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En 50 ans de compétition automobile, Michel Bineau s’est partagé entre Rallyes et Courses de Côte. Pour cette saison 2019, il décidait de défier au volant de sa Nissan Almera, les Clio Cup qui animent le Challenge Open A/3. Et malgré un programme réduit à sa plus stricte expression, il parvient au final à se hisser sur le podium.
Même s’il ne sait pas réellement d’où lui vient sa passion pour le sport automobile, Michel Bineau présume que son adolescence passée à travailler dans un garage automobile est en partie responsable de son attrait pour les belles mécaniques. Au sein de la cellule familiale, ni ses parents, ni ses frères et sœurs n’avaient une quelconque attirance pour le Sport Automobile, c’est donc seul que Michel s’est découvert une passion qui allait faire partie intégrante de sa vie.
Au sein du garage où, dès l’âge de 14 ans, il découvrait la mécanique, Michel se voyait offrir l’opportunité de s’installer derrière un volant : « On me demandait alors de déplacer les voitures, de les garer », se souvient-il. « Je pense que c’est ce qui m’a donné l’envie de m’intéresser de plus près au Sport Automobile. Et puis je gardais ce souvenir d’enfance d’un père qui m’installait sur ses genoux, et qui alors qu’il tenait les pédales me permettait de tenir le volant. »
Mais avant même de prendre le volant d’une voiture de course, Michel Bineau intégrait ses premières notions de trajectoires, de vitesses et de compétition en enfourchant une bicyclette : « Après avoir joué au football étant gamin, je me suis tourné vers le vélo et j’ai pris part pendant 2 ans à des compétitions régionales dans ma Touraine natale. »
Les débuts dans les années 60
Après avoir rempli ses obligations militaires, Michel Bineau disputait ses premières compétition : « En fait, ma première course sera un rallye touristique auquel j’ai pris part au volant d’une Renault Floride. Par la suite, j’ai eu une Matra Djet avec laquelle j’ai couru quelques épreuves régionales. Ça ressemblait alors à de la compétition, mais il faut garder à l’esprit que nous n’avions alors ni arceaux, ni ceinture. C’était surtout du routier, à la carte, avec deux ou trois spéciales maximum », précise Michel en évoquant ce qu’était le sport auto dans les années 60.
Les choses devenaient plus sérieuses pour Michel lorsqu’il s’engageait dans la Coupe Renault 8 Gordini disputée en circuit : « C’était en 1967 et j’ai disputé quelques épreuves avant que je finisse sur le toit. » L’expérience circuit tournera court alors que Michel découvrait le rallye tel qu’on le connait aujourd’hui, et qu’il tombait sous le charme de la discipline : « C’était à mon sens plus attrayant, d’une part parce que l’on roulait à deux, mais également parce que ça me correspondait plus. »
Les débuts en rallye se faisaient au volant de la Renault 8 Gordini, qui en 1971 laissait place à une Alpine A110 Groupe 3. Mais l’année suivante, Michel Bineau ouvrait un magasin d’accessoires auto et faisait une pause de 2 ans dans sa carrière sportive. Le retour se fera au volant d’une Rallye II préparée par Michel Enjolras, avec laquelle il terminait une année quatrième de la Coupe de France du Simca Racing Team (SRT) : « Ensuite, durant une saison j’ai couru avec une Detomaso Pantera qui ne me convenait pas du tout en rallye. Mais j’ai tout de même eu le privilège d’évoluer sur le grand circuit du Mans, à l’occasion de ce qui était alors les 2 Heures du Mans. Avec la Detomaso on parvenait en vitesse de pointe à atteindre les 300 km/h, la chicane n’existant pas encore, ce qui offrait une sensation relativement impressionnante. »
Mais pour poursuivre sa carrière en rallye, Michel Bineau s’installait par la suite dans l’habitacle d’une Porsche Carrera S 2,4 litres : « J’ai fait une saison avec, ce qui m’a donné l’occasion de disputer le Tour de France Automobile. L’expérience s’est terminée par une sortie de route sur le circuit d’Albi, après avoir été heurté par un autre concurrent. »
Michel Bineau décidait alors de préparer deux Sunbeam Lotus, une avec laquelle il allait pouvoir courir et l’autre qu’il confiait aux mains expertes de Jean-Pierre Rouget. « J’ai évolué au volant de cette voiture durant trois ou quatre saisons avant de faire courir la toute première BMW M3 au monde », lâche-t-il dans un large sourire. « En fait, BMW Rouen voulait faire courir une voiture, et ils m’ont demandé si je connaissais quelqu’un. Je leur ai parlé de Jean-Pierre Rouget, pilote talentueux s’il en est. Mais la préparation de la voiture a pris du retard, et Jean-Pierre s’est impatienté et a décidé de passer à autre chose. J’ai donc proposé à BMW Rouen de la piloter moi-même. Elle a été livrée 15 jours avant le Rallye de la Côte Fleurie qui se déroulait fin février. La voiture devait être homologuée le 1er mars et j’ai demandé une dérogation à la FFSA pour pouvoir prendre le départ de l’épreuve le 28 février, alors que l’arrivée était jugée le 1er mars, et ça a été accepté. Je peux donc dire que j’ai été le tout premier à faire rouler une M3…»
