Mais une place sur le podium du Championnat

Vice-champion de France 2014, vainqueur du Trophée Lionel Régal récompensant le meilleur jeune, Geoffrey Schatz pouvait prétendre à nouveau accompagner son frère, pour jouer les premiers rôles sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne 2015. Même s’il savait que la nouvelle réglementation concernant l’attribution des points au scratch n’allait pas l’avantager, le Bourguignon comptait sur la vélocité de sa F3000 Reynard pour s’illustrer à nouveau. De déboires en déconvenues, Geoffrey a vécu une saison jalonnée de problèmes, mais parvient par sa persévérance, à se hisser à nouveau sur le podium du Championnat.

« Je savais que le changement de barème dans l’attribution des points n’allait pas me favoriser. De ce fait, il me paraissait évident que cela n’allait pas me faciliter la tâche pour tenter de rééditer la performance de l’an dernier. Mon principal objectif était donc d’améliorer mes chronos par rapport à 2014 », confie Geoffrey.

On est en droit de se demander s’il était vraiment judicieux de conserver la F3000 pour défendre ses chances au championnat. Mais pour Geoffrey le choix ne se pose pas en ces termes : « Fin 2013, la préparation de la F3000 représentait un gros investissement. Il était donc pour moi logique de poursuivre avec la Reynard pour cette saison 2015. »

Premières épreuves, premiers problèmes
Pour Geoffrey Schatz, la manche d’ouverture de la saison, Bagnols-Sabran, allait être le théâtre d’une première déconvenue : « Une durit d’huile s’est dessertie à deux reprises, cela m’a fait louper deux montées de course. De plus nous avions fait un mauvais choix stratégique en ce qui concerne les pneumatiques, ce qui m’a obligé à m’élancer sur la dernière manche le ’’couteau entre les dents’’. J’ai alors commis une petite erreur », se souvient Geoffrey. Victime d’un tête-à-queue, le Bourguignon endommageait le museau de sa monoplace. Malgré tout, Geoffrey parvenait à accrocher la quatrième place grâce au chrono réalisé lors de la première montée : « Je suis assez proche de mon chrono de l’an dernier, et obtenir un tel résultat dans ces conditions est finalement pas trop mal. »

Au Col Saint-Pierre, deuxième confrontation de la saison, c’est le moteur de sa F3000 qui allait donner quelques soucis à Geoffrey : « En une seule montée j’ai tout de même réussi à rencontrer trois pannes », se désole-t-il. « C’est tout d’abord un échappement qui s’est déboîté, ce qui a eu pour effet d’endommager des éléments thermiques. J'ai également un câble de répartiteur de freins qui s’est desserré et qui est venu coincer ma pédale d’accélérateur. Je ne pouvais pas accélérer au-delà de la mi-course de la pédale. Ensuite, j’ai la clavette de retour sur la pompe à huile qui m’a lâché dans cette même montée. » Là encore, il faudra toute la détermination du jeune bourguignon pour ne pas baisser les bras et repartir au combat. « Je retiendrais que j’améliore mon chrono de l’an dernier, mais ça reste tout de même frustrant de connaitre autant de soucis », confie Geoffrey qui, au final, se classait quatrième.

Point positif, cette succession de problème allait mettre une nouvelle fois en exergue la cohésion et le professionnalisme de l’équipe Schatz Compétition : « Ils ont travaillé toute la nuit pour démonter et remonter le moteur, et j’aurais bien aimé accéder au podium, ne serait-ce que pour les remercier des efforts qu’ils ont consentis. »

Geoffrey tournait la page de ces deux premiers rendez-vous gardois de la saison, et espérait en rejoignant Abreschviller, que le sort n’allait pas une nouvelle fois s’acharner sur lui. Malheureusement, sur l’épreuve lorraine, il allait rencontrer des problèmes de ’’power shift’’ qui affectaient le bon fonctionnement de sa boîte de vitesses : « Et puis le feeling n’était pas au rendez-vous », reconnait-il. « Nous avions fait les essais sous la pluie, et dimanche je n’arrivais pas à trouver la confiance. » Malgré tout, Geoffrey faisait mieux que de limiter la casse, en se positionnant une nouvelle fois au quatrième rang : « C’était ma meilleure course depuis le début de la saison », estime-t-il.

