Sarah Bernard-Louvet reviendra plus forte encore

Si lors de la saison 2024 la malchance a privé Sarah Bernard-Louvet de la possibilité de défendre ses chances pour un nouveau titre de Championne de France de la Montagne, elle n’entame en rien sa détermination. On peut d’ores et déjà s’attendre à voir Sarah jouer les premiers rôles sur les manches du championnat 2025.

Au départ de la saison 2024, Sarah Bernard-Louvet pouvait légitimement prétendre remporter un titre de Championne de France de la Montagne Production. Son palmarès et les résultats signés tant sur les épreuves hexagonales qu’à l’international faisait de la Lyonnaise de naissance une sérieuse adversaire tant pour les pilotes féminines évoluant en Production, que pour ses homologues masculins qui animaient le groupe A.

Il y a tout juste dix ans, en 2015, celle qui n’était encore que Sarah Louvet, faisait ses premières armes au volant d’une Formule Renault après avoir découvert l’année précédente la compétition automobile avec une Mitjet. Dès l’année suivante, en 2016, une fulgurante progression lui permettait de signer plusieurs victoires de classe et de remporter la Coupe des Dames à diverses reprises. En 2017, Sarah troquait sa Formule Renault contre une Dallara F303 avec laquelle elle connaissait une première consécration en coiffant une couronne de Championne de France de la Montagne.

En 2018, Sarah se relançait pour une nouvelle saison avec comme objectif de rivaliser avec les concurrents du Challenge Open F3, mais également de conserver son titre de championne. Un début d’incendie à Saint Gouëno en décidait autrement, et contraignait la jeune femme à mettre un terme prématuré à sa saison. S’en suivront un enchainement de péripéties qui obligeaient Sarah à se tenir à contre-cœur éloignée de la compétition.

Durant cette pause contrainte, Sarah convolait en justes noces avec Rémi Bernard, homme fort du groupe A, qui en 2016 avait remporté le Challenge Open A/4 en plaçant sa Supercopa au quatrième rang du Championnat de France Production… Observatrice des courses de côte, Sarah Bernard-Louvet murissait dans son for intérieur l’envie de retrouver le volant d’une voiture de course. Car si diverses contraintes peuvent empêcher Sarah de poursuivre son implication dans le sport automobile, rien ne peut entamer la détermination de cette cavalière émérite.

Après trois ans d’absence, Sarah Bernard-Louvet faisait son retour derrière le volant pour la seconde partie de saison 2021. Motivée par Rémi qui avait une parfaite connaissance de la Supercopa, c’est avec une véloce espagnole qu’elle tentera de retrouver ses marques… Une tentative très vite aboutie puisqu’en fin de saison Sarah remportait le groupe A à Turckheim avant de confirmer à Limonest où elle signait une nouvelle victoire de groupe en accrochant la cinquième place du Production… Pour ceux qui auraient pu encore douter de ses performances, elle ira en fin d’année chercher une médaille de bronze sur les FIA Hill Climb Masters en plaçant sa Seat au troisième rang de la Catégorie 3 et en étant la seule femme à accéder au podium depuis la création de cet événement en 2014.

La saison 2022 se présentait sous les meilleurs auspices. Sarah était attendue comme une prétendante au titre pour le Trophée FFSA du groupe A, alors qu’elle était en lice pour coiffer une nouvelle couronne de Championne de France, cette fois en Production. Mais une escapade hors de la route à Saint Gouëno, pourtant sans réel dommage pour elle et sa voiture, allait mettre un terme à sa saison. En effet, on apprenait alors que Sarah attendait un heureux événement, et à l’heure de faire le bilan de sa saison, elle avouait avoir remporté son plus beau trophée au mois d’octobre avec la naissance de James Philip.

Le titre obtenu par Sarah Bernard-Louvet en 2017 avec une Formule 3 reste très présent dans l’esprit de la Lyonnaise. Et pour la saison 2023 elle décidait de repartir non pas en Production mais sur le Championnat Sport avec une Tatuus Formula Master. Sarah, qui n’a pas pour habitude de rester dans sa zone de confort, se lançait donc un nouveau challenge au volant d’une monoplace dont la maintenance serait assurée par le Sébastien Loeb Racing. Cette saison d’apprentissage de la Tatuus lui permettra de progresser au fil des épreuves et de signer de très bons chronos au volant d’une voiture qui n’était certainement pas la plus performante du plateau.

