Fidèle à la Simca 1000 Turbo, Patrick Ramus fait évoluer sa monture au fil des saisons. Durant sa campagne 2023, s’il a signé des performances de tout premier ordre, il a également connu quelques déconvenues mécaniques. Cela ne l’a pas empêché de terminer deuxième du Challenge Open FC/4.
Karting, moto, rallyes, courses de côte, Patrick Ramus a eu l’occasion lors depuis le début des années 80 de s’essayer sur de nombreuses disciplines. En vrai passionné de mécanique, il assouvissait son appétence pour le vrombissement des moteurs aussi bien derrière un volant qu’en tenant un guidon… Et c’est en 1982, à tout juste 18 ans, qu’il prenait part à sa toute première course de côte en alignant sa première Rallye II.
Il continuera à se partager entre rallyes et courses de côte et évoluera avec divers modèles. Il animera des épreuves avec une Talbot Lotus, participera à des Track Days avec une Porsche 911, reviendra ensuite en côte avec une Ferrari 355 Challenge, puis une Clio groupe N. En 2008, il tentait l’aventure en catégorie Sport avec une Norma MF20 qui sera par la suite cédée à la multiple Championne de France Martine Hubert, alors que Patrick retrouvait le groupe N en ayant opté pour une BMW M3. Au volant de ces diverses voitures, Patrick Ramus s’est hissé régulièrement sur des podiums scratches en rallye et a remporté de nombreux succès de groupe et de classe.
Il y a près de 10 ans, Patrick Ramus revenait à ses premières amours en portant son choix sur une Simca Rallye 1000 Turbo. Une auto que ce passionné de mécanique construira lui-même et fera évoluer au fil des années. L’envie de découvrir les prestigieuses épreuves du Championnat de France de la Montagne l’incitait en 2022 à s’engager sur le CFM. Une première saison de découverte qui sera entachée par de nombreux problèmes, souvent bénins, mais qui perturbaient sérieusement sa progression.
Mais Patrick sait tirer partie des expériences et avait la ferme intention de revenir avec une voiture plus fiable en 2023. Malgré tout, il était conscient que, compte tenu des nombreuses évolutions apportées à sa Simca 1000 Turbo, il risquait à nouveau de se retrouver confronté à des problèmes de jeunesse : « Chaque année, j’apporte environ 30% de modifications à la voiture afin de la faire évoluer », débute Patrick. « Nous sommes à la mi-janvier, et la voiture est actuellement en pièces détachées afin de subir une révision et de nouvelles évolutions. En tant que passionné, la préparation a pour moi autant d’importance que les courses elles-mêmes. Et pour le moment nous sommes en phase de modifier les trains, la boîte, d’achever la préparation d’un nouveau moteur. Je suis constamment dessus pour gommer les mauvais choix techniques qui ont été faits au départ. »
Conscient du manque de puissance de sa Simca 1000 Turbo, Patrick Ramus s’était alors focalisé sur le moteur de sa monture. Mais rapidement il se rendait à l’évidence, accroitre la puissance engendrait des soucis sur d’autres éléments de sa voiture : « Augmenter le nombre de chevaux nécessite que ces derniers puissent être acceptés par les trains, la boîte de vitesses, et ce n’était pas toujours le cas. De ce fait nous avons refait plusieurs pièces, qui sont à présent plus grosses et plus solides », explique Patrick qui disposera en 2024 d’une auto encore plus puissante.
Mais avant de s’élancer sur sa campagne 2023, la Simca 1000 Turbo avait déjà bénéficié de profonds changements : « J’étais passé d’une boîte en ''H'' à une boîte séquentielle, ce qui m’a obligé à reconstruire toute la partie arrière de la voiture parce que cette nouvelle boîte était bien plus volumineuse. J’ai dû de ce fait modifier l’emplacement du moteur et des trains, une somme de travail très conséquente », confie Patrick Ramus qui estime avoir passé quatre mois non-stop pour préparer sa voiture.
