Mais une belle 4ème place au Championnat

En intégrant la catégorie reine de la Course de Côte, Kevin Petit pouvait espérer, si ce n’est accrocher le titre, tout au moins se battre pour les podiums et tenter de signer cette saison son premier succès sur le Championnat de France de la Montagne. Mais à l’issue d’une campagne durant laquelle les problèmes ont succédé aux déconvenues, sa quatrième place au championnat tient quasiment de l’exploit.

Du haut de ses 27 ans, Kevin Petit affiche déjà un enviable palmarès. Vainqueur du Challenge Open Formule Renault en 2018, il remportait la saison suivante le Trophée FFSA du groupe DE et s’adjugeait par la même occasion le Trophée ''Lionel Régal'' qui récompense le Meilleur Jeune de moins de 25 ans sur le championnat sport. En 2020, il enrichissait son palmarès d’un nouveau Trophée FFSA du groupe DE, il conservait le Trophée ''Lionel Régal'' et sortait vainqueur de la confrontation dans le cadre du Challenge Open DE/8 dans lequel évolue les Tatuus Formula Master. Il se classait également à la deuxième place du Championnat 2ème Division.

En 2021, leader de la Course de Côte de La Pommeraye à l’issue de la troisième montée de course, il voyait sa première victoire sur le championnat lui échapper lors de l’ultime ascension, alors que pour la première fois une épreuve proposait quatre montées de course. L’issue de saison lui sera tout de même favorable puisque, quatrième du championnat, il remportait un nouveau Trophée FFSA de groupe, celui du CN, puisque c’est au volant d’une Norma 4 litres qu’il avait abordait cette saison. Une saison qui se concluait par une victoire à l’International, Kevin Petit comptait en effet parmi les membres de l’équipe de France qui remportera la Coupe des Nations sur les FIA Hill Climb Masters qui se déroulaient au Portugal.

Kévin poursuivait sa progression durant la saison 2022. Toujours au volant de sa Norma CN+ d’ancienne génération il se hissait sur le podium du championnat et remportait une nouvelle fois le Trophée FFSA du groupe CN… A la lecture d’un tel palmarès, personne ne peut douter du talent de Kevin qui, dans la logique des choses, se devait de franchir un nouvel échelon et d’intégrer la catégorie reine de la discipline, la classe E2-SC/3. Pour ce faire, l’Alsacien d’adoption allait déployer une somme de travail titanesque afin de s’attacher le soutien de nombreux partenaires et se présenter au départ de la saison dans les meilleures dispositions : « Il me paraissait logique de franchir cet échelon », débute Kevin. « Après avoir passé deux ans avec la 4 litres et avoir signé des chronos proches de ceux de mon frère, de Nico et Geof (Schatz), de mecs qui gagnaient des championnats, il me semblait légitime d’évoluer vers la catégorie E2-SC. »

Un quête d’un premier succès et du podium du championnat
A l’occasion de cette saison 2023, sa collaboration avec le Sébastien Loeb Racing, fruit là encore d’une implication sans relâche pour développer une confiance réciproque, était étendue. Kevin pouvait alors s’appuyer sur le professionnalisme de techniciens expérimentés. Restait à choisir la voiture avec laquelle il allait défier l’élite de la discipline, son choix se portait alors sur un Proto Revolt 3P0 : « J’avais envie d’une voiture originale, et j’ai fait confiance à Dan et Fabien (Bourgeon) et donc à Revolt pour ce qui est du châssis. En ce qui concerne le moteur, je connais très bien depuis de très nombreuses années Arnaud (Mounier), et il me semblait logique de me tourner vers Emap et de poursuivre avec son moteur. »

On se souvient qu’en 2022, Kevin Petit avait à ses côtés, sur quelques épreuves, un ingénieur du Sébastien Loeb Racing qui lui distillait de précieux conseils. L’implication de Kevin, le travail titanesque qu’il déployait pour optimiser son investissement sur le championnat, ne pouvait qu’inciter l’équipe du nonuple Champion du Monde à accroitre cet appui: « Nous avons officialisé notre collaboration puisque cette année le SLR m’a accompagné sur l’intégralité du championnat. Cela m’a permis de disposer d’une équipe structurée et avec laquelle nous pouvons établir des relations pérennes. »