Retour en Production pour viser un nouveau titre
Initialement la saison 2023 devait permettre à Sarah de cerner le comportement de sa monoplace, la campagne 2024 de venir se battre pour la gagne. Mais le retrait du Sébastien Loeb Racing contraignait Sarah à changer ses plans : « L’entretien d’une Tatuus Formula Master est assez complexe, et avec Rémi nous nous retrouvions seuls pour gérer cette voiture, avec de plus un budget limité », explique Sarah « Rémi a une parfaite connaissance des divers éléments que l’on trouve sur une Supercopa et sait parfaitement en assurer la maintenance, alors que depuis les déconvenues que nous avons connues en 2018, il ne souhaite plus toucher à une monoplace. Le choix de la Cupra Léon Supercopa MK3 paraissait donc assez logique. »

Moins onéreuse en entretien, disposant d’un rapport prix / performance attrayant, la Supercopa est une auto idéale pour tenter de jouer les premiers rôles sur le Championnat Production. La Supercopa avec laquelle Sarah allait disputer sa saison 2024 avait fait ses premiers tours de roues au sein du Team Of Course Compétition avant de passer entre les mains de différents propriétaires. La voiture a essentiellement participé à des Tracks Days et devait donc être reconfigurée pour correspondre aux attentes de la course de côte : « La préparation a pris plus de temps que prévu parce qu’en plus de la reconfiguration nous avons dû solutionner un problème qui n’était pas prévu avec le moteur. Ce ne fut pas simple en termes de préparation, et les essais d’avant saison se sont limités à dix tours sur le circuit du Bourbonnais, juste de quoi avoir l’assurance que la voiture fonctionnait. »

Le palmarès de Sarah Bernard-Louvet est suffisamment étoffé pour permettre à la jeune femme d’afficher de légitimes ambitions : « Pour cette année 2024 il était clair dans mon esprit que je devais me battre pour un titre de Championne de France, et si possible d’aller chercher Francis (Dosières) qui est pour moi plus qu’une référence, un mentor qui affiche une énorme expérience et qui reste un des pilotes les plus performants du plateau en plus d’être quelqu’un de très sympathique. »

A l’heure où était donné le coup d’envoi de la saison, sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, Sarah Bernard-Louvet reconnait que la Supercopa n’était pas encore totalement prête, elle renonçait donc à l’aligner : « Je le regrette en un sens parce que j’adore cette course, mais d’un autre côté j’ai souvent fait preuve de malchance sur cette épreuve et finalement ce n’était pas très grave si je n’étais pas au départ. La préparation de la saison n’a pas été facile, nous avions déjà eu notre part de malchance avec le moteur, je n’allais pas tenter le diable. »

C’est donc sur les pentes du Col Saint-Pierre, sur un tracé que Sarah connait bien et qu’elle apprécie, que la Championne de France 2017 allait débuter sa campagne de France et découvrir le maniement de sa nouvelle monture : « J’avais vraiment hâte d’être au départ et je n’avais alors comme seule ambition de bien cerner la voiture, de me sentir à mon aise à son volant. Ce fut réellement une belle surprise et j’étais vraiment heureuse d’être devant la 308 de Simon Richard, qui dans les Cévennes est un sacré client, et devant mon ami Alain Perraud », confie Sarah qui terminait quatrième du groupe A derrière Francis Dosières, Jérémy Debels et Sébastien Lemaire. Elle repartait également de Saint-Jean-du-Gard avec la Coupe des Dames : « Pour une première, je suis super contente du résultat. »

Dixième du Production à Abreschviller, Sarah remportera une nouvelle Coupe des Dames en terminant troisième du groupe A dans le sillage de Sébastien Lemaire et de Francis Dosières : « J’apprécie énormément le tracé d’Abreschviller et j’étais contente de le retrouver. Samedi, lors des essais je me battais au millième avec Francis, ce sera également le cas sur la première montée de course où il me devance de seulement deux millièmes. Mais dimanche il a plu et j’étais bien moins à l’aise avec de vieux pneus pluie qui avaient déjà fait énormément de tours sur circuit. » Sarah faisait alors preuve de sagesse avant d’attaquer sur la dernière ascension disputée sur une route qui s’asséchait : « Je suis juste un peu déçue de ne pas avoir un peu plus forcé l’allure pour aller chercher les garçons. Mais terminer sur le podium du groupe en remportant la Coupe des Dames, après seulement deux courses c’est très enthousiasmant. »

Sarah Bernard-Louvet allait poursuivre sa progression sur les Teurses de Thèreval – Agneaux où elle accrochait cette fois la deuxième place du groupe derrière Sébastien Lemaire, avec en prime une troisième Coupe des Dames : « C’est pour moi certainement ma meilleure performance avec une Supercopa. J’étais impatiente de me battre avec Francis, et je parviens à le devancer… Après il faut avoir l’honnêteté de rappeler qu’il était blessé à une jambe et donc pas dans les meilleures dispositions », confie Sarah. « Mais je suis évidemment enchantée du résultat sur ce tracé sur lequel je suis particulièrement à mon aise », ajoute Sarah qui se classait septième du Production sur l’épreuve normande.

