En s’engageant cette année sur le Championnat de France de la Montagne au volant d’une Osella 3 litres, Cédric Lansard avait comme seule prétention que d’assouvir un rêve d’enfant. Le Haut-Savoyard, qui l’an dernier avait découvert les épreuves inscrites au calendrier de la seconde partie de saison, a poursuivi sa campagne de France. Au final, il termine au 13ème rang du Championnat, mais surtout a pris énormément de plaisir, ce qui était son objectif premier.
Même s’il a fait ses débuts en Sport Automobile sur le tard, Dominique Lansard, le père de Cédric, a tôt fait d’impliquer son fiston dans la course. C’est en effet en qualité de copilote de son père que, dès l’âge de 16 ans, le jeune Haut-Savoyard officiait : « Je suis né dans l’environnement du sport automobile », se plait à rappeler Cédric. « Il était pour moi tout à fait naturel de m’installer dans l’habitacle d’une voiture de course. »
C’est donc dans le baquet de copilote que Cédric vivait sa première expérience de licencié de la FFSA : « Avec mon père nous engagions notre Peugeot 205 sur les rallyes régionaux. Par la suite, dès que j’ai eu le permis, je me suis installé derrière le volant. » Pour ses débuts, c’est vers la Course de Côte, discipline moins onéreuse que le rallye, que se tournait Cédric : « Mais ma préférence allait alors vers le rallye et finalement je n’ai fait que quelques épreuves avec la Peugeot, avant de la vendre pour faire l’acquisition d’une Renault 5 GT Turbo. »
Cédric roulait alors en régional, et commençait à acquérir une bonne expérience de la course, avant que ses obligations professionnelles ne l’obligent à mettre la compétition entre parenthèses : « Au même moment j’ai dû m’investir plus intensément dans le travail tout en faisant construire ma maison, et comme tout amateur, la priorité n’était plus à la course. »
Le Championnat de France des Rallyes en Clio
Mais l’appel de la compétition se faisait rapidement ressentir, et c’est au volant d’une Clio Ragnotti groupe N que Cédric Lansard se tournait vers le Championnat de France des Rallyes : « J’avais envie de découvrir de belles épreuves, qui offrent un parcours long, ce qui permet d’engranger des kilomètres et donc de l’expérience. Mais ce ne fut pas réellement concluant car j’ai été victime de casses mécaniques et que je n’avais pas toujours le budget pour rouler dans les meilleures conditions. Mais nous étions avant tout là pour nous amuser, et à ce titre c’était plutôt réussi », confie Cédric qui a eu l’occasion de disputer le Trophée Michelin et d’accrocher quelques bons résultats.
L’aventure Clio Ragnotti durera de 2006 à 2008 avant que Cédric ne se sépare de sa Renault. Allait s’en suivre une longue interruption, avant qu’en 2017, il ne décide de reprendre casque et gants pour cette fois venir animer les Courses de Côte : « J’avais envie de rouler à nouveau, et l’opportunité s’est présentée de racheter l’Osella de Benjamin Vielmi. J’ai sauté sur l’occasion… »
Pour Cédric, rouler en proto et l’accomplissement d’un rêve de gosse. Il décidait alors d’assouvir par la même occasion un autre rêve, celui de prendre part au Championnat. En 2018, il sera donc au départ des manches de seconde partie de saison, avant de s’engager officiellement cette année : « Depuis que j’ai goûté au Championnat de France des Rallyes, je sais qu’il est nettement plus intéressant de s’engager sur un Championnat. Ça offre l’opportunité de rouler sur des épreuves plus longues, des tracés variés. En fait, les jeunes sont souvent mal conseillés et n’osent souvent pas prendre part à un Championnat, estimant que c’est réservé à une élite. C’est un tort car cela permet de progresser beaucoup plus rapidement. Et par expérience, je sais aujourd’hui que quand tu as eu l’occasion de disputer de grosses épreuves, tu ne reviens pas en arrière. »
