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Le premier titre de Champion de France obtenu par Geoffrey Schatz à l’issue de la saison 2019 ne pouvait que l’inciter à partir en quête d’une nouvelle couronne. Au terme de cette saison 2020, à moins de 30 ans, le Bourguignon remporte un second titre consécutif au volant de sa Norma. Une seconde consécration qui lui offre le statut de favori pour une campagne 2021 qui s’annonce âprement disputée.
Entamée en 2019, la collaboration avec Oreca, concepteur du moteur turbo qui propulse la Norma M20 FC de Geoffrey Schatz, apparait des plus fructueuse. Rapidement, la voiture dont dispose le Bourguignon s’est avérée performante, et entre les mains expertes d’un pilote aussi talentueux que Geoffrey, le Proto se présentait comme une arme redoutable.
Mais même si la saison précédente fut couronnée de succès, il n’était pas question de se reposer sur des lauriers durement acquis. Pour préparer au mieux 2020, l’équipe Schatz Compétition avait programmé une série de séances d’essais en vue de faire progresser la Norma. La crise sanitaire allait mettre à mal le calendrier initialement prévu, mais Geoffrey parvenait tout de même à retrouver le volant de sa monture pour plusieurs séances de roulage sur le circuit du Bourbonnais : « C’est un circuit que je connais par cœur, et sur lequel il est pour moi très facile de retrouver rapidement mes repères, même si je n’avais pas eu l’occasion de rouler depuis de nombreux mois », débute Geoffrey.
Une fructueuse collaboration avec Oreca
Un titre n’est pas obligatoirement synonyme de l’exploitation optimale du potentiel d’une voiture. Geoffrey savait qu’il disposait d’une marge de progression : « La voiture est bien née et je bénéficie d’un matériel compétitif. Maintenant, la saison 2019 nous a permis d’engranger de nombreux enseignements, à nous de savoir les exploiter pour faire progresser la voiture » analyse-t-il. « Le moteur restait la partie la plus innovante et méconnue, nous savions disposer d’une mécanique performante et fiable mais qui n’avait pas délivrée tout son potentiel. On sait qu’il reste toujours du travail à faire sur une voiture, et des domaines dans lesquels nous pouvons nous améliorer. »
Champion en titre, Geoffrey Schatz remettait cette année sa couronne en jeu. Même si la quête d’un second titre était un objectif important, c’est vers l’international et la fin de saison que Geoffrey concentrait son regard : « Les FIA Hill Climb Masters devaient avoir lieu au Portugal en fin d’année 2020. Je tenais particulièrement à participer à ce rendez-vous majeur pour notre discipline, et tenter de bien figurer face à l’élite européenne. »
Le déconfinement et une meilleure visibilité de la crise sanitaire permettaient aux instances fédérales, en accord avec les organisateurs et le promoteur du Championnat, d’établir un calendrier de six courses réparties en trois meetings. Une approche nouvelle, radicalement différentes, qui offrait aux concurrents une saison très courte, mais intense. Même si la philosophie de la Course de Côte en était bouleversée, un champion reste un champion, et Geoffrey Schatz voulait appréhender cette courte saison comme les précédentes : « J’abordais la saison dans le même état d’esprit que lors des années précédentes. Nous étions déjà ravis de pouvoir tous nous retrouver, de rouler et de ressentir l’ambiance qui règne sur notre discipline. Pour le reste j’ai essayé de me concentrer au mieux sur ce que l’on avait à faire. »
Deux succès auvergnats pour débuter la saison
Le manque de roulage dû au confinement allait influencer quelque peu l’approche du Mont-Dore : « Pour être honnête, j’ai eu un peu de mal à me remettre dans le bain, mais je sais ne pas être le seul dans ce cas. Même si j’avais eu l’occasion de retrouver certaines sensations lors des essais en circuit, ça n’a rien de commun avec le ressenti que tu peux avoir sur une Course de Côte. »
Le tracé menant au sommet du Col de la Croix Saint-Robert n’offre pas toujours une adhérence homogène sur l’ensemble du parcours, « et là encore le manque de roulage altère la confiance lorsque la voiture à tendance à décrocher », reconnait Geoffrey. « En clair, il était certainement plus délicat d’être aussi incisif que lors des précédentes éditions. »
Les vicissitudes engendrées par la crise sanitaire n’allaient pas empêcher Geoffrey de se présenter en patron sur l’épreuve auvergnate par laquelle débutait cette année la saison. Vainqueur des deux courses, il devançait à deux reprises son premier poursuivant de 3’’5 et 4’’6 : « Tout s’est bien passé pour nous, un week-end sans problème », commente le Bourguignon.
