Animateur du Championnat de France de la Montagne depuis plus de quinze ans, Sylvain Moyon a eu l’occasion à maintes reprises de s’illustrer sur les pentes de nos épreuves. Ce fut une nouvelle fois le cas cette saison, et notamment sur les épreuves de l’Ouest, où sa Dallara F300 a joué les premiers rôles.
Au sein d’une entreprise, les discussions autour de la machine à café tournent souvent autour des passions communes. Et lorsque l’on a comme collègue de travail Didier Dieulangard, il n’y a rien d’étonnant à ce que la course de côte alimente les débats. C’est donc par les récits passionnés que ne manquait pas de relater Didier Dieulangard, que Marcel Moyon, le père de Sylvain, a découvert la course de côte. Le récit peut faire rêver, qu’en serait-il de la réalité ? Le papa de Sylvain voulait en savoir plus, et c’est en famille qu’il accompagnait son collègue Didier sur plusieurs épreuves.
Pour Sylvain, ce fut un véritable déclic. Déjà fortement attiré par la compétition automobile, le Nazairien n’allait plus se contenter de suivre avec assiduité les 24 Heures du Mans, mais décidait de s’installer derrière un volant. Décision prise, Sylvain se portait acquéreur d’une Peugeot 205, avec laquelle il allait enfin assouvir sa passion. Malheureusement, un soir de réveillon, sur une route nappée de brouillard, il était victime d’un accident, et avant même de prendre part à sa première compétition, il détruisait passablement sa voiture. Il parvenait toutefois à la vendre, en l’état, et avec le maigre pécule récolté, il faisait l’acquisition d’un Karting.
En 1990, au volant de son karting, Sylvain Moyon s’attaquait au Championnat de Ligue et signait quelques bons résultats dès la première saison, avant de se qualifier pour le Championnat de France l’année suivante. Le pilote de la Loire-Atlantique remportait alors ses premières courses et sortait vainqueur du Trophée Roger Gaillard disputé à Ancenis.
Au fil des ans, Sylvain poursuivait son ascension en Karting jusqu’à la catégorie reine qu’est la Formule A. Mais en 1996, Sylvain décidait de tourner la page du Karting, et d’aborder sa passion avant tout pour le plaisir sans se soucier des performances. C’est pour cela, qu’au volant de la 309 avec laquelle il faisait ses trajets quotidiens, il participait à quelques slaloms, en s’engageant en groupe loisir.
Si les sensations de pilotage étaient au rendez-vous, manquait l’adrénaline. Sylvain Moyon décidait donc de revenir à la compétition. Il ne lui restait plus qu’à choisir la discipline : « J’aurais pu hésiter entre rallye et montagne, mais si ma préférence va pour la côte, cela vient du fait que j’ai eu la chance de voir rouler les F2 à Saint-Gouëno, et que le son des moteurs M12/7 reste quelque chose d’inoubliable. Ces monoplaces m’ont toujours fait rêver, et je pense qu’il fallait être un peu ’’fêlé’’ pour rouler avec ces autos sur des routes de montagne. »
Après le karting, la monoplace
Pour débuter en côte, Sylvain portait son choix sur une monoplace, une AGS JH14 propulsée par un moteur 1.300 cm3. Avec cette voiture, qu’il conservera jusqu’en 2003, il s’engageait tout d’abord sur des épreuves régionales avant de s’attaquer par la suite à des manches du Championnat de France, tout en alternant avec des participations en slalom. C’est au volant d’une Dallara 392 équipée d’une motorisation 1.600 cm3 Volkswagen, que Sylvain prenait part à la saison 2004. Il signait alors ses premières victoires scratch en régional, et ne manquait pas de participer, chaque année, à trois ou quatre manches du Championnat. L’occasion pour lui de s’imposer à plusieurs reprises dans sa classe, notamment sur des épreuves aussi prestigieuses que le Mont-Dore.
