Le concepteur du TracKing remporte le Challenge Open CM

Lors de la saison 2016, Fabien Bourgeon n’a participé qu’à deux courses dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. Des participations qui se sont soldées par deux victoires à Marchampt et au Mont-Dore. Et si pour son grand retour sur le Championnat cette année, Fabien était victime d’une violente sortie de route, la suite de sa saison sera faite de successions de victoires, qui lui permettent de remporter le Challenge Open CM.

La montagne, un héritage à assumer
Durant près d’une décennie, c’est au volant d’un karting que le jeune Fabien Bourgeon assouvissait sa passion de la vitesse. Une passion familiale puisque Dan, son père, s’est illustré durant de nombreuses saisons en étant un animateur régulier du Championnat de France de la Montagne. 17 ans de carrière, à l’issue de laquelle Dan vendait son Opel Astra DTM pour se consacrer à la carrière naissante de son fils.

Un père vigilant qui, en parallèle des épreuves de Karting disputées par son fiston, suivait de près l’évolution des Formules France et autres protos à moteur de moto. C’est en portant un intérêt certain pour ces monoplaces, que venait à Dan l’idée de concevoir son propre Proto. La gestation du projet sera rapide, et le TracKing RC01 voyait le jour.

Dans le même temps, à 23 ans, Fabien répondait à son tour à l’appel de la Montagne. Dans la logique des choses, c’est au volant du Proto CM élaboré conjointement avec son père, qu’il allait prendre part au Championnat 2014. Une première saison synonyme de réussite pour le jeune bressan, qui terminait en tête des CM au Championnat et sur la Finale de la Coupe de France.

La domination de Fabien allait créer un véritable engouement autour du proto, à tel point que les commandes affluaient, et que Fabien devait se consacrer à la construction de nouveaux modèles, au détriment de ses participations. En 2015, il devait se contenter de trois participations au championnat, et ne sera au départ que de deux manches la saison suivante : « Nous avons effectivement peu roulé car nous avions comme priorité d’honorer les commandes, se faire plaisir au volant passait en second plan », explique Fabien. « Nous étions au départ de Marchampt en Beaujolais et du Mont-Dore, et pour le reste nous avons participé à des épreuves à l’étranger afin de mieux faire connaitre le TracKing hors de nos frontières. »

Pari réussi puisqu’à ce jour vingt-cinq TracKing ont trouvé acquéreurs : « Nos voitures ont été vendues principalement en France, mais également en Suisse et en Autriche. Une de nos voitures évolue aujourd’hui en Californie, une autre en Martinique, ce qui est intéressant puisque la Martinique compte une dizaine d’épreuves, sur un Championnat qui est assez relevé. »

Le proto conçu par Dan et Fabien Bourgeon est en constante évolution : « Cette année nous lui avons offert une nouvelle gestion moteur, et bien évidemment nous mettons à disposition des propriétaires de TracKing la coque en trois parties. Cela permet à ceux qui ont été parmi les premiers à se porter acquéreur du TracKing de pouvoir aujourd’hui bénéficier de cette évolution. Tous les Protos conçus en 2017 sont identiques et disposent des mêmes moteurs, de la coque trois parties et du nouveau dashboard. On s’attelle vraiment à proposer des autos identiques, conformes, afin que tous ceux qui évoluent avec les TracKing se battent à armes égales. »

En 2017 est apparue la coque « look BMW » qui complète la gamme : « Elle a vraiment eu un franc succès puisque 80% des commandes 2017 vont vers cette identification. Mais les coques « look Audi » et « look Mercedes » sont bien évidemment disponibles en trois parties, et l’on peut passer de l’une à l’autre sans problème, les blocs avant étant tous adaptables sur la partie centrale. Nous sommes partis du principe que tous ceux qui possèdent une coque monobloc peuvent, s’ils le désirent, opter pour la coque trois parties sans apporter de modifications au châssis. »

Objectif le Challenge Open CM
Alors que l’engouement pour le TracKing ne se démentait pas, Fabien décidait pour cette saison 2017 d’être au départ de six épreuves du Championnat dans le cadre d’un Challenge Open : « L’objectif était bien évidemment de remporter le Challenge, mais également d’être au départ d’épreuves que je n’avais jamais eu l’occasion de disputer, notamment Abreschviller ou Saint Gouëno. En parallèle, on voulait prendre part à des manches européennes et tenter de mettre à nouveau le TracKing en valeur à l’étranger. »

