
En homme d’expérience, Olivier Berreur aura pris le temps de bien cerner le maniement de sa Norma 4 litres qu’il place cette saison dans le top 5 du championnat, et avec laquelle il remporte le Trophée FFSA du groupe CN.
Il compte parmi les pilotes les plus éclectiques qui animent le Championnat de France de la Montagne. Olivier Berreur a eu, depuis ses débuts en sport automobile il y a plus de trente ans, l’occasion de s’essayer sur de multiples disciplines et de remporter des succès tant en rallyes qu’en courses de côte. Parmi ses faits d’armes on compte notamment une place de leader de la classe CN/2 sur le CFM à l’issue de la saison 2011.
Par la suite, Olivier a continué de s’illustrer dans la classe réservée aux Protos 2 litres, avant de s’essayer au volant d’une Norma 3 litres et d’opter depuis deux ans pour une Norma propulsée par un moteur BMW 4 litres et évoluant dans la classe CN+. Une auto puissante, qui demande une réelle adaptation et une compréhension très précise des réglages les mieux adaptés pour en tirer la quintessence. En homme d’expérience, le Franc-Comtois a pris le temps de bien cerner le maniement de sa monture avec laquelle il a progressé au fil des épreuves, pour accrocher fin 2024 la neuvième place du Championnat de France de la Montagne Sport.
C’est en toute logique au volant de cette Norma M20 FC évoluant dans la classe CN+ qu’Olivier Berreur se relançait cette année pour une nouvelle campagne de France : « En 2024 nous n’avions fait qu’une demi-saison avec cette voiture et il me paraissait comme une évidence de poursuivre avec elle. C’est une voiture réellement agréable à piloter, avec laquelle on prend énormément de plaisir une fois que l’on parvient à s’adapter à son maniement, ce qui n’est pas chose simple », analyse Olivier. « Il faut garder à l’esprit que contrairement à ce que l’on trouve en E2-SC, nous ne disposons pas d’aide au départ, d’antipatinage, d’ABS. Avec un couple important et 500 chevaux à maîtriser pour un poids – pilote embarqué – d’un peu moins de 720 kilos, il faut prendre le temps de bien comprendre comment tout cela fonctionne. »
En quête du Trophée du groupe CN
Une grosse révision entreprise durant l’intersaison permettait à Olivier Berreur d’aborder cette nouvelle campagne de France l’esprit serein : « Pour le reste nous n’avons rien apporté de nouveau, la voiture conservait la configuration dont elle disposait en fin de saison précédente. » Neuvième du Championnat Sport à l’issue de la saison 2024, Olivier Berreur pouvait afficher cette année de nouvelles ambitions, notamment la quête d’un trophée qui lui tenait à cœur : « J’espérais terminer dans le top 5 du championnat et remporter le Trophée FFSA du groupe CN. J’ai une voiture qui dispose d’atouts pour concrétiser ce genre d’ambition. Il faut tout de même conserver à l’esprit que les pilotes qui jouent le podium disposent de modèles de dernière génération propulsés par des motorisations turbos et que le plus vieux d’entre eux a à peine plus de trente ans, ce qui n’est pas mon cas », rappelle Olivier dans un sourire.
