Au volant de sa Porsche, l’Alsacien succède à son frère

Fidèle à Porsche, Christian Schmitter prenait part cette année au Championnat de France de la Montagne au volant d’une 997 GT3R. Une vraie auto de course, avec laquelle l’Alsacien réalisera des prouesses, pour finalement succéder à son frère en qualité de Vice-champion de France.

Si la Porsche 997 GT2 avec laquelle Christian Schmitter disputait la saison 2016 s’avérait performante, elle ne lui permettait toutefois pas de rivaliser comme il le souhaitait avec des autos qui apparaissaient rapidement comme plus compétitives. Fort de ce constat, le pilote alsacien prenait conscience que s’il voulait accéder à la première marche du podium, il lui fallait s’installer dans l’habitacle d’une véritable auto de course. Sa fidélité à la marque de Stuttgart et les conseils avisés de Romain Dumas, l’incitaient à porter son choix sur une 997 GT3 R.

« C’est la première fois que j’avais entre les mains une véritable voiture de course », débute Christian Schmitter. « Jusqu’alors, je disposais de sportives que l’on développait pour la compétition. Là, avec la 997 GT3 R, je me présentais au départ de la saison avec une voiture conçue pour la course, et la différence est flagrante. Il y a une véritable harmonie entre puissance, freinage, comportement de l’auto… On entre dans un autre monde. »

Pour un pilote qui a débuté avec une Porsche Cayman Cup, avant de se tourner vers une GT3 RS puis une GT2, l’environnement de la GT3 R lui donnait le sentiment de changer d’univers : « Mes autos précédentes étaient soit issues de la série, soit de Coupes de Marque. La 997 GT3 R est une véritable voiture du course, pensée pour la compétition », poursuit Christian. Dans l’esprit du pilote alsacien, disposer d’une 997 GT3 R lui permet d’atteindre le dernier échelon dans l’évolution de la marque allemande : « Je roule avec ce qu’il y a de plus abouti, excepté évidemment la 991 RSR, mais qui est quasiment inaccessible. »

Premier succès pour débuter
Même s’il savait disposer d’une arme redoutable pour affronter les épreuves inscrites au calendrier de notre Championnat, Christian Schmitter n’affichait pas pour autant de réelles prétentions : « L’objectif initial était de faire l’apprentissage de l’auto, de la faire évoluer et de parfaitement en cerner le comportement pour tenter de signer des résultats. Mais je n’avais pas dans l’idée, en début de saison, d’ambitionner une quelconque position au championnat. Pour être tout à fait honnête, même si je peux considérer que la saison s’est plutôt très bien passée pour moi, j’estime avoir réellement pris la mesure de ma voiture sur les deux dernières manches. »

Pourtant, Christian allait être compétitif d’entrée de jeu, puisque c’est lui qui s’imposait sur la première confrontation de la saison, à Bagnols-Sabran. Un premier succès sur une manche du Championnat qui ne lui laisse pas vraiment un souvenir inoubliable : « Compte tenu du conteste, et notamment de l’apparition de la pluie, nous n’avons pas pu nous battre comme nous le souhaitions. Philippe (son frère) et Yannick (Poinsignon) ont connu des problèmes et finalement il ne restait plus que Pierrot (Pierre Beal), comme adversaire direct. C’est une victoire par élimination, et j’aurais aimé remporter mon premier succès sur le Championnat d’une toute autre manière. Le conteste ne me plaisant pas, je reconnais ne pas l’avoir vraiment savouré », avoue Christian.

En remportant la première épreuve, Christian Schmitter donnait donc le ton à cette nouvelle saison, et espérais bien évidemment pouvoir signer un résultat aussi probant sur la seconde épreuve gardoise de l’année, le Col Saint-Pierre : « On attendait tous impatiemment l’arrivée de Pierre (Courroye), car nous étions curieux de voir ce qu’il serait en mesure de faire au volant de sa nouvelle McLaren… Le moins que l’on puisse dire c’est que l’on n’a pas été déçu ! Nous avons eu les éléments de réponse très rapidement », lâche Christian dans un large sourire. « A partir de là, on savait que la saison allait être compliquée. » Christian s’avoue toutefois satisfait de terminer cette épreuve sur le podium, où il retrouvait Pierre Courroye, et son frère Philippe.

Un frère qui allait lui donner du fil à retordre à Abreschviller où, pour deux dixièmes, il place sa Lamborghini Gallardo à la deuxième place, juste devant la Porsche de son cadet : « C’est un scénario que l’on allait vivre à plusieurs reprises cette saison, il y a eu souvent que très peu d’écart entre mon frère et moi… Et un Pierre (Courroye) qui était loin devant. Mais nous savions Philippe et moi que nous devions marquer des gros points en début de saison, car Nico (Werver) était en pleine phase de développement de sa Porsche, et que Yannick (Poinsignon) pouvait s’avérer un adversaire redoutable sur certaines épreuves. »

