Une saison de rêve pour le jeune aveyronnais

Avec un père correspondant pour des magazines spécialisés en sport mécanique (Compte Tours, Baquet Magazine, Echappement …) l’ambiance course automobile prenait une place prépondérante dans le quotidien de la famille Triaire. Rien d’étonnant que, dès son plus jeune âge, Julien ait voulu suivre le cursus familial, ce qui l’incitait, une fois le baccalauréat en poche, à se diriger vers des études de journalisme.

Très tôt, Julien accompagné son père sur les épreuves, appareil photo en bandoulière, pour immortaliser les images des pilotes régionaux. Du boitier photo à l’ordinateur il n’y a qu’un pas qu’il franchissait allégrement, pour aider son père dans la rédaction de ses articles.

Mais bien avant de relater les faits, c’est dans l’habitacle de voitures de courses que Daniel, le père de Julien assouvissait sa passion. Rallyes, courses de côte, Daniel Triaire disputait avec assiduité les épreuves du sud de la France. Une passion qui allait même l’incitait à fonder le Team PST (Promo Sport Truellois). Créer à l’origine pour permettre à Daniel de courir dans les meilleures conditions, il a aujourd’hui pour vocation d’aider de jeunes pilotes à faire leurs premières armes en sport automobile : « L’objectif est de trouver des sponsors pour leur permettre de débuter. C’est notamment mon père qui a aidé Guillaume Canivenq lorsqu’il a débuté en rallye au début des années 2000. Il a également soutenu Guillaume Solanet, Laurent Campoy et bien d’autres en rallye. Il fera de même pour Nicolas Massu et Sébastien Pierre en courses de côte. »

Si de nombreux pilotes régionaux doivent beaucoup à Daniel Triaire, l’implication de ce dernier est rarement mise en avant. Car c’est en toute humilité que Daniel apporte sa contribution au sport automobile : « Je sais qu’ils lui sont tous reconnaissants, mais sa modestie fait qu’il n’évoque jamais le sujet », confie Julien.

Premier rallye en Peugeot 106
Une implication dans le sport automobile, due à une passion qui ne s’est jamais démentie, et que Daniel allait partager avec son fils : « J’avais l’intention de courir bien avant d’avoir le permis de conduire en poche », avoue Julien. Et dès le précieux sésame obtenu, aidé de son père, il allait tout mettre en œuvre pour s’aligner au départ d’un rallye : « Ma mère était réticente, mais je pense qu’elle savait que l’on ne peut pas lutter contre la passion. » En 2014, il se présentait au départ du Rallye de Bagnols les Bains et des Camisards, au volant d’une Peugeot 106 A/6 : « Johan Kuenemann, un ami de mon père, m’a accompagné dans l’aventure dans le baquet de copilote. Mon objectif était avant tout d’être à l’arrivée, et tout s’est très bien passé, ce qui m’a permis d’être en confiance », commente Julien.

Des débuts prometteurs qui incitaient Julien à se concocter un calendrier plus étoffé : « Il paraissait évident qu’une saison en côte serait formatrice. Cela me permettrait de rouler plus propre, d’acquérir de l’expérience et de poursuivre mon apprentissage sur une discipline exigeante en termes de pilotage. »

Pour débuter cette saison, le choix des Triaire père et fils se portait sur la Renault Clio A/3, qui appartient en partie à Daniel : « Mon père a eu l’occasion de tester cette voiture lors du Critérium des Cévennes 2014. C’est la seule épreuve qu’il a disputée durant la saison, et il a trouvé que la voiture se comportait sainement. Dans son esprit, après avoir fait mes premiers tours de roues avec une Peugeot 106, la Clio un peu plus puissante, était la voiture idéale. »

Configurée rallye, la Clio n’était peut-être pas idéalement adaptée à la côte. Mais les prétentions de Julien restaient limitées pour sa première ’’vraie’’ saison, les performances enregistrées ne lui semblaient pas être une priorité : « Je n’allais pas prétendre m’imposer dès ma première saison alors que j’avais tout à découvrir. La Clio avait également comme avantage qu’elle me permettait de disputer un bon nombre d’épreuves en limitant les budgets. »

Restait à décider de quoi serait composé le calendrier de Julien : « On savait que le Championnat 2ème division allait renaitre, et les épreuves qui figuraient au programme ont retenu mon attention. J’ai pu les étudier en caméras embarquées, et elles m’ont bien plu », avoue Julien. « De plus, pour nous Sudistes, excepté Urcy, les épreuves n’étaient pas très éloignées de chez nous, ce qui nous a décidé de nous engager sur ce championnat. »

Avant de prendre part à la première manche de ce 2ème division, Daniel Triaire tenait à ce que son fils s’engage sur deux épreuves gardoises jouissant d’une renommée nationale : Bagnols-Sabran et le Col Saint Pierre : « Bien évidemment tu ne peux pas refuser ce genre de challenge », lâche Julien un large sourire aux lèvres. « J’ai pris un énorme plaisir à Bagnols-Sabran, j’ai passé un week-end magnifique, même si j’ai commis en fin de meeting une petite erreur. »

Une petite erreur qui allait entraîner une légère touchette, apparemment sans gravité : « Mais nous avons dû contrôler la voiture afin de nous assurer que les dommages n’étaient pas plus conséquents. Cela m’a privé de ma participation au Saint-Pierre, car nous n’avons pas eu le temps entre les deux épreuves de faire la révision qui s’avérait indispensable », poursuit Julien.