Avant d’entamer sa campagne de France, c’est sur une manche du Championnat 2ème Division, la Course de Côte de Lodève, qu’Olivier Berreur venait tester le bon fonctionnement de sa Norma 4 litres. Samedi, sur la première course du week-end, il se classait au septième rang : « Samedi tout se passe pour le mieux, la première journée me permet de prendre mes marques. Dimanche j’ai eu un problème d’allumage, et je n’ai pas voulu prendre le risque de poursuivre au risque de casser le moteur. J’ai donc préféré renoncer. »
Le week-end à Bagnols-Sabran débutait mal puisqu’Olivier Berreur ne sera pas en mesure de boucler la première montée de course programmée le samedi soir : « Je casse un cardan. Heureusement mon équipe a pu remonter à Montélimar chez Arnaud Mounier pour récupérer un cardan et pouvoir repartir le dimanche. » Olivier sera au départ des deux montées suivantes pour accrocher la neuvième place et terminer deuxième du groupe CN derrière Tom Diebold : « Le tracé de Sabran est particulier, et l’aborder avec une auto aussi imposante et puissante n’est pas évident. A ce moment-là de la saison, j’ai encore à l’esprit la sortie de route d’Abreschviller en 2024, un accident dont nous n’étions pas parvenus à trouver l’origine. De ce fait j’ai toujours une petite appréhension de me faire surprendre par le comportement de la voiture. »

L’explication viendra plus tard, durant le week-end à Saint Gouëno, et permettra à Olivier de retrouver la confiance : « En clair j’ai le carter de boîte de vitesses qui s’est fissuré. Comme les triangles sont fixés sur la boîte, le triangle s’est ouvert ce qui a modifié la géométrie. Mais ça nous l’avons découvert plus tard. »
Présent sur la seconde épreuve gardoise, Olivier Berreur allait devoir griller un joker à cause d’une casse moteur qui avait comme corollaire une fuite d’huile : « Le souci provenait d’un problème que nous avions déjà rencontré l’an dernier à Chamrousse où un injecteur nous avait bloqué un cylindre, et c’est sur ce même cylindre qu’une bielle casse. »
Victime d’une sortie de route l’an dernier à Abreschviller, Olivier Berreur attendait impatiemment de retrouver le tracé mosellan, ne serait-ce que pour conjurer ce coup du sort. Mais le moteur n’ayant pas pu être réparé en temps et en heure, il devait se résoudre à déclarer forfait : « C’est regrettable parce que l’on sait que lorsque l’on chute de cheval il faut remonter tout de suite. En sport auto c’est pareil, pour effacer une sortie de route il faut affronter à nouveau le tracé sur lequel on a connu cette déconvenue. Mais ce qui encore plus regrettable, c’est qu’après le Saint-Pierre, je grillais mon second joker de la saison. »
Il n’est jamais facile de mener un Proto 4 litres entre les rails de la première partie de la Course de Côte d’Hébécrevon : « A mon sens, un 2 litres doit être plus à l’aise », analyse Olivier. « En revanche sur la partie rapide du haut, c’est un vrai bonheur et on peut réellement exploiter l’auto. Il a fallu composer avec la pluie, mais le timing a été particulièrement bien géré par Christophe Ortiz, le Directeur de Course. Il a su prendre l’avis des pilotes et décider en connaissance de cause. Cela nous a permis de monter sur le sec et d’exploiter pleinement nos voitures », commente le Franc-Comtois qui en Normandie s’imposait en tête du groupe CN.
A La Pommeraye, là encore les passages entre les rails ne sont pas toujours engageants lorsque l’on doit gérer 500 chevaux : « C’est un peu ''chaud - patate''. On aborde ce tracé à de hautes vitesses et ce n’est pas facile de visualiser correctement les choses. Ce n’est pas simple pour moi et j’avoue que par endroits, où il faudrait certainement ''souder'', j’ai tendance à lever un peu le pied », analyse Olivier qui terminait deuxième du groupe, trois dixièmes derrière la Norma de William Pommery. « J’abordais cette épreuve en sachant que j’avais grillé mes deux jokers et que je devais gérer non pas une course, mais l’ensemble d’un championnat. Ça incite à la prudence. »
La campagne de l’Ouest s’achève à Saint Gouëno où Olivier Berreur viendra chercher une nouvelle victoire de groupe : « J’adore cette épreuve, son tracé très diversifié. On a vécu un week-end au top, d’autant que c’est là que nous comprenons l’origine de la sortie de route d’Abreschviller en 2024. De ce fait, cela me met en confiance et j’ai pu me lâcher sans problème. »
La confiance, et la maîtrise au fil des épreuves de sa Norma 4 litres, allaient permettre à Olivier d’enchainer les victoires de groupes. C’est lui qui sortira vainqueur de la confrontation à Marchampt : « C’est un tracé idéal pour un proto 4 litres, sur lequel on prend de grosses vitesses de pointe. Nous n’avons connu aucun problème, tant sur ma voiture que sur les autres voitures de l’équipe. Donc tout était parfait, à mon sens un des plus beaux week-ends de la saison. »
