Troisième du Championnat de France de la Montagne Production en 2014, Christian Schmitter remportait également à l’issue de cette saison le Trophée FFSA du GT de Série. Une performance de tout premier ordre, qui incitait le patron de CroisiEurope à rejoindre la catégorie supérieure, pour animer en 2015 les rangs du GTTS.
Au volant d’une Porsche 997 GT2 performante, préparée de main de maitre par Romain Dumas, Christian Schmitter avait largement dominé les débats, phagocytant les premières places du GT de Série. Il lui paraissait donc logique de franchir le pas, et de rejoindre le GTTS au sein duquel évoluent les ténors de la discipline : « En 2014, j’ai eu le sentiment d’être par moment un peu seul en GT de Série, et j’avais alors comme motivation de me rapprocher au plus près des chronos réalisés par les GTTS », confie Christian. « Pour 2015, j’ai voulu me battre à armes égales avec les leaders du championnat, tout en gardant à l’esprit que cela serait plus compliqué. »
Plus compliqué, parce que l’Alsacien était conscient que le niveau dans la catégorie ne permettrait pas la moindre approximation : « Quand tu te retrouves confrontés à des pilotes de la trempe de Nicolas Werver ou de Francis Dosières, qui jouissent d’une énorme expérience et d’un talent incontestable, tu sais pertinemment que ça s’annonce difficile. Ils abordent la compétition en ne laissant aucune place au hasard, en étant hyper pointus dans tous les domaines. »
Dans ces conditions, Christian Schmitter affichait des prétentions raisonnées : « Je suis passé d’une boîte de vitesses manuelle à une boîte séquentielle, je découvrais un nouvel environnement, et je n’avais bien évidemment pas l’ambition de remporter le championnat. J’espérais me mettre en avant, améliorer mes chronos et accrocher des podiums tout au long de la saison. »
Une saison qui débutait à Bagnols-Sabran, épreuve que Christian abordait sans avoir eu l’opportunité de mener des essais préparatoires : « C’était pour moi une épreuve d’apprentissage. Je disposais des acquis de la saison passée, mais je devais me familiariser avec une boîte séquentielle aux rapports très courts, ce qui m’obligeait à rouler différemment. En GT de Série, priorité est donné au couple, et là je me retrouvais avec une voiture qui montait très vite dans les tours, ce qui oblige à des changements de rapports de boîte permanents », explique-t-il. « Finalement, ça s’est bien passé, et je ne peux être que satisfait de mon week-end. »
Premier podium au Col Saint-Pierre
Christian Schmitter apprend vite. Cela se confirmait à l’occasion du Col Saint-Pierre où il terminait sur le podium, derrière Nicolas Werver et Francis Dosières. Loin de vouloir magnifier sa performance, l’Alsacien estime en toute humilité qu’il la doit en partie à la configuration de la manche européenne : « C’est le terrain de jeu idéal pour ma Porsche. Le parcours est large, avec de grosses relances, si tout se passait bien, je pouvais légitimement prétendre au podium. »
La progression allait se poursuivre en Lorraine où, sur la Course de Côte d’Abreschviller, Christian a bien failli s’imposer. Leader à l’issue de la deuxième montée de course, il devait finalement s’incliner face à Nicolas Werver pour 264 millièmes de seconde : « Avec un tracé aussi court et aussi rapide, je pouvais espérer tirer profit de ma Porsche. La puissance du turbo jouait en ma faveur et il ne faut pas forcément être un grand pilote pour aller vite sur cette épreuve », lâche-t-il dans un large sourire. « A mon avis, j’aurais pu rester devant Nico si je n’avais pas été ’’feignant’’ sur l’utilisation de la boîte. Sur la dernière montée, à la sortie de l’épingle, j’aurais dû mettre la deux, et je suis resté en trois. C’est certainement ce qui me fait louper la victoire. »
C’est à La Pommeraye que l’on retrouvait ensuite la Porsche 997 de l’Alsacien. Sur l’épreuve angevine, il allait connaitre un week-end un peu plus difficile, entaché par des problèmes techniques qui l’empêcheront de prendre part à la première montée de course : « Le tracé de La Pommeraye ne me convient pas vraiment », reconnait-il. « Si mes souvenirs sont bons, j’ai eu des soucis avec un collecteur de turbo. Mais de toute manière, je ne suis pas à mon aise sur ce parcours. »
Les épreuves de l’Ouest ne suscitent pas un enthousiasme débordant chez Christian. A Saint-Gouëno, il avoue ne pas parvenir à tirer le meilleur de lui-même : « Là encore, c’est un tracé sur lequel j’ai du mal. Je ne m’explique pas vraiment pourquoi », confie Christian qui positionnait sa Porsche à cinquième place.
