Le regard des Observateurs FFSA

Ils pourraient être perçus comme des examinateurs censés délivrer bons points et mauvaises notes. Mais ils apportent avant tout une aide précieuses aux organisateurs, à qui ils fournissent de nombreux éléments de réflexions pour parfaire la bonne tenue de leurs épreuves. Ils… ce sont les observateurs désignés par la FFSA, et qui sur chaque épreuves veillent, dans tous les domaines, à ce que les règles édictées soient respectées.

Commissaire, Présidents d’ASA et Observateur
Sommité du Sport Automobile français, Jean-Claude Biagioni avait de son vivant, et dispose encore, de nombreux laudateurs. Il a occupé, durant de nombreuses années, diverses fonctions dans le sport automobile. Président de l’ASA d’Aix-en-Provence, il sera également Président de la Ligue Provence – Alpes – Corse, et occupera durant de nombreuses années la présidence de la Commission des Courses de Côte. Il officiera même au sein de la FIA en qualité d’observateur.

Norbert, son fils, a quasiment ’’biberonné’’ à la compétition automobile. Depuis sa plus tendre enfance, il a eu l’occasion d’assister, en compagnie de son père, à de nombreuses réunions, de suivre un nombre incalculable de manifestations sportives. Et dès l’adolescence, il intégrait l’équipe d’organisation de la Course de Côte de Saint-Antonin, organisée par l’ASA d’Aix en Provence : « Alors que je n’étais pas encore en âge d’occuper une fonction officielle, j’ai débuté en disposant les ballots de pailles le long du parcours », se souvient Norbert Biagioni.

De sa jeunesse passée dans sa Normandie natale, Joël Maraine à la souvenir d’avoir accompagné des copains sur plusieurs épreuves organisées près de chez lui. L’occasion pour lui de découvrir plusieurs disciplines, et les stars qui animaient les plateaux.

Dans les années 70, Joël Maraine s’installait dans l’Hérault, et son intérêt croissant pour la compétition automobile l’incitait à se rapprocher de l’ASA Hérault : « J’ai fait la connaissance du président de l’époque, Jean-Louis Grill, de l’incontournable ’’papy’’, d’Alain Ricciardi, et de nombreuses personnes qui m’ont incité à m’installer dans l’habitacle d’une voiture de course. »

Copilote, Joël Maraine sera également commissaire, avant de devenir Commissaire sportif et d’officier à différents postes. En 2009, il succédait à Jean-Michel Depondt à la tête de l’ASA Hérault pour un mandat qui durera finalement cinq ans. Si la renommée de l’ASA Hérault s’est construite en grande partie sur le Critérium des Cévennes, la structure montpelliéraine a organisé d’autres rallyes, et même un temps une Course de Côte : « Je suis à l’initiative de la création de la Course de Côte d’Hérépian. Nous n’avons pas pu pérenniser cette manifestation, mais elle a eu l’avantage d’exister. »

Pour le reste, Joël a surtout côtoyé l’univers des rallyes, et n’avait qu’une approche rudimentaire de la course de côte jusqu’à ce que, « en 2015, Lori Tosi, qui était alors président de la Commission du Championnat de France de la Montagne, était en quête d’un observateur qui ne connaissait rien à la Course de Côte, mais qui maîtrisait toutefois la réglementation. Il voulait avoir un regard neuf sur la discipline, et il a fait appel à moi. »

Pilote et copilote pour leurs débuts
Pour Joël Maraine, pratiquait le sport automobile ne veut pas nécessairement dire s’installer derrière un volant. Et c’est donc en qualité de copilote qu’il allait assouvir sa passion : « Et bizarrement, j’ai surtout eu l’occasion de naviguer d’anciens pilotes de courses de côte », confie celui qui a pris part à pas moins de seize éditions du Critérium des Cévennes.

