En terminant 2ème du Challenge Open Formule Renault

Fille de Gérard, sœur de Benoit, Estel Bouche devait se faire un prénom dans le milieu de la Course de Côte. En l’espace de deux saisons, elle a su démontrer sa légitimité parmi les animateurs du Championnat de France de la Montagne, et notamment au sein de la Formule Renault, où elle termine cette saison 2016 à la deuxième place du Challenge Open.

La Course de Côte, Estel Bouche a toujours connu. Même si elle confie que toute jeune elle était impressionnée par les vrombissements des moteurs, elle ne manquait pas de suivre les prestations de son père, Gérard, couronné à maintes reprises Champion d’Auvergne. Plus tard, c’est Benoit, tout aussi passionné que son père, qui s’illustrera sur les courses de côte, accompagné par son beau-frère, Yannick Latreille. Estel ne manquait pas alors de partager les week-ends de course avec son frère et son compagnon. Bien évidemment, l’envie de les imiter en intégrant à son tour le Team Chrono Montagne pour découvrir les sensations que procure le pilotage, se faisait rapidement ressentir

Mais à l’heure de faire le choix de prendre à son tour le volant, le doute s’installait. Il y a parfois des héritages lourds à porter, et Estel craignait de ne pas être à la hauteur d’un nom qui avait acquis ses lettres de noblesse auprès des Montagnards. Son père disparu, Estel n’avait pas l’assurance que sa démarche, de vouloir à son tour prendre le volant, soit totalement légitime. Mais grâce à son beau-père, qui lui offrait un stage de pilotage en Formule Campus, Estel comprenait que le virus de la course était génétique, et qu’elle n’avait d’autres choix que de répondre à l’appel de la Montagne.

En quête de légitimité
Entourée et conseillée par Benoit et Yannick, Estel ne tardait pas à progresser durant une saison 2014 où elle alternait épreuves régionales et manches du Championnat. En 2015, elle disputait sa première vraie saison sur le Championnat, dans le cadre du Challenge Open. Ses résultats lui permettaient alors de se prouver à elle-même qu’elle avait toute légitimité pour s’installer derrière le volant d’une monoplace. C’est donc avec bien plus de sérénité qu’elle abordait cette saison 2016, sans toutefois se fixer de réels objectifs : « J’avais uniquement à cœur de progresser, et donc d’améliorer mes chronos sur les épreuves que j’avais déjà eu l’occasion de disputer. L’essentiel était avant tout de me faire plaisir. »

Avec pas moins de huit concurrents engagés cette année sur le Challenge Open Formule Renault, Estel s’attendait à une rude concurrence, et doutait encore de ses capacités à s’illustrer au sein de la meute : « Je me suis dit que ça allait certainement être chaud, et de ce fait je n’ai absolument pas voulu afficher de quelconques prétentions », avoue-t-elle.

C’est donc au volant d’une Formule Renault n’ayant pas subi la moindre modification durant la trêve hivernale, qu’Estel se relançait sur les épreuves du Championnat. Un Championnat qui débutait pour elle sur la manche d’ouverture, à Bagnols-Sabran. Si elle avoue avoir ressenti une grande satisfaction en voyant son nom en tête des Formule Renault à l’issue de la première montée de course, Estel oubliera par la suite que c’est elle qui remportait sa classe sur cette première épreuve de la saison : « Le drame que nous avons connu m’a fait complètement occulter l’aspect sportif, ça n’avait plus aucune espèce d’importance. »

Pour son deuxième rendez-vous de la saison, à Abreschviller, Estel allait engager un duel avec une autre féminine de la Formule Renault, Sarah Louvet. Au terme de la confrontation, c’est la jeune lyonnaise qui s’imposait, Estel accrochant la deuxième place devant Didier Chaumont : « J’avoue qu’à l’issue de la première montée j’étais assez contente du résultat, mais malgré tout je savais qu’il restait du chemin à parcourir », confie Estel, qui confirmera sur la deuxième montée, en signant, derrière Sarah, sa meilleure performance du week-end. « Ensuite, la météo a joué en ma faveur, puisque nous n’avons pas pu faire la troisième montée », analyse-t-elle en toute humilité.

A Hébécrevon, les féminines seront à l’honneur du côté de la Formule Renault, où elles monopolisent le podium. Sarah Louvet remportait un nouveau succès devant Charlie Martin et Estel Bouche : « Je n’y arrive définitivement pas sur cette course », constate Estel. « L’an dernier, je découvrais le tracé, et je pensais que cette année ’’ça allait le faire’’, mais je ne me sens pas à mon aise sur ce parcours, ni dans la portion du bas qui est étroite, et encore moins sur le final qui est rapide. Vraiment, il n’y a rien qui me va », confie-t-elle dans un éclat de rire.

Estel poursuivait sa saison sur la Course de Côte de La Pommeraye. Devancée par Rémi Béchadergue et Sarah Louvet, la pilote auvergnate ne cache pas qu’elle espérait beaucoup mieux de cette épreuve : « C’est certainement ma plus grande déception de la saison », reconnait-elle. « J’adore cette course et je me suis rendu là-bas en pensant être en mesure de réaliser un truc. Mais j’ai voulu assurer sur la première montée de course, et je n’aurais pas dû, puisqu’il s’avérera par la suite, que c’était la meilleure montée du week-end. J’aurais vraiment dû attaquer d’entrée de jeu. Au final, je signe le meilleur temps sur la troisième montée, mais ça ne servait plus à rien, les jeux étaient faits. Sur celle-là, j’ai vraiment l’impression que c’est moi qui ai perdu. »

