Vainqueur du Challenge Open F2000 en 2013, Emmanuel Veol avait connu l’année suivante une saison qu’il qualifiait de frustrante. Conscient que sa Peugeot 206 affichait encore quelques insuffisances en matière de réglages, le pilote ardéchois mettait à profit l’intersaison pour modifier sa monture. Tout semblait donc en place pour que ’’Manu’’ puisse à nouveau faire jeu égal avec les meilleurs animateurs du F2000… Ce qu’il ne se privera pas de faire à l’occasion de plusieurs confrontations.
S’il y a un domaine dans lequel la 206 semblait pécher, c’est bien du côté de la tenue de route. Tout au long de la saison 2014, Emmanuel Veol était pénalisé par un train avant peu incisif, qui l’empêchait de se mettre réellement en valeur. L’Albenassien savait que l’amélioration de ses chronos nécessitait quelques modifications : « Nous avons passé la voiture en voies larges, ce qui globalement m’a permis d’améliorer mes chronos tout au long de la saison. Le gain doit se situer aux alentours d’une seconde au kilomètre, ce qui est plus que conséquent. »
Une nouvelle configuration qui allait permettre à Emmanuel, tout au long de la saison, d’égaler les chronos signés en 2014 par ses adversaires : « Mais eux aussi ont pu faire progresser leurs voitures durant l’intersaison, et de ce fait, il était souvent difficile de rivaliser avec eux », estime Manu qui, en fin de saison, allait découvrir que son auto n’était pas aussi performante qu’il aurait pu le croire : « Nous l’avons passé au banc, et j’ai pu me rendre compte que je disposais d’environ 255 chevaux, soit à mon avis près de quarante chevaux de moins que mes adversaires. »
L’objectif d’Emmanuel restait malgré tout mesuré. S’il espérait bien se mettre en valeur sur quelques épreuves – ce qu’il n’a pas manqué de faire – il ne visait pas un quelconque trophée. L’Ardéchois reconnait courir au feeling, la motivation étant dépendante de son attrait pour le tracé : « Il y a des épreuves que j’apprécie plus que d’autres. Quand je ne suis pas vraiment fan du tracé, j’ai du mal à me mettre vraiment dedans. En revanche, quand j’aime le parcours, je suis capable de me transcender. »
Des chronos en progression
C’est avec une 206 passablement modifiée qu’Emmanuel Veol se présentait au départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, sans avoir eu le temps de faire d’essais préparatoires. Dans sa nouvelle configuration, sa 206 lui donnait satisfaction, et Manu accrochait la troisième place du F2000 : « Je suis content de mon week-end. J’ai récupéré l’auto deux jours avant, et pour une reprise ça s’est bien passé. J’améliore de plus d’une seconde au kil’, de quoi être pleinement satisfait. »
Malheureusement pour Emmanuel, la satisfaction était de courte durée. Sur le Col Saint, il ne parvenait pas à rééditer sa prestation, et ne cache pas sa déception : « J’ai dû améliorer un peu mes chronos, mais une progression dérisoire, bien en deçà de ce que j’espérais. Après la bonne performance réalisée à Sabran, c’était un peu décevant », avoue Manu qui se retrouvait là confronté à une grosse concurrence. Cinquième du F2000, il pointe à l’arrivée derrière la Xsara de Christian Astier, les BMW 318 de Sébastien Lemaire et Jean-Alexandre Riso et la 306 de Jean Turnel.
