Après une longue carrière sportive durant laquelle il s’est partagé entre rallyes et courses de côte, Patrick Ramus s’engageait en 2022 sur le Championnat de France de la Montagne. Une première saison qu’il espérait marquée par la réussite, mais qui sera passablement perturbée par les nombreux problèmes qui affecteront sa Simca 1000 Turbo.
L’attrait pour le sport automobile peut prendre différentes formes. Plusieurs éléments peuvent être à l’origine du déclenchement d’une passion, mais pour ce qui est de Patrick Ramus, il est totalement incapable de se souvenir d’où lui vient son penchant pour l’automobile. A la fin des années 60 et au début des années 70, comme tous les petits garçons de son âge, Patrick s’amusait avec des petites voitures. A l’adolescence, il découvrait les modèles réduits à moteurs thermiques avec lesquels il passait de longues heures. Et dans la logique des choses, il se dirigera plus tard vers le même genre de modèles, mais à l’échelle 1.
De sa passion Patrick Ramus décidait très tôt de faire son métier, et obtenait pour cela un CAP en mécanique. Au sein de sa famille, le sport auto n’alimentait pas, loin s’en faut, les conversations. Et excepté un lointain cousin qui participait à des courses de côte en Bourgogne, personne ne s’intéressait au sport auto : « Mais en étant à 500 ou 600 kilomètres de la Nièvre où il résidait, cela n’avait aucune influence sur ma passion », estime Patrick. « Si ce n’est que, alors que j’avais une quinzaine d’années, nous sommes allés voir une course, une spéciale du Tour de France Auto si mes souvenirs sont bons, et j’ai ensuite assisté en spectateur à la Course de Côte de Lorgne, et ce fut une révélation. »
Karting, moto, auto… Sur tous les fronts !
En vrai passionné de sport mécanique, Patrick Ramus se refusait à faire un choix, et dès qu’il fut en âge de courir, il commençait à pratiquer conjointement le karting, la moto et le sport automobile : « J’ai roulé sur le championnat de Ligue en Karting 125 à boîte, j’ai participé à des épreuves de motocross et j’ai fait mes débuts en course de côte en 1982 avec une Rallye II. » Mais rapidement Patrick faisait l’acquisition d’une Talbot Lotus au volant de laquelle il roulera en rallye durant une dizaine d’années, en prenant part toutefois à quelques courses de côte : « En rallye je suis monté à plusieurs reprises sur des podiums scratch et je me souviens avoir remporté une édition du Rallye du Morbihan (devenu Rallye du Pays Vannetais) en 2013. »
A partir de 1996, c’est au volant d’une Porsche 911 que l’on retrouvait Patrick Ramus : « Durant cette période j’ai surtout fait du kart en compétition, et avec cette Porsche bénéficiant d’une préparation qui lui permettait de présenter des ailes surgonflées et de grosses roues, je roulais en Track Days. » Le retour à la course automobile se fera en dans l’habitacle d’une Ferrari 355 Challenge que Patrick alignait en course de côte en GT se Série : « Mais je l’ai cassé lors d’une sortie de route à La Pommeraye en 2005. Financièrement ça faisait du mal au budget, mais j’ai pu la réparer et la garder pendant une dizaine d’années sans qu’elle ne roule. » Patrick portait ensuite son dévolu sur une Clio Williams groupe N, dont la préparation avait été optimisée : « C’était une vraie grosse groupe N, avec boîte à crabots et un moteur qui avait la santé. »
Le Pontchâtelain axait alors ses participations sur les épreuves régionales en vue de décrocher son ticket pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne : « En 2007, la Finale avait lieu à Saint Gouëno et je me souviens d’un combat très sympa en N/3 avec Daniel Rault et Anthony Cosson. »
En 2008, Patrick Ramus faisait l’acquisition d’une Norma M20F avec laquelle il poursuivait son implication en course de côte dans la classe CN/2 : « J’ai dû faire une douzaine d’épreuves avant que mon ami Daniel Moimeau disparaisse lors d’un tragique accident sur la Course de Côte de Bonnes. Nous passions beaucoup de temps ensemble sur les épreuves, et là je n’arrivais plus à rouler avec le proto. » La Norma était vendue à Martine Hubert, et Patrick se portait acquéreur d’une BMW M3 groupe N avec laquelle il allait s’imposer dans son groupe en 2011 sur le Mont-Dore, et gagner ce même groupe N sur la Finale de la Coupe de France courue cette année-là à Bournezeau.
