Animateur du Championnat de France de la Montagne durant les années 70 et 80, Jean-Luc Miramont faisait cette année son retour sur les courses de côte nationales. Le pilote de Saint-Flour n’avait d’autres objectifs que de se faire plaisir au volant de sa Clio Cup. Le plaisir sera au rendez-vous, et sera même assorti de belles performances, qui lui permettent de remporter le Challenge Open A/3.
Le sport automobile, Jean-Luc Miramont l’a découvert par l’intermédiaire d’un voisin qui, dans les années 70, disputait quelques rallyes de son Auvergne natale. Les discussions centrées sur les épreuves automobiles, ne pouvaient que faire germer dans l’esprit de Jean-Luc, l’envie de goûter à son tour aux sensations que l’on peut connaitre derrière le volant.
En 1975, c’est au volant d’une Simca 1000 Rallye 1 qu’il s’engageait sur le Rallye de la Gentiane, avant de se tourner par la suite vers la course de côte : « Le choix de la côte était avant tout dicté par mes occupations. Je n’avais pas suffisamment de temps à consacrer aux reconnaissances, c’est ce qui m’a incité à me tourner vers la côte. »
Au fil des saisons, la Rallye I laissait place à une Rallye II, que Jean-Luc troquait par la suite contre une Rallye III : « Mon père était ami avec le concessionnaire Simca de Saint-Flour. C’est pour cela qu’il m’est apparu logique d’acquérir ces voitures. » Un an au volant de la première version, puis viendra la Rallye II et enfin une rencontre avec Gérard Sauveplane, membre du Simon Racing, allait ouvrir à Jean-Luc les ateliers d’Edmond Simon. Le préparateur vauclusien prenait alors en charge la voiture du pilote Sanflorain.
Aux courses régionales succèderont les épreuves nationales. S’il continuait à animer les épreuves auvergnates, Jean-Luc s’engageait également sur plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne : « Fin 1977 j’ai vendu ma voiture à Thierry Ressouche, et c’est avec cette auto qu’il a fait ses débuts. Dans le même temps, j’ai racheté une Rallye III dont j’ai bien évidemment confié la préparation au Simon Racing. » Le ’’Sorcier’’ d’Avignon mettait alors au point une auto, qui permettait à Jean-Luc de s’illustrer dans le cadre de la Coupe Simca où il accrochait la huitième place.
Du groupe 1 au groupe N
Inscrite en groupe 1, la Rallye III se retrouvait en groupe A lors du changement de réglementation qui régissait les différentes catégories. Un changement de groupe qui n’allait en rien modifier l’approche de Jean-Luc Miramont, le pilote de Saint-Flour restait fidèle à sa monture. Mais les premières amours ne durent qu’un temps, et la fidélité devenait un vœux pieu lorsqu’une Samba Rallye lui faisait les yeux doux : « C’était une groupe N avec laquelle j’ai disputé le Championnat de France de la Montagne durant les saisons 1984 et 1985. »
L’année suivante, Jean-Luc retrouvait Edmond Simon qui lui cédait une Renault 5 GT Turbo groupe N : « J’ai gardé cette voiture pendant deux ans, avant qu’Edmond ne me propose une autre 5 GT Turbo, une voiture d’usine au volant de laquelle roulait précédemment le Corse Jean-Pierre Deriu », se souvient l’Auvergnat. « Ensuite, j’ai pu récupérer une autre GT Turbo, celle de Jean-Louis Cupissol. »
Le début des années 90 voyait Jean-Luc délaissait le Losange pour une Lionne. Il se portait alors acquéreur d’une Peugeot 205 Rallye - toujours en groupe N - avec laquelle il roulera durant trois saisons. Suivront une Citroën AX et une Peugeot 106 Rallye : « Ma 106 était une voiture sortie des ateliers de Peugeot Sport, et par la suite, en 1998, j’aurais l’occasion de rouler au volant de la 106 Maxi groupe A de la Direction Régionale Méditerranée. »
En 2000, Jean-Luc Miramont axe sa saison sur la Coupe de France, et c’est au volant d’une 306 Maxi préparée par André Porte qu’il allait remporter une victoire en 2 Litres sur la Finale de Coupe de France.
Jean-Luc estimait alors avoir fait le tour de la question, et l’envie lui prenait de délaisser l’automobile pour aller sillonner les routes en deux roues : « Je voulais faire des compétitions de vélo. Cela m’a donné l’occasion de faire les étapes du Tour de France amateur, et toutes les randonnées cyclo que nous avons en Auvergne. »
Il faudra attendre 12 ans pour revoir Jean-Luc Miramont au départ d’une course de côte. En 2012, il s’alignait au Mont-Dore au volant d’une Clio Cup, avec comme seul objectif de se faire plaisir : « Pour être tout à fait franc, je n’avais pas vraiment l’intention de m’investir sur le Championnat », avoue Jean-Luc. Mais à cette époque il faisait la connaissance de Christine, sa compagne, elle-même passionnée de belles mécaniques : « Nous avons donc décidé de rouler en circuit, uniquement en loisir, au volant de sa Porsche. Elle a tout de suite compris que j’avais toujours le virus, et c’est elle qui m’a incité à revenir sur le Championnat de France de la Montagne. »
Un retour qui se fera en 2014, sur quatre épreuves du championnat, à nouveau au volant d’une Clio Cup. Une mise-en-bouche qui motivait Jean-Luc à s’engager, pour disputer cette saison le Challenge Open A/3 : « Mon seul objectif était alors de m’amuser. Je n’avais aucune prétention en termes de résultats. »
Le Championnat dans le cadre du Challenge Open
Prévues initialement au calendrier de Jean-Luc Miramont, les deux épreuves gardoises qui inaugurent la saison se feront sans lui : « Il y a eu du retard dans la préparation de la voiture, et j’ai dû déclarer forfait pour Bagnols-Sabran et le Col Saint Pierre », regrette-t-il.