Malheureusement, le programme de Fabien allait être bouleversé par une violente sortie de route sur la manche d’ouverture du Championnat, à Bagnols-Sabran. Héliporté à l’hôpital de Montpellier, Fabien souffrait de fractures d’une vertèbre, d’une clavicule et de six côtes. A ce stade, la suite de sa saison semblait bien compromise : « C’était très dur, mais l’envie de reprendre le volant a été un moteur, et m’a permis de garder intacte ma motivation et de me remettre sur pied rapidement. Je n’ai jamais perdu confiance, ni en moi ni en la voiture. L’accident fut le fruit du hasard, la malchance, il ne remettait pas en cause la conception du TracKing, bien au contraire, puisque sa robustesse et le fait qu’il ait aussi bien absorbé le choc m’ont permis de m’en sortir à moindre mal. Je suis passé de 150 km/h à zéro en l’espace de trois mètres. Fort heureusement pour moi, la voiture s’est déformée sous le choc, comme nous l’avions prévu, et m’a permis d’encaisser la décélération. Tous les éléments de sécurité que nous avons impérativement voulu installer sur le TracKing ont parfaitement joué leurs rôles. »

Retour en fanfare !
Il ne faudra que deux mois et trois semaines pour que Fabien Bourgeon soit à nouveau derrière le volant d’un TracKing. On retrouvait en effet le pilote de l’Ain au départ de la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, où il s’imposait en CM : « Ce fut dur… Je n’ai pas voulu remonter dans la voiture pour faire des essais avant cette épreuve dans le Beaujolais. En fait, je craignais de ressentir des douleurs en roulant, et je ne voulais pas savoir avant de m’élancer sur une course, si j’avais encore mon feeling. Dans mon esprit il fallait que je reparte directement sur une épreuve », explique Fabien. « J’étais serein jusqu’au moment où je me suis installé dans l’auto. Mais j’avoue que sur la première montée, moralement c’était très dur, et parvenir en haut fut émotionnellement très fort. A chaque virage, je me disais qu’il fallait que ça se passe bien, qu’il ne fallait pas que ça recommence. Quand tu roules dans cet état d’esprit, tu ne peux bien évidemment pas te lâcher. Je n’étais pas encore remis à 100%, et loin d’être totalement libéré. »

Après ce succès chargé en émotion, Fabien Bourgeon prenait part à la Course de Côte de Dunières, où sa 17ème place au scratch était à nouveau assortie d’une victoire en CM : « C’est une course toujours difficile à appréhender. Avec Yves Tholy nous nous sommes livrés à un beau combat. J’étais venu avec comme seul objectif de marquer des points pour rattraper mon retard sur Jérôme Collias et Cyrille Chupin dans le cadre du Challenge Open, et au final je m’impose. Donc pour moi tout s’est parfaitement passé. »

C’est un Fabien Bourgeon nettement plus à son affaire que l’on retrouvait au départ du Mont-Dore où, cette fois, c’est avec plus d’une seconde et demie d’avance qu’il s’impose devant Yves Tholy : « Nous débutions notre partenariat avec Michelin, et nous avons pu démontrer qu’avec les pneus que l’on retrouve habituellement sur les F3, nous pouvions être compétitifs. Jusqu’alors, personne n’avait roulé avec des pneus en carcasse radiale en CM. Ce sont des pneus beaucoup plus rigides, qui pardonnent nettement moins les erreurs. Mais ça a payé d’entrée de jeu puisque nous battons le record détenu depuis 2014 par Javier Villa, pilote de renommée internationale. On ne pouvait rêver de mieux pour débuter une collaboration avec Michelin. »

A Chamrousse, Fabien Bourgeon, son père et tous les membres du team allaient vivre un moment particulier. Sur l’épreuve iséroise où le pilote de l’Ain signe un nouveau succès, ce sont quatre TracKing qui occupent les quatre premières places, puisque derrière Fabien on retrouvait Xavier Vair, Nicolas Dumond et Gilles Depierre : « Je n’étais pas revenu à Chamrousse depuis 2014 et c’est vraiment un tracé fabuleux. J’ai eu du mal avec les pneus Michelin tout le week-end (feeling global des pilotes Michelin ce week-end-là...), et si Nico Dumond n’avait pas commis une petite erreur sur sa première montée, ça aurait été vraiment très serré entre nous vu ses perfs du samedi. Xavier (Vair) a également fait une très belle course, et si je termine devant, je n’oublie pas que les écarts étaient très faibles. »