Il faudra attendre la Course de Côte des Beaujolais-Villages pour revoir Emmanuel sur une manche du Championnat de France. A Marchampt, il plaçait sa 206 à la quatrième place, à seulement trois dixièmes de la 205 GTI de Julien Bayle : « Julien est un très vite, et en ce qui me concerne je suis très déçu de mon premier temps intermédiaire. Je perds entre deux secondes et deux secondes cinq sur le premier tronçon, c’est énorme ! Par la suite, je reprends du temps ou bien je ne lâche que quelques dixièmes », analyse-t-il. « Après, je sais que je tire très court, et avant ’’le portail’’ je pense que je fais plus de 150 mètres au rupteur. C’est pareil sur la ligne droite, et je ’’rupte’’ même au Châtaignier. Il est clair que c’est assez pénalisant. »
A Dunières, dans des conditions difficiles, Emmanuel allait chercher une deuxième place de groupe : « Il n’y avait personne ! », fait-il remarquer en toute humilité. Il n’empêche que sur la première montée d’essais, courue sur une route humide, l’Ardéchois signe le meilleur chrono de son groupe : « Cela confirme que lorsqu’il ne fait pas chaud, la voiture se comporte très bien. Mais le dimanche, la chaleur était au rendez-vous et la voiture est devenue difficile à conduire, elle sous-virait énormément. »
Un samedi pluvieux au Mont-Dore allait confirmer la bonne tenue de la 206 sur l’eau, puisque lors de la deuxième séance d’essais, Emmanuel s’imposait en devançant Jean Turnel de plus de trois secondes et Sébastien Lemaire de plus de six secondes. Mais le lendemain, l’Albenassien n’allait pas être à la fête : « Dimanche, nous avons galéré pour régler l’auto. Revenu à la maison, j’ai essayé de comprendre ce qui n’allait pas, et je me suis rendu compte que mes deux cardans s’étaient dévissés. J’avais un centimètre de jeu à chaque roue, et je ne m’explique toujours pas comment cela a pu se produire. »
S’il sait avoir perdu du temps à cause de ce souci, Manu reconnait qu’il lui aurait était malgré tout difficile de jouer la victoire sur l’épreuve auvergnate. En revanche, il s’en est fallu de peu pour qu’il ne monte sur la première marche du podium à Chamrousse. Il est vrai que, chaque année, Emmanuel Veol est particulièrement à son affaire sur le tracé alpin : « Sur l’ensemble des épreuves, je dois composer avec un problème de sous-virage qui entraine une surchauffe prématurée des pneus. A Chamrousse, le tracé est plus rapide, moins serré que ce que l’on trouve ailleurs, ce qui me permet de ne pas être pénalisé par mon châssis. »
Deuxième du F2000 à seulement 759 millièmes de Sébastien Lemaire, Emmanuel termine devant Jean Turnel et ne peut être qu’enchanté du résultat : « Content bien évidemment, mais déçu que l’on ait pas pu faire la troisième montée, ne serait-ce que pour donner une chance à Jean de revenir. Sportivement ça aurait été sympa. Et puis je me dis que j’aurais peut-être pu aller chercher Seb, parce que j’en avais encore sous le pied. Mais je n’étais pas prêt non plus à prendre tous les risques. »
Emmanuel Veol a également fait une apparition cette saison sur la 2ème division. On a pu le voir au départ de la Course de Côte de Gémenos, où il monte une nouvelle fois sur le podium du F2000, en terminant derrière la Saxo de Christian Villard et la Mégane de Franck Foggi : « J’ai voulu faire Gémenos pour rouler sur un tracé rapide avant de me rendre au Beaujolais », explique Emmanuel. « Gémenos est une très belle course, et j’ai pu me mesurer à des pilotes locaux qui roulent très forts sur cette épreuve. La principale difficulté pour moi venait du fait que je découvrais le tracé, et que les épingles en fin de parcours ne me facilitaient pas la tâche. Je terminais avec des pneus à l’agonie. Mais je suis content du résultat, et content d’avoir pu me battre avec des pilotes du cru, qui savaient exactement où ils posaient les roues alors que je découvrais », confie Manu qui, sur 4,6 kilomètres, termine à seulement sept dixièmes de la victoire, un dixième de la deuxième place.
