La progression de Ronald Garces au fil des saisons ne s’est jamais démentie. Deuxième du Groupe A en 2014, vainqueur du Trophée de ce même Groupe A en 2015, il était logique que le pilote natif de l’Aude franchisse une étape supplémentaire cette saison, en faisant son entrée en GTTS. Une saison d’apprentissage qui, avec des hauts et des bas, lui aura permis d’accroitre un peu plus son expérience.
Ronald Garces a toujours eu le goût de la mécanique. Malgré la réprobation de ses parents qui ne voyaient pas d’un très bon œil que leur fils consacre ses loisirs à bricoler des kartings, Ronald s’évertuait à tester ses talents de pilotes à bords de ses engins, sur les petites routes qui menaient à son village natal.
Les années passant, le jeune audois se lassait du karting, et c’est avec un certain enthousiasme qu’il acceptait la proposition de son oncle, Michel Fournié, qui mettait à sa disposition une vieille Fiat Panda, et un champ, sur lequel il pouvait tout à loisir s’initier au pilotage. Un oncle qui travaillait à Château Lastours et qui avait l’opportunité de côtoyer les animateurs du Dakar et du WRC, venus tester leurs bolides sur la piste du sud de la France.
Du rallye à la côte
Son budget limité ne pouvait lui permettre d’égaler ses stars du volant, mais il parvenait malgré tout à acquérir la Clio de Francis Berniere, au volant de laquelle, en 2005, il prenait part à sa première Course de Côte. Budget limité, et donc programme restreint, qui se composait de deux participations à des courses de côte et à deux rallyes. Par la suite, c’est avec le même Francis Berniere et une bande de copains qu’il allait poursuivre l’aventure.
Entre 2005 et 2009, c’est toujours avec un budget limité que Ronald prenait part à deux rallyes, avant de se tourner vers la côte, discipline moins onéreuse. Durant cette période, il disputait quatre ou cinq épreuves par an, avant de faire l’acquisition d’une Clio Cup pour se consacrer pleinement à la côte.
Finalement, le jeune audois s’épanouissait pleinement sur une discipline qui n’était pas celle vers laquelle il se destinait initialement. Rapidement, il devenait l’un des animateurs de pointe de la Ligue Midi-Pyrénées, et accrochait le titre de Vice-champion de Ligue à trois reprises, en 2010, 2012 et 2013. En 2011, Ronald se testait également sur quelques manches du Championnat de France de la Montagne et terminait troisième des Clio Cup dans le cadre du Challenge Open.
En constante progression, il savait que les performances de la Clio II puis Clio III ne pouvaient pas lui permettre d’exploiter pleinement son talent. C’est donc vers une Seat Léon Supercopa Mk1 qu’il se tourne en 2012. Deux ans plus tard, c’est une Supercopa Mk2 qui remplaçait la précédente Léon, et avec laquelle Ronald s’engageait sur le Championnat. Un engagement au coup par coup, la poursuite de sa saison étant toujours dépendante des budgets. Mais cette saison sera celle de la révélation, puisqu’il prendra part à onze des douze manches du Championnat, et sans disposer de pneus parfaitement adaptés et de réglages optimisés, il parvenait finalement à accrocher la deuxième place du Groupe A, derrière David Dieulangard.
Du Trophée Groupe A au GTTS
Durant la pause hivernale, Ronald Garces peaufinait les réglages de sa Léon avec comme objectif de remporter le Trophée du Groupe A 2015. A mi-saison, il pointait à la troisième place du Championnat Production, pour finalement terminer au pied du podium, large leader du Groupe A. Trophée en poche, Ronald décidait alors de franchir un nouveau palier, en s’engageant en GTTS.
Restait à porter son choix sur une auto. Les bons rapports entretenus avec le concepteur d’une silhouette et son budget limité, l’inciteront à opter pour une BMW 1M Vortex : « Et puis en 2015, on a pu voir qu’avec une silhouette, en l’occurrence une Renault Mégane Trophy, Francis Dosières termine deuxième du Championnat. Il apparaissait donc que ces voitures pouvaient s’avérer compétitives », analyse Ronald.