Pour le Doubien qu’est Olivier Berreur, le rendez-vous de Vuillafans est évidemment particulier. A domicile, il espérait bien figurer, ce qui sera le cas puisqu’il remportait le groupe CN : « Et c’est surtout la première fois à Vuillafans que je descends sous les deux minutes. » Une belle performance qu’Olivier réitérera sur les quatre montées de course. « Lorsque je roulais en Proto 2 litres, il y a près de vingt ans alors que j’avais la trentaine, je signais des chronos en 2’00’’. Aujourd’hui, à 55 ans, passé sous les deux minutes est une belle satisfaction. D’autant plus satisfaisant que, sans vouloir être chauvin, Vuillafans est une magnifique épreuve et que les copains étaient là. Tout était réuni pour passer un excellent week-end, avec notamment la course de canoë organisée dans la Loue, à l’initiative de Nicolas Millet »

C’est en Alsace que l’on retrouvait ensuite Olivier Berreur qui engageait sa Norma M20 FC CN+ sur la Course de Côte de La Broque. L’occasion pour lui de terminer à deux reprises sur le podium, par deux fois derrière les E2-SC des jeunes talents que sont Kevin Petit et Maxime Dojat : « Cela fait des années que je suis présent sur cette épreuve que je connais donc très bien. Tout s’est très bien passé et je suis à ma place derrière les deux E2-SC. »
Sur le tracé sinueux de Dunières, Olivier Berreur ne donnait pas cher de ses chances face au talentueux Tom Diebold qui dispose d’une Norma 2 litres plus agile que la 4 litres du Franc-Comtois. Mais finalement c’est Olivier qui aura le dernier mot et qui remportera le groupe CN : « On s’est battu comme des fous, et je suis repassé devant sur la dernière, alors que j’étais en slick sur la grille de départ et que je vois quelques gouttes tomber sur mon casque. Ça a tenu et c’est pour moi un beau succès. »
Tom Diebold prendra sa revanche sur le Mont-Dore. Au cumul des deux meilleures montée, le Varois devançait Olivier de seulement quatre dixièmes de secondes : « Ce fut un week-end difficile. Samedi, sur la première montée de course, je prends deux drapeaux rouges. Une première fois dans la ligne droite après la carrière, la seconde fois dans le dernier droit entre les rails. Je redescends, en ayant fait déjà dix kilomètres d’ascension. Marc Habouzit (le Directeur de Course) me demande si j’ai suffisamment d’essence pour me relancer une troisième fois. Je lui ai répondu que je ne savais pas, que nous verrons bien et je suis reparti pour finalement déjauger à mi-parcours et franchir la ligne d’arrivée en roues libres faute de carburant. »
Dimanche, Olivier Berreur se relançait en sachant que son chrono de la veille ne devrait pas compter pour le cumul, et qu’il lui restait donc tout à faire : « J’ai fait de mon mieux et j’ai comme satisfaction, sur une montée, d’être à l’intermédiaire des 311 mètres dans le même chrono que Marc Pernot. C’est plutôt enthousiasmant quand tu sais que tu n’as pas les aides au départ et l’antipatinage. Ça démontre que la Norma 4 litres reste une auto performante. Mais pour le reste, le Mont-Dore est hyper physique et j’avoue que je commence à peiner au volant d’un 4 litres. »
Avant de retrouver Turckheim, Olivier Berreur faisait un passage par la Course de Côte de Laussonne : « J’ai invité mon équipe à venir rouler sur cette épreuve organisée par Marc (Habouzit). J’avais décidé de rouler en double monte avec Patrice (Arvet) avec le Proto 2 litres », rappelle Olivier. « J’avoue que le passage du 4 litres au 2 litres surprend, et sur la première montée je ne suis pas réellement satisfait des réglages. Alban Thomas, qui règle mes protos tout au long de la saison, m’aide sur cette épreuve à faire quelques modifications. Ça m’avait l’air mieux, et sur la troisième montée de course j’arrive plus fort et la voiture talonne dans une compression et elle ne tourne pas. » Il s’en suivait un accident plus spectaculaire que grave, qui voyait Olivier se poser sur le côté. « Je casse de la carrosserie, rien de très sérieux finalement. L’auto était un peu trop basse, c’est comme ça. »
C’est une vrai lutte entre Protos 4 litres qui attendait Olivier Berreur à Turckheim où Thomas Clausi engageait sa Norma M20 FC CN+ : « Il a vraiment super bien roulé et j’ai rapidement compris qu’il me serait difficile d’aller le chercher. Terminer devant où derrière lui n’avait pas grande importance, mon seul adversaire pour le Trophée FFSA du groupe CN en fin de saison c’était Tom (Diebold), et je n’ai donc pas pris tous les risques pour me mesurer à Thomas », avoue le Franc-Comtois qui terminait deuxième du groupe.