Des podiums en Productions
Fin juillet, Emmanuel Veol était au départ de la Course de Côte de Monastier-sur-Gazeille, où il terminait deuxième du Production derrière la CG de Frédéric Assenault, et vainqueur du F2000 : « J’aime cette course parce qu’elle me donne l’occasion de retrouver Jean (Turnel). Malheureusement, ses problèmes de moteur l’ont empêché d’être présent cette année », explique Emmanuel. « En son absence, je bats le record qu’il avait établi l’an dernier. »
Au mois d’août, c’est sur la Course de Côte de Crest – Divajeu, organisée dans la Drôme dans le cadre des 48 Heures Automobiles de Divajeu, qu’Emmanuel allait signer un nouveau résultat probant. Il classait en effet sa 206 à la troisième place du Production, derrière la Rallye II de Stéphan Baghtchejian et la Seat Léon Supercopa de Thomas Donger : « J’avais eu l’occasion de disputer cette course il y a une dizaine d’année. J’y suis revenu, ce qui me permet de remporter une victoire et d’établir un nouveau record de groupe. C’est toujours plaisant. »
En fin de saison, Emmanuel Veol accrochait son ticket pour la Finale de la Coupe de France, et on retrouvait donc la 206 à Limonest : « J’y suis allé parce que selon moi une qualification pour la finale ne se refuse pas. Mais je dois avouer que je n’apprécie que très modérément le parcours de Limonest. Le tracé est serré, ce qui ne m’avantage pas avec la 206. Le plateau était particulièrement important, et j’espérais terminer entre la troisième et la sixième place. Je me classe sixième après avoir attaqué comme un forcené et détruit mes pneus, bon, que dire de plus. »
A l’heure de faire les comptes, on retrouve Emmanuel Veol à la 17ème place du Championnat de France Production, troisième de l’Open F2000, à égalité de points avec Régis Pierrat : « Je ne suis pas mécontent de ma saison, ma 206 était plus performante que lors de la saison précédente. Je reste persuadé qu’avec une auto mieux réglée, j’aurais pu aller chercher Jean. Pour ce qui est de Sébastien, ça aurait été plus compliqué, la propulsion se prête mieux au profil des épreuves », analyse Emmanuel. « Si j’ai un regret, c’est de ne pas avoir passé la voiture au banc bien plus tôt, nous aurions pu nous apercevoir du manque de puissance, et peut-être rectifier le tir. »
Cette saison 2015 aura permis à Emmanuel de connaitre de nombreuses satisfactions, qu’il partage avec ceux qui ne manquent pas de le soutenir : « Merci à eux, avant tout à Céline, ma chérie, qui est toujours là pour nettoyer mes pneus en pré-grille alors que la course, ce n’est pas vraiment son truc. Elle me suit et accepte que je puisse assouvir ma passion, je ne peux que l’en remercier. Merci également à Charles Vigne, mon mécanicien qui est présent à mes côtés sur toutes les épreuves, et à mes parents qui assurent l’intendance », Emmanuel n’oublie pas de remercier Motul qui lui fournit les lubrifiants.
Après trois années de bons et loyaux services sur les épreuves du Championnat de France, la 206 va voguer vers de nouvelles aventures. Emmanuel Veol a en effet vendu sa Peugeot : « Rien n’est encore définitivement arrêté pour 2016. Une chose est sûre, je ne repartirai pas en F2000. Pour jouer les premiers rôles, il faut avoir une auto particulièrement affûtée, ce qui nécessite un budget conséquent. Il est possible que je prenne une année sabbatique, histoire de mener à bien divers projets et de préparer soigneusement mon retour au volant d’une nouvelle voiture », confie Emmanuel, qui ne cache pas que de nouvelles responsabilités professionnelles risquent de restreindre ses disponibilités. « Cela fait une quinzaine d’année que je roule en course de côte et je ne me vois pas quitter le Championnat de France. » L’Ardéchois admet qu’il aimerait bien courir à présent dans la catégorie Sport. « Ça n’enchante pas ma compagne, mais j’ai le sentiment qu’il est temps pour moi de me tourner vers une voiture ouverte. Mais je le répète, rien n’est arrêté pour le moment. Ce que je retiens aujourd’hui, c’est que j’ai passé trois saisons fabuleuses avec la 206. Je tourne la page, et maintenant je dois prendre le temps de la réflexion pour revenir dans les meilleures conditions. »