En disposant d’une auto réputée performante, d’une équipe professionnelle et d’un palmarès plus qu’enviable, Kevin Petit pouvait raisonnablement afficher des prétentions à l’aube de cette nouvelle saison : « Quand tu as pu te battre pour le podium avec une Norma CN+, tu te dis que tu dois pouvoir rééditer avec une auto plus compétitive et pourquoi pas viser ta première victoire sur le championnat », analyse Kevin. Il savait toutefois qu’en optant pour une nouvelle voiture, il risquait de devoir composer avec des problèmes de jeunesses : « C’est un élément que nous avions pris en compte, en se disant que si sur les premiers rendez-vous il allait falloir peaufiner les réglages et se familiariser avec la voiture, par la suite nous devrions être logiquement compétitifs. »

Du retard dans la livraison de certaines pièces ne permettait pas à Kevin Petit de disposer de son Revolt 3P0 pour l’ouverture du championnat. Il parvenait toutefois, avant d’entamer sa campagne de France, à investir le circuit du Pouilly-en-Auxois pour une courte séance d’essais : « J’ai dû faire une dizaine de tours et sans pouvoir réellement prendre mes marques puisque nous avons connu quelques problèmes qui nous obligeaient à revenir dans les paddocks régulièrement. »

Contraint de faire l’impasse sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, c’est donc sur le Col Saint-Pierre que Kevin Petit débutait sa saison : « Mais pas dans les meilleures conditions puisque nous avons dû travailler sur la voiture jusqu’à 4 heures du matin », se souvient Kevin : « Ensuite, la voiture se comportait de manière assez étrange et pour moi qui d’habitude me familiarise assez rapidement avec une nouvelle auto, là je n’étais absolument pas à mon aise, je n’avais aucun feeling. » Cette première participation sera également marquée par une succession de problèmes qui empêchaient Kevin de défendre correctement ses chances : « Je termine 17ème ce qui n’est évidemment pas acceptable. Nous avons passé énormément de temps à fiabiliser la voiture et à chaque départ nous rencontrions de nouveaux soucis. »

Après avoir loupé la première manche et être passé à côté du second rendez-vous gardois de la saison, Kevin parvenait à garder espoir malgré un moral en berne. Il déployait avec son équipe une importante somme de travail pour gommer les problèmes avant de rejoindre Abreschviller : « Le résultat final n’est pas si mal dans le sens où je termine quatrième et que je suis en constante progression tout au long du week-end. Mais malgré tout la fiabilité n’était toujours pas au rendez-vous. Alors que nous étions en passe pour jouer le podium, j’ai dû composer avec une durit de turbo qui nous a lâché, puis avec un autre problème sur la montée suivante. Je ne peux pas réellement me satisfaire d’un tel week-end. »

Les quelques espoirs offerts par la quatrième place obtenue par Kevin à Abreschviller allaient vite s’envoler. Sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, sa prestation allait tomber de Charybde en Scylla : « Je pense avoir vécu là, avec le Mont-Dore, le pire week-end de l’année. Rien ne fonctionnait, nous avons passé les nuits à bosser pour parvenir à solutionner des problèmes de durite d’huile, de boîte de vitesses, et d’une multitude de choses qui ne fonctionnaient pas. J’étais dans le jus, et moi-même j’ai dû me tromper dans certains réglages. Sur l’ensemble du week-end j’ai dû faire une montée ''clean''. Au final, je termine derrière la Tatuus Formula Master que je pilotais précédemment, on est donc très loin du compte », analyse Kevin qui, malgré tout, parvient à se classer au sixième rang. « Tout semblait en place pour que j’accroche le podium, il me tendait les bras. Mais j’avais l’impression d’être seul sur un manège sans pouvoir attraper le pompon. Même un truc qui me semblait offert, je ne parvenais pas à l’attraper. »

Les problèmes se succèderont lors de la campagne de l’Ouest : « J’ai la chance d’être entouré de gars qui sont incroyablement dévoués et qui ne lâchent jamais prise. » La cinquième place de Kevin Petit à La Pommeraye lui permettait de limiter la casse, mais n’avait rien de réellement réjouissant : « Disons que par rapport aux trois courses précédentes, c’était un peu plus positif, mais nous étions encore loin du compte. »