Bien évidemment Ronald Garces n’avait pas pour ambition de coiffer une couronne de Champion de France à l’issue de cette première saison en GTTS. Cette année devait avant tout lui servir à faire l’apprentissage de sa nouvelle monture : « J’espérais tout de même me rapprocher des podiums. Mais j’ignorais alors que la concurrence serait aussi relevée », avoue-t-il. « Mon but était, au fil des courses, de me rapprocher des chronos de Francis Dosières. »
Problème majeur pour Ronald, la conception de la voiture prenait plus de temps que prévu, et avant de pouvoir s’élancer sur la première manche de la saison, il ne prenait part qu’à une courte séance d’essais : « J’ai pu rouler sur circuit, mais les essais ne se sont pas déroulés dans les meilleures conditions, et je n’ai pas pu prendre réellement la mesure de mon auto. »
Cinquième au scratch, deuxième du GTTS, Bagnols-Sabran devait logiquement permettre à Ronald Garces d’afficher une certaine sérénité et une belle confiance pour la suite. Il n’en sera rien. La disparition de Steve Cabelo, qui comptait parmi ses amis, remettait en question la suite de sa saison. Le coup de massue asséné en ce triste dimanche, entrainait une réflexion sur la pertinence de poursuivre la saison. Le soutien des amis, les longues discussions, permettront à Ronald de ne pas jeter l’éponge et de se présenter, quinze jours plus tard, au départ du Col Saint-Pierre.
A Saint-Jean du Gard, Ronald signait un résultat de tout premier ordre en plaçant sa BMW 1M Vortex au cinquième rang, premier des GTTS : « Le résultat est pour moi anecdotique. La voiture ne fonctionnait pas correctement, et à l’issue des essais je suis relégué en queue du GTTS, derrière les Mitjet. Finalement, même si je n’ai eu aucune montée sans encombre, j’ai bénéficié des conditions météorologiques qui me permettent de me retrouver en tête du GTTS. Mais comme je le dis, c’est anecdotique et je ne retire aucune gloire de ce résultat. Je veux juste croire qu’une bonne étoile à veiller sur moi, et sur Vivien (Tonon) qui remporte la classe A3. »
Il était dit que les conditions climatiques allaient perturber le début de saison sur le Championnat de France de la Montagne. A Abreschviller, pluie et neige s’invitaient durant le week-end : « Ça ne donne pas envie de prendre de gros risques. J’ai préféré faire une course sage et j’avoue ne pas avoir pris énormément de plaisir. Je termine cinquième parce que là encore je bénéficie de meilleures conditions météos que certaines de mes adversaires, mais mes chronos ne sont pas à la hauteur de mes attentes. »
Ses participations aux trois premières épreuves de la saison faisaient prendre conscience à Ronald que sa voiture présentait quelques dysfonctionnements : « Je devais composer avec un moteur qui restait accéléré au moment des freinages, et des soucis de freins sur l’arrière », confie-t-il. Il se devait donc de se pencher sur ses maux avant de se rendre à Hébécrevon.
Sortie de route et lourdes conséquences
Et sur l’épreuve normande Ronald allait mieux cerner l’origine de ses soucis : « J’avais un souci avec un papillon qui ne se fermait pas correctement, ce qui fait que je conservais de la motricité sur l’arrière. Cela avait pour conséquence de contrer l’effet du freinage sur l’arrière, et à m’inciter à rajouter des freins à chaque montée. » Papillon réparé, Ronald prenait enfin du plaisir au volant d’une auto nettement plus à sa convenance. Mais en augmentant la cadence, à la hauteur de la cabine des speakers, Ronald voyait sa voiture se défiler : « J’ai repris les freins pour la récupérer, mais j’avais conservé une répartition excessive sur l’arrière, et l’auto a décroché. J’ai tapé le rail… »
Demi-train arrière cassé et quelques dégâts de carrosserie sur l’avant et l’arrière, la BMW 1M Vortex laissait voir d’importantes séquelles suite à cet écart de trajectoire : « Sur le moment, je pensais que je ne comprenais rien au comportement de la voiture, et ce n’est qu’une fois revenu chez le concepteur, que l’on a vu que j’avais 70 % des freins sur l’arrière. Une mauvaise répartition qui m’a coûté une sortie de route. C’est dommage, car à ce moment-là je, commençais à avoir de bonnes sensations avec la voiture. »
Réparation faite, Ronald se rendait à Quillan pour disputer cette manche du Championnat 2ème division, et se rassurer sur le comportement de son auto : « Durant le week-end, j’ai été victime d’un tête-à-queue avant de faire un passage limite sur une autre montée. Il était clair que si les problèmes de freins étaient résolus, il y avait encore un souci de comportement sur l’arrière de la voiture. »