A l’heure d’aborder les épreuves de l’Ouest, Christian s’attendait à connaitre des moments difficiles : « Ce ne sont pas mes courses préférées. J’aime bien les trois premières épreuves de la saison, beaucoup moins les trois suivantes », avoue-t-il sur un ton badin. Mais le rendez-vous normand de Thèreval offrait à Christian, qui terminait deuxième, des raisons d’être satisfait : « C’est une belle surprise d’être devant mon frère qui l’avait emporté l’an dernier. »

A La Pommeraye Christian Schmitter montait sur la troisième marche du podium, sa Porsche se classait une nouvelle fois derrière la McLaren de Pierre Courroye et la Lamborghini de son frère Philippe. L’épreuve de Saint Gouëno, durant laquelle les débats seront perturbés par la pluie, s’avérait plus difficile. Cinquième, Christian pointe au final dans la même seconde qu’Anthony Cosson qui termine deuxième sur cette épreuve, autant dire que le podium était tout à fait accessible pour l’Alsacien : « Ça aurait pu être une frustration, mais je ne l’ai pas ressenti comme tel, car j’avais avant tout à l’esprit que j’étais dans une année de découverte de la voiture, et qu’à partir du moment où les sensations étaient bonnes au volant, je ne pouvais être que satisfait. »

Si jusqu’alors Christian Schmitter avait vécu une saison sans encombre, l’Alsacien allait connaitre un faux pas à l’occasion de la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, en sortant de la route dès la première séance d’essais : « C’est la boulette de l’année ! En principe j’en fais une chaque saison, cette fois c’était à Marchampt », lâche-t-il dans un éclat de rire. « C’est rageant parce que j’aime cette épreuve, et que devoir abandonner après seulement trois cents mètres, sur une erreur stupide, simplement parce que je n’ai pas su anticiper les mouvements de la voiture, c’est un peu agaçant. »

Le Team Petit CroisiEurope allait une nouvelle fois relever le défi de réparer les dégâts pour la course suivante, et permettre à Christian d’être au départ de Vuillafans : « J’ai la chance d’évoluer au sein d’une équipe très réactive, composée de gens très motivés, c’est grâce à cela que la suite de mon calendrier n’a pas été compromise. »

Après une sortie de route, il n’est pas évident de se relancer en course sur un terrain de jeu tel que Vuillafans : « C’est une épreuve pour gros cœurs, avec des parties rapides difficiles à négocier, de gros appuis, une configuration impressionnante, il faut vraiment aller très vite, et c’est pour ça que c’est dur pour moi », commente Christian dans un nouvel éclat de rire. Pour cette reprise après sa mésaventure de Marchampt, l’Alsacien place sa Porsche au cinquième rang.

Pour 20 millièmes de secondes, Yannick Poinsignon privait Christian Schmitter de podium sur une Course de Côte de Dunières qu’il redécouvrait : « Cela faisait longtemps que je n’étais pas venu à Dunières car je n’affectionne pas particulièrement cette épreuve. Malgré tout, je ne peux être que satisfait de cette quatrième place. » Satisfaction également à l’issue du Mont-Dore où Christian monte sur la troisième marche du podium, derrière Pierre Courroye et Yannick Poinsignon, mais cinq millièmes devant son frère : « C’était vraiment bien, la voiture m’a donné entière satisfaction et les sensations étaient bonnes. »

Le duel fratricide entre Philippe et Christian Schmitter se poursuivait à Chamrousse, où la Lamborghini de l’ainé devançait la Porsche de son cadet : « Il était tout simplement meilleur que moi », commente Christian toujours souriant. « Mais honnêtement, sur cette épreuve j’aurais dû mieux faire. Le tracé est large, il me convient bien, et j’estime être un peu passé à côté, mais ce sera pour l’année prochaine. »

A Turckheim, Christian allait vivre un week-end qu’il qualifie lui-même d’incroyable. Car si les débuts s’avéraient catastrophique, le dénouement sera source de satisfaction. Victime d’une casse de cardan, il devait renoncer à prendre part à la deuxième montée de course, et c’est sur la dernière confrontation du jour, qu’il parvenait à accrocher la deuxième place finale : « C’est certainement mon plus beau souvenir de course depuis que je roule », estime-t-il. « On commence la journée sur une route encore humide. Je casse un cardan alors que je viens de chausser les pneus neufs, et au final, avec des pneus qui sont restés intacts, je réalise le deuxième temps. Ce fut émotionnellement très fort. Au départ de la dernière montée, j’étais dans l’état d’esprit du gars qui se dit qu’il doit impérativement signer un bon résultat, ne serait-ce que pour récompenser les efforts de tous ceux qui, dans l’équipe, ont travaillé comme des forcenés pour que je sois au départ. J’étais chez moi, avec l’envie de me lâcher, et quand j’ai vu mon chrono à l’arrivée, je me suis dit, ’’c’est quand même beau la Course de Côte’’… Pour moi, cette deuxième place a plus de valeur que mes deux victoires de la saison. »

