les problèmes rencontrés par ses adversaires direct lui ont facilité la tâche : « Mes principaux rivaux roulaient en groupe A. D’une part, ils se sont partagé les succès en début de saison, et d’autre part ils ont connu chacun leur tour des problèmes. Sans les soucis rencontrés par Ronald Garces et Guillaume Plan, je sais que la bataille pour la troisième place aurait été d'autant plus rude », estime Pierre qui, pour sa part, n’a pas commis la moindre erreur cette saison.

Apprentissage en circuit
Cette saison, Pierre Courroye s’est partagé entre la montagne et le circuit puisqu’il était engagé sur la RCZ Racing Cup, où il se classe 3ème Juniors : « J’ai dû louper quatre courses durant l’année, ce qui ne m’a pas permis de défendre pleinement mes chances. De plus je découvrais la voiture, une traction diamétralement opposée à la Porsche. Ce n’était pas une mince affaire de jongler tout au long de la saison entre la 997 GT2 en Course de Côte et la RCZ en circuit », reconnait Pierre. « Je n’ai pas eu l’occasion de faire des essais avant le début de la saison, je découvrais tout ça, et je considère que cette année fut celle de mon apprentissage. Ma satisfaction vient du fait que j’améliore mes performances en fin de saison, et que j’ai pu faire du roulage puisque sur un week-end en RCZ on couvre environ 400 kilomètres. »

S’il se présente aujourd’hui comme l’un des jeunes espoirs du sport automobile national, Pierre Courroye sait qu’il doit en grande partie son statut aux efforts consentis par Michel, son père : « Je suis encore étudiant, et il est évident que sans lui, je n’aurais encore jamais eu l’occasion de m’installer derrière le volant d’une voiture de course. Je suis totalement conscient de la chance que j’ai d’avoir un père qui m’a permis de rouler dans une auto aussi performante que la Porsche. Je le remercie du fond du cœur pour tout ça. Un grand merci également à ma mère et à ma sœur qui me soutiennent entre chaque épreuve, et qui sont toujours là pour m’aider, ainsi qu’à mes amis qui sont des soutiens tout au long de la saison. Merci également à Revo 6, et notamment à Romain Ferry, ainsi qu’à Johan Thiriet »

Il y’a de fortes chances que Pierre Courroye soit au départ du Championnat de France de la Montagne la saison prochaine, et le jeune franc-comtois affiche clairement ses ambitions : « Si je suis là, ce sera certainement au volant d’une GTTS avec comme objectif le titre de Champion de France. J’estime que les résultats que j’ai signés cette année me permettent d’avoir ce genre de prétentions. » On devrait également retrouver Pierre sur les circuits français, le pilote de Vesoul estime en effet que pour progresser il se doit d’être multidisciplinaire.


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