Le Revélois à la découverte du Championnat

La saison 2017 aura permis à Dimitri Pereira d’exprimer son talent sur tous les fronts. S’il abordait le Championnat avec l’objectif de découvrir les épreuves, il confirme sur la 2ème division en accrochant le titre de Champion de France, et sur la Finale de la Coupe où il termine deuxième et premier des Protos.

Avant de se tourner vers la Course de Côte au début des années 90, Antoine Pereira, le père de Dimitri, avait débuté en rallye en 1983. Durant près de 25 ans, il animera les épreuves de sa région, largement le temps de transmettre la passion à un fils qui, dès l’adolescence, pratiquait le motocross en loisir.

En 2006 Antoine Pereira mettait un terme à sa carrière de pilote. Pas question pour autant de s’éloigner du sport automobile, il décidait alors, aidé par Dimitri, de préparer une Peugeot 106 XSI groupe N au volant de laquelle le fiston aller prendre part à sa première compétition, la Course de Côte de Saint Girons. Expérience positive, puisqu’elle incitera le jeune natif du Tarn à poursuivre l’aventure. Mais la puissance de la petite 106 se révélait rapidement inadaptée au talent de Dimitri. Après avoir vendu sa Peugeot, il s’installait donc dans l’habitacle de la Renault Mégane groupe N de son père.

Fin 2008, Dimitri Pereira se qualifiait pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne. Une qualification qu’il ne pouvait malheureusement pas honorer suite à une casse de boîte de vitesses. 2009 verra le Revélois enchaîner les victoires de classe et se voir octroyer le titre de meilleur jeune de la Ligue Midi-Pyrénées. Il prendra part également à la Finale de la Coupe, qui se déroulait cette année-là à Donzy-le-Pertuis.

Premiers succès en groupe A puis en CM
En constant progrès, Dimitri Pereira atteignait une fois encore les limites d’une Mégane groupe N. Elle sera donc remplacée par une Clio Cup 2, avec laquelle il investissait le circuit de Nogaro dans le cadre de la Coupe de France des Circuits. Mais une casse moteur le contraignait à revoir son programme à la baisse. Après avoir réparé l’organe vital de la Clio, il s’engageait sur le Course de Côte de Quillan, où il s’imposait en Groupe A. Un succès qui ne pouvait que le motiver à poursuivre dans cette voie, et à engager un duel avec Ronald Garcès sur les épreuves de Midi-Pyrénées. Les deux amis ne manqueront pas de se rendre coup pour coup et de conserver d’excellents souvenirs de ses saines confrontations.

Le duel entre Dimitri et Ronald se poursuivait en 2011 et à l’issue de cette saison, Dimitri Pereira accrochait son ticket pour la Finale de Bournezeau, où il terminait en tête des Clio Cup. Malgré un programme plus light en 2012, il parvenait à se qualifier pour la Finale disputée à Cassel. Mais ses budgets limités ne lui permettaient pas d’assumer un tel déplacement, et c’est à contre-cœur qu’il renonçait à se rendre dans le Nord.

Les prestations de Dimitri donnaient alors envie à son père de reprendre le volant. Il faisait l’acquisition d’un Proto BRC qu’il aura la négligence de prêter à son fils pour participer à la Course de Côte d’Avignonet. Grave erreur, car en terminant quatrième au scratch, Dimitri n’avait plus l’intention de rendre sa voiture à son père. Compréhensif, ce dernier vendait la Clio du fiston et lui laissait le volant du BRC. En cette saison 2013, Dimitri se partageait entre épreuves régionales et manches du Championnat. C’est ainsi qu’il prenait part aux mythiques Courses de Côte du Col Saint-Pierre et du Mont-Dore.

En 2014 le BRC Evo 2 laisse place à une Evo 5 avec lequel Dimitri défiait à plusieurs reprises les Norma 2 litres qui évoluaient dans sa région. Troisième des CM sur la Finale de la Coupe, derrière Yves Tholy et Fabien Bourgeon, le Revélois était totalement satisfait de sa saison. Pour la saison 2015, il poursuivait avec le Proto BRC mais en se lançant un nouveau défi, le Championnat de France de la Montagne 2ème division. Cinquième au scratch à Quillan, sixième à Urcy, il s’impose en CM. D’ailleurs, cette année-là, Dimitri Pereira raflait les victoires sur toutes les épreuves où il engageait son BRC. Il n’y a qu’au Mont-Dore qu’il sera devancé par Fabien Bourgeon et Yves Tholy. Sur la Finale de la Coupe, s’est confronté au même Yves Tholy qu’il devait s’incliner pour seulement deux dixièmes de secondes. Pour ce qui est de la 2ème division, il se hissait sur la troisième marche du podium derrière Cyrille Frantz et Anthony Oya.