Un nouveau succès pour conclure
Une deuxième victoire qui intervenait sur la dernière confrontation de la saison… Christian Schmitter terminait en effet le Championnat comme il l’avait débuté, en imposant sa Porsche 997 GT3 R. Un succès obtenu sur la Course de Côte de Limonest, où une nouvelle fois l’Alsacien allait rencontrer des problèmes : « J’ai eu la chance de réaliser le meilleur temps sur la première montée de course, car j’ai cassé un cardan en essayant de rejoindre le paddock. On avait cassé le droit à Turckheim, cette fois c’était le gauche. Là encore les gars ont réparé dans un temps record, mais la météo capricieuse empêchait toute amélioration, et mon chrono du matin me permettait de remporter la victoire. Pour être honnête, ça s’est joué à pas grand choses, Yannick (Poinsignon) a été un adversaire de poids sur cette épreuve. »

Vice-champion de France de la Montagne
Tout au long de cette saison, les spectateurs présents sur les manches du Championnat de France de la Montagne ont pu assister à une confrontation entre les frères Schmitter. Un duel au terme duquel Christian devance Philippe, et lui succède par la même occasion en tant que Vice-champion de France de la discipline.

Bien évidemment, Christian pourrait regretter d’avoir eu cette année comme adversaire un Pierre Courroye intouchable, contre lequel il était impossible de lutter, et à qui l’on ne pouvait pas contester le titre : « Ce que je retiendrai de cette saison, c’est que nous avons été un certain nombre à être en permanence proches les uns des autres, à nous battre à coup de dixièmes. Après, il est vrai que face à un garçon comme Pierre (Courroye), qui disposait d’une McLaren plus performante et d’un pilotage plus agressif, il était impossible de lutter. A mon avis, si Pierre avait été au départ avec la Porsche 991 de l’an dernier, le Championnat aurait été plus ouvert. Après, je ne prétends pas que quiconque aurait été en mesure de le devancer. »

Christian Schmitter ne coiffe pas la couronne cette année, mais monte avec son frère sur le podium du Championnat : « C’est tout simplement incroyable. Mon objectif était, je le répète, de cerner le fonctionnement de la voiture et de la faire évoluer. Si on m’avait dit que je terminerais deuxième du Championnat, j’aurais signé tout de suite », reconnait-il, ravi du choix de sa nouvelle Porsche : « J’ai pu faire le constat que disposer d’une vraie auto de course permet, avec l’expérience, d’aborder les épreuves plus sereinement. Après j’ai la chance de bénéficier de l’assistance d’une équipe très professionnelle, des conseils avisés de Sébastien Petit et de Romain Dumas, qui est à l’origine du choix de cette voiture. »

Christian tient bien évidemment à remercier Sébastien Petit et Romain Dumas, mais ne veut pas oublier tous ceux qui lui ont permis de vivre une extraordinaire saison : « Je veux en priorité remercier mon épouse, Océane, qui me permet de pratiquer ce sport et d’assouvir cette passion. Un grand merci à toute l’équipe, à Gérard (Petit), à Simon, mon mécano, à toute la famille Petit, à Angelo (Ferretti), et à mon principal partenaire bien évidemment », commente Christian Schmitter. « Un grand merci également aux organisateurs, aux officiels, commissaires et bénévoles, sans qui il n’y aurait pas de compétition. Ils répondent toujours présents, dans des conditions souvent difficiles, il ne faut pas les oublier. »

Considérés comme des gentlemen drivers lorsqu’ils disputaient leurs premières épreuves, les frères Schmitter ont acquis, en l’espace de quelques saisons, un statut de pilote à part entière. Leurs performances, leur approche de la course font d’eux de réels prétendant au titre, ce qui n’est pas pour déplaire à Christian : « Je pense que nous avons progressé durant ces années. Quand je repense à mes débuts avec la Cayman Cup, je suis conscient que de nombreuses étapes ont été franchies. Nous avons travaillé pour ça, suivi les conseils, et si le regard que l’on porte sur nous à changer, et que nos pairs nous considèrent comme leurs égaux, c’est pour nous une belle victoire. »

Au volant de la Porsche 997 GT3 R la saison prochaine
En 2018, c’est au volant de cette même Porsche 997 GT3 R que l’on retrouvera Christian Schmitter : « Il y a certaines choses que j’ai compris sur ma voiture en fin d’année, et que je vais pouvoir mettre en pratique dès le début de la saison prochaine. J’ai tendance à être quelqu’un de prudent, parfois un peu trop, et j’ai pris conscience qu’en modifiant certains curseurs, ça fonctionne mieux. Je me sens vraiment bien au volant de cette auto, je n’ai donc pas l’intention d’en changer. »

Pour ce qui est du programme, il n’est pas encore clairement défini : « Pour être clair, cela dépendra des forces en présence. Si l’on se retrouve dans la même configuration que cette année, dans l’impossibilité d’aller chercher le titre, il n’est pas sûr que nous disputions l’ensemble du Championnat, mais nous tenterons peut-être de nous diversifier un peu plus en prenant part à des manches du Championnat d’Europe. Si par contre on estime avoir nos chances de jouer le titre, nous donnerons la priorité au Championnat de France », conclut Christian Schmitter

Propos recueillis par Bruno Valette

Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Christian Schmitter.


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