C’est donc avec la ferme intention de tester de nouveaux réglages que Ronald se rendait à La Pommeraye. Mais la météo allait une nouvelle fois perturber les débats, et lui interdire d’enregistrer des datas appropriés : « Ce fut une course compliquée, et en toute franchise, je n’en retire pas ce que j’attendais. »
A Saint-Gouëno, Ronald allait connaitre d’autres problèmes, totalement indépendants de sa volonté. Un officiel de l’épreuve ouvrait sa portière pour s’adresser à lui alors qu’il était en pré-grille. La portière, mal refermée, s’ouvrait lors de la montée, obligeant Ronald a coupé son élan. Il lui sera accordé, alors qu’il était de retour dans les paddocks, de pouvoir refaire sa montée : « Mais je n’étais évidemment pas dans les meilleures dispositions puisqu’il a fallu qu’un commissaire, en quad, m’accompagne jusqu’au départ, et qu’ensuite j’enchaine quasiment deux montées consécutivement, sans avoir eu le temps de rien faire sur la voiture », se souvient Ronald. « Mais je retiendrais que j’ai pris du plaisir sur ce tracé, et que j’ai découvert des sensations que je n’avais pas eu jusqu’alors au volant de cette auto. »
Lorsque l’on demande à Ronald quels souvenirs il conserve de son week-end à Marchampt en Beaujolais, sa réponse tombe comme une évidence, « la présence d’Amandine et de Pacôme. Ce fut pour nous tous une immense joie de les avoir avec nous. Une visite surprise qui nous a fait un bien énorme. » Pour ce qui est de sa prestation, il considère que cette septième confrontation de la saison lui aura permis de peaufiner un peu plus ses réglages et de faire évoluer sa voiture : « De toute façon, je voyais bien que je n’étais pas compétitif, et que ma priorité restait de poursuivre le développement de mon auto. J’en ai profité pour modifier radicalement certains réglages, ce qui m’a permis d’engranger de nouveaux enseignements. »
Dans la chaleur du mois de juillet, Ronald Garces retrouvait le tracé de Vuillafans, en sachant pertinemment que cette épreuve marquerait la fin de sa saison : « La sortie de route à Hébécrevon a grevé mon budget, et je savais que je n’avais alors plus les moyens de terminer la saison », confie Ronald avec une pointe de fatalisme dans la voix. « De ce fait, il m’était difficile d’aller chercher la motivation et j’ai roulé sans vraiment travailler sur la voiture, et sans aller chercher un exploit. J’adore ce tracé, j’ai surtout voulu me faire plaisir. »
En dehors du Championnat, on a pu voir cette saison Ronald Garces sur la Course de Côte de Quillan, où il montait sur le podium du Production et s’imposait en GTTS. Au mois de juin, il s’imposait pour la deuxième année consécutive sur la Course de Côte de Tarbes Osmets Luby, avant de terminer deuxième à Revel au mois de juillet. En août, c’est sur le tracé de Saint-Antonin-Noble-Val qu’il ajoutait une victoire à son palmarès avant de terminer par un nouveau succès sur la Course de Côte de la Courbe, disputée dans le Tarn : « J’aime bien rouler en régional, c’est là que j’ai commencé et ça me permet de retrouver des copains. Et puis j’estime que l’on ne doit pas oublier d’où l’on vient, et qu’il est normal de faire plaisir aux organisateurs d’épreuves régionales, qui apprécient que des animateurs du Championnat s’engagent sur leurs épreuves. J’y viens avant tout pour prendre du plaisir, sur des tracés que j’apprécie, mais si en plus cela peut satisfaire les organisateurs et revaloriser leur épreuve, c’est une excellente chose. »
Bilan mitigé, mais aucun regret
En n’ayant pas eu la possibilité de prendre part aux quatre dernières manches de la saison dans le cadre du Championnat de France de la Montagne, Ronald Garces ne peut que considérer que le bilan de cette année 2016 est plutôt mitigé : « La sortie de route en début de saison a impacté mon calendrier sportif et a même influé sur mon approche de la course. Je ne suis pas parvenu à retrouver le goût de la compétition et de la gagne, et tout ça a été un peu compliqué à gérer. Je loupe des rendez-vous aussi prestigieux que le Mont-Dore, Chamrousse ou Turckheim. Mais je ne regrette pas d’être venu en GTTS, c’est une belle expérience. »
Une expérience que Ronald a partagée avec ceux qui l’ont soutenu : « Un grand merci à tous les amis qui m’accompagnent sur les courses, tous les fidèles qui sont à mes côtés et qui se reconnaitront, à mes partenaires Villasavary auto – Amirouche, les Assurances Lestienne, Le Centre Commercial Leclerc à Eauze, Vortex, et la carrosserie Granier à Labastide-d'Anjou »
Cette saison difficile a mis un petit coup au moral de celui qui, l’an dernier, avait terminé quatrième du Championnat : « J’ai besoin à présent de prendre le temps de la réflexion, de retrouver de la motivation. J’ai mis la voiture en vente, et si je m’en sépare, je suis incapable de dire aujourd’hui dans quelle direction j’orienterai la suite de ma carrière sportive », conclut Ronald.