La saison 2016 de Dimitri Pereira sera partagée entre participations à des manches du Championnat de France, le Championnat 2ème division et les épreuves régionales. Le changement majeur venait du fait qu’il délaissait son BRC pour une Norma M20 F engagée en CN/2. Sa saison d’apprentissage sera également marquée par d’excellents résultats qui permettront à Dimitri de monter sur la deuxième marche du podium du Championnat de France de la Montagne 2ème division.

A la découverte du Championnat
S’il ne délaisse pas les épreuves régionales, Dimitri Pereira a pris conscience que sa progression passait par une plus grande implication sur le Championnat. Il décidait donc pour cette année 2017 de s’engager simultanément sur le Championnat de France de la Montagne et son pendant en 2ème Division : « En ayant participé deux années consécutives au Championnat 2ème division j’avais pu prendre mes marques, et je pensais qu’il était temps de franchir une étape supplémentaire. Mais pour cela il fallait d’une part réunir les budgets, et que la voiture soit vraiment au top. On a travaillé dans ce sens et avec Marie (Cammares, sa compagne, ndlr), nous avons décidé de disputer ensemble le Championnat. Et puis pour moi, cet engagement était une belle manière de fêter ma dixième année de compétition. »

Sur ce Championnat de France de la Montagne, Dimitri plongeait en grande partie dans l’inconnue : « Je ne connaissais pas les trois-quarts des épreuves inscrites à mon calendrier. De ce fait, je ne m’étais fixé d’autres objectifs que de découvrir et de me familiariser avec les épreuves. Je voulais également bien cerner le nouvel environnement qu’est le Championnat, puisque tu rentres dans un autre monde, et que tu t’enrichis au contact de nouvelles personnes. Dans mon esprit, si on était devant, c’était très bien, mais si on était derrière cela n’était absolument pas grave. »

La saison de Dimitri débutait de fort belle manière, sur le Col Saint-Pierre, où il plaçait sa Norma à la neuvième place, quatrième du CN/2 : « C’est juste génial ! Compte tenu du plateau, une place dans le top 5 était inespérée et ne peut que me ravir. Et puis accrocher la quatrième place de classe au Saint-Pierre, c’est démontré que la voiture fonctionne bien, que je suis moi-même bien à son volant. Je me suis vraiment fait plaisir et ça m’a vraiment donné l’envie de poursuivre sur le Championnat », confie Dimitri qui pointe à seulement 64 millièmes du podium.

Dimitri Pereira allait apprendre à Saint Gouëno ce que signifie l’expression plonger dans l’inconnue. Le Revélois, qui disputait la manche bretonne pour la première fois, n’avait pas pris soin de reconnaitre avant de s’élancer sur les essais : « Ce fut compliqué pour ’’rentrer’’ réellement dans la course. Mais je reconnais que c’est un super tracé, même si la partie en sous-bois m’a donné quelques soucis. Côté organisation, c’est carrément hallucinant tellement ils sont au top, et l’engouement suscité par leur épreuve est juste incroyable. Même si le résultat n’est pas fabuleux, ça reste un magnifique souvenir », confie Dimitri que l’on retrouvait à la huitième place de sa classe.

Marchampt en Beaujolais sera pour le Haut-Garonnais une nouvelle découverte et l’occasion de placer une nouvelle fois sa Norma à la huitième place du CN/2 : « Pour moi, le tracé ne m’a pas semblé particulièrement difficile, il a juste fallu adapter la voiture au parcours qui compte de nombreuses lignes droites. C’est rapide, technique et je n’avais pas vraiment l’auto adaptée à la configuration du terrain. Mais j’ai trouvé ça très sympa et ça m’a bien plu. »

Premiers podiums en CN/2
C’est sur le podium du CN/2 que l’on allait retrouver Dimitri Pereira à l’issue de la Course de Côte de Dunières où il se retrouve dans le sillage de Damien Chamberod et de Yannick Latreille : « L’approche de la course était compliquée. Le week-end précédent Marie a été victime d’une violente sortie de route et a détruit en partie sa Formule Renault… Moralement je n’étais pas au mieux. De plus je découvrais Dunières avec une météo peu clémente, ce qui ne nous a pas vraiment aidé. Mais au fur et à mesure des montées, je me suis senti à l’aise sur ce tracé et j’ai amélioré mes chronos. Au final, me retrouver sur le podium c’est pour moi un excellent résultat pour une première. »

A deux reprises auparavant, Dimitri Pereira avait eu l’occasion de prendre part à la Course de Côte du Mont-Dore. C’était alors au volant du BRC, et c’était donc cette année la première fois qu’il abordait l’épreuve auvergnate dans le cockpit de sa Norma : « C’est vraiment un tracé sur lequel je m’éclate, une véritable piste, un circuit magnifique. Le plateau et le niveau du CN/2 était énorme pour cette édition, et viser une place dans le top 5 était vraiment difficile, mais je garde une nouvelle fois d’excellents souvenirs de cette épreuve », commente Dimitri, à nouveau huitième de sa classe.