« Nous avions comme objectif d’aller chercher le record détenu par Christian Merli (signé en 2’12’’286 en 2017, ndlr) mais nous n’y sommes pas parvenus » regrette Geoffrey qui enregistrera un meilleur chrono en 2’12’’679. « Après, le fait de faire deux courses sur le même week-end nous oblige à chausser des pneus neufs dès le samedi, et à utiliser ces mêmes pneus le dimanche, alors qu’ils deviennent moins performants au moment où nous sommes le plus compétitifs. En clair tout n’est pas réuni au même moment pour signer la meilleure performance », analyse-t-il. « Ce n’est évidemment pas une excuse, juste un constat pour expliquer la difficulté de battre un record dans ces conditions. Mais je reste satisfait en ce sens que nous avons pu nous jauger face à la concurrence, et savoir où nous en étions par rapport aux autres. »
La Course de Côte de Turckheim sera nettement plus compliquée pour Geoffrey Schatz qui allait rencontrer quelques soucis sur l’épreuve alsacienne. Des soucis qui débutaient dès le coup d’envoi des hostilités : « J’ai cassé un arbre de transmission en me rendant sur la ligne de départ de la séance d’essais du samedi. Je n’ai donc pas pris part à la séance, et je n’ai pu faire qu’une seule montée le samedi », se souvient Geoffrey.
Une montée qui lui permettait de signer un excellent chrono mais qui le laissait circonspect quant au comportement de sa voiture : « Je n’étais pas alors réellement satisfait du châssis. Je savais qu’il allait falloir travailler sur certains réglages, mais la casse de l’arbre de transmission remettait en cause notre programme de travail. »
Samedi soir, on ne chômait pas au sein de l’équipe Schatz Compétition, en vue de préparer la seconde montée de course, reportée au dimanche matin suite au retard pris durant la journée de samedi : « Ca s’est plutôt bien passé puisque je remporte la course », se contente de dire Geoffrey.
Par la suite, chaussé de pneus usagés pour prendre part aux essais de la seconde course, Geoffrey Schatz retrouvait une auto dont le comportement ne le satisfaisait pas : « Nous avons tenté un autre réglage, qui n’a fait qu’empirer les choses. » Le comportement rétif de la voiture allait surprendre Geoffrey qui partait à la faute : « L’auto a décroché dans un secteur que j’abordais aux alentours de 130 km/h. A cette vitesse, nous avons déjà beaucoup de charge aérodynamique et je ne m’attendais pas à cette réaction. »
Le choc contre le rail entrainait la casse de plusieurs pièces composites : « Les dégâts étaient assez importants, le nombre de pièces à changer représentait un budget conséquent, quant au championnat j’étais conscient que je venais de griller là un joker. Sur un championnat aussi court, cela pouvait remettre en question ma quête du titre. La situation n’était pas catastrophique puisqu’à ce stade je comptais tout de même trois victoires, mais je n’avais plus de joker. »
Le laps de temps entre Turckheim et la Course de Côte de Bagnols-Sabran était mis à profit pour réparer la Norma en vue de se rendre dans le Gard pour disputer la manche de clôture de la saison : « Nous avons eu la chance d’être particulièrement bien aidé par un partenaire local, Mâcon Pièces Auto, ce qui nous a permis de remettre la voiture sur pied. »
