La Lyonnaise confirme sa fulgurante progression

La saison 2015, fut pour Sarah Louvet celle de l’apprentissage et d’une fulgurante progression. Cette saison 2016 fut celle de la confirmation, et aura permis à la jeune lyonnaise d’enchainer les victoires de classe au volant de sa Formule Renault.

Compétitrice dans l’âme, Sarah Louvet a toujours aimé relever des défis. Dès l’âge de 8 ans, elle assouvissait son goût de la compétition en le conjuguant avec sa passion pour les chevaux, lors de ses premiers concours d’équitation. Une passion ancrée au plus profond d’elle, puisque la jeune lyonnaise a encore aujourd’hui le sentiment d’avoir appris à monter à cheval avant même de marcher.

Derrière sa carapace de combattante acharnée, Sarah cache une vraie sensibilité. Elle affectionne d’ailleurs tout particulièrement ce rapport si particulier qu’un cavalier créé avec sa monture. Une osmose qui se fait à l’instinct, et aujourd’hui encore, dans les paddocks, Sarah est en parfaite adéquation avec sa voiture lorsque, dans les moments de concentration, en prélude à la course, elle semble vouloir faire corps avec sa monoplace.

Sarah doit son attirance pour les belles mécaniques à Jean-Jacques, son père, qui depuis toujours est un passionné de sport automobile. Téléspectateur assidu des Grand Prix de F1, Jean-Jacques partageait ses rendez-vous dominicaux avec sa fille. Mais sa passion se traduisait également par l’acquisition de sublimes modèles, parmi lesquels des Jaguar, Triumph et autres Mustang.

Adolescente, Sarah allait connaitre un changement dans son univers familial, qui aura pour effet de renforcer plus encore la complicité avec son père. Jean-Jacques décidait alors qu’il se devait d’assouvir pleinement sa passion, et de téléspectateur, il devenait spectateur des différentes épreuves qui se déroulaient dans la région lyonnaise. L’occasion pour lui de côtoyer plusieurs pilotes, qui rapidement l’incitaient à s’installer à son tour derrière le volant.

Pour partager l’aventure avec son père
Jean-Jacques Louvet se portait alors acquéreur d’une Formule Renault avec laquelle il disputait ses premières compétitions. Mais l’habitacle étriqué de sa petite Tatuus ne convenait pas vraiment à l’entrepreneur lyonnais, qui décidait de se tourner vers un Proto Norma. Jean-Jacques ne se débarrassait pas pour autant de la Formule Renault, qu’il confiait à sa fille, désireuse de le suivre dans cette nouvelle aventure.

Mais avant d’affronter les tracés des courses de côte au volant de la Tatuus, Sarah Louvet faisait ses premières armes avec une Mitjet, que lui confiait Olivier Augusto. La détermination, l’engagement, et le sens de l’attaque dont faisait alors preuve Sarah, ne pouvait échapper à l’œil expert de Nicolas Schatz, qui ne tardait pas à coacher la jeune lyonnaise, tout d’abord pour ses premières courses en Mitjet, puis en Formule Renault.

Sarah comprenait que la réussite dans le sport automobile est le résultat de l’implication d’une équipe, et que les performances sont à partager avec les autres, ce qui, loin de lui déplaire, ne pouvait que la séduire. Courir allait lui permettre de s’épanouir, et de lutter contre sa timidité, au sein d’une équipe qui devenait sa deuxième famille.

Pour la saison 2015, Sarah Louvet décidait de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne. La fulgurante progression de la jeune lyonnaise ne manquera pas alors d’alimenter les conversations des observateurs de la discipline, favorablement surpris par ses performances. En fin de saison, Sarah faisait jeu égal avec les ’’cadors’’ de la Formule Renault, qui reconnaissaient en elle une adversaire de taille.

Saison plus étoffée en Formule Renault
Il va sans dire qu’à l’issue de sa première saison sur le Championnat, Sarah Louvet était attendu de pied ferme par ses adversaires. Mais la jeune lyonnaise se veut réaliste au moment de parler de ses prétentions pour cette nouvelle saison : « Je disposais cette année d’un programme plus étoffé, et j’avais avant tout à cœur de découvrir les épreuves que je n’avais jamais disputées auparavant. J’abordais cette saison avant tout comme une année de préparation pour la suite, et le passage à une catégorie supérieure », explique-t-elle.