En termes d’écart, à Turckheim, Fabien démontrera cette fois qu’il est le patron. C’est en effet avec plus de sept secondes d’avance sur le TracKing de Gilles Depierre, qu’il remporte le CM : « Quand tu enchaînes Mont-Dore, Chamrousse et Turckheim, tu enchaines trois monuments. Ce sont des épreuves magnifiques. J’ai pris énormément de plaisir, l’auto était vraiment bien sur ce tracé, mon seul regret c’est de ne pas être parvenu à améliorer mes chronos de 2015. »

On ne peut pas gagner à tous les coups… A Limonest, pour conclure la saison, Fabien se voyait devancé par Yves Tholy : « On s’est à nouveau livré une belle baston, qui malheureusement s’est terminée prématurément à cause de la pluie. C’est dommage, car ça me prive d’une chance d’essayer d’aller le chercher. Mais j’aurais dû me lâcher le dimanche matin, ce que je n’ai pas fait. C’est regrettable, mais c’est comme ça. » Fabien s’est toutefois bien lâché lorsque la pluie a fait son apparition, puisque sur la dernière montée de la saison, c’est lui qui signe le meilleur temps devant Geoffrey Schatz : « Avec le TracKing en configuration pluie et des pneus Michelin pluie, la voiture est simplement démoniaque. C’est la première fois qu’un TracKing figure au sommet de la hiérarchie, et ça restera un excellent souvenir avec toute l’équipe, de voir que mon chrono aura tenu jusqu’au dernier ! »

Lorsque Fabien Bourgeon a quitté la Course de Côte de Bagnols à bord d’un hélicoptère pour aller rejoindre l’hôpital, personne n’aurait pu imaginer que six mois plus tard il remporterait le Challenge Open CM. Sa combativité, son talent, sa persévérance et un TracKing aussi performant que sécurisé lui ont permis de réaliser cet exploit : « Autant la saison a très mal commencé, autant elle se termine parfaitement. Je remporte le Challenge, ce qui était l’objectif premier, et je réalise de très bons résultats, notamment en Allemagne, où je termine septième au scratch à Homburg et premier des silhouettes, et à Osnabrück où là encore je remporte ma catégorie », se souvient Fabien. « Après l’accident de Sabran, nous avons dû reconstruire une auto, se relancer, ce qui n’est jamais évident, lorsque l’on doit tout mener de front. Mais le résultat est là, et il y a de plus en plus de TracKing qui évoluent sur les épreuves nationales, avec une excellente entente entre pilotes. »

Même s’il a traversé une période difficile, Fabien veut avant tout garder à l’esprit la solidarité à son encontre : « Après l’accident, c’était incroyable. J’ai eu énormément de soutiens et je n’étais pas en capacité de répondre aux centaines de messages que j’ai pu recevoir. Quand je suis revenu au Col Saint-Pierre trois semaines plus tard, en spectateur, c’était très émouvant car j’ai reçu un magnifique accueil et « la famille de la côte » a été rassurée de me voir sur pied. A tous les niveaux, cette saison a été particulièrement marquante et je ne veux en garder que de bons souvenirs. Ça me donne d’ores et déjà envie d’être au départ de la saison 2018, même si je ne sais pas encore exactement de quoi elle sera faite. »

En conclusion de cette saison, Fabien Bourgeon s’est installé derrière le volant de la Norma que mène sur le Championnat Olivier Augusto. Sur la Course de Côte du Circuit de Bresse, pour sa première participation avec une Norma, Fabien termine à la deuxième place scratch à deux dixièmes seulement d’Alban Thomas : « Initialement, c’était juste pour essayer un Proto 2 litres, et franchement je ne m’attendais pas à terminer sur le podium. Ça aussi c’était cool ! Un grand merci à Oliv’ pour sa confiance. »

Olivier Augusto n’est évidemment pas la seule personne que Fabien souhaite remercier : « Je tenais tout d’abord à remercier mon père, pour tout ce qu’il fait pour moi, pour nous. Ainsi que Val, mon frère et ma mère, pour qui la saison fut éprouvante… Merci à Nono pour son implication continue dans le projet. A Carole, qui partage ma vie et qui m’a supporté durant toute ma convalescence puis la saison entière. Ainsi que mes sponsors, Mr Borrelly de Borrelly Spring Washers, Tony de ASC et Motul. Je voulais aussi remercier tous nos clients, qui représentent fièrement et qui font gagner les TracKing sur les courses. »

« Merci enfin à tous ceux qui m’ont témoigné du soutien suite au crash, et aux caméraman amateurs ou non présents à Sabran, qui ont respecté ma sortie en ne divulguant à ma connaissance aucune vidéo en public », conclut Fabien Bourgeon.

Propos recueillis par Bruno Valette


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