Le plaisir comme seul objectif
Au départ de cette saison 2019, Cédric Lansard savait qu’il allait devoir découvrir les parcours des épreuves de première moitié de saison. Un challenge qu’il souhaitait relever sans aucune pression, avant de tenter d’augmenter le rythme par la suite : « Mon objectif était de faire évoluer mes chronos de l’an dernier, sur les épreuves que j’avais disputées en seconde partie de saison. »
Pour un ancien rallyman, le tracé atypique de Bagnols-Sabran ne créait pas de problème particulier, et Cédric Lansard était rapidement à son aise sur l’épreuve gardoise : « C’est une très jolie course, et l’arrivée, à l’approche des paddocks, a quelque chose de particulier. C’est un sentiment à part que de plonger vers la ligne d’arrivée, devant les spectateurs massés là, et devant la famille et les amis qui vous ont accompagné. C’est un ressenti particulier que j’ai trouvé magique. J’ai vraiment apprécié cette première course, même si le tracé n’est pas le plus facile avec un Proto 3 litres. »
Sur le Col Saint-Pierre, Cédric découvrait une des épreuves les plus difficiles de la saison : « C’est un tracé très technique, long et compliqué à assimiler. Beaucoup de virages se ressemblent ce qui ne facilite pas la mémorisation. Mais c’est une course magnifique sur laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir », confie Cédric qui repartait de Saint-Jean-du-Gard avec en poche une victoire de classe.
Pour la première fois, Cédric Lansard allait devoir composer avec la pluie sur la Course de Côte d’Abreschviller. Pas évident lorsque comme lui on découvre le tracé lorrain : « Je disposais d’un bon équilibre et la course est plutôt sympa. J’en garde donc un très bon souvenir. » Un bon souvenir et une nouvelle victoire de classe à son actif…
Absent sur les épreuves de l’Ouest, Cédric Lansard retrouvait à Marchampt un tracé qu’il avait eu l’occasion d’affronter l’année dernière. Et tout au long du week-end, il n’allait pas manquer de faire progresser ses chronos : « C’est une belle course, vraiment bien organisée, sur laquelle j’ai nettement amélioré mes temps », confie Cédric qui là encore termine en tête de sa classe.
La progression vue à Marchampt se confirmait à Vuillafans, où Cédric s’imposait à nouveau dans sa classe en plaçant son Osella au onzième rang : « Le tracé, avec notamment le passage de la parabolique, est magnifique. C’est super rapide, avec des passages à plusieurs endroits à plus de 200 km/h. De quoi te faire plaisir. J’ai encore à apprendre, c’est clair, mais j’avais largement de quoi me faire plaisir. »
La Broque, un accroc à sa saison
A l’issue de l’épreuve Franc-Comtoise, Cédric Lansard décidait de faire une infidélité au Championnat et d’engager son Osella sur la Course de Côte de La Broque. Malheureusement, ce rendez-vous alsacien allait lui laisser de très mauvais souvenirs : « Je suis sorti, et je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi. Il y avait sur le parcours une portion de goudron neuf sur lequel je perds l’adhérence. Mais je n’étais pas hyper vite et la sortie est difficilement compréhensible. » Capot cassé, ensemble des triangles endommagés et quelques pièces qui ont également souffert, les dégâts étaient assez importants et nécessitaient une réparation qui ne pouvait se faire dans un laps de temps très court. Mais plus gênant pour Cédric, cette sortie le stoppait dans son élan, et aura des répercussions sur la suite de sa saison.