Un budget limité et un manque de temps contraignaient Patrick Ramus a faire le strict minimum en ce qui concerne les essais préparatoires : « J’ai du faire quelques tests derrière chez moi, mais ça s’est cantonné à ça. Après, quand tu pousses comme on le fait un moteur de 1400 cm3 qui doit sortir près de 360 chevaux, tu ne peux pas te permettre le luxe de faire des kilomètres d’essais, au risque de casser la mécanique. Mais dans mon esprit ça devait fonctionner, en occultant que je suis peut-être un optimiste de nature », sourit-il.
Succès et déconvenues
Troisième du Challenge Open FC/4 à l’issue de la saison 2022, on pouvait s’attendre à ce que Patrick ait comme objectif de mieux faire en 2023 : « Mais je ne visais pas réellement une position au championnat, sachant que je ne savais pas qui serait présent cette année. Mon but en fait était de voir si nous avions amélioré la voiture et mon pilotage par la même occasion, et de signer des chronos en évolution par rapport à la saison précédente. »
La saison de Patrick Ramus débutait sur la Course de Côte Régionale des Teurses de Thèreval – Agneaux, une épreuve disputée sous la pluie : « Clairement une grande partie des concurrents ont eu l’opportunité de s’élancer sur une route humide, et quant à moi j’ai roulé sous une pluie battante pour ce qui devait être la meilleure montée. Autant dire que j’étais loin du compte. Mais cela m’a surtout permis de me rendre compte que la voiture ne fonctionnait pas mieux que l’année d’avant. »
De nouvelles modifications étaient alors apportées à la Simca 1000 Turbo que Patrick Ramus engageait sur la Course de Côte de Bournezeau : « Ça allait bien mieux puisque je suis parvenu à me bagarrer au dixième de seconde tout au long du week-end avec Romain Richardeau », se souvient Patrick qui termine deuxième du Production derrière son rival. « Là, on s’est dit que ça fonctionnait mieux et c’était plutôt enthousiasmant pour la suite. Mais mon fils qui était sur le bord de la piste m’a confié que selon lui ça n’allait pas vraiment mieux, et donc nous sommes retournés au banc voir ce qu’il en était. »
Le verdict tombait rapidement, la voiture souffrait d’un problème de pression de turbo que Patrick de devait de réparer avant de se rendre à Saint-Jean-du-Gard où débutait sa saison sur le championnat à l’occasion du Col Saint-Pierre : « Je suis allé jusqu’en Alsace pour faire un faisceau auprès d’un spécialiste chez lequel nous avons modifié toute la gestion de ma voiture. Et au Saint-Pierre, je fais un kilomètre et demi avant de tomber en panne parce que le faisceau était mal fait », peste Patrick très déçu de cette déconvenue. « Il faut rappeler que de chez moi en Loire-Atlantique, je suis allé en Alsace, revenu chez moi avant de descendre dans le Sud, donc environ 3500 kilomètres pour être en panne. »
Pour oublier ses déboires de début de saison, Patrick Ramus, accompagné d’Alison Guillon, se présentera au départ du Rallye du Morbihan avec une Clio Williams au volant de laquelle il terminait treizième au scratch et vainqueur du F2000/14 : « C’est une sympathique expérience qui pourrait me motiver à faire plus de rallye en 2024. Cette Clio Williams ex-groupe A qui bénéficie d’un moteur de Mégane Maxi est une auto compétitive et super sympa. »
Patrick Ramus retrouvait ensuite le Championnat de France de la Montagne à l’occasion de la campagne de l’Ouest qu’il disputait dans son intégralité. Sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, il ira chercher une troisième place de groupe derrière Christophe Poinsignon et Romain Richardeau : « Ça se passe plutôt bien malgré des coupures moteur, mais nous avons trouvé les raisons de ces coupures après la course. En fait, c’est Jimmy Rousseau qui s’est aperçu que j’avais une perte de charge dans l’alimentation du turbo. » A l’issue de l’épreuve normande, la Simca 1000 Turbo partait en direction des ateliers de Jimmy Rousseau (J.R. Compétition) d’où elle ressortira avec 25 chevaux supplémentaires. « Mais je reste tout de même satisfait de ma prestation sur les Teurses de Thèreval où j’améliore mon chrono de l’an dernier de près de trois ou quatre secondes, ce qui est énorme, malgré les coupures moteur. »
