A l’issue d’une saison particulièrement compliquée

Vainqueur l’an dernier du Trophée FFSA Groupe FC, Christophe Poinsignon avait pour ambition de conserver son titre cette saison, et d’y ajouter le Challenge Open FC. Objectifs atteints, mais au prix de gros efforts, tant sa CG Turbo dont la fiabilité n’avait jamais fait faux bond, s’est avérée cette année capricieuse…

Ne pas se sentir concerné par la Course de Côte aurait été pour Christophe Poinsignon un crime de ’’lèse paternité’’. Son père, Guy, affiche en effet une passion sans faille pour la discipline. Animateur assidu des épreuves régionales et du Championnat de France de la Montagne dans les années 70, Guy Poinsignon est aujourd’hui totalement investi dans la carrière sportive de ses deux fils.

C’est donc tout naturellement, qu’à l’âge de 20 ans, Christophe s’installait derrière le volant de la CG familiale. Le Vosgien faisait alors ses premières armes en slalom avant de s’attaquer aux courses de côte, en s’engageant sur des épreuves régionales. Les résultats seront rapidement au rendez-vous, ce qui lui vaudra d’obtenir son ticket à plusieurs reprises pour la Finale de la Coupe de France. En 2008, pour sa première participation, il s’imposait en Production. Christophe viendra par la suite inscrire trois autres finales à son palmarès, à Bournezeau en 2011 et à Limonest en 2014 et 2015.

La Simca CG familiale brillait également aux mains de Yannick, son frère ainé, qui durant la saison 2014 montait à plusieurs reprises sur les podiums du Championnat de France de la Montagne. Pour 2015, Yannick concentrait ses efforts sur le développement d’une BMW qui devait animer le Groupe GTTS. C’est donc tout naturellement que la CG allait échoir entre les mains de Christophe, qui n’avait alors pour ambition que de se rapprocher des chronos réalisés par son frère. A l’heure de faire le bilan de cette première saison en Championnat, Christophe pouvait légitimement se satisfaire de quatre podiums et du Trophée FFSA du Groupe FC.

Priorité donnée à la BMW de Yannick
Chez les Poinsignon, la course est avant tout une histoire de famille. Et à l’heure d’aborder cette saison 2016, si Christophe repartait avec comme ambition de remporter un nouveau Trophée et en prime le Challenge Open FC, il gardait à l’esprit que l’attention du clan familial se porterait avant tout sur le développement de la BMW M3 E92 de Yannick. Aucune frustration pour Christophe, chacun des deux frères bénéficie à son tour des faveurs du clan, et Christophe était conscient de l’investissement nécessaire pour mener à bien un projet tel que le développement d’une GTTS.

Le pilote de Gérardmer débutait donc sa saison avec l’intention de faire aussi bien que l’an dernier : « J’espérais également me rapprocher des temps réalisés par les GTTS, mais ça, ce fut plus compliqué », reconnait Christophe. « D’une part parce que ma voiture n’a jamais fonctionné correctement de toute la saison, ce qui est particulièrement frustrant, et que les GTTS ont énormément évolué. »

Les soucis récurrents rencontrés par Christophe survenaient au plus mauvais moment. Le retard pris dans le développement de la BMW de Yannick, empêchait le clan Poinsignon à explorer en détails les problèmes dont souffrait la CG, ce qui contraignait Christophe à poursuivre avec une auto en manque de performance : « Jusqu’alors, le CG avait fait preuve d’une parfaite fiabilité, c’est une auto qui ne m’avait jamais créé de problèmes, et là les ennuis s’accumulaient », analyse-t-il. « Nous avons passé la saison à changer différents capteurs pour espérer résoudre les problèmes, mais en vain. »

Absent à Bagnols-Sabran, Christophe suivait l’épreuve sur l’internet. La disparition de Steve Cabelo fut alors pour lui un véritable coup de massue : « C’était vraiment un bon copain, nous étions ensemble sur les épreuves, en contact permanent en dehors des courses, ce fut très compliqué à intégrer », confie Christophe.