Malgré les soucis récurrents, Kevin poursuivait sa progression puisque c’est au quatrième rang que l’on retrouvait le pilote du Revolt 3P0 sur les feuilles de classement de Saint Gouëno : « Lorsque je visionne les caméras embarquées, je prends conscience que je fais un énorme effort en termes de pilotage, mais le résultat n’est pas à la hauteur et je suis encore moins rapide qu’avec la Norma CN+. Mais malgré tout, c’est je pense la seule course de l’année où je n’étais pas réellement en panne… Ce qui nous donnait grandement confiance pour la suite du championnat ! »

On atteignait alors le cap de la mi-saison, et Kevin Petit pouvait espérer que le plus gros des problèmes qu’il avait rencontrés était derrière lui et qu’il pourrait aborder plus sereinement la suite de la saison. C’est donc avec un moral un peu revigoré qu’il abordait la Course de Côte de Marchampt : « Je parviens à terminer sur le podium, j’estime que c’est ma place, et j’avoue qu’il fait un peu de bien au moral. Mais honnêtement, je pense que j’aurais été totalement « abattu » si je n’avais pas pu accrocher enfin cette troisième place. Après, on ne va pas se mentir, la fiabilité n’était pas encore totalement au rendez-vous et les performances loin d’être satisfaisantes. »

En s’attaquant à des tracés plus long, Kevin Petit et son équipe prenaient conscience que, passé le cap des trois kilomètres, les performances de la voiture semblaient ne plus être totalement cohérentes : « Nous avons alors un doute, mais on ne sait pas ce qui pourrait causer souci, et vu l’ampleur des problèmes que nous avons à côté, on ne se focalise pas là-dessus. Mais à Vuillafans le constat est bien là, l’auto n’est absolument pas performante sur les longs tracés », confie Kevin. « Je pense avoir fait à Vuillafans ma plus belle course de la saison pour finalement terminer quatrième. Pour la première fois de l’année, je suis plus ''vite'' qu’avec le 4 litres, donc je ne suis pas mécontent de ce week-end, d’autant que je perds huit dixièmes sur un départ où je commets une erreur de shift, et une grosse seconde perdue sur deux coupures d’allumages dues à une perte de pression d’huile. Sans ça je pense que j’aurais été en mesure de me battre pour le podium. Mais le point positif, c’est que j’ai alors le sentiment que nous avons mis le doigt sur l’origine d’un de nos problèmes. »

A Dunières, sur un tracé plus court, Kevin Petit parvenait à faire une course sans trop d’encombres : « On savait que Cindy (Gudet) disposait d’un châssis ultra compétitif sur cette épreuve et qu’il serait difficile de la battre. Je suis parvenu à me battre avec Marc (Pernot) et je termine à un dixième de lui sur la dernière ascension. Ce n’est pas déconnant même si une nouvelle fois nous avons connu quelques soucis de fiabilité. Mais je retiendrai que j’étais en constante progression durant tout le week-end. »

La principale préoccupation de Kevin Petit durant la 63ème édition du Mont-Dore sera de parvenir à se présenter sur la ligne de départ : « Ce fut un peu le coup de grâce. J’ai tout connu, boîte de vitesses bloquée, embrayage qui patinait, mais nous ne nous en rendront réellement compte qu’à Chamrousse… Un week-end dans le Massif du Sancy à oublier », estime Kevin qui malgré tout se classe au sixième rang.

Non desistas non exieris !
La locution latine qui dit ''ne pas abandonner ne jamais se rendre'' reflète à merveille l’esprit dans lequel se trouvait Kevin Petit qui aborde la compétition de manière professionnelle, et qui estime de ce fait qu’il se doit de respecter ses engagements. Là où de nombreux compétiteurs auraient jeté l’éponge, lui décidait, malgré un moral au fond du trou et une motivation passablement entamée, de poursuivre sa saison : « Malgré tout je ne lâche pas prise, et à Chamrousse je roule vite, mais la voiture est à nouveau en panne. Ça me casse un peu le week-end et c’est d’autant plus dommage que le feeling commençait à être bon. » A l’heure de faire les comptes, Kevin accrochait sur l’épreuve iséroise, département dont il est natif, la quatrième place.

On l’a déjà évoqué, tout au long de la saison, que ce soit dans la recherche de partenaires comme dans son implication sur des manifestations évènementielles, Kevin Petit déploie des efforts colossaux mais selon lui indispensables pour satisfaire ceux qui l’honorent de leur soutien. C’est dans cette optique, qu’à l’occasion de la Course de Côte de Turckheim il avait invité 350 personnes pour un événement d’importance, plutôt novateur dans la discipline : « Autant dire que j’attendais beaucoup de ce rendez-vous et que je souhaitais ardemment que tout fonctionne. » Ce sera malheureusement une Bérézina pour l’Alsacien d’adoption qui enchainait les problèmes : « Je l’ai vécu comme un fiasco. J’ai dû expliquer les raisons pour lesquelles je termine à une pitoyable quatorzième place et pourquoi je ne suis pas responsable de cette désillusion. »

La saison de Kevin Petit se concluait par une sixième place à Limonest : « C’est frustrant parce que là encore je prends des risques et je n’arrive pas à sortir de chronos. Je savais malgré tout qu’un résultat n’apporterait rien de plus, mais j’ai tenu à jouer le jeu jusqu’au bout parce que j’estimais que c’était mon rôle. »

La prouesse d’une quatrième place !
Compte tenu du lot considérable de problèmes qu’a dû affronter Kevin Petit durant cette saison 2023, la quatrième place finale qu’il obtient au championnat tient de la prouesse, même si elle n’occulte en rien l’année de galère qu’il a dû traverser : « Au fil des épreuves on s’est rapidement rendu compte que jouer le podium allait être compliqué quant à espérer une victoire ce n’était même plus envisageable. J’ai connu de nombreux problèmes de fiabilité, et j’ai compris en fin de saison que la voiture était réglée pour s’adapter à une certaine monte pneumatique, mais quand tu changes de manufacturier, le set-up ne convient plus forcément. C’est également un des problèmes qui a compliqué ma saison », analyse Kevin qui est toutefois parvenu à rejoindre l’arrivée de chacune des manches du championnat.

Même si cette saison fut selon Kevin la pire qu’il n’ait jamais connue, il tente de relativiser : « En toute chose on doit pouvoir dégager du positif, et je sais que cette année m’aura permis d’être bien meilleur parce qu’elle m’a poussé dans des retranchements que je n’imaginais pas, que j’ai su faire preuve de mental, de combativité, de résilience, des atouts que j’ai pu travailler en permanence. Je me félicite d’être allé au bout. », analyse Kevin. « Je n’oublierai pas que grâce à mon équipe, je suis parvenu à signer des résultats, et que l’investissement de chacun me semble incroyable. Je suis subjugué par leur abnégation et j’avoue ne pas réellement comprendre comment ils sont parvenus, dans ces conditions, à faire tout ça pour moi, j’ai beaucoup de chances. »

Dans des temps difficiles, Kevin Petit a pu compter sur des soutiens qu’il veut remercier : « Il est important pour moi de prendre le temps de remercier ceux qui m’ont accompagné dans cette année et parfois même depuis très longtemps en commençant par mes partenaires qui ne cessent de m’accorder leur confiance et me permettre d’évoluer chaque jour, à l’équipe du Sébastien Loeb Racing et les gars présents avec moi chaque weekend pour leur incroyable ténacité et leur travail cette année, à ma jeune équipe qui m’épaule au quotidien et me permet de prendre plus de temps pour ma préparation avec mes différents coachs que je remercie également, ainsi qu’à mes proches et ceux qui m’entourent ! »

Durant cette intersaison, Kevin Petit veut prendre le temps d’analyser avec le recul nécessaire tout ce qu’il vient de vivre, tant dans le positif que dans le négatif. C’est de cette réflexion que surgiront ses projets pour la saison 2024 : « Vraiment pour l’heure rien n’est clairement défini, et si j’ai la certitude de courir en course de côte, discipline à laquelle je suis viscéralement attaché, je n’ai encore rien arrêté pour ce qui est de mon programme. Il faut savoir prendre du recul avant de se lancer corps et âme dans de nouveaux projets », conclut le talentueux et sympathique jeune talent.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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