L’auto initialement d’origine évoluera par la suite, et si la première année Michel Bineau évoluait en Groupe N, elle passera ensuite en Groupe A : « Côté mécanique, j’avais une maxi Groupe A, mais côté suspensions, ce n’était pas du tout ça et je n’ai jamais pu disposer de suspensions de course. »
La fidélité à Nissan
Après quatre ans passés au volant de la M3, Michel Bineau se tournait vers un copain qui gérait la concession Nissan de Rouen : « Le constructeur sortait alors la Nissan Sunny GTI-R en quatre roues motrices 2 litres turbo, ce qui se présentait comme une auto compétitive, et c’était franchement une voiture exceptionnelle. Malheureusement, elle évacuait mal la chaleur au niveau de l’admission, et au bout de 8 kilomètres elle perdait énormément de puissance. Elle avait un autre gros défaut, c’est qu’elle disposait de roues en 14 pouces et que Michelin a rapidement arrêté de produire des pneus adaptés. J’ai roulé avec des pneus de Peugeot 106, mais c’était très délicat. Malgré tout j’ai enchainé les victoires en Groupe N en Course de Côte. »
La collaboration avec Nissan Rouen allait se poursuivre avec la construction d’une première Almera Groupe A à voies étroites : « Je l’ai gardé trois ans avant d’acheter une Nissan Almera Kit-Car ex-usine avec laquelle avait couru Mark Higgins, et par la suite une pilote italienne qui avait remporté à deux reprises son Championnat national en rallye. » Michel conservera cette voiture durant quatre saisons avant d’acheter une autre Nissan d’usine plus performante qui est à son sens une véritable auto de course.
En 2008, Michel Bineau prenait sa retraite, et décidait alors de concentrer ses efforts uniquement sur la Course de Côte. Avec sa Nissan Almera, il allait animer les épreuves régionales et les manches du championnat : « Le jour où j’ai pris ma retraite, je me suis dit que j’arrêtais de courir, mais la passion a été plus forte, et quelques mois après je m’attaquais aux Course de Côtes, discipline nettement moins onéreuse que le rallye. »
De nombreuses victoires de groupe et de classe viendront alors enrichir le palmarès de Michel Bineau qui, depuis lors a toujours décroché sa qualification pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne : « Je n’ai loupé que celle de Quillan parce que j’ai eu une panne de moteur juste avant l’épreuve. Lors des Finales, j’ai souvent terminé deuxième ou troisième de ma classe et je me suis imposé à Urcy en 2018. »
Objectif le Challenge Open A/3
Pour cette saison 2019, Michel Bineau s’était avant tout fixé comme objectif de décrocher son ticket sur la Finale, mais espérait bien briller également sur le Championnat : « Je me suis engagé en Open, sur un programme de six manches, avec l’ambition de remporter le Challenge. Mais j’ai commis l’erreur de ne pas lire correctement le règlement, ce qui m’aurait poussé à disputer deux manches supplémentaires pour accroitre mes chances. En clair il vaut mieux en faire 10 pour disposer de jokers. »
Cette année encore, Michel Bineau s’est partagé entre Championnat de France et épreuves régionales, c’est d’ailleurs sur une épreuve régionale qu’il débutait la saison, celle de Thèreval – Agneaux où il terminait deuxième du Production derrière la Scora de Geoffray Carcreff et premier du Groupe A : « Ça a très bien marché et je suis content du résultat qui me permet d’engranger de précieux points pour la qualification à la Finale. »
Michel Bineau allait retrouver le tracé de Thèreval – Agneaux pour sa première épreuve inscrite à son calendrier du Championnat. Impossible pour lui de contester la victoire de groupe aux Supercopa, mais le pilote de Bouville remportait la classe A/3 : « Le plateau n’était pas très garni », reconnait-il humblement. « Mais une victoire fait toujours plaisir et c’est rassurant pour débuter la saison. »
A La Pommeraye Michel Bineau se retrouvait confronté à Elie Théophile qui, au cumul des deux meilleures montées, le devance de quatre dixièmes : « On ne peut pas toujours gagner », plaisante Michel. « Mais nous nous sommes donné rendez-vous sur les prochaines épreuves où j’avais la ferme intention de prendre ma revanche. »