Une succession de victoire en Groupe FC
Pour Christophe, la saison débutait à Abreschviller où il plaçait sa CG à la quatrième place du classement scratch, à seulement 36 millièmes du podium. En prime, il décrochait une victoire dans le Groupe FC : « La voiture fonctionnait relativement bien. J’ai connu quelques soucis, mais rien de bien méchant, et j’étais plutôt satisfait de mon chrono. Pour un début de saison, c’était bien. »

Septième au scratch, Christophe s’imposait à nouveau en FC à Hébécrevon, mais ce qu’il veut retenir avant tout de l’épreuve normande, c’est qu’elle allait marquer le début d’une période pour le moins compliquée : « A Abreschviller, nous avions eu des petites alertes, mais à Hébécrevon, le compresseur nous a donné de réels soucis, et le comportement de la voiture commençait à se dégrader. »

Le résultat obtenu par Christophe Poinsignon à La Pommeraye pourrait être le motif d’une belle satisfaction, puisqu’on le retrouve à la quatrième place. Quatrième au scratch, mais troisième du FC, ce qui n’est pas pour le contenter : « J’ai été chanceux côté météo, puisque j’ai bénéficié de conditions sèches, mais en revanche, l’auto ne fonctionnait absolument pas, et je suis à deux secondes de mon chrono de l’an passé. »

Impossible de trouver l’origine du mal, et la victoire obtenue en FC à Saint-Gouëno ne suffisait pas totalement à le satisfaire : « Nous avions changé des capteurs, et je dois avouer que cela allait un peu mieux. J’ai tout de même rencontré un problème de boîte de vitesses qui est restée bloquée », se souvient Christophe.

La Course de Côte de Marchampt en Beaujolais allait faire prendre conscience à l’équipe Poinsignon Compétition, que le regain de performances trouvé à Saint-Gouëno ne signifiait pas une résolution définitive des problèmes : « Le tracé de Marchampt en Beaujolais offre beaucoup d’allonges, et là, ça ne fonctionnait plus. On a pensé que cela pouvait provenir de la pompe à essence. Alban a eu la gentillesse de nous en prêter une, et on a pu s’apercevoir que sur les trois premiers rapports l’auto était performante, mais que par la suite, le dysfonctionnement était toujours là. Sur l’ensemble du week-end, j’ai dû faire à peu près une montée correcte », se souvient Christophe qui signe tout de même un nouveau succès en FC.

L’accumulation de problèmes, incitaient Guy Poinsignon, à l’issue de cette Course de Côte de Marchampt en Beaujolais, à ramener le moteur au banc, pour mieux cerner l’origine du mal : « Sur le banc, tout fonctionnait très bien, ce qui laissait à penser que nous n’aurions pas de problèmes à Vuillafans… Ce fut loin d’être le cas. »

Contraint à l’abandon sur l’épreuve Franc-comtoise, Christophe ne cachait pas sa déception : « On arrivait à Vuillafans persuadé que tout allait fonctionner. Mais sur un tracé qui sollicite autant le moteur, on a pris de suite conscience que rien n’allait et que je risquais, en insistant, de casser le moteur. Dans ces cas-là il vaut mieux s’arrêter. »

Le manque de temps, le travail indispensable de développement sur la BMW de Yannick, réduisait la somme de travail consacrée à la CG. Mais Christophe semblait retrouver à Dunières une auto un peu plus à sa convenance : « En termes de puissance, ça semblait mieux, mais le moteur manquait de nervosité, je ne ressentais plus la brutalité à laquelle il m’avait habitué. » Christophe parvenait toutefois à accrocher une cinquième place, assortie d’un nouveau succès en FC.