C’est donc à La Pommeraye que l’Auvergnat disputait sa première course de la saison. Un premier rendez-vous qui ne sera pas exempt de problème : « J’ai débuté le week-end sans avoir eu l’occasion d’essayer la voiture. En configuration circuit, la Clio avait alors trop de freins sur l’arrière, et je me suis fait piéger. Mais ça, je le comprendrai beaucoup plus tard. » Un incident de parcours dont la petite Renault laissait entrevoir quelques stigmates sur l’arrière, mais qui n’allait pas empêcher Jean-Luc de poursuivre sa progression. Au final, il accrochait une quatrième place de classe.
Résultat identique aux Beaujolais-Village où on retrouvait à nouveau Jean-Luc Miramont aux portes du podium de la classe A/3 : « Après la sortie à La Pommeraye, j’avais un doute sur le comportement de la voiture, mais pas vraiment de solution à y apporter. Malgré tout, je passe un excellent week-end à Marchampt, même si je suis un peu déçu par l’écart qui me sépare de ceux qui me précèdent. »
Au moment d’aborder l’épreuve de Vuillafans, Jean-Luc n’avait toujours pas résolu les problèmes de comportement de sa voiture : « C’était un peu compliqué pour moi, d’autant que je gardais à l’esprit mon accident de 2000, où suite à une casse de direction, je suis sorti dans la grande courbe. L’accident était spectaculaire, car arrivé derrière moi, Didier Deniset m’a percuté sur les portières et m’a poussé sur plusieurs mètres », rappelle-t-il. « Mais bon, je suis tout de même parvenu à retrouver mes marques et à signer un chrono honorable », estime Jean-Luc qui terminait troisième de classe.
A Dunières, le Sanflorain allait avoir une révélation. A l’amorce d’un virage, sa voiture lui échappait pour terminer sa course contre le grillage : « C’est à ce moment-là que j’ai compris que mon auto était mal configurée. J’avais beaucoup trop de freins sur l’arrière, et elle décrochait sur les freinages. C’est d’autant plus regrettable que, samedi, lors des essais, je signe le meilleur temps des Clio Cup. Je pensais alors vraiment pouvoir jouer la gagne. » Samedi soir, Jean-Luc était contraint de réparer un carter d’huile crevé, pour repartir dimanche et terminer sur le podium de sa classe. « A mon avis, c’est ici que j’ai gagné le Challenge Open A/3. Je pense que mon chrono sur la première montée d’essais, et le fait d’avoir compris l’origine de mes problèmes m’ont permis d’aborder les courses suivantes en confiance. »
Au Mont-Dore, Jean-Luc retrouvait une forte opposition, mais parviendra à tirer son épingle du jeu, et terminant notamment en tête des pilotes engagés dans le Challenge : « J’ai malgré tout quelques regrets, car je signe un très bon chrono alors que la route était encore humide, et par la suite, sur le sec, j’ai trop assuré pensant que le revêtement était toujours glissant. »
La Course de Côte de Chamrousse allait confirmer ce que Jean-Luc savait déjà, le comportement de sa Clio s’était nettement amélioré depuis le début de saison : « Mes temps le prouvent, puisque j’améliore mon chrono de l’année précédente de plus de cinq secondes. Et puis sur celle-là, j’ai su faire un temps au bon moment », commente celui qui terminait quatrième de classe, premier du Challenge.
Pour conclure sa saison, Jean-Luc Miramont terminait à nouveau en tête des pilotes du Challenge Open à Turckheim : « Mon problème majeur, c’est que je suis arrivé en Alsace avec une transmission cassée, et je n’ai jamais pu rouler correctement. D’ailleurs je n’ai pas pris part à la dernière montée », se souvient-il. « Ce fut un week-end compliqué, dû au fait que je suis arrivée tard, et que je n’ai pas eu le temps de reconnaitre ce tracé que je n’avais plus affronté depuis quinze ans. »
Vainqueur du Challenge Open A/3
Jean-Luc Miramont remporte cette année le Challenge Open A/3 et succède ainsi à Sébastien Dupont. Un succès inattendu pour l’Auvergnat qui, rappelons-le, ne s’était pas fixé d’objectif : « J’ai vécu une très bonne saison. On ne peut pas parler d’apprentissage, compte tenu du fait que j’ai disputé le championnat durant de nombreuses saisons. Mais je redécouvrais les tracés, il a fallu que je reprenne mes marques. Maintenant, je suis conscient qu’il faut que je progresse encore », estime-t-il.
A l’heure de conclure sa saison, Jean-Luc veut partager ce trophée avec ceux qui l’ont soutenu : « Un grand merci à Christine, ma compagne, qui a consacré beaucoup de son temps et d’énergie pour que je puisse courir dans les meilleures conditions. Merci également à mes partenaires, Polytech, fabriquant de blocs-portes à Eyrein en Corrèze, et Bacacier fabricant d’habillage métallique pour bâtiments. »
S’il est persuadé d’être la saison prochaine au départ de plusieurs manches du Championnat de France de la Montagne, Jean-Luc Miramont ne sait pas encore de quoi sera composé exactement son calendrier : « La seule certitude, c’est que je vais repartir avec la Clio, et que je vais faire évoluer le châssis de la voiture et régler les freins. J’ai un peu de boulot à faire dessus. »