Durant la saison 2012, Patrick troquait sa BMW contre une Renault Clio évoluant en F2000 avec laquelle il roulera en régional, tout en participant aux épreuves de la campagne de l’Ouest inscrites au championnat, et au Mont-Dore : « Mes obligations professionnelles m’obligeaient à limiter mes participations, je devais trouver des épreuves qui n’étaient pas trop loin de chez moi, en Loire-Atlantique. »
S’il a conservé sa Clio avec l’intention de la faire rouler en rallye, Patrick décidait toutefois de revenir à ses premières amours en s’attelant à la préparation d’une Rallye 1000 Turbo : « Cela fait huit ans maintenant que nous avons débuté le montage de cette Simca. Et comme j’ai enfin pu arrêter de travailler, je me suis dit qu’il était temps d’engager cette auto sur le Championnat de France de la Montagne », reconnait Patrick qui gérait deux imposants magasins de motos pour le compte d’un groupe financier.
Patrick à la passion chevillée au corps, jeune retraité il passe ses journées dans son garage pour offrir à sa voiture toutes les évolutions possibles. Et c’est avec l’intention de prendre part aux épreuves qui le faisaient rêver et auxquelles il n’avait jamais eu l’occasion de participer qu’il se lançait sur le championnat : « C’était un objectif assez simple finalement, l’envie de découvrir des épreuves comme Turckheim ou Chamrousse. Pour ce qui est des résultats, je savais que face à mes amis Christophe (Poinsignon) et Mathieu (Nouet) ça serait difficile, mais j’espérais en début de saison venir les chatouiller. »
Saison marquée par une succession de problèmes
Avant d’entamer sa campagne de France, Patrick Ramus engageait sa Simca 1000 Turbo sur la régionale des Teurses de Thèreval : « Et je n’ai pu faire qu’une seule montée sur laquelle la voiture fonctionnait correctement. Pour le reste, rien n’allait », se souvient-il. « Ce fut un grand moment parce que ce furent les premiers kilomètres d’une auto sur laquelle j’avais travaillé 3 ou 4000 heures. Mais qu’elle déception, même si je termine deuxième du FC, mais tellement loin de Mathieu (Nouet) ! » Conscient que sa Simca allait lui créer de gros soucis, Patrick faisait l’impasse sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, initialement prévue à son programme, et débutait le championnat en retrouvant le tracé des Teurses de Thèreval – Agneaux.
Une première participation qui ne sera pas parfaite mais qui permettra à Patrick Ramus de connaitre quelques satisfactions : « Ça allait mieux, même si sur quelques montées je suis toujours en panne. Le moteur est toujours une source à problème, mais on essaie de trouver des solutions. » Sur La Pommeraye, la Simca donnera un peu moins de soucis, même si là encore c’était loin d’être parfait : « Je suis à deux secondes et demie de Mathieu, ce qui après deux courses n’est pas trop mal. Et à Saint Gouëno j’avais à nouveaux des soucis qui ont perturbé mon week-end. »
La suite de la saison de Patrick Ramus se déroulait au Mont-Dore, où sa priorité était de voir si la solution de dépannage qu’il avait apportée à sa voiture fonctionnait : « Et je me suis aperçu au bout de 150 mètres que ça ne marchait pas. Nous avons tenté une seconde modification, et sur la montée suivante je me fais doubler par cinq concurrents. J’ai dû faire 1600 kilomètres durant le week-end pour trouver une solution pour la faire réparer, c’est dire si j’ai consenti à de gros efforts. Mais finalement j’ai dû abandonner. »