L’égale des garçons…
Au Beaujolais, c’est face à Didier Chaumont qu’Estel se lançait dans un duel épique, perturbé par un incident : « Sur la deuxième montée de course, j’ai perdu une roue, ce qui m’a obligé à m’arrêter sur le parcours. En fait j’ai senti qu’il y avait un souci, et j’ai préféré stopper avant d’avoir un vrai problème. » A l’heure de faire les comptes, on retrouve Estel à la deuxième place, à seulement huit dixièmes de Didier Chaumont. Un très bon résultat et un écart dérisoire sur un tracé long, où la concurrence était importante : « J’aime beaucoup cette course qui permet d’aborder différentes configurations. On y trouve des portions techniques, d’autres rapides, c’est un tracé sur lequel je me fais vraiment plaisir », commente-t-elle. « Et puis mon résultat me donne à ce moment-là le sentiment que les garçons me considèrent vraiment comme une adversaire, et non comme une pilote féminine qui leur sert de faire-valoir. »

C’est donc rassurée sur ses capacités, et avec le moral au beau fixe, qu’Estel abordait la Course de Côte de Dunières, où elle sera le témoin du duel de génération entre Didier Chaumont – le vainqueur – et Kévin Petit. Légèrement en retrait, Estel accroche une nouvelle fois la troisième place de la Formule Renault : « Je retiendrai que je suis parvenu à améliorer mon temps de l’an dernier, sur un tracé sur lequel je ne suis pas du tout à mon aise. Vu sa performance de l’an dernier, je savais que sur cette épreuve Kévin serait devant moi, et ça n’a pas loupé. »

Quatrième sur le Mont-Dore, où elle évoluait à domicile, Estel est satisfaite de sa prestation qui lui a permis non seulement d’améliorer son chrono de l’an dernier, mais également de terminer aux portes du podium, à seulement deux dixièmes de Sarah Louvet : « Je suis plus rapide de plusieurs secondes par rapport à 2015, et c’est très motivant. Et puis je termine dans le sillage de Sarah, et ça ne peut que me satisfaire. »

A Chamrousse, où elle disputait sa dernière course de la saison dans la cadre du Championnat de France de la Montagne, Estel Bouche avoue être passée un peu à côté : « Je sais que la largeur du tracé a tendance à me perturber, mais au fil des montée je parvenais à m’adapter. Malgré tout, je n’ai pas réussi à réellement améliorer mon chrono de l’an dernier, et je n’arrive pas à comprendre pourquoi. En plus, je me fais passer devant par Frédéric (Ehrhardt) sur la dernière montée, non vraiment, j’ai loupé cette course », estime l’Auvergnate que l’on retrouvait alors à la sixième place des Formule Renault.

En dehors du Championnat, Estel a signé de très bons résultats sur les épreuves régionales, ce qui lui a permis de se retrouver à Limonest pour participer à la Finale de la Coupe de France de la Montagne. Là encore, elle allait retrouver sa rivale habituelle, Sarah Louvet, avec laquelle elles réaliseront le doublé dans la catégorie, la Lyonnaise sortant vainqueur de la confrontation devant l’Auvergnate : « Ça reste un excellent souvenir, et je suis vraiment contente que Sarah l’emporte, car sur la deuxième partie de la saison, elle était devant moi, et sa prestation sur la Finale ne fait que confirmer sa progression », reconnait Estel en toute honnêteté.

Deuxième du Challenge Open Formule Renault
Partie sans réelle ambition, Estel Bouche termine la saison à la deuxième place du Challenge Open Formule Renault, à seulement six points de Didier Chaumont : « En toute franchise, je ne m’y attendais pas du tout. Je n’aurais jamais cru terminer sur le podium, alors deuxième derrière Didier, ça ne peut que me ravir. »

Outre le résultat, Estel Bouche avoue également avoir vécu une saison fabuleuse, notamment grâce à la confrontation qui l’opposait à Sarah Louvet : « Nous nous sommes bien amusées toutes les deux, notamment sur les épreuves régionales où parfois, on avait envie de se taper dessus à la fin de la journée », plaisante-t-elle. « C’était juste génial, et je garde de fabuleux souvenirs de la Course de Côte de La Tardes et de celle de Laussonne, où ce fut tendu tout au long de la journée. Cette rivalité, totalement saine entre nous, et tout simplement géniale. Il est possible que Sarah et moi nous n’évoluions plus dans la même catégorie l’an prochain, et ça va me manquer. »

Saison fabuleuse également pour la pilote auvergnate pour qui le partage est un moteur, et qui tout au long de la saison, a bénéficié d’un total soutien de ses proches : « On ne change pas une équipe qui gagne » confie la pilote du Team Chrono Montagne. « Je remercie à ce titre bien évidemment Yannick, mes cousines Perrine et Carole, mes filles Géraldine et Matilde, Eric ’’la Goupille’’ qui nous suit sur toutes les courses, et mes beaux-parents Alain et Nicole qui se chargent du transport de la Formule Renault sur pas mal d’épreuves. Un grand merci à tous ceux qui de près ou de loin nous suivent sur les épreuves, et à mes partenaires, la Ville de Murol et le Château de Murol, la Pizzéria "Le Tremplin" au Mont-Dore, la Brasserie "Chez Mickey" au Lac Chambon, et Super U à La Pommeraye. »

A l’issue de cette saison 2016, Estel Bouche a vendu sa Tatuus Formule Renault. Se pose maintenant la question de savoir au volant de quelle voiture elle évoluera la saison prochaine : « J’hésite entre plusieurs pistes. Partir en F3, où en Proto car j’avoue avoir essayé la Norma de Yannick, et ça m’a bien plu. Ou alors racheter une Formule Renault. En fait tout dépendra des budgets dont je vais disposer. »


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