En 2012, Sylvain faisait l’acquisition de la Dallara F300 avec laquelle il anime encore aujourd’hui les épreuves de notre Championnat. Depuis plus de quinze ans, le Nazairien s’illustre sur le Championnat de France, et c’est donc en toute logique qu’il s’engageait cette saison, dans le cadre du Challenge Open : « Sans toutefois avoir d’autres prétentions que celles d’améliorer mes chronos des années précédentes », confie Sylvain. « Mon but est de progresser tout en me faisant plaisir. J’estime que le résultat vient avec le plaisir, mais il n’a jamais été question pour moi de me mettre la pression en focalisant sur un résultat. »
Un succès en F3 pour débuter la saison
La saison de Sylvain Moyon débutait à Hébécrevon. Et quel début ! Cinquième au scratch, il imposait sa Dallara F300 en tête des F3 : « J’avoue que c’est une immense surprise. Lors de la précédente édition, j’avais arraché une roue, et j’étais donc un peu sur la défensive. Et puis quand j’ai vu la liste des engagés, je me suis dit que, terminer dans le top 10 et troisième des F3 serait déjà sympa. Cinquième, c’est quasiment inespéré. Je dois reconnaitre que je bénéficie de la sortie de Geoffrey (Schatz), ce qui me permet de remporter la victoire de groupe. Je ne peux être que vraiment satisfait du résultat. »
En totale confiance, Sylvain s’imposait le week-end suivant sur la Course de Côte régionale de Loc-Eguiner - Landivisiau, comme il l’avait fait l’année précédente. Et c’est toujours dans le même était d’esprit qu’il rejoignait La Pommeraye, où il accrochait la neuvième place, deuxième des F3 derrière David Guillaumard : « Le week-end a été compliqué d’un point de vue météo, et de plus j’avais un souci avec les roues avant qui bloquaient dès que je tapais dans les freins. L’expérience de la course en général, et de ce tracé en particulier, m’ont permis de limiter les dégâts. J’ai bien failli faire un tête-à-queue sur la première montée, et finalement ce sera la meilleure de la journée. Donc je ne m’en tire pas si mal. »
C’est à nouveau dans le top 10 que l’on retrouvait Sylvain Moyon à l’arrivée de la Course de Côte de Saint-Gouëno. Mais cette fois trois F3 pointaient devant lui : « J’avais toujours quelques soucis de freins, mais à Saint-Gouëno, excepté au ’’Fer à Cheval’’, il n’y a pas de gros freinages. Là encore je n’ai pas pu me livrer à fond, puisque je n’ai identifié la panne qui altérait la répartition de freinage qu’après la course », explique Sylvain. « Je reste toutefois satisfait de ce week-end comme de l’ensemble de mes participations, cette année, aux épreuves de l’Ouest. »
Au calendrier de Sylvain Moyon figurait ensuite la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais. Mais une maladie virale contractée au niveau des reins, lui interdisait trois semaines durant de prendre le volant, et il devait renoncer à cette participation : « C’est dommage, car c’est la seule épreuve que je devais découvrir cette saison. »
La Course de Côte de Vuillafans n’allait pas apporter à Sylvain de réelles satisfactions. Septième des F3 sur l’épreuve Franc-Comtoise, il ne parvenait pas à défendre pleinement ses chances : « J’étais bien aux essais, malgré les conditions un peu piégeuses. Mais le dimanche, je me fais piéger à la troisième épingle où je perds un temps considérable. Sur la deuxième montée, je pensais être plus vite, mais je dois commettre une petite faute. La troisième montée ayant été annulée, je n’ai pas pu faire mieux », explique-t-il. « Le plus frustrant pour moi c’est d’avoir dû faire plus de 1.700 kilomètres aller-retour pour aller à Vuillafans, et de ne faire que deux montées le dimanche. »
Au Mont-Dore, c’est à la quatrième place des F3 que l’on retrouvait un Sylvain Moyon, satisfait de ses essais, bien moins content de sa prestation du dimanche : « Samedi soir, j’étais vraiment content car j’avais le sentiment d’avoir trouvé de très bons réglages. Dimanche, j’ai chaussé quatre gommes neuves sur la première montée, et je fais un tête-à-queue. Sur la deuxième, j’ai été un peu plus prudent pour ne pas rééditer mon erreur, mais en vue de l’arrivée, sans comprendre pourquoi, ma voiture m’a échappé et j’ai tapé un poteau. Je termine avec une roue arrachée », se souvient-il. Il parvenait toutefois à réparer, et prenait part à la troisième montée avec comme seul objectif de voir si après cet accident, le comportement de la voiture n’était pas affecté.
C’est le sourire aux lèvres que Sylvain Moyon se rendait en Alsace pour terminer la saison sur une épreuve qu’il apprécie particulièrement : « C’est pour moi la plus belle course de l’année, j’y prends énormément de plaisir » confie-t-il. « Sur la première montée de course, j’améliore mon chrono de l’année précédente, mais sur la deuxième, je me loupe à la chicane où je lâche une seconde. Sur la troisième, j’ai dû composer avec la pluie qui interdisait toute amélioration. » Cinquième des F3, Sylvain se dit satisfait de son week-end : « J’avais les moyens de faire mieux, mais je suis seul responsable de mon résultat. Après, il est clair que suite la sortie du Mont-Dore, je n’étais pas totalement libéré à Turckheim. »
D’excellents souvenirs, et l’envie de recommencer
Durant cette saison 2016, Sylvain Moyon a eu de nombreuses occasions de se faire plaisir au volant de sa Dallara F300, ce qui pour lui est essentiel : « J’ai vécu une très bonne saison, durant laquelle j’ai signé ce que je considère pour moi comme d’excellents résultats. J’ai pu livrer de belles batailles au sein d’une classe où j’ai côtoyé des gens vraiment sympas. »
Les excellents souvenirs engrangés cette année devraient inciter Sylvain à rééditer l’expérience en 2017 : « Je pense repartir sur le même programme, en ajoutant peut-être une ou deux épreuves supplémentaires. Cela dépendra en partie de mes obligations professionnelles », explique Sylvain qui travaille au sein d’un bureau d’étude en qualité de spécialiste des moteurs de sous-marins.
Des excellents souvenirs que Sylvain a partagé avec son père, Marcel, qui le suit sur toutes les courses, « et que je tiens à remercier. Je remercie également tous ceux qui me suivent sur les courses de l’Ouest où qui viennent me voir au Mont-Dore. Un grand merci à mes partenaires, les Meubles Moriceau à Pontchâteau, Max Guiheneuf Couverture de Toiture à Crossac, et l’Entreprise d’Electricité Générale ECR Technologie à Pontchâteau. Je ne veux pas oublier tous ceux qui furent mes adversaires, et avec qui j’ai partagé de très bons moments tout au long de l’année. »