La Simca bénéficiait alors d’une nouvelle réparation, et Patrick s’engageait sur la Course de Côte de Laussonne pour vérifier que tout fonctionnait avant de se rendre à Chamrousse : « A Laussonne je termine troisième du Production et deuxième du FC, dont tout allait dans le bon sens. » Mais à Chamrousse, sur un tracé qu’il découvrait, Patrick se faisait surprendre sur la première épingle gauche où il partait en tête-à-queue : « Après, j’ai quelques réserves sur la gestion de la course… A l’issue de mon tête-à-queue j’ai pu me relancer, sans forcer l’allure, et à ce moment-là il y a eu un drapeau rouge suite à la sortie d’une 205. Je me suis arrêté dans une chicane, et j’ai vu passer Philippe Schmitter qui ne s’est pas arrêté. Il stoppera plus loin, et on lui a donné l’autorisation de se relancer, alors que moi on m’a expliqué que, comme je m’étais fait doubler dans la côte, je ne pouvais pas repartir… Je pense qu’on ne me reverra pas à Chamrousse. »
A Turckheim, même s’il termine sur le podium du groupe FC, Patrick Ramus reconnait que sa Simca ne répondait plus du tout à ses attentes : « Ça ne fonctionnait vraiment pas. Je suis à deux secondes au kil’ de Mathieu (Nouet) et là j’ai compris qu’il fallait que je rectifie le tir avant la Finale de la Coupe de France. »
La Simca remaniée pour la saison 2023
Patrick se rendait donc chez Franck Perrin où il démontait la voiture pour se rendre compte que certaines pièces étaient usées prématurément : « J’ai essayé de trouver des solutions avant de rejoindre le Beaujolais pour la Finale. Mais là encore ça n’a pas fonctionné. Sur la seule montée courue sur le sec, je casse mon levier de vitesses, un truc qui n’arrive jamais. Donc quand ça ne veut pas, ça ne veut pas… Après nous avons eu la pluie, sauf sur la dernière montée, mais je n’avais jamais eu l’occasion d’affronter ce tracé sur le sec. Avec une auto qui en plus ne fonctionnait pas correctement, j’étais devancé par mes adversaires. »
A l’heure de faire le bilan de sa campagne 2022, Patrick Ramus l’estime mitigée : « Ma saison a été perturbée par de nombreux soucis, de nombreuses choses qui ne fonctionnaient pas. Nous avions opté pour une boîte de vitesses qui n’était pas adaptée, plein de choses qui font que ça n’a pas fonctionné. En analysant plus profondément, je me rends compte que je n’ai pas eu de problèmes majeurs, mais une succession de soucis qui font que je ne parvenais jamais à être réellement compétitif », confie-t-il. « Je termine troisième du Challenge Open FC/4, la position me va, mais ça aurait été bien de terminer troisième à une seconde et demie, pas à sept secondes. »
A l’heure de tourner la page d’une saison 2022 compliquée, Patrick Ramus n’oublie pas de remercier ceux qui lui sont venus en aide : « Un immense merci à mon préparateur, Bruno N’guyen qui m’aide depuis huit ans sur le montage de la Simca, merci à Sylvain Codvelle, à Gilles Porcher, Loïc Tolazzy, Jean-Jacques et mon épouse Isabelle. Merci également à tous mes potes du groupe F avec qui nous passons d’excellents moments durant la saison, et notamment les familles Poinsignon et Nouet. »
On devrait en toute logique retrouver Patrick Ramus sur le Championnat de France de la Montagne 2023 avec un calendrier sportif qui devrait débuter sur le Col Saint-Pierre avant d’entamer la campagne de l’Ouest, Marchampt, le Mont-Dore et Turckheim. Patrick sera également présent sur plusieurs épreuves régionales et notamment sur la Course de Côte des Mont d’Arrée : « Elle est organisée par des copains, et en 2022 j’ai fais le scratch en Production. J’adore cette course. Et puis en fin de saison j’espère participer à la Finale de la Coupe de France de la Montagne qui se déroulera en Alsace. »
Pour cette saison 2023, Patrick Ramus a affuté ses armes : « La voiture a subi de nombreuses évolutions pour remédier aux problèmes que nous avons rencontrés en 2022. Elle est remaniée de fond en comble avec une évolution moteur, une nouvelle boite, une nouvelle gestion électronique… Je bénéficierai en 2023 de l’expérience acquise lors de mes participations à onze courses durant la saison 2022, donc tout se présente pour le mieux. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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