Pas de réelles ambitions affichées au départ de cette nouvelle campagne, si ce n’est de mener à bien un duel qui lui tenait à cœur : « Mon but était d’améliorer les chronos que j’avais réalisés la saison passée, et compte tenu de la complicité que nous avons aujourd’hui avec Estel (Bouche), j’espérais pouvoir faire jeu égal avec elle, voire la devancer. »

Sa Formule Renault convenant parfaitement à Sarah, aucune modification n’a été apportée à la voiture durant l’intersaison : « J’ai basé ma préparation sur le physique car je dois reconnaitre que l’an dernier, par moment, j’étais un peu juste. J’ai donc couru cinq fois par semaine, durant une heure. J’ai fait quelques séances d’entrainement sur circuit, mais je n’ai pas eu de chance, car j’ai dû systématiquement composer avec la pluie. Après, j’ai été malade en début de saison, ce qui n’est pas idéal pour être performante. »

Pour Sarah Louvet, la saison débutait sur la manche d’ouverture, un rendez-vous qu’elle n’apprécie que très modérément : « Je dois avouer que Bagnols-Sabran est une course que j’appréhende toujours un peu. Je me suis forcée à y aller parce que je voulais évacuer mon manque de réussite sur cette épreuve. Dès les premiers essais, je fais une visite dans les bottes de paille, ce qui ne pouvait guère me motiver pour la suite », confie-t-elle. « Mon appréhension, et cette année le décès de Steve, ne m’incite pas vraiment à revenir sur cette course. »

C’est en petite forme que Sarah Louvet se présentait au départ du Col Saint-Pierre. Cinquième de sa classe à l’issue de cette confrontation européenne, la jeune lyonnaise fait un bilan mitigé de sa participation : « Je reconnais que je m’attendais à mieux, mais je n’ai pas abordé cette épreuve dans les meilleures conditions. Avec le recul, terminer cinquième d’un monument comme le Saint-Pierre ne peut que me satisfaire, car j’ai encore du mal à me familiariser avec ce tracé. Je garde à l’esprit que je remporte la Coupe des Dames, et terminer devant une pilote aussi talentueuse que Martine Hubert est toujours une vraie satisfaction et une grande fierté. »

Une fierté qui permettait à Sarah de trouver la confiance qui lui fait parfois défaut, et d’affronter Abreschviller avec un moral revigoré. Combative tout au long du week-end, Sarah s’imposait en tête des Formule Renault : « Ce fut pour moi une surprise, et pas seulement pour moi. Compte tenu du plateau, et de ma petite forme, je ne pensais pas réaliser une telle performance. Je découvrais cette course, j’ai été rapidement à l’aise sur ce tracé, psychologiquement j’ai été très bien entourée, et le résultat est là », confie Sarah qui s’impose 686 millièmes devant Estel Bouche. « Nous retrouver toutes les deux sur le podium était très émouvant. J’ai énormément de respect et d’affection pour Estel, et remporter ma première victoire de classe sur le Championnat en terminant devant elle, fut pour moi un moment marquant. »

Chose rare, Hébécrevon allait nous livrer un podium 100% féminin du côté de la Formule Renault. Sur la plus haute marche, on retrouvait Sarah Louvet qui devance Estel Bouche et Charlie Martin : « C’est magique ! » lâche Sarah. « Je découvrais le tracé et il semblait ne pas vraiment me convenir. Mais finalement ce fut une révélation, j’ai beaucoup apprécié cette épreuve, et je pense ne pas avoir roulé aussi bien de toute la saison. »

Pour deux dixièmes de secondes, Sarah allait lâcher la victoire à Rémi Béchadergue sur la Course de Côte de La Pommeraye : « C’est à la fois frustrant et satisfaisant », reconnait-elle. « Les conditions météorologiques étaient très difficiles et pour être honnête je m’attendais à ce que Rémi, qui est très talentueux, s’impose. Pour ma part j’ai fait le choix de la sagesse en chaussant des pneus pluie sur la première montée, et je me dis que de signer un tel chrono avec des gommes pas réellement adaptées au terrain, est plutôt pas mal. »

Sarah renouait avec la victoire à Saint-Gouëno, où elle s’imposait devant la représentante britannique sur notre championnat, Charlie Martin : « A Abreschviller et Hébécrevon je me suis rapprochée du record du tracé en Formule Renault. Sur celle-là, je voulais battre le record, j’ai tout donné, et je ne peux donc être que vraiment satisfaite d’un week-end qui n’était pas évident à aborder pour moi. Ma grand-mère était hospitalisée, et je n’avais pas l’esprit vraiment à la course », confie-t-elle.