Joël Maraine a couru de manière régulière durant une dizaine d’années, entre 1975 et 1985, avant de s’impliquer dans le sport automobile en tant qu’officiel et président d’ASA. Mais en 2008, il se voyait offrir l’occasion d’une première approche de la Course de Côte : « A cette époque, Lionel Champelovier, alors licencié à l’ASA Hérault, m’avait demandé de l’accompagner sur sa campagne européenne qu’il disputait avec une Norma. Ce fut pour moi l’occasion de découvrir la Course de Côte, l’atmosphère et la philosophie de cette discipline, et de côtoyer Lionel Régal et son équipe. Je venais du rallye, et j’ai eu le sentiment de découvrir un univers bien différent, très attachant et c’est certainement ce qui m’a donné l’envie de me rapprocher des acteurs de cette discipline. »

Après avoir obtenu sa licence de Commissaire, Norbert Biagioni décidait de connaitre les sensations que peut offrir le pilotage, en s’installant derrière le volant : « J’ai eu l’opportunité de courir en rallye asphalte et en rallye sur terre, mais ma discipline de prédilection restait la Course de Côte », avoue Norbert qui à débuté au volant d’une Renault 5 TL avant de la troquer contre une Renault 5 Alpine Turbo. Pour sortir des sentiers battus, Norbert s’attelait à la préparation d’une Renault 4 qui disposera d’un moteur d’Alpine : « Avec cette voiture originale, j’ai disputé des rallyes sur terre avant qu’un copain ne me prête sa Peugeot 104 ZS. »

La naissance de son fils Guillaume, ainsi que des obligations familiales et professionnelles allaient contraindre Norbert Biagioni à raccrocher le casque et les gants : « C’est l’époque où nous avons décidé de construire notre maison, les budgets n’étaient donc plus consacrés au sport automobile. » Après une carrière sportive qui s’étalait de 1979 à 1986, Norbert décidait de suivre les pas de son père et de s’impliquer en qualité d’officiel. « Le hasard a voulu qu’à cette époque je sois muté à la centrale de Marcoule, située près de Bagnols-sur-Cèze, j’en ai donc profité pour me rapprocher de l’organisation de la Course de Côte de Sabran. »

De retour sur Aix-en-Provence, Norbert Biagioni intégrait, en qualité de trésorier, l’ASA d’Aix présidée alors par Claude Route. Il sera par la suite, Vice-président, Président délégué, et depuis six ans président. Une implication familiale puisque Sylvie, son épouse ne manque pas de s’investir dans cette ASA.

Commissaire, puis Commissaire Sportif, on retrouve également Norbert Biagioni au poste de Relation Concurrent. Depuis plusieurs saisons, à la demande de la FFSA, c’est en qualité d’observateur que l’on retrouve Norbert sur les épreuves.

Proches des pilotes et des organisateurs
Nos observateurs ont, durant ces dernières décennies, assuré de multiples missions dans le sport automobile, et chacune d’entre elles leur ont apporté de belles satisfactions.

Peu importe la fonction pour Norbert Biagioni, l’azuréen reconnait apprécier tout autant les diverses missions qui peuvent lui être proposées : « C’est toujours très sympa de se retrouver au sein d’un collège, mais également d’échanger avec les concurrents lorsqu’on l’on officie en qualité de ’’CRAC’’. Et j’avoue que le fait d’être sur les épreuves en tant qu’observateur n’est pas dénué d’intérêt. »

Joël Maraine ne cache pas son penchant pour le poste de Chargés de Relation avec les Concurrents : « Il te permet de faire le lien entre les concurrents d’une part et le Collège et la Direction de Course d’autre part, et c’est très sympa. Ca t’oblige à connaitre la réglementation par cœur et à répondre à la quasi-totalité des questions que peuvent se poser les pilotes. Nous permettons aux concurrents de courir avec plus de sérénité, en évitant que remonte jusqu’au collège des points qu’ils n’ont pas à traiter. »

La sécurité… mais pas que !
Aucun domaine inhérent à l’organisation et au bon déroulement d’une Course de Côte ne doit échapper à l’œil affuté d’un observateur. Et si bien évidemment la sécurité reste la priorité, le respect du cahier des charges doit être au cœur de leur approche.

« En sport automobile, la sécurité est toujours le maitre-mot », assène Norbert Biagioni, qui rappelle que son rôle d’observateur débute dès les vérifications techniques pour s’achever à l’issue de la remise des prix. « A l’issue des vérifications techniques, je profite de mon temps de libre pour aller sur le tracé, vérifier que tout ce qui a attrait à la sécurité est bien en place. » Comme base de travail, l’observateur dispose du rapport de l’année précédente, sur lequel figure les manquements qui ont pu être constatés lors de la dernière édition : « De ce fait, on peut se rendre compte rapidement si les éventuels défauts ont été corrigés. Après, j’essaie de monter régulièrement aux côtés du Directeur de Course, et je suis systématiquement présent lors de la validation de la piste. »