A Chamrousse, Dimitri se retrouvait une nouvelle fois opposé à forte concurrence, sur une course qu’il découvrait et qui le voit accrocher la septième place du CN/2 : « J’ai fait de mon mieux, sur une épreuve où la plus grande difficulté réside dans le fait qu’il faut oser rentrer très fort dans certaines courbes, parce que la largeur du tracé le permet. Mais j’avoue que cette épreuve sur laquelle on retrouve du rapide et des portions plus lentes m’a bien plu. »

Direction l’Alsace pour une nouvelle découverte avec la Course de Côte de Turckheim sur laquelle Dimitri allait rapidement prendre ses marques : « C’est un parcours rapide et technique, ce que j’apprécie particulièrement. La région est magnifique, l’accueil des concurrents locaux super sympas, de quoi engranger là encore d’excellents souvenirs. »

Pour conclure la saison sur le Championnat Dimitri retrouvait un tracé qu’il connaissait bien, celui qui accueillait les trois dernières éditions de la Finale de la Coupe de France. A Limonest, le Revélois n’allait pas manquer de mettre à profit sa connaissance du terrain pour accrocher la huitième place au scratch, la deuxième du CN/2 : « Je ne m’attendais pas à un tel résultat. Je termine la saison sur une très bonne note, ce qui m’incite à poursuivre l’expérience la saison prochaine. »

Champion de France de la Montagne 2ème division
Si l’objectif sur le Championnat de France de la Montagne était de découvrir, sur les autres épreuves Dimitri Pereira avait pour ambition de confirmer les résultats signés lors des précédentes éditions. Ce sera le cas tout au long de la saison sur les courses de sa région, ce qui lui permettait de se qualifier une nouvelle fois pour la Finale. A Quillan, sur un tracé qu’il connaissait, Dimitri se présentait au départ avec le statut de potentiel vainqueur. Finalement, il sera devancé de 281 millièmes par Nicolas Verdier : « J’apprécie tout particulièrement Nicolas avec qui je m’entends très bien, et je suis donc très content de sa victoire, même si je reconnais que c’est toujours un peu compliqué de s’incliner pour si peu », admet Dimitri. « J’ai commis une petite erreur sur le bas du parcours de la dernière montée, et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Après, quand on voit le plateau, je me dis que terminer deuxième et premier des Protos, ça reste un excellent résultat. »

S’il termine deuxième de cette Finale, c’est en revanche sur la plus haute marche du podium qu’il conclut sa saison sur la 2ème division en s’imposant en Andorre. Un succès qui lui permet de remporter le titre et de succéder à David Guillaumard : « C’est vrai qu’au fil du temps, j’ai l’impression de progresser un peu plus chaque année, et les bilans de mes saisons vont toujours en s’améliorant. Fin 2015, j’avais dit que j’avais disputé ma meilleure saison, j’aurais dit la même chose fin 2016, et cette fois encore je considère que je viens de vivre ma meilleure saison. Donc je suis vraiment très satisfait, et même si je pense que l’on peut faire encore mieux, je sais que ça va être compliqué », avoue Dimitri.

Dimitri Pereira fait preuve autant de réalisme que d’humilité. Il ne se glorifie pas de son titre de Champion de France 2ème division : « Le calendrier ne comptait que trois épreuves, et je n’ai pris part qu’à deux d’entre elles. Bien évidemment un titre fait toujours plaisir, mais il faut reconnaitre qu’il a été acquis sans devoir livrer de durs combats. En toute franchise, j’ai plus savouré ma deuxième place et ma victoire de groupe sur la Finale de la Coupe que le titre en 2ème division. »

Dimitri a connu un autre moment fort mi-juillet, en prenant part à la Pujada Alp, une Course de Côte disputée en Espagne, au Sud-Est de la Principauté d’Andorre et sur laquelle il imposait sa Norma. Un succès à l’export qui ne pouvait que l’enchanter.

C’est toujours au volant de la Norma M20 F que l’on retrouvera Dimitri Pereira en 2018 : « Elle va subir une grosse révision pour disputer la saison à venir. Nous sommes actuellement en phase de finalisation de nos budgets, et c’est d’eux que dépendent nos calendriers. Donc, pour l’heure, je ne suis pas en mesure de dire que ce je ferai exactement, mais autant Marie que moi nous aimerions repartir sur le Championnat et disputer quelques épreuves de 2ème division pas trop éloignées de chez nous. »

C’est en couple que Dimitri et Marie aborde la compétition, et c’est vers elle que le Revélois veut adresser ses premiers remerciements : « Merci à Marie avec qui j’ai partagé cette saison les moments difficiles, mais également des heures de grandes émotions. Merci à mes parents qui m’ont apporté leur soutien, mes beaux-parents qui ont assuré l’assistance et qui sont un soutien important, mes amis et mes proches, et notamment Benoit et Séverine. Un grand merci à MF Power à Aix-en-Provence, Sécuritest Contrôle Technique à Revel, la Carrosserie Navarro à Carcassonne, L’entreprise Fournier Renault Trucks à Revel, et Tecinox à Labastide-Rouairoux. »

Propos recueillis par Bruno Valette


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