Découverte et plaisir
C’est donc à Quillan, que les pilotes du Team PST (Anthony Oya, Nicolas Pantel et Julien Triaire) allaient débuter leur saison sur le Championnat 2ème division. Julien se classe alors huitième du groupe A, cinquième de sa classe, de quoi satisfaire pleinement le pilote aveyronnais : « J’avais une petite appréhension après la touchette de Bagnols-Sabran. J’avais à cœur de bien faire et de voir où je me situais par rapport aux autres. Tout s’est pour moi bien passé, si ce n’est une petite erreur au niveau des pneus. Un problème récurrent tout au long de la saison, il était compliqué de trouver la bonne pression, d’utiliser correctement les pneus destinés à la côte, qui sont différents de ceux que l’on utilise en rallye », analyse Julien. « Mais le tracé est magnifique, et j’ai pris énormément de plaisir. »

A Gémenos Julien découvrait un nouveau tracé qui allait lui permettre d’accroitre son expérience : « C’était la course la plus longue de la saison, avec des portions rapides, d’autres techniques. Le parcours offre tout ce que l’on peut rencontrer en côte, et je pense que cela m’a permis de progresser », estime Julien. « La concurrence était importante, et j’ai rapidement compris que, me battre avec une auto configurée rallye face à des voitures préparées pour la côte était compliqué. Ce fut une très bonne expérience. »

Conscient des limites de sa Clio, Julien décidait de changer de monture pour se rendre à Urcy. Il portait alors son dévolu sur une Peugeot 206 F2000 : « Mon forfait au Col Saint-Pierre me permettait de disposer du budget pour louer cette voiture. Le tracé d’Urcy me paraissait idéal pour la 206, d’où mon choix », explique-t-il. « Cela m’a permis de piloter une auto plus puissante, de découvrir le maniement de la boîte séquentielle, de franchir une étape supplémentaire. »

Et quelle étape ! Sixième au scratch, Julien Triaire s’impose en F2000 sur l’épreuve bourguignonne : « L’auto était parfaite, le team qui nous l’a loué était super sympa. Ce fut vraiment un week-end exceptionnel et une énorme satisfaction. Je pense avoir fait la course que je voulais », estime Julien qui, en toute modestie, tient toutefois à relativiser sa performance : « Le plateau n’était pas énorme et je sais pertinemment que je n’aurais jamais fait ce résultat à Bagnols-Sabran ou à Quillan. »

Quatorzième du Championnat de France de la Montagne 2ème division à l’issue de sa première saison, Julien Triaire, 21 ans, se classe deuxième meilleur jeune derrière Antoine Uny : « Le bilan ne peut être que positif. Cette saison d’apprentissage m’a apporté de nombreuses satisfactions, j’ai pu progresser et mieux cerner les attentes de la discipline. J’ai vraiment pris énormément de plaisir », avoue Julien. « L’intégration parmi les Montagnards restera pour moi un des points marquants de la saison. J’ai découvert des gens très accueillants, qui m’ont donné énormément de conseils. Je pense notamment à Marion Airieau, à Charlotte Ressouche, à Mickaël Prudent avec qui j’ai énormément discuté et qui m’ont apporté une aide précieuse. »

Rallyes au programme 2016
Courses de côte ou rallyes… les projets 2016 de Julien Triaire ne sont pas encore clairement définis : « A ce jour, je me vois offrir l’opportunité de disputer l’ensemble des rallyes aveyronnais avec la Clio, ce qui est très tentant, et il y a de fortes chances que je me dirige vers le rallye », confie-t-il. « Maintenant, après la saison que je viens de vivre en Montagne, il me sera difficile de prendre mes distances avec cette discipline. Il est donc évident pour moi que je reviendrai à la côte dans l’avenir. »

Julien sait qu’il a tout à découvrir, à 21 ans il fait preuve d’une grande maturité dans son approche de la course : « Il ne servirait à rien de griller les étapes. Aujourd’hui je prends ce que l’on me donne, en ayant surtout envie d’apprendre, d’acquérir de l’expérience. »

Dans sa quête de progression, Julien est particulièrement bien épaulé. Par son père évidemment, mais également par des partenaires fidèles à son team : « Je remercie évidemment les dirigeants du team-pst by VTF Sport Auto (Jean Luc Pin et mon père), mais aussi les mécanos qui m'ont suivi cette année, Guillaume Lafitte, Sébastien Massenet et Gaylord Milet. Evidemment un grand merci aux partenaires du team, les sociétés TMIS et CTMI, André Rizo Optique à Frontignan, EDC/ B2S la solution solaire en Aveyron, Remdeco textile et Pub à Ganges. Pour finir je ne dois pas oublier Anthony Oya et Nicolas Pantel qui m'ont aidé dans la découverte et la préparation des courses. »


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