Coup de frein à Marchampt
La Course de Côte de Marchampt en Beaujolais allait mettre un coup d’arrêt à la belle succession de résultats probants signés par Sarah. Piégée par le comportement de sa Formule Renault, elle était victime d’une violente sortie de route : « Marchampt est la course que j’attends, car j’adore ce tracé sur lequel je suis en principe à mon aise. Mais je savais qu’Estel, qui reste ma référence, est elle aussi performante. Cette année, elle a été magistrale », estime Sarah dont la rivale accrochait la deuxième place derrière Didier Chaumont. « Pour ma part, j’avais été victime d’une sortie de route, quinze jours avant, sur la Course de Côte d’Issoire. Ma voiture a été réparée, mais les réglages n’étaient pas tout à fait les mêmes, et je n’avais plus les mêmes sensations. Je me battais avec Estel, et j’ai commis une petite erreur, insignifiante, mais la voiture m’a échappé », se souvient-elle. « Je me suis mis une ’’cacahuète’’ en sixième, et si sur le coup je ne me suis pas fait peur, j’avoue que le lendemain j’ai passé une journée compliquée. Mais j’ai eu la chance d’être énormément soutenu par tout le monde. »

La participation de Sarah à Vuillafans aurait pu alors être remise en question, mais le mental de la lyonnaise semble inébranlable, et malgré les doutes inhérents à son récent accident, elle se présentait au départ de l’épreuve Franc-Comtoise : « J’adore cette épreuve, et je ne voulais pas la louper. La première montée d’essais s’est déroulée sous la pluie, ce qui n’aide pas à se rassurer. Par la suite, je me suis retrouvée avec une pédale de freins môle, ce qui m’as mis plus que moyennement en confiance », plaisante-t-elle « Moralement ce fut assez dur, mais au final, je signe les mêmes chronos que l’an dernier. Les autres ont bien roulé, mais je n’ai pas à rougir de ma prestation », confie Sarah qui accroche la cinquième place.

Le Mont-Dore allait lui offrir une nouvelle occasion de monter sur le podium, puisqu’on retrouvait Sarah Louvet à la troisième place, derrière Didier Chaumont et Rémi Béchadergue : « C’est certainement mon meilleur souvenir de l’année. Après l’accident je me suis remise en question et j’ai bien galéré. Une semaine avant le Mont-Dore, j’ai disputé la Course de Côte de La Tardes, où je suis parvenu à m’imposer devant Estel, ce qui a bien boosté mon moral », commente-t-elle. « Au Mont-Dore, je partais de très loin, puisque à l’issue des essais, je pointais au dernier rang des Formule Renault. Mais par la suite j’ai fait une superbe progression, et le dimanche matin j’améliore de six ou sept secondes. C’était un moment magique, d’autant que j’avais comme objectif de battre le temps que David Sudre avait réalisé l’an dernier, et quand j’ai vu que j’y étais parvenu, j’étais folle de joie »

Troisième à Chamrousse derrière Didier Chaumont et Kévin Petit, Sarah est ravie de sa prestation sur l’épreuve alpine : « Chamrousse n’est pas le tracé qui me convient le mieux. A ce stade de la saison, je savais que je ne pouvais plus espérer grand-chose au classement de l’Open, je pouvais donc me lâcher, et j’ai abordé cette épreuve en me disant que je pouvais finalement réaliser un bon résultat. Je suis contente de ma performance, et ravie pour Kévin Petit, qui est un super pilote, et qui mérite amplement cette deuxième place. »

La dernière confrontation de la saison, à Turckheim, permettait à Sarah de monter une ultime fois sur le podium, troisième de la Formule Renault, mais première des pilotes inscrits dans le Challenge Open : « Ça reste un souvenir extraordinaire. J’adore cette épreuve, sur laquelle je voulais terminer devant Rémi (Béchadergue) et Guillaume (Veyrat). L’objectif est atteint, et je suis donc très contente de mon week-end, car je ne m’attendais pas à revenir à ce niveau très correct, après ma sortie de route de Marchampt. »