La Course de Côte de La Pommeraye débutait mal, et les événements qui suivront mettront à mal la saison de Sarah : « C’est une épreuve où par le passé je n’ai jamais vraiment été très rapide, mais je partais tout de même en confiance », analyse Sarah qui avoue pourtant avoir été perturbée : « C’est la première fois que nous amenions James (son fils) sur une épreuve et ça ne m’a pas aidé à être sereine. Habituellement, Rémi est à mes côtés en prégrille pour me motiver, là il restait au paddock avec James. J’avais donc du mal à me mettre dans la course d’autant que l’auto semblait délicate à piloter et j’ai commis quelques petites erreurs. Rien n’allait durant ce week-end pendant lequel je n’arrivais pas à dormir la nuit et à me concentrer le jour. »

Le pire allait arriver sur le chemin du retour lorsque le fourgon d’assistance conduit par Rémi était heurté par un chauffard sur l’autoroute. Le fourgon comme la remorque subissaient de gros dommages, la Supercopa se retrouvait posée sur l’autoroute, avec heureusement peu de dommages : « Ce que je veux retenir c’est que Rémi n’a pas été blessé et que fort heureusement James et moi étions partis dans ma voiture. » Suite à cet accident fourgon, remorques et voiture de course étaient mis sous scellés durant le temps de l’enquête qui devait déterminer que Rémi n’était en rien responsable de cet accident.

On le sait, Sarah n’est pas du genre à lâcher prise. Malgré les désillusions et une période moralement très difficile, sa détermination lui permettra d’être à nouveau derrière le volant de sa Cupra Léon Supercopa MK3 sur l’ultime confrontation de la saison, la Course de Côte de Limonest : « Je dois cette participation à Thierry Tierce et à son fils Corentin et je les remercie très chaleureusement. La coïncidence a voulu que juste après l’accident, Corentin croise la dépanneuse qui ramenait fourgon, remorque et Supercopa au garage où notre matériel devait être déposé. Finalement Corentin a pris en charge la voiture et au moment où nous avons eu le feu vert pour pouvoir réellement en disposer, la famille Tierce nous a proposé son aide pour remettre la Supercopa en forme et nous permettre de la relancer en course. C’est donc grâce à eux que j’ai pu être au départ de Limonest. »

Hors de question pour Sarah Bernard-Louvet de prendre des risques inconsidérés sur l’épreuve rhodanienne. La Lyonnaise reprenait ses marques et parvenait à juger du bon comportement de sa Supercopa : « Sans forcer l’allure outre mesure, j’étais tout de même satisfaite des chronos réalisés durant les essais et lors de la première montée de course courue samedi soir. Dimanche j’ai eu plus de peine à revenir sur les meilleurs, ce qui est un peu décevant, mais compte tenu de la période que nous venions de traverser je n’allais certainement pas me plaindre », estime Sarah qui accrochait la quatrième place du groupe A derrière Jennifer La Monica, Francis Dosières et Sébastien Lemaire. « Après une si longue absence j’étais avant tout satisfaite d’être au départ, mais également du résultat. »

Qualifiée pour la Finale de la Coupe de France de la Montagne, Sarah Bernard-Louvet se rendait par la suite à Steige où malheureusement elle ne rejoindra pas l’arrivée de l’épreuve alsacienne : « Nous avions hâte d’affronter ce tracé que j’ai découvert par le biais de caméras embarquées. J’ai immédiatement compris que ce tracé allait me convenir et j’attendais beaucoup de ce rendez-vous. J’avais énormément travaillé en amont, fait des reconnaissances studieuses, tout était réuni pour que ça fonctionne. » Et tout allait bien fonctionner durant les essais avant que Sarah ne soit stoppée dans son élan : « Dimanche matin, François Fayet s’élançait devant moi et il est parti à la faute, détruisant sa Clio. C’est un ami à nous et psychologiquement ça m’a évidemment affecté. Et en m’élançant à sa suite, nous avons constaté en visionnant ma caméra embarquée que sur ''le droite'' dans lequel il est sorti j’ai roulé sur un liquide. Je ne sais pas si c’est pour cette raison que ma Supercopa est partie en survirage dans ''le gauche'' d’après, je sais juste quand étant moins vite que la veille la voiture a décroché et que je me suis posée sur le bas-côté. » Si elle est poursuivie par la malchance, Sarah aura cette fois la bonne surprise de voir que sa voiture n’avait subi aucun dégâts : « Mais ne sachant pas réellement pourquoi j’étais sortie, n’étant pas sûre qu’il n’y avait pas un souci sur la voiture, je n’ai pas voulu tenter le diable. Quand tu es consciente que tu traverses une période de poisse, tu ne vas pas essayer d’en rajouter et j’ai donc préféré ne pas poursuivre mon week-end. Alors bien évidemment je regrette cet abandon, mais absolument pas d’être venue à Steige où nous sommes hyper bien accueillis. »