Pour le reste, Norbert Biagioni se préoccupe de l’installation des commissaires techniques, des protections dont ils peuvent disposer en cas d’intempéries, de l’accueil des pilotes, des infrastructures mises à disposition des médias : « Je tiens à assister régulièrement au briefing des commissaires et des pilotes pour m’assurer que tout se déroule normalement. »

Depuis quelques années, les Règles techniques et de sécurité (RTS) édictées par la FFSA sont devenues une priorité, et Joël Maraine s’attache tout particulièrement à ce qu’elles soient respectées : « C’est une des premières choses sur lesquelles je me penche », confirme Joël qui aborde avant tout sa mission comme un conseiller auprès de l’organisateur.

« Je tiens absolument avant de quitter une épreuve, a faire un débriefing avec l’organisateur, le dimanche soir ou le lundi matin, afin d’évoquer les points qui pourraient prêter à caution. Je veux avant tout être pédagogue, pour ne pas avoir à sanctionner. Tout au long de l’épreuve, je reste en communication avec l’organisateur, et s’il réagit instantanément aux remarques que je peux lui faire, je ne vois pas l’intérêt que cela fasse l’objet d’une annotation dans le rapport d’observation », confie Joël.

Si Joël Maraine veut avant tout être un homme de communication, il reconnait qu’il n’y a rien qui le désole plus que de s’apercevoir qu’un organisateur n’a absolument pas tenu compte des remarques qui figuraient sur le rapport de l’année précédente : « Je me base systématiquement sur le rapport de l’édition précédente. Si je m’aperçois que je suis dans l’obligation de faire à nouveau les mêmes remarques, j’ai le sentiment que nos observations ont été inutiles, et c’est vite dérangeant. »

Aussi curieux que discrets
La curiosité reste la qualité première d’un observateur qui se doit d’avoir un œil attentif tout au long de l’épreuve. Mais il faut également savoir faire preuve d’un certain détachement et d’écoute.

En sa qualité d’observateur, Norbert Biagioni se veut discret : « Nous participons au réunion du Collège, mais nous n’avons pas notre mot à dire, nous sommes juste à l’écoute, sauf évidemment si le Président du Collège nous demande notre avis. Mais en aucun cas je ne me permettrais de prendre la parole si je ne suis pas sollicité pour le faire. » Une discrétion qui doit aller avec une totale neutralité : « On doit occulter tout ce que l’on peut entendre et se faire une opinion par soi-même », confirme Joël Maraine…

L’accueil des Commissaires et des Officiels et un autre point sur lequel Joël Maraine accorde une attention particulière : « La considération dont on peut faire preuve vis-à-vis des commissaires est pour moi essentielle. D’ailleurs, sur chaque épreuve, je tiens à remonter le parcours à pied pour rencontrer tous les commissaires à chacun de leurs postes. Je veux qu’ils sachent que les officiels sont à leur écoute et tiennent compte de leurs remarques. »

Avant tout des conseillers auprès des organisateurs
Tant Norbert Biagioni que Joël Maraine ne veulent pas se présenter en censeurs de l’organisation, mais bien en tant que conseiller, qui peuvent apporter une aide dans le respect des normes en vigueur.

Le poste d’observateur n’est pas celui qui engendre le plus de difficultés, Joël Maraine le reconnait, mais avoue que parfois il n’est pas entendu : « Rarement, il faut l’avouer, on rencontre quelques problèmes de communication avec des organisateurs qui ne respectent pas totalement le cahier des charges et qui ont tendance à sortir de clous. On est alors contraint à des rappels à l’ordre. »

« J’ai certainement plus de distance qu’un organisateur totalement impliqué dans la préparation de son épreuve », analyse Norbert Biagioni. « Je peux donc être amené à voir des erreurs que lui ne verra pas. Mon rôle n’est pas d’attendre la faute et de sanctionner sur mon rapport, mais d’avertir et de conseiller. » Pour Norbert, les remarques sont généralement prises en compte par les organisateurs : « Avec les organisateurs la communication est très bonne, l’ensemble de nos demandes sont prises en compte, et il ne m’a jamais été refusé de pouvoir embarquer à bord de la voiture de sécurité lors d’une intervention. »

Sereins pour l’avenir !
En ayant pour fonction d’avoir un œil particulièrement attentif sur l’ensemble des paramètres qui entrent dans l’organisation d’une Course de Côte, les observateurs sont idéalement placés pour avoir une idée assez juste de la bonne santé de la discipline.