Premier podium de la saison à Hébécrevon
Habitué des podiums durant la saison 2014, Geoffrey Schatz allait retrouver une position qu’il connait bien à l’occasion de la Course de Côte d’Hébécrevon, où il plaçait sa F3000 Reynard 95D à la troisième place : « C’est le premier rendez-vous de l’année sur lequel nous avons été épargnés par les galères. Après, il faut relativiser le résultat, puisque Sébastien (Petit) était absent », rappelle Geoffrey en toute honnêteté. « Je retiens avant tout que j’améliore mon chrono de l’année précédente, et que j’ai pu livrer tout au long du week-end, un beau combat à Cyrille (Frantz). » A l’issue de la deuxième montée de course, Geoffrey pointait devant le Franc-comtois, mais devait s’incliner sur l’ultime confrontation.

Sur la Course de Côte de La Pommeraye, c’est avant tout le comportement anarchique de la Reynard qui allait causer quelques problèmes au cadet des frères Schatz. Mais ce n’est pas le seul problème qui allait perturber son week-end : « A l’issue de la première montée de course, une durit d’eau s’est débranchée. Ça coulait sur l’échappement, et ça fumait énormément. A mon sens, ça s’annonçait mal pour la suite. » L’équipe se penchait rapidement sur le problème et parvenait à le résoudre. Mais les mécaniciens restaient dubitatifs face au comportement de la voiture : « Nous n’arrivions pas à comprendre pourquoi elle se comportait de manière aussi surprenante. Ce n’est qu’à l’issue de la course que nous avons constaté qu’une pièce avait lâché dans le différentiel, ce qui expliquait ces réactions violentes. »

Les épreuves du nord-ouest réussissent à Geoffrey Schatz qui, après Hébécrevon, allait retrouver le podium à Saint-Gouëno : « C’est la première fois que je suis aussi rapide sous la pluie. Malgré un tête-à-queue lors de la dernière manche, dont je ne m’explique pas vraiment l’origine, j’ai passé un excellent week-end. »

Victime d’une sortie de route sur la première montée de course aux Beaujolais-Village, Geoffrey était en droit de se poser des questions sur le comportement de sa Reynard : « Mais tu en arrives également à te poser des questions sur toi-même », avoue-t-il en toute franchise. « J’étais dans une période où la confiance n’était pas au beau fixe, et c’est toujours compliqué dans ces cas-là d’essayer d’être compétitif. J’estime que pour réussir il faut constamment se remettre en question, ce que je n’ai pas manqué de faire. » Malgré les doutes, Geoffrey plaçait une nouvelle fois sa F3000 au quatrième rang.

A l’heure d’aborder la Course de Côte de Vuillafans, Geoffrey n’était certainement pas dans le meilleur état d’esprit. Mais le jeune bourguignon est combatif, et face à l’adversité, il n’a jamais été question pour lui et son équipe de renoncer. Difficile alors de savoir s’il devait imputer les erreurs commises à sa voiture, ou à un excès de générosité, parfois indispensable lorsque l’on a comme objectif de monter sur le podium : « Là encore j’ai commis une erreur dont j’assume l’entière responsabilité. Rien de bien méchant puisque je ne fais que frotter un rail, mais cela me prive d’un résultat sur la deuxième montée de course. » L’annulation de la troisième montée n’allait pas arranger ses affaires : « C’est évident… Ça met à mal nos chances, mais c’est pareil pour tout le monde. »

Pour mieux cerner les différents soucis qui affectaient alors la voiture de Geoffrey, rien de mieux que des séances d’essais en condition de course. Malheureusement, à Dunières, la météo capricieuse allait sérieusement perturber la journée de samedi, et contraindre le pilote du Team Schatz Compétition à se présenter dimanche au départ, avec une voiture encore perfectible : « Nous avons été obligés de griller les étapes pour afficher un bon niveau de performance. Mais il est clair que j’avais un meilleur ressenti avec la voiture. J’ai pu me battre comme je le souhaitais, je ne suis juste pas parvenu à contrer le retour de Cyrille lors de la dernière manche. »