A Limonest, la victoire semblait acquise à Olivier Berreur, mais la météo en décidait autrement : « C’est sympa de terminer la saison par une sixième place au scratch. Pour ce qui est du groupe, Yohan (Bardin) à la chance d’aborder la dernière montée sur le sec alors que la pluie s’est invitée lorsque nous nous sommes élancés. C’est le jeu, il me devance au final d’une seconde trois. Mais je termine devant Thomas Clausi et Tom Diebold, ce qui est le plus important. J’ai bien roulé, Tom et Thomas m’ont avoué avoir été surpris par mes chronos, c’est une belle satisfaction et pour moi une de mes plus belles courses de la saison 2025. »
Le Trophée FFSA du groupe CN comme récompense
Olivier Berreur avait comme ambition au départ de cette campagne de France de terminer dans le top 5 et de remporter le Trophée FFSA du groupe CN. Deux objectifs que le Franc-Comtois parvient à atteindre : « La saison a débuté dans la difficulté avec une panne à Lodève, une casse de cardan à Bagnols-Sabran, une casse moteur sur le Col Saint-Pierre… Ça paraissait mal engagé, mais par la suite tout est rentré dans l’ordre. Les désillusions de début de saison m’ont obligé à assurer pour avoir l’assurance de marquer des points parce que je n’avais plus de joker. Ce n’était pas évident et j’ai la chance d’avoir autour de moi toute mon équipe et Emilie (son épouse) qui sait me canaliser », analyse Olivier. « La fin de saison se passe plutôt très bien et en terminant cinquième derrière les trois E2-SC turbos et la F3000 de Miguel (Vidal), je suis à ma place. »

Si Olivier Berreur peut être pleinement satisfait de sa saison, il peut également se réjouir des prestations des pilotes qui évoluaient cette année au sein du Team Berreur Auto Sport : « Pour sa première saison sur le championnat, Flavien Rognon remporte le Challenge Open DE/7 et avec notre Formule Renault. C’est un gars qui roule avant tout en rallye et il réalise une excellente saison, en se donnant réellement à fond, en travaillant comme un dingue. Il sait écouter et se perfectionner et il termine la saison en gagnant sa classe sur la Finale de la Coupe de France. Patrice Arvet roulait avant tout pour se faire plaisir et à ce niveau là c’est une réussite. Ce sont deux garçons super sympas et c’était un plaisir de les avoir au sein de l’équipe. »
En fin de saison, petite cerise sur le gâteau, Emilie et Olivier Berreur alignaient une BMW M3 sur le Tour de Corse Historique. Un rendez-vous important qui permet de prendre un réel plaisir et de partager une belle aventure humaine : « C’est la seconde année que nous participons à cette épreuve. L’an dernier nous avions connu des déconvenues en ayant loué une voiture qui affichait énormément de problèmes. Cette année, nous alignions notre propre voiture et ce fut un moment suspendu, qui nous laissera des souvenirs impérissables. »
La décision de participer à ce Tour de Corse Historique est née autour d’une table : « C’était l’an dernier sur le Salon Epoqu’Auto fin 2024. On croise les anciens de l’équipe Régal, David Lelan, Denis Alloin et Julien Régal. Un plateau de fruit de mer plus tard, on décide de faire le Corse tous ensemble. Tout le monde a tenu sa parole. Thierry Bertin est venu nous rejoindre pour l’assistance avec Patrice Arvet. Et même si nous avons pris 30 minutes de pénalité à cause d’un souci électronique, nous avons vécu des moments extraordinaires. Tout le monde était enchanté et nous avons décidé de repartir ensemble faire le Rallye Costa Brava Historique en mars prochain. »
Olivier et l’équipe Berreur Auto Sport savent pouvoir bénéficier de soutiens de poids, que le Franc-Comtois n’oublie pas de remercier : « Un immense merci aux fidèles partenaires : Pascal Colas l’Affineur Comtois – René Serrière RS pneus Automeca – Dorian Pautot Carrosserie – David Rouyer’s Transconcept - CTS Espace sans permis, la Crémerie du Marché de Besançon, CS Polyester, ainsi que tous ceux qui nous aident tout au long de la saison. Immense merci également à mon équipe, Jojo, Killian, Michel mon cousin retraité et surtout ma jeune épouse Émilie et ma fille Julia qui m’accompagnent au quotidien pour les bons et les moments plus compliqués et tous ceux que je peux oublier. »
La saison 2026 sera celle d’un changement d’importance pour Olivier Berreur qui n’animera pas le Championnat Sport. C’est en effet du côté du Production que va se tourner le Franc-Comtois : « La Norma 4 litres est vendue et j’ai décidé de venir rouler dans la catégorie reine du Championnat Production. C’est un nouveau challenge, je pense qu’à mon âge il aurait été déraisonnable de tenter d’évoluer vers un Proto E2-SC, en revanche j’estime pouvoir avoir mon mot à dire du côté du GTTS », conclut Olivier.
©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com
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