A l’heure de se rendre à Bagnols-Sabran Geoffrey Schatz n’occupait plus les commandes du Championnat. Rien d’alarmant pour un champion qui sait gérer parfaitement ce genre de situation, et qui ne se mettait donc pas de pression supplémentaire : « Si pression il y avait, elle provenait des caprices de la météo qui nous obligeait à être particulièrement attentifs sur les choix à faire, en gardant à l’esprit que je n’avais plus aucun droit à l’erreur. Et quand on connait de tracé de Bagnols, dans des conditions incertaines, ça peut rapidement devenir ’’touchy’’. »
Geoffrey était également conscient qu’en cette fin de saison la concurrence montait en puissance, ce qui se confirmera samedi soir par la toute première victoire sur le Championnat de France de la Montagne de Fabien Bourgeon : « On connait tous les talents de pilotes et de concepteur de Fabien, on savait donc qu’il serait à plus ou moins long terme un adversaire de poids. Ce qui nous a impressionné c’est la vitesse avec laquelle il est venu jouer les premiers rôles, et sur une épreuve où les conditions n’étaient pas idéales. »
Deuxième de la course disputée samedi, Geoffrey Schatz concluait la saison par une victoire en remportant dimanche la dernière course de la saison : « Samedi soir nous étions déjà plus sereins, nous avions calculé qu’en terminant sur le podium dimanche, nous remportions le titre. Mais je suis heureux de terminer la saison avec panache, en remportant l’ultime confrontation, à l’issue d’un week-end compliqué durant lequel il a fallu faire attention sur les montées humides. »
Second titre de Champion de France
Titré Champion de France de la Montagne pour la seconde saison consécutive, Geoffrey Schatz reconnait que si cette campagne 2020 fut courte, elle ne fut pas exempte de difficultés : « Il est vrai que ce fut une saison spécifique, mais qui nous a obligé, suite aux problèmes rencontrés à Turckheim, à nous remettre en question. Nous avons su rebondir, et j’ai eu la chance d’avoir le soutien de partenaires sans qui rien de tout ça n’aurait été possible. Les déboires que nous pouvons rencontrer nous rappellent à quel point nous sommes dépendants de nos soutiens. Je les remercie d’être à mes côtés et je partage avec eux ce titre obtenu au terme d’une belle saison. »
Geoffrey remercie donc comme il se doit l’ensemble de ses partenaires : « Un grand merci à Oreca, Avon Racing Sodipneu, Nova Proto, Mâcon Pièces Auto, Circuit du Bourbonnais, Delaye, SMCR, Rouge Fusion, Le magasin des pilotes, Azé Technic Auto, Shop Racing, TDSP, P1, ALPM, De Pinho Atelier Mécanique. »
Cette courte saison aura également permis au Team Schatz Compétition de tirer de nombreux enseignements qui seront mis à profit l’année prochaine et qui permettront de savoir dans quelle direction travailler. La saison 2021 devrait donc être une nouvelle fois consacrée au Championnat de France de la Montagne, Geoffrey remettra en effet son titre en jeu : « Nous allons partir avec un nouvelle auto sortie des ateliers de Nova Proto, et qui bénéficiera de la même motorisation 1750 cm3 turbocompressée. Côté calendrier, il sera axé sur le Championnat de France avec en point de mire les FIA Hill Clim Masters qui auront lieu en fin de saison. »
Geoffrey Schatz s’élancera donc en quête d’un troisième titre consécutif en sachant que la concurrence l’an prochain devrait être encore plus relevée : « C’est une excellente chose, le fait que le groupe E2-SC s’étoffe ne peut être que bénéfique pour le championnat et sa médiatisation. La concurrence nous stimule, elle nous tire vers le haut et nous permet de réaliser des prouesses que nous n’irions pas chercher sans cette adversité », conclut Geoffrey.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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