Mais l’Alsacien renouait rapidement avec le podium. Aux Beaujolais-Villages il plaçait sa Porsche au troisième rang, derrière celle de Nicolas Werver et la Simca CG de Christophe Poinsignon : « J’apprécie beaucoup cette épreuve qui propose un tracé rapide avec des portions plus techniques. Le week-end s’est très bien passé », confie Christian.
S’il reconnait apprécier également le tracé de la Course de Côte de Vuillafans, Christian Schmitter doit avouer que l’édition 2015 de l’épreuve franc-comtoise ne fut pas de tout repos : « La chaleur accablante rendait les choses difficiles à gérer. J’ai fait de mon mieux, mais c’était compliqué. » Sa prestation reste tout de même de tout premier ordre puisqu’il classe sa Porsche à la quatrième place, derrière celles de Nicolas Werver et Jean-François Ganevat, et la Mégane Trophy de Francis Dosières.
Une fin de saison perturbée
Les trois dernières manches inscrites au calendrier de Christian Schmitter seront malgré par une accumulation de complications qui le gêneront dans sa progression. Tout d’abord au Mont-Dore, où des problèmes mécaniques viendront perturber sa course, et feront qu’il ne sera pas en mesure de prendre part à la troisième montée : « J’ai rencontré des soucis avec l’embrayage. Je me suis présenté au départ, mais il m’a été impossible de m’élancer. »
L’élément défectueux était réparé, pour permettre au patron de CroisiEurope d’être présent à Chamrousse. Quatrième au terme du week-end alpin, était cette fois victime d’une mésaventure peu commune : « J’ai connu une crevaison lente sur un pneu avant gauche. Le temps que je trouve une bombe anti-crevaison et que je refasse la pression, je me suis élancé, grâce à la compréhension des commissaires, juste devant les voitures de la catégorie Sport. J’ai eu la chance de ce fait de bénéficier d’une route un peu plus sèche que mes adversaires, ce qui me permet de signer le meilleur temps », explique-t-il. « Sur la deuxième montée, j’avais toujours un problème avec cette crevaison lente, mais chose surprenante, je perdais de la pression dans la descente qui mène au départ, mais pas à l’issue de la montée de course. Cela provenait d’une valve que nous avons changée, mais ce fut compliqué à gérer. »
C’est à domicile, sur la Course de Côte de Turckheim que Christian Schmitter terminait sa saison. L’Alsacien espérait s’illustrer sur une épreuve qui lui tient particulièrement à cœur. Malheureusement, de nouveaux problèmes viendront perturber son week-end : « Ça à mal commencé. Sur la première montée d’essais, mon frère se met en travers alors que je m’élançais derrière lui. Les commissaires brandissaient des drapeaux jaunes et non pas rouges, mais je me suis arrêté. J’ai tout de même rapidement pensé que Nico (Werver) devait arriver derrière moi, alors je suis reparti. Sur la deuxième montée d’essais, j’ai été victime d’une casse d’un cardan », se remémore Christian qui pouvait espérer que la journée de dimanche convienne mieux à ses attentes. Mais là encore, ça n’allait pas sourire au pilote de la Porsche, victime d’une sortie de route : « Je sais que je suis du matin, je signe souvent de bons chronos sur les premières montées de course. J’ai voulu faire un truc alors que la route était encore humide, et j’ai été trop optimiste », reconnait-il. « Je suis arrivé trop fort sur un droite, l’avant m’a échappé, j’ai essayé de la récupérer, mais ça n’a pas été possible. » Par chance, les dégâts allaient s’avérer moindres, mais ils obligeaient tout de même Christian à renoncer.