Cédric prenait en charge la réparation de la carrosserie et Osella lui fournissait les pièces manquantes pour qu’il puisse se relancer rapidement. Mais le Proto n’était pas en état de rouler à l’heure de se présenter sur les épreuves auvergnates : « J’ai donc fait l’impasse sur Dunières, mais je voulais être au Mont-Dore, histoire de ne pas perdre le rythme. Je me suis donc engagé au volant de la Peugeot 205 F2000 de mon père. La voiture affichait des problèmes de tenue de route, et mon père tenait à ce que je roule avec pour mieux les cerner. Ça n’a pas été évident sur le mouillé, avant que l’on ne se rende compte qu’il y avait un amortisseur très fatigué. »
A Chamrousse, Cédric Lansard retrouvait le volant de son Osella PA20 S, mais l’approche de l’épreuve iséroise sera plus compliquée que prévu : « On était parvenu à tout remonter, et j’ai démarré sur un rythme prudent afin de voir que tout fonctionnait. Le comportement était bon, les sensations aussi, mais j’étais arrêté, je n’arrivais pas à rentrer dedans. Après une sortie, il faut toujours un temps d’adaptation, mais là je n’y arrivais pas », reconnait humblement Cédric.
Le profil de l’épreuve de Turckheim ne permettait pas à Cédric de retrouver la confiance : « J’étais encore marqué par la sortie de route, et cette année à Turckheim, on retrouvait des portions de goudron neuf, similaire à celui sur lequel j’étais sorti à La Broque, épreuve voisine. Ça ne pouvait guère me rassurer et m’inciter à me lâcher. J’avais une grosse appréhension, mais je suis parvenu à me libérer en fin de week-end, ce qui était rassurant. »
Son rythme initial, Cédric Lansard parviendra à le retrouver à Limonest où, pour conclure la saison, il signait une ultime victoire de classe : « C’est une course pas évidente car il n’y a pas de grip à l’avant et que l’on a toujours la sensation que la voiture veut vous échapper. Mais dans l’ensemble tout s’est bien passé. Je suis avant tout content d’avoir retrouvé de très bonnes sensations au volant. »
Un rêve devenu réalité !
C’est un bilan très positif que dégage Cédric Lansard de sa première participation sur le Championnat de France de la Montagne. Car si sa saison a été marquée par une sortie de route à La Broque, hors Championnat, elle lui a également permis de découvrir de magnifiques tracés : « J’ai pris énormément de plaisir, ce qui était le but au départ. Je signe de bons chronos, même si je sais pouvoir faire mieux, mais pour cela il faut travailler et donc disposer de temps. Mais l’expérience est réellement concluante et j’imagine que de nombreux pilotes aimeraient être à ma place et pouvoir découvrir le Championnat au volant d’un Proto 3 litres. Je voulais assouvir un rêve… C’est fait ! »
Mais Cédric n’a pas rêvé tout seul, ils étaient nombreux à l’accompagner dans cette aventure, et à l’heure de tourner la page de cette saison 2019, le Haut Savoyard veut les remercier : « Un grand merci à l’ensemble de mes partenaires qui se reconnaitront. Merci également à ma famille, à mon père, à Barbara ma compagne, et à tous les amis qui sont à nos côtés et qui nous apportent une aide et un soutien très important. »
Pour ce qui est de l’avenir, Cédric ne sait pas encore de quoi il sera fait : « J’ai bien évidemment envie de me relancer pour une nouvelle saison, mais je ne sais pas avec quoi. L’Osella est une excellente voiture, mais je ne peux à son volant rouler que sur le Championnat, puisqu’un Proto 3 litres n’est pas accepté sur les épreuves régionales. A mon sens, la FFSA devrait se pencher sur la question, car en ouvrant pas la classe CN/3 aux épreuves régionales, la catégorie pourrait être amenée à disparaitre. Je reste persuadé qu’aujourd’hui, un pilote qui hésite à rouler en CN/3 serait plus enclin de le faire s’il savait avoir la possibilité de disputer en plus du Championnat des Courses de Côtes régionales. Je lance un appel, en espérant être entendu », commente Cédric. « Sinon, il est évident que j’aimerai repartir l’an prochain, avec un calendrier constitué, selon les budgets, de courses du Championnat. Ça se fera certainement avec l’Osella, mais ce n’est pas encore sûr à 100 %, car j’aimerai bien rouler avec une auto disposant de dernières évolutions, notamment les palettes au volant » conclut-il.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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