Les huit premières manches du Championnat de France de la Montagne 2016 n’ont pas échappé à Nicolas Schatz. Invaincu depuis le début de la saison, le pilote de Mâcon a coupé court aux prétentions de ses adversaires, en remportant un septième titre consécutif, à trois manches du terme.
Nicolas Schatz et sa Norma à moteur 4 litres paraissent inaccessibles, tant le Bourguignon fait preuve d’une incroyable facilité à son volant. Mais derrière cette aisance, se cache un long travail de préparation, une remise en question constante, en fonction des enseignements glanés sur les épreuves… Le talent fait le reste !
Gros travail de préparation avant la saison
On ne se présente pas au départ d’une nouvelle campagne, ayant pour but l’obtention d’un nouveau titre, en retrouvant le volant d’une voiture délaissée au fond d’un garage durant six mois. L’équipe Schatz Compétition a soigneusement préparé cette saison 2016 : « On a énormément bossé durant l’hiver sur les liaisons au sol, sur l’aérodynamique, sur tous les domaines dans lesquels nous pouvions faire progresser cette voiture », explique Nicolas. « Dans sa configuration 2015, j’avais le sentiment que ma Norma était un peu à bout de souffle, et Sébastien (Petit), revenait très fort en fin de saison. Cela nous a motivé à beaucoup travailler pour améliorer les performances de la voiture. »
Les essais préparatoires à la saison, effectués sur circuit, laissaient présager que Nicolas et son équipe avaient travaillé dans la bonne direction : « Mais dès que l’on s’est retrouvé en Course de Côte, j’ai eu plus de mal à me libérer, et c’est là que tu prends réellement conscience que les réglages validés en circuit ne sont pas toujours adaptés à la configuration côte. Après, il a fallu quelques courses pour rentrer vraiment dans le bain. »
Nicolas Schatz accorde une importance particulière aux épreuves de l’Ouest, à l’issue desquelles on atteint la mi-saison : « A La Pommeraye on commençait à être vraiment bien, et à Saint-Gouëno on était très bien. Par la suite, que ce soit à Marchampt en Beaujolais, à Vuillafans ou à Dunières, nous avons réalisé de belles courses. » De belles prestations grâce auxquelles le Championnat allait connaitre un dénouement prématuré, avec l’acquisition d’un septième titre consécutif de Champion de France de la Montagne.
Pourtant, en début d’année, Nicolas aurait pu voir le doute s’installer dans son esprit. Car si le drame de la disparition de Steve Cabelo à Bagnols-Sabran a totalement occulté l’abandon de Sébastien Petit ; le principal adversaire du Champion de France allait à Saint-Jean-du-Gard, faire quasiment jeu égal avec son rival : « Il est clair que la victoire à Bagnols-Sabran est pour le moins bizarre, elle ne restera pas dans les annales », analyse Nicolas. « Après, sur le Col Saint-Pierre, on ne s’impose qu’avec un dixième d’avance, et à ce moment-là on se dit qu’il va falloir bosser pour empêcher Sébastien de revenir. » Un travail minutieux, rendu compliqué par une météo capricieuse, qui allait perturber les épreuves de la première moitié de saison : « Il est clair que cela ne nous a pas facilité la tâche, et qu’il a fallu vraiment être très réactif. »
On pourrait croire, qu’avec cette succession de titres, un sentiment de lassitude laisse place à l’intense émotion produite par l’obtentions des premières couronnes. Mais remporter un championnat reste toujours un moment fort dans la carrière d’un pilote : « Par rapport aux précédents, c’est celui que l’on remporte le plus tôt dans la saison, et je reconnais que ça fait particulièrement plaisir. »
Trois courses pour rester invaincu
Le Mont-Dore, prochain rendez-vous pour les animateurs du Championnat de France de la Montagne, reste une épreuve mythique, que le septuple champion abordera libéré de toute pression : « Je reconnais qu’à Dunières nous avions en tête ce septième titre qui nous tendait les bras. Là, il y aura moins de pression puisque le Championnat est joué. »
Que ses adversaires n’imaginent pas pour autant qu’ils auront le loisir d’aller chercher la victoire, sans que le Bourguignon ne leur offre une réelle opposition : « Je ne suis pas obnubilé par le fait de rester invaincu cette saison. Si je peux gagner les douze manches inscrites au calendrier du Championnat, je ne m’en priverai pas. De toutes les manières, je me présenterai au départ de chacune des épreuves comme si le Championnat n’était pas joué. »
Des podiums en circuits
Si l’objectif premier de Nicolas Schatz était bien évidemment sa campagne sur le Championnat de France de la Montagne, il a toutefois pu diversifier son approche de la course en s’engageant sur deux épreuves du TTE, au Val de Vienne en début de saison et Dijon-Prénois le mois dernier : « C’est un choix dû au fait que le format du TTE reste pour nous accessible. C’est certes de l’Endurance, mais sur des épreuves de trois heures, donc ’’relativement’’ courtes. Cela permet, avec une équipe à taille humaine, d’accéder à une discipline telle que l’Endurance. »