En conclusion de cette saison, Sarah allait se voir proposer une nouvelle confrontation face à Estel Bouche, sur la Finale de la Coupe de France : « C’est fabuleux que nous soyons parvenues à nous qualifier toutes les deux. On fait partie du même comité, et ce n’était pas gagné d’avance de se retrouver toutes les deux à Limonest. J’ai vraiment vécu ça comme un rêve », avoue Sarah. « J’avais un petit avantage sur Estel du fait que j’avais déjà disputé cette épreuve l’an dernier. Sur la première montée de course, je casse un cardan, et ce fut pour moi assez stressant par la suite. L’accident de Damien Chamberod a également compliqué les choses, car il était difficile d’avoir la tête à la course. Mais au final, je remporte la classe, Estel termine deuxième. C’est juste magnifique, et je garde à l’esprit qu’elle est venue me voir pour me féliciter et me dire que je méritais cette victoire. Cette nana est fabuleuse. »

Un bilan largement positif
Si Sarah Louvet restait timide dans ses ambitions en début de saison, au fil des épreuves et des bons résultats, elle allait revoir ses prétentions à la hausse : « L’an dernier je n’ai pas été très visionnaire au moment de décider du calendrier sportif qui me permettait d’engranger des points pour le Challenge Open. Cette saison, j’ai essayé d’être plus réfléchie, et en cours de saison j’ai pensé que j’avais des opportunités pour jouer mes chances sur le Challenge. Mais, comme c’est souvent le cas chez moi, je me suis une nouvelle fois trompé, et j’ai réalisé des performances sur les épreuves qui n’étaient pas inscrites à mon calendrier pour l’Open, et fait quelques loupés sur celles où je devais marquer des points », analyse-t-elle dans un éclat de rire. Une analyse très juste, puisqu’il est vrai que son classement final ne reflète pas les performances qu’elle a pu enregistrer cette année.

Sarah Louvet confirme cette année sa fulgurante progression de l’an dernier, et elle considère que ce fut également une saison d’apprentissage durant laquelle elle a accumulé de nombreux enseignements : « J’ai gagné ma classe à plusieurs reprises, et la Coupe de Dames au Saint-Pierre et à La Pommeraye. Alors certes la sortie de Marchampt m’a obligé à me souvenir que je n’avais qu’une année d’expérience, mais je me suis prouvée que je pouvais avoir un sacré mental, et retrouver rapidement mon niveau. Donc pour moi ce fut une très bonne année, et je n’ai rien à regretter, d’autant que j’ai vécu des moments extraordinaires avec tous les pilotes de la Formule Renault, dans une ambiance chaleureuse où nous sommes tous aujourd’hui des amis. »

Particulièrement bien entourée, Sarah Louvet ne veut pas oublier ceux qui l’ont accompagné tout au long de la saison : « Je souhaiterais tout d'abord remercier mon père et Nico Schatz sans qui je ne me serais jamais retrouvée derrière un volant. Geoffrey Schatz ainsi que toute sa famille qui ont su me soutenir lors des moments les plus difficiles. Toute notre équipe de mécanos qui nous suivent sans relâche tout au long de la saison. Star Elec notre nouveau sponsor qui nous a soutenu à Abreschviller. »

« Mais plus personnellement je souhaiterais remercier tous ceux qui sont devenus des amis et sans lesquels je ne me verrais plus pratiquer ce sport. Un grand merci donc à Estel Bouche sans qui cette saison n'aurait clairement pas été la même. Remi Béchadergue, Guillaume Veyrat, David Meillon, Magalie Toinon, Perrine Bouche et Charlie Martin, qui ont été très présents pour moi après ma sortie de Marchampt. David, Remi et Michel Sudre ainsi que David et Jessica Guillaumard, dont la rapidité et l'aide nous ont réellement permis de revenir sur les courses dans un temps record. Bruno et Joëlle Schatz dont les mots et actions sont parvenus à me faire donner chaque weekend le meilleur de moi-même », poursuit-elle. « Et enfin celle qui aura partagé les meilleurs moments comme les moins bons, Laurane Bertin pour tout son soutien et sa présence... Un énorme bisou à mon ami David Lelan avec la complicité d'un certain Léon… »

Passage à la F3 en 2017
La page de la Formule Renault se tourne. La voiture est vendue et c’est au volant d’une F3 que l’on retrouvera Sarah Louvet la saison prochaine : « Je vais faire mon entrée dans une catégorie où on devrait être assez nombreux, et où je vais devoir faire face à de sacrés clients », estime Sarah. « Bien évidemment, je ne peux pas afficher de réelles prétentions pour ma première saison. Nous verrons par la suite… » Ce n’est pas sans une certaine émotion que Sarah va quitter la Formule Renault : « Mon plus grand regret, c’est de ne plus pouvoir défier Estel l’an prochain. On est vraiment complice, et notre confrontation était une vraie émulation pour toutes les deux cette saison. »


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