A La Pommeraye, la victoire en FC revenait à Romain Richardeau qui devançait Christophe Poinsignon. Une nouvelle fois on retrouvait Patrick Ramus sur la troisième marche du podium : « Pour être honnête, la voiture fonctionnait plutôt très bien, mais j’étais sur la défensive parce qu’il fallait que je m’adapte au gain de chevaux supplémentaires. Le problème c’est que la Simca se comporte très bien jusqu’à un certain niveau d’attaque, mais quand tu en rajoutes eu peu plus, son comportement devient surprenant, et j’avais tendance à me faire peur. Et il faudra attendre Turckheim pour comprendre d’où venaient ces réactions singulières. Finalement ma participation à La Pommeraye, même si elle ne me satisfait pas, reste selon moi honorable. »
Sur les trois épreuves de la campagne de l’Ouest, Patrick Ramus montera à trois reprises sur le podium de son groupe puisque c’est au troisième rang qu’il bouclait la Course de Côte de Saint Gouëno : « Pour la première fois je rentre dans les dix premiers du scratch, donc j’étais content, d’autant qu’avec Christophe (Poinsignon) et Romain (Richardeau) on se retrouvait trois Simca dans le top 10, c’était plutôt sympa. Et puis c’est une belle satisfaction parce que je me rapproche des temps de Francis Dosières et de Jean-Pierre Pope. » Mais le week-end breton de Patrick ne fut pas de tout repos. Victime d’une rupture de joint de culasse lors des essais, il passait la soirée de samedi les mains dans le moteur pour changer ce joint.
A Marchampt, c’est Patrick Ramus qui viendra inscrire au palmarès son nom au sommet du groupe FC. Une victoire qu’il veut relativiser : « Je suis content, mais je suis avant tout un compétiteur et je ne peux pas savourer une victoire quand elle intervient alors que Christophe (Poinsignon) a abandonné. Avant qu’il ne jette l’éponge, il faut être honnête je prenais une valise. Mais malgré tout ce succès me fait surtout plaisir pour la voiture. Ma Simca 1000 qui s’impose à Marchampt ça fait tout de même très plaisir. Mais je sais que je pourrais mieux faire à l’avenir, quand je connaitrai mieux ce tracé, parce qu’en 2023 je gagne huit secondes en trois montées, c’est juste énorme. »
Quand on évoque avec Patrick Ramus les problèmes qu’il a pu rencontrer en 2023, il considère avoir touché le fond à l’occasion du Mont-Dore : « Jimmy (Rousseau) m’a trouvé un peu plus de puissance avec un peu de couple, mais au bout d’un kilomètre et demi, je casse les fixations de triangles à l’arrière. En clair, sur l’ensemble des montées, je termine systématiquement sur la dépanneuse. Je passe par la suite la moitié de la nuit à tenter de réparer, mais ça recassé le lendemain et je termine avec une roue sous la voiture. »
A l’issue du Mont-Dore, décision était prise de modifier le train arrière afin de ne plus connaitre ce genre de déconvenues. Et par la suite, si les trains seront fiabilisés, c’est un autre problème qui sera à l’origine de l’abandon de Patrick Ramus à Turckheim : « La boîte que j’avais installée pour la saison 2023 me causait quelques soucis, notamment pour enclencher la deuxième. Et en augmentant la puissance, un souci qui était surmontable devient un problème insurmontable. Sur la première montée d’essais je perçois un bruit suspect qui me laisse entendre que j’ai un problème de boîte. Ça se confirmera sur la seconde montée d’essais et j’ai les crabots qui ont lâché. Dans mon esprit je devais abandonner, mais Guy Poinsignon a tenu à ce que je sorte la boîte pour