Cinquième du Championnat de France Production, troisième du GTTS, Christian Schmitter ne peut se satisfaire de ce résultat : « C’est moins bien que l’an dernier, et à ce titre, ça ne peut pas être satisfaisant. Ceci dit, je savais à quoi m’attendre. En GTTS, j’étais confronté à des pilotes qui disposent de palmarès impressionnant. Et du côté du GT de Série, Pierre (Courroye) a remporté toutes ses courses, et engrange de ce fait le maximum de points », analyse-t-il.
Bien préparer la saison 2016
Le pilote du Team Petit CroisiEurope sait aujourd’hui que pour disposer des meilleurs atouts, il se doit de cerner parfaitement le comportement de sa Porsche. A un peu plus de deux mois du coup d’envoi de la saison 2016, il espère avant tout pouvoir mener à bien de nécessaires essais préparatoires : « L’idéal pour moi serait que la voiture soit prête dans le courant du mois de février, ce qui me permettrait de la prendre en main. L’an dernier, j’ai découvert la voiture à Bagnols-Sabran, ce qui à mon sens n’était pas idéal. Avec Romain, nous avons décidé d’apporter quelques modifications à la voiture, et j’aimerais bien pouvoir tester l’auto avant de débuter le championnat 2016. »
Un championnat qui s’annonce particulièrement relevé, Christian Schmitter est persuadé qu’en 2016 la concurrence sera rude : « Normalement, de ce que j’en sais, du beau monde devrait faire son arrivée en GTTS. Mais de toute manière je ne me fixe pas d’objectif particulier si ce n’est de me faire plaisir, et si possible de faire un coup sur quelques épreuves que j’aime bien. »
Philippe Schmitter au volant d'une Lamborghini
Et parmi la concurrence, Christian va retrouver son frère Philippe, qui délaissera en 2016 sa Mégane Trophy pour une auto apparemment plus puissante : « Il sera au départ du Championnat avec une Lamborghini Gallardo Super Trofeo, similaire à celle qu’il avait auparavant, mais cette fois en deux roues motrices et 700 chevaux. »
Côté programme sportif, on devrait retrouver Christian Schmitter sur onze des douze épreuves du Championnat de France de la Montagne. Un programme complété par une participation à une paire de manches européennes, et à la Course de Côte de La Broque qui fait cette année son apparition au calendrier du Championnat 2ème division : « L’objectif est de rouler un peu plus. L’accumulation des courses permet d’accroitre l’expérience et de rester sur un bon rythme. Quand tu roules en GTTS, c’est à mon sens important d’engranger des kilomètres. »
Comme ce fut le cas ces dernières saisons, c’est sous les couleurs de CroisiEurope et intégré au sein du Team Petit qu’évolueront l’an prochain Christian et Philippe Schmitter : « Bien évidemment je remercie tous les membres du Team Petit-CroisiEurope pour leur aide et leurs précieux conseils, mais en premier lieu je tiens à remercier mon épouse, Océane, qui m’accompagne, me soutient et avec qui je partage cette passion pour le sport automobile. Merci également à Romain Dumas qui m’a incité à opter pour cette Porsche 997 GT2, et grâce à qui je dispose d’une voiture vraiment performante. Romain est énormément impliqué dans la compétition automobile, dans de nombreuses disciplines, et il prend le temps de s’occuper de ma voiture alors qu’il n’a pas d’intérêt particulier à le faire. C’est vraiment un grand monsieur du sport auto. »