Il était dit que le Vosgien boirait la coupe jusqu’à la lie, puisqu’au Mont-Dore, son moteur allait définitivement le trahir. Une casse moteur qui, dans l’esprit de Christophe, signifiait une fin prématurée de sa saison : « J’étais persuadé que l’on allait s’arrêter là. Sur le moment, tu perds toute motivation, et tu te dis que tu vas concentrer tes efforts sur la préparation de la saison à venir. »

C’était mal connaitre la détermination du clan familial. Pour Guy Poinsignon, jeter l’éponge est difficilement envisageable. Dès le lundi matin, le moteur était démonté pour constater les dégâts : « On a vu que le haut moteur n’avait pas souffert. En revanche, bielles, vilebrequin, bloc, carter avaient chargé », explique Christophe. « On disposait d’un ancien bloc, que l’on a pu utiliser, et monter des pièces d’origines. J’avais la chance d’avoir à ce moment-là une semaine de vacances, avec mon père on a pas passé la semaine à bosser sur l’auto. »

Un travail colossal, mais payant puisqu’à Chamrousse Christophe Poinsignon plaçait sa CG à la sixième place, une nouvelle fois premier des FC : « Pour autant ce ne fut pas un week-end tranquille. Samedi, sur la première montée j’ai cru avoir à nouveau des problèmes de compresseur, mais finalement on s’est rendu compte que la courroie patinait. Nous l’avons changé, et c’est à ce moment-là que nous avons compris que l’origine de nos problèmes provenaient de la flasque du compresseur. » Dimanche soir, sur cette avant dernière épreuve de la saison, la famille Poinsignon avait tout de même de bonnes raisons d’afficher de larges sourires : « Je suis dans mes temps de l’an dernier, je remporte le Groupe FC, et Yannick et sur le podium du Production. Le week-end est largement positif. »

A Turckheim, alors que Yannick grimpait une nouvelle fois sur le podium, Christophe accrochait une nouvelle victoire en FC : « Là encore, ça reste un excellent souvenir. Pour ma part j’ai abordé cette course sans prendre de gros risques. Dimanche matin, je suis parti avec des pneus usagés à l’arrière, et pas de pression de turbo pour ne pas prendre le risque de casser le moteur. Je fais un bon temps qui m’assurait quasiment la victoire de groupe. Ce fut un week-end plutôt paisible. »

Vainqueur du Challenge Open FC
A nouveau vainqueur du Trophée FFSA FC, Christophe Poinsignon remporte cette année le Challenge Open FC. Même si la saison fut pour le moins compliquée, les résultats sont là : « Honnêtement je suis très content. La seule chose que je ne suis pas parvenu à faire c’est de monter sur le podium d’une des épreuves du Championnat. Mais avec l’accumulation de problèmes que nous avons rencontrés, c’était impossible. Je retiendrai que j’ai atteint les objectifs que je m’étais fixés, et c’est bien là l’essentiel. »

La CG Turbo a suffisamment fait ses preuves pour que Christophe veuille conserver sa monture. Pour 2017, c’est avec la même auto, cette fois totalement révisée, qu’il affrontera à nouveau les manches du Championnat de France de la Montagne : « Nous allons totalement démonter la voiture, tout réviser, et repartir bien armés pour 2017. »

Christophe sait pouvoir compter sur le clan familial pour le soutenir dans l’aventure : « Je veux en premier lieu remercier mon père. Il m’apporte une aide énorme et consacre un temps fou à ma voiture. J’ai presque l’impression que mon père n’a jamais autant bossé que depuis qu’il a pris sa retraire », plaisante-t-il. « Sa volonté et son investissement sont énormes » tient à rappeler Christophe. « Un grand merci à toute ma famille, à ma compagne Marie qui est à 100% derrière moi, à tous mes amis qui me soutiennent tout au long de la saison et à mes partenaires, le bar ’’Au bon accueil’’ à Hébécrevon, et les lubrifiants Fuchs. »


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