Certains esprits chagrins ne manqueront pas d’incriminer Sarah, estimant que la vélocité dont a fait preuve Jennifer La Monica lors de cette finale a incité la Lyonnaise à attaquer plus que de raison : « Ce n’est absolument pas le cas. Je suis une ambassadrice du sport féminin et j’étais réellement contente pour elle de la voir remporter le groupe sur cette finale. J’ai trop de respect pour les filles qui courent et je n’ai jamais eu une once de jalousie à leur encontre. »

Sarah positive et en lice pour de nouveaux défis
En ayant été contrainte de jeter l’éponge après seulement cinq épreuves, on pourrait penser que Sarah puisse être accablée. Mais malgré les déconvenues elle conserve un regard optimiste : « Je veux retenir avant tout que pour mon retour sur le Championnat Production, en découvrant une nouvelle voiture, les performances étaient au rendez-vous », analyse-t-elle. « Je pense avoir démontré que je pouvais être rapide, et si nous avons fait preuve de malchance, je sais que nous n’avons rien à nous reprocher. Compte tenu des résultats du début de saison, des Coupes des Dames remportées lors de mes trois premières participations, je pense que le titre de Championne de France était réellement à ma portée et que j’aurais pu viser un podium sur le Challenge Open A/5. »

Parmi ses plus belles satisfactions Sarah Bernard-Louvet veut avant tout mettre en avant le soutien et l’entraide dont elle a bénéficié de la part des acteurs du championnat : « Ça fait réellement chaud au cœur et grâce à cela nous avons tout de même pu rouler en fin de saison, ce qui était très important pour moi. » Soutenue par de nombreuses personnes, Sarah ne manque pas de les remercier à l’heure de tourner la page de cette saison 2024 : « Je souhaite tout d'abord remercier tous les nouveaux partenaires nous ayant rejoint cette saison : Travaux Étanchéité Corse, Poilane Demolition, Aiguilly Recyclage, Corgier Auto-École, Adhevif Arts Graphiques, Contrôle Technique de Renaison et Unik Moto Roanne sans lesquels cette saison aurait démarré de manière beaucoup plus difficile. Un immense merci à Millmatpro.com ainsi qu’à notre partenaire Drakkar qui me soutient depuis mes débuts. Je souhaite tout particulièrement remercier la famille Tierce – Thierry et Corentin – ainsi que le Garage Tierce car ils ont travaillé très dur afin que nous soyons de retour en fin de saison et je leur suis très reconnaissante. Merci également à mon mari Rémi qui consent de nombreux sacrifices pour me permettre de rouler, ainsi que mon beau père Philippe, qui n’hésite jamais à apporter son aide dès qu'il le peut. Je remercie également chaleureusement Alain Perraud et Sandrine pour leur soutien, leur gentillesse et le prêt de leur remorque, ainsi que Francis Dosières, Jean Pierre Pope et tous ceux qui ont été présents dans les moments difficiles. »

La détermination affichées par Sarah Bernard-Louvet fait qu’elle a bien l’intention de poursuivre l’aventure en 2025. Mieux, elle souhaite ardemment se lancer de nouveaux challenges : « Pour l’heure nous n’avons pas encore vendu la Cupra, mais pour autant je ne veux pas me priver d’évoluer. Il nous reste à faire un choix entre poursuivre avec une auto plus performante en Production, en clair évoluer en GTTS, ce que je veux faire depuis plusieurs années, ou alors revenir sur le Championnat Sport, parce que j’avoue que les sensations que je ressentais avec une monoplace me font réfléchir. Mais pour le moment rien n’est définitivement arrêté, la seule certitude c’est que je suis plus déterminée que jamais », conclut Sarah.


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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