voir ce qu’il en était. J’ai passé douze heures à démonter l’ensemble pour parvenir à sortir la boîte avant que Guy et ses acolytes viennent m’aider à réparer pour que je puisse être au départ le lendemain. » La Simca sortait alors du parc, Patrick montait les trois premiers rapports avant que le moteur n’explose : « Avec le recul j’en souris, mais sur le moment, j’avoue que c’était rageant. En fait il explose parce qu’une erreur a été faite lors de la conception du moteur, et je le paie au bout de deux saisons. Concrètement, c’est un palier de rampe de culbuteur qui casse, une pièce fixe qui normalement ne bouge jamais. Mais en fait, le gars qui a monté le moteur avait dépareillé les paliers de rampe de culbuteur avec des pièces Peugeot et des pièces Simca. Certes les paliers se ressemblent mais ce ne sont pas les mêmes. »
Deuxième du Challenge Open FC/4
A l’issue d’une saison durant laquelle il a signé de bons résultats et connu quelques déconvenues, Patrick Ramus termine deuxième du Challenge Open FC/4, de quoi tirer un bilan mitigé : « Je veux avant tout retenir l’expérience acquise. Je sais aujourd’hui qu’en ce qui concerne la mécanique, l’improvisation n’a absolument pas se place. Qu’il faut renforcer le moindre élément qui peut être la cause d’un problème », analyse Patrick. « Nous avons énormément travaillé durant la saison sur les paramètres du moteur et du châssis en apportant de nombreuses modifications. Mais je retiendrai que plus un moteur est puissant, plus l’ensemble des éléments sur lesquels il agit doivent être fiabilisés. » Pour ce qui est de l’aspect sportif, là encore le bilan est mitigé : « J’avais pour but d’améliorer mes chronos par rapport en 2022. En 2023 j’ai dû faire une douzaine d’épreuves et sur la moitié d’entre elles j’ai effectivement amélioré mes temps, mais ce ne sera pas le cas sur l’autre moitié ce qui je l’avoue était un peu décevant. J’espère et je pense que tous les problèmes que nous avons eus en 2023 nous permettront de disposer enfin d’une voiture compétitive en 2024. »
Malgré tout, Patrick Ramus conservera des souvenirs indélébiles de sa campagne de France 2023 : « Elle m’aura permis d’être au départ d’épreuves qui me faisaient rêver quand j’était plus jeune. M’élancer sur un Col Saint-Pierre, à Marchampt ou à Turckheim ça reste quelque chose de très émouvant pour moi et humainement ça reste une fabuleuse expérience. »
En conclusion de cette saison, Patrick Ramus tient à remercier ceux qui l’ont soutenu dans cette aventure parfois compliquée : « Un immense merci à Sylvain Codvelle, à Gildas Porcher, Loïc Tolazzy, et mon épouse Isabelle. Merci également à J.R Compétition (Jimmy Rousseau) et un vibrant remerciement à la famille Poinsignon pour leur aide et leur soutien continuel. Je n’oublie évidemment pas tous mes potes du groupe F avec qui nous passons d’excellents moments durant la saison, ainsi que Adrien et Franck Perrin. »
Patrick Ramus avoue être un éternel optimiste qui est persuadé que cette année 2024 sera la bonne : « Au départ de la saison 2022 je pensais que ça fonctionnerait, je me suis dit la même chose en 2023, et quand je vois le travail réalisé avant le début de saison 2024, je pense que cette fois nous sommes sur la bonne voie. » Et si une chose ravi le pilote de Pontchâteau c’est bien d’avoir pu bénéficier de l’aide du clan Poinsignon : « Guy m’a fait faire le même moteur que celui dont dispose Christophe. Il m’a permis de copier son arbre à cames et même si j’ai un turbo plus petit, la base du moteur sera presque identique. Nous avons également la même boîte de vitesses, donc je devrais être dans le coup, amélioré d’une demie voire d’une seconde au kil’. Et même si je n’ai aucune prétention à aller ma battre avec Christophe, je sais que j’aurais logiquement une auto plus performante. »
C’est avec cette Simca