Une chose est sûre, vous pouvez compter sur elle pour ne rien lâcher ! Quels que soient les problèmes rencontrés, le manque de budget, les coûts au moral, Martine Hubert conserve sa pugnacité, sa combativité et sa joie de vivre. A l’issue d’une saison qu’elle considère comme la plus difficile qu’elle ait connue, la Normande accroche son quatrième titre consécutif de Championne de France de la Montagne.
Martine Hubert est à l’opposé du bolide qui la propulse vers les sommets. L’imposante Proto Norma M20F, et son moteur 3 litres, paraissent énormes face au bout de femme qu’est la pilote de Cherbourg, et on ne peut être qu’impressionné par cette dichotomie entre le monstre mécanique et la frêle quinquagénaire… Seul point commun entre la belle et la bête, une énergie débordante qui sont leur marque de fabrique.
D’ailleurs, Martine ne souffre d’aucun complexe face aux 400 chevaux de sa monture : « Pour être tout à fait honnête, si j’avais la certitude d’être suivie par des partenaires, je franchirais certainement un pas supplémentaire. Je n’ai jamais eu le sentiment d’être débordée par la puissance de ma voiture, et je si l’opportunité se présentait, je n’hésiterais pas à me tourner vers une auto encore plus efficace », avoue Martine. « Après, je ne dis pas que je serais performante, juste qu’une auto plus puissante ne me ferais pas peur. »
2016, la pire des saisons
Au terme de la saison 2015, Martine Hubert pensait avoir connu le pire. Victime d’une fracture du scaphoïde nécessitant une intervention chirurgicale, elle avait dû réduire au maximum sa convalescence, pour retrouver le volant de sa Norma, et défendre son titre. C’est donc dans la douleur que la Normande arrachait une troisième couronne.
Au départ de cette saison 2016, c’est plus motivée que jamais, que Martine attendait impatiemment le coup d’envoi du Championnat. Un coup d’envoi donnait à Bagnols-Sabran, sous la pluie, et qui allait être marqué par la disparition de Steve Cabelo. Un coup de massue pour l’ensemble des Montagnards, et coup énorme au moral de Martine Hubert : « Bien évidemment j’ai été profondément affectée par ce dramatique accident », confie la pilote de Cherbourg. « Par la suite, nous avons dû affronter plusieurs courses sous la pluie, et j’ai fait un blocage qui m’empêchait de me libérer au volant. Ayant déjà un mental fragilisé par la perte de notre ami a Sabran, les conditions n’étaient pas réunies pour me battre dans ma classe. Pour moi, qui dans le passé a réussi quelques belles courses sous la pluie, c’était très compliqué d’occulter les conditions météorologiques. »
Malgré tout, Martine parvenait à s’imposer à deux reprises en CN/3, et à accumuler les premières places parmi les pilotes féminines. Certes, les chronos ne sont peut-être pas à la hauteur de ses espérances, mais le résultat final est là, puisqu’au terme de cette année 2016, Martine Hubert remporte un quatrième titre de Championne de France de la Montagne : « Oui, ce fut dans la douleur, mais le bilan est bien évidemment positif. Même si je n’ai jamais pu réellement retrouver mon feeling, ce 4ème titre est pour moi une grande satisfaction », reconnait Martine. « Il est vrai qu’en 2013, mon rêve était de réaliser une saison complète en Championnat de France… J’en suis à quatre saisons, avec quatre titres consécutifs, ce qui était inespéré pour moi. Donc que du bonheur ! »
Il est vrai qu’excepté sa détermination et l’abnégation dont font preuve les membres de son équipe, Martine Hubert ne dispose pas d’énormément de facilités pour assouvir sa passion : « Géographiquement, en habitant à Cherbourg, les déplacements sont toujours longs, complexes et coûteux. De plus, malgré l’accumulation des titres, il est toujours aussi difficile de trouver des partenaires qui nous suivent dans l’aventure », explique Martine. « Nous déployons autant d’énergie dans la préparation des épreuves que dans recherche de budgets. C’est parfois usant de devoir batailler pour trouver, ne serait-ce que des soutiens même minimes, qui nous permettent de poursuivre l’aventure. »
Ce manque de budget a un impact sur l’approche de la course, et explique en partie la prudence dont a fait preuve Martine cette année : « Lorsque l’on sait que la moindre touchette peut pénaliser la suite de la saison, on a évidemment tendance à ne pas totalement se lâcher. Notre course permanente et infructueuse pour trouver des budgets a inévitablement calmé mes ardeurs, car la moindre faute aurait eu des conséquences désastreuses sur ma saison. »
Travail payant en fin de saison
Loin de se reposer sur ses lauriers, JMH SPORT Evolution, la structure au sein de laquelle évolue Martine a, en début de saison, travaillé sur le développement de la Norma : « Nous voulions faire évoluer les amortisseurs, et nous avons mis du temps avant de bien cerner le comportement de la voiture et de trouver les réglages les mieux adaptés. Il est clair que là encore, les conditions météorologiques du début de saison ne nous ont pas aidé. »
Martine reconnait toutefois que les amortisseurs Olhins dont elle dispose sont d’une excellente efficacité : « Seul regret, j’ai dû attendre Turckheim, la dernière manche du calendrier, pour vraiment optimiser les réglages. J’étais vraiment enchantée par le comportement de la voiture, et il est dommage que nous n’ayons pas pu trouver cette configuration plus tôt. » Autre point positif, la pilote normande estime avoir fait de réel progrès sur l’approche technique et sur la mise au point de sa voiture. Des progrès qu’elle espère bien confirmer à l’avenir : « Je peux donc m’estimer heureuse du résultat obtenu, et consacrer désormais mes efforts sur 2017. »
Mais avant de tourner définitivement la page de cette saison 2016, Martine Hubert devrait être au départ des FIA Hill Climb Masters qui auront lieu cette année à Šternberk, en République Tchèque, sur le tracé de la Course de Côte d’Ecce Homo : « Mais là encore, il va falloir trouver les fonds nécessaires pour assumer un tel déplacement. »
Le sens du partage comme moteur
Totalement investie, Martine ne l’est pas seulement dans ses courses. Le sens du partage, des autres, est pour elle un moteur. C’est pour cela que l’on a pu la voir tout au long de l’année s’investir pleinement auprès de la Fédération Enfants Cancers Santé. En collaboration avec GT2i, elle a mis en place une tombola, en vue de faire gagner son casque, et de ramener de l’argent à l’association qui a pour vocation d’aider la recherche sur les cancers pédiatriques. En dehors des week-ends de course, on a pu la voir sillonner la Normandie pour participer à des actions caritatives, ayant pour but de financer la Fédération Enfants Cancers Santé.