Au Val de Vienne, accompagné de Geoffroy Rivet, Nicolas termine troisième à seulement une seconde de la deuxième place, et ce à l’issue de trois heures de course. A Dijon, c’est en compagnie d’un autre Montagnard, Pierre Courroye, qu’il accède à la deuxième marche du podium : « C’est moi qui ai proposé à Pierre de partager le volant à Dijon. Je trouvais ça très sympa de rouler en compagnie d’un jeune pilote de 22 ans, qui est l’issue de la Montagne et qui a déjà une expérience en circuit », explique Nicolas. « C’est un garçon posé, très mature, dont je connais le potentiel, et avec qui je savais qu’humainement ça allait coller, ce qui est pour moi essentiel. »
Nicolas et Pierre n’ont pas pu mener à bien le programme de préparation avant de rejoindre le circuit de Dijon-Prénois : « Ce qui n’a pas empêché Pierre d’être super intelligent dans son approche, de ne commettre aucune faute, avec une évolution constante au fil des kilomètres. Nous avons vraiment vécu une superbe expérience. »
Même s’il reconnait que l’approche du circuit et de la Course de Côte sont différentes, Nicolas Schatz garde à l’esprit que rouler en circuit est particulièrement bénéfique, notamment pour faire progresser son pilotage : « Sans roulage, sans travail sur la technique de pilotage, tu ne peux pas être opérationnel à 100% pendant le meeting », analyse le Mâconnais. « Après, il est évident que passer d’un 2 litres de 200 chevaux sur lequel on aborde le large tracé hyper rapide de Dijon, à une 4 litres de 500 chevaux sur la petite route de Dunières, n’est pas chose facile. Ça demande une sacrée gymnastique et je pense que Pierre a connu la même problématique, mais à preuve du contraire, ça lui a plutôt réussi », analyse Nicolas. « De toute façon c’est enrichissant, je reconnais apprendre beaucoup de chose en circuit, même si les deux disciplines sont radicalement différentes. Je mets à peine plus d’une minute pour effectuer la montée de Dunières, il m’en faut plus pour boucler un tour à Dijon-Prénois, et on en enchaîne plus de 70… »
Nicolas chef d’orchestre d’un véritable philarmonique
Le programme de Nicolas Schatz jusqu’à la fin d’année 2016 est des plus chargé. Le septuple Champion de France n’a donc pas vraiment le temps de penser à la saison à venir, et il lui est difficile de dire aujourd’hui de quoi elle sera faite : « Il y a bien évidemment de très fortes chances que je roule sur le Championnat de France de la Montagne. D’une part parce que cette discipline me plait énormément, et d’autre part parce que j’ai de nombreux pilotes qui comptent s’engager sur ce Championnat et je me dois de les accompagner. »
S’il est le chef d’orchestre du Team Schatz Compétition, partageant son savoir-faire avec les pilotes de l’équipe, distillant ses précieux conseils, Nicolas Schatz ne peut assumer seul la préparation, l’entretien et le suivi de la dizaine de voitures qui évoluent sous sa structure. Pour cela, il sait pouvoir se reposer sur des hommes capables de jouer la partition à la perfection : « J’ai la chance d’avoir une équipe d’enfer. Nous devons gérer neuf voitures. Cela demande une somme de travail énorme pour préparer les autos, analyser à chaque manche les prestations de chaque pilote, réparer, modifier les réglages. Nos voitures sont au départ de chacune des manches, et pour cela je peux m’appuyer sur les membres de mon équipe qui, tout au long de la saison, réalisent des prouesses, et un travail d’une qualité exemplaire. »
L’osmose est réelle entre Nicolas, les membres de son équipe, et ses pilotes. La progression constante de ces derniers est due non seulement au coaching du champion, mais également à l’ambiance et la saine émulation qui règne entre chacun : « C’est avant tout une aventure humaine, faite d’échanges, de moments super sympas », explique Nicolas. « Pour moi, depuis deux ou trois ans, la double motivation qui m’incite à aller sur les épreuves, c’est de vivre ma passion, mais également de la partager. De savoir que les autres ont le même centre d’intérêt, les mêmes attentes, de voir progresser ses pilotes, c’est tout simplement fabuleux. »
Et s’ils ont tous progressé au fil des courses, pour certains la progression est fulgurante : « En Mitjet, Jean-Michel (Lestienne) a fait un énorme pas en avant, et que dire de Sarah (Louvet) qui accumule les succès, elle a remporté le week-end dernier la Coupe des Dames en terminant première des Formule Renault à La Tardes, et elle va tenter, en plus de sa participation au Championnat, de se qualifier pour la Finale de la Coupe de France. Même si nous n’avons pas eu le temps de réaliser le programme d’entrainement initialement prévu avec Sarah, elle a atteint un excellent niveau, qui lui permettra à coup sûr de franchir sans trop de difficultés, le palier supérieur. »
Lorsque Nicolas Schatz a démarché ceux qui allaient devenir ses partenaires, ils n’avaient alors que sa motivation et son pouvoir de persuasion comme atouts. Aujourd’hui, ceux qui depuis de nombreuses années lui font confiance ne le regrettent pas. En termes d’images, avec sept titres de Champion de France de la Montagne en poche, le Bourguignon a très largement démontré qu’ils avaient eu raison de le suivre : « C’est vraiment important pour moi d’avoir pu fidéliser mes partenaires. Ils me soutiennent et partagent mes victoires. Je pense avoir démontré qu’ils avaient misé sur le bon pilote, et que ma progression va de pair avec celle de leurs entreprises. »