Saint Gouëno aurait pu être le théâtre d’une nouvelle confrontation entre les deux pilotes, mais malheureusement un problème mécanique contraignait Michel Bineau à l’abandon : « J’ai un souci récurrent avec un arbre à cames d’échappement qui est usé et qui fait casser les culbuteurs. Le problème majeur vient qu’il devient difficile de trouver des pièces pour l’Almera. Il va falloir que je refasse le haut moteur. »
Cette panne obligeait Michel à faire l’impasse sur Marchampt et c’est donc à Vuillafans que l’on retrouvait la Nissan Almera : « Sur la première montée de course, je termine en tête avec sept dixièmes d’avance sur Stéphane Martinet que je rencontrais pour la première fois. Il est venu me voir et m’a dit ’’bon ben maintenant on est fixé, on sait que tu seras devant’’. Je lui ai répondu que non car j’avais des pneus qui ne tiendraient pas un parcours aussi long sous une telle chaleur. Et ce fut le cas puisque par la suite les Clio me passent devant, même si j’ai trouvé la technique pour refroidir les pneus en les plongeant dans la rivière entre deux montées. »
Michel Bineau comptera parmi ceux qui furent pénalisé au Mont-Dore par les conditions météorologiques, et c’est à la 16ème place de sa classe qu’on le retrouvait à l’arrivée : « Je ne peux pas incriminer uniquement la météo, je n’étais pas dedans, je ne suis jamais parvenu à faire un bon chrono. J'ai également fait une touchette dans le droite avant la passerelle ce qui a déréglé le train avant. C’est un week-end à oublier. »
A Chamrousse, Michel aura raison des Clio Cup puisque c’est lui qui arrache la victoire en A/3 devant Stéphane Martinet et Philibert Michy : « Je découvrais cette année Chamrousse et je suis super content d’être parvenu à m’imposer. Je n’ai pas pu reconnaitre à cause du brouillard et j’ai vraiment limité les recos. Ce n’était pas évident de trouver mes repères car il n’y a rien qui ressemble plus à un virage avec des sapins qu’un autre virage avec des sapins », confie-t-il dans un éclat de rire. « Mais ça a parfaitement fonctionné sur une épreuve rapide qui me convient autant à moi qu’à la Nissan Kit-Car. »
La saison sur le Championnat de Michel Bineau connaissait sa conclusion à Limonest où il se présentait avec des pneus qui manquaient de fraicheur : « Je disposais de gommes neuves pour la Finale mais je n’ai pas voulu les utiliser à Limonest, et avec mes ’’vieilles chaussettes’’, je ne pouvais pas faire grand-chose. Mais il n’y avait pas d’enjeu, donc ce n’est pas très grave. »
Sur la Finale, Michel Bineau se retrouvait à nouveau confronté à une meute de Clio Cup, et il parvenait à accrocher la deuxième place derrière celle de Julien Paget : « Je l’avais devancé l’année précédente à Urcy, et je pensais refaire de même. Mais il a sorti le grand jeu et il s’impose. »
Sur le podium du Challenge Open A/3
A l’heure de faire les comptes, Michel Bineau, qui au final n’enregistre que six résultats sur le Championnat, termine tout de même troisième du Challenge Open A/3 : « Même si j’avais pris part à huit épreuves, je ne suis pas persuadé que j’aurais devancé Stéphane Martinet qui non seulement à la jeunesse pour lui, mais qui est de plus un pilote très rapide », reconnait-il. « J’ai connu des pannes mécaniques dont je n’ai rien à regretter. Je suis parvenu à tenir la dragée haute à un garçon très rapide comme Stéphane Martinet et à un jeune espoir comme Elie Théophile, c’est réconfortant... »
Pour 2020, Michel Bineau devrait à nouveau se partager entre Championnat et épreuves régionales : « Pour l’heure j’ai juste rajouté Turckheim à mon calendrier, sinon le programme sera sensiblement le même avec en plus une participation à Onasbrück où je suis invité. Ça va m’obliger à faire l’impasse sur le Mont-Dore, mais c’est une nouvelle expérience qui m’attire. »
Avant de tourner définitivement la page de cette saison 2019, Michel Bineau veut remercier ceux qui l’ont accompagné sur cette campagne de France : « Avant tout je veux dire un grand merci à Patrick Dupont, le père de Sébastien, qui avec son épouse Véronique sont venus me faire l’assistance à Vuillafans où j’étais seul, et sans eux j’aurais été dans une galère totale. Patrick a assuré l’assistance comme il l’aurait fait pour Sébastien, et je tiens à l’en remercier. Merci également à Thierry Dupont – le père de Julien – et à Jimmy son carrossier qui s’occupe de la peinture de ma voiture, et bien évidemment à Nissan Rouen, mon principal partenaire », conclut Michel Bineau.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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