C’est avec le même esprit de partage qu’elle et Jean-Pierre, son compagnon et manager, ont apporté leur aide à des pilotes qui, sous leur structure, ont pu bénéficier de leurs précieux conseils : « Quatre pilotes ont pu rouler au volant de la Norma 2 litres dont nous disposons. Ils ont signé de belles performances et ce fut pour chacun d’eux de magnifiques expériences », rappelle Martine. « Pour 2017, nous avons des contacts avancés pour faire rouler cette Norma sur six épreuves du Championnat. Elle est donc encore disponible pour d’autres courses, et c’est avec le plus grand des plaisirs que nous accueillerons ceux qui voudraient intégrer notre structure, et partager cette expérience avec nous. »
La Norma 3 litres est à la vente
La Norma M20F 3 litres est à présent à la vente. Elle attend un heureux propriétaire, « qui je l’espère prendra autant de plaisir que moi au volant de cette superbe, fiable et efficace voiture », confie Martine. Si elle parvient à vendre sa voiture, et qu’elle trouve des partenaires pour financer un nouveau projet, on retrouvera bien évidemment Martine Hubert sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne en 2017. Mais la suite de sa carrière dépend pleinement des sponsors qui voudront bien la suivre dans l’aventure. Sans le soutien de partenaires, la quadruple Championne de France n’a pas la certitude de pouvoir mener campagne : « Je serai bien évidemment très triste de devoir arrêter. Cette saison 2016 a été difficile, mais ce que je veux retenir c’est que j’ai pu être là, rouler à ce niveau, remporter un quatrième titre et voir la progression de jeunes filles qui s’améliorent au fil des courses. Je n’ai absolument pas le droit de me plaindre, et je suis vraiment heureuse d’être où j’en suis aujourd’hui. »
La Normande puise sa force auprès de son équipe, mais également auprès des animateurs du Championnat de France dont elle sait le soutien indéfectible : « Je suis énormément touchée par les réactions des pilotes, à qui j’ai fait part des incertitudes qui pourraient me contraindre à mettre un terme à ma carrière. Personne ne veut y croire, tout le monde me dit que ce n’est pas possible, que je ne peux pas abandonner le Championnat. Je profite de l’occasion pour les remercier de leur sollicitude. » Plus qu’une pilote, Martine est un véritable personnage parmi les Montagnards, et il est évident que son absence se ferait cruellement ressentir.
On le voit, malgré les difficultés rencontrées, Martine a vécu une saison riche en émotion. Une émotion partagée avec tous ceux qui l’ont accompagné dans l’aventure : « Je tiens à remercier tous mes fidèles partenaires qui me suivent déjà, et également mon équipe qui réalise un travail exceptionnel ! Merci à « mon Jipé », Loys, Jonathan, Lionel, Georges (jojo), Manu, Alain et Jeson. Notre chasse aux nouveaux partenaires est ouverte, et nous espérons que certaines promesses d’aides se concrétiseront », confie Martine. « En attendant, je voulais dire un grand merci à notre constructeur Norbert Santos et a toute l'équipe de Norma Auto Concept pour avoir construit une telle auto qui permet à des petites blondes de 50 kilos de se battre sur le Championnat de France de la Montagne. »
Martine tient également à remercier nommément tous ceux qui durant la saison 2016 ont été un soutien : M. Jacky Loiseau de Super U La Pommeraye, M. Luc Tourancheau de Hop Communication, Autovision à Tourlaville, Watt Kart Phalsbourg, Motul France, ’’Bienvenue chez Nous’’ à Saint-Gouëno, Jeanjean Peinture, Cotentin gravure atelier de l’enseigne à Tourlaville, la Scierie Moulins à Dunières, Best Drive à Tourlaville et Cherbourg, les Transports Cousin, Auto’Chic à Alès, Déménagement Sobrevia à Alès, la Carrosserie Poutas à Octeville et la Carrosserie Ermisse à Tourlaville, Pilotes TV et GT2i. « Encore un grand merci à toutes ces personnes sans qui je ne pourrais participer au championnat. Et je voudrais conclure en ayant une pensée pour mon A.S.A, l’A.S.A du Bocage qui me soutient de tout son cœur, ainsi que mon club d'Agon Coutainville, l’ACSM dont je suis si fière. »
Qu’en sera-t-il de l’avenir de Martine Hubert ? La seule chose dont on ne peut douter c’est que le souhait le plus ardent de la pilote normande, est d’aller chercher en 2017 une cinquième couronne de Championne de France de la Montagne.