En sa qualité de Président de l’ASA d’Aix-en-Provence, Norbert Biagioni est lui aussi organisateur, et il reconnait qu’il est nettement plus facile aujourd’hui d’organiser une Course de Côte qu’un Rallye : « Les autorisations sont nettement plus facile à obtenir, on gère moins de contraintes qu’en rallye, même si les difficultés sont nombreuses et qu’organiser une manche du Championnat de France de la Montagne est une véritable gageure. »

« Durant ses dernières années, le nombre d’engagés d’une bonne majorité de courses de côte ont connu un déclin » analyse Norbert Biagioni. « Mais la qualité est tout de même au rendez-vous, et j’ai le sentiment que l’on a eu un passage de relais entre Production et Sport avec l’intégration aujourd’hui de nombreuses ’’voitures ouvertes’’ qui permet d’avoir des plateaux très intéressants. Les spectateurs sont friands de ses protos qu’ils ne peuvent voir que très rarement ailleurs. Après, le plateau de GTTS reste fabuleux avec des voitures magnifiques. »

La Course de Côte pourrait bien être une valeur refuge à court terme, c’est un peu ce que ressent Joël Maraine : « Les difficultés du moment pourraient inciter des pilotes à délaisser les disciplines plus onéreuses et plus difficiles à aborder. Il est donc possible que la côte qui se porte à mon sens plutôt bien, connaisse un nouveau regain d’intérêt. Je suis plutôt confiant pour l’avenir. »

Sa parfaite connaissance du rallye permet à Joël Maraine de faire la comparaison avec les deux disciplines et il reconnait que la Montagne a de sérieux atouts : « Si elle est l’école de la patience car il faut accepter d’attendre entre deux montées, il règne sur cette discipline une ambiance sans commune mesure avec ce que l’on voit ailleurs. On peut réellement parler de grande famille, au sein de laquelle les pilotes s’entraident, se donnent des conseils, c’est vraiment très sympathique, et je ne parle même pas des concurrents des VHC pour qui la priorité est la convivialité. »

Remerciements et hommages
Qu’ils soient issus d’une famille impliquée dans le sport automobile, où qu’ils aient découvert par eux-mêmes cet univers, les acteurs de la compétition ont tous pu, à un moment, bénéficier d’une main tendue qui leur a permis d’évoluer dans ce microcosme. L’occasion leur est donnée aujourd’hui de remercier leurs mentors, où ceux qui les ont propulsés aux fonctions qu’ils occupent.

C’est à l’époque où Jean-Paul Cocquelet, Directeur de Course émérite, a repris la Commission du Championnat de France de la Montagne, que Norbert Biagioni a été appelé en tant qu’observateur : « Je dois aujourd’hui remercier Jean-Paul de m’avoir mis le pied à l’étrier, et Jean-Marc Roger, l’actuel président, de m’avoir par la suite réitéré sa confiance. Les observateurs sont désignés à chaque début de saison, j’aurais pu disparaitre des tablettes, mais jusqu’à présent les présidents m’ont renouvelé leur confiance. »

Pour conclure Norbert Biagioni veut avoir un mot pour les organisateurs : « Ne serait-ce parce que j’ai toujours été très bien reçu. Et je suis souvent rappelé en qualité d’officiel sur les épreuves où je ne suis pas observateur, c’est toujours plaisant et ça démontre que l’entente est toujours cordiale. »

Si Lori Tosi fut à l’origine de la venue de Joël Maraine sur le Championnat de France de la Montagne, Jean-Paul Cocquelet fut sans nul doute un mentor : « J’ai une pensée très émus pour ces deux grands messieurs qui ne sont plus là aujourd’hui. Je dois à Lori le fait d’être venu sur la discipline et j’ai pour Jean-Paul une admiration sans faille. Il m’a confirmé dans mes fonctions à la suite de Lori, comme si cela était absolument naturel. Un grand merci également à Jean-Marc Roger qui à la suite m’a réitéré sa confiance. »

Joël Maraine veut également conclure par une pensée pour les organisateurs : « Je confirme que nous sommes toujours très bien reçus et que les moyens nous sont donnés pour mener à bien notre mission. Que les organisateurs en soient remerciés. »


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 


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