Podiums au Mont-Dore et à Chamrousse
Epreuve mythique, le Mont-Dore est le rendez-vous sur lequel tout pilote espère s’illustrer. Et ce sera le cas de Geoffrey qui, cette année, accède au podium : « Autant j’ai pris beaucoup de plaisir sous la pluie, autant j’ai eu quelques difficultés pour retrouver un bon feeling sur le sec. La confiance n’était pas encore totalement au rendez-vous, mais je dois avouer que ce podium a fait du bien au moral. »

S’il se retrouve une nouvelle fois sur le podium au terme de la Course de Côte de Chamrousse, Geoffrey ne se satisfait pourtant pas de ce résultat : « J’étais assez loin de mes chronos de l’année précédente. Pour remédier au comportement de la voiture, nous avons testé de nouveaux amortisseurs, mais ils n’ont pas donné les résultats escomptés. Là encore je n’avais pas un super feeling. »

Fin août, se déroulait la Course de Côte d’Urcy, troisième manche du Championnat de France de la Montagne 2ème division. Accueillir sur l’épreuve bourguignonne deux enfants du pays, qui n’étaient autres que le Champion et le Vice-champion de France en titre, ne pouvait que susciter l’enthousiasme des organisateurs et des spectateurs. Nicolas et Geoffrey Schatz, jouaient le jeu et s’engageait donc sur l’épreuve. « Mais pour ma part j’ai été victime d’une sortie de route qui allait compromettre ma participation à Turckheim, ce qui est bien évidemment regrettable. »

« En l’espace d’une semaine, nous n’avions pas le temps matériel de réparer la voiture. Je pense qu’il aurait été déraisonnable de tenter le diable et de s’engager coûte que coûte. Mon forfait n’avait plus aucune influence sur l’issue du Championnat, ce qui a bien évidemment pesé dans la décision de ne pas être présent à Turckheim », précise Geoffrey.

Vice-champion 2014, Geoffrey Schatz termine cette saison 2015 sur la troisième marche du podium, et ce malgré un nombre incalculables de déconvenues qui ont jalonné ses courses : « Compte tenu du nombre de galères que nous avons rencontrées cette saison, terminer sur la troisième marche du podium du championnat me parait honorable », analyse-t-il. « Ce résultat n’aurait jamais été possible sans la totale implication de tous les membres de l’équipe qui ont fait un travail de titan tout au long de la saison. Je tiens à les remercier pour les énormes efforts qu’ils ont consentis. »

« Cette saison confirme juste que rien n’est jamais gagné, et qu’il ne faut absolument rien laissé au hasard, même si ce n’est pas dans nos habitudes de laisser la place au hasard », ajoute Geoffrey. « Après je dois garder à l’esprit que le nouveau barème d’attribution des points ne m’était pas favorable, que Nico et Seb était quasiment intouchables cette saison et que Cyrille a fait d’énormes progrès. Compte tenu de ces paramètres, je pense qu’il m’aurait été difficile de faire mieux que cette troisième place. »

Ce que Geoffrey veut également retenir c’est l’ambiance qui a régné tout au long de l’année au sein du Team Schatz Compétition : « Nous avons passé une saison formidable, avec tous les membres de l’équipe et tous les pilotes qui évoluaient sous la structure. Il est dommage pour moi qu’il n’en fut pas de même sur la piste. Mais quand on rencontre autant de galères, c’est important d’être entouré par une équipe qui vous remonte le moral, et qui est capable de faire des exploits pour que vous puissiez poursuivre votre course. »

« Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour remercier l’ensemble de l’équipe, et tout particulièrement mon père et Dany qui ont bossé comme des forcenés sur ma voiture, et qui ont toujours assuré. Merci également à mes partenaires, Reverchon Sport, et aux Assurances Lestienne, grâce à qui j’ai pu bénéficier d’une superbe déco de casque. »

Geoffrey reste persuadé que sa F3000 Reynard 95 reste une arme redoutable, capable de défier les meilleurs Protos. C’est donc à son volant que l’on retrouvera le Bourguignon sur les manches du Championnat de France de la Montagne 2016. Au sein de Schatz Compétition, rien n’est laissé au hasard, et c’est avec une auto totalement révisée que Geoffrey se lancera dans la bataille : « Il faut toujours faire preuve d’énormément de rigueur. Nous allons travailler durant l’hiver pour être prêts à affronter la saison à venir. Il nous faut tourner la page de cette année 2015 et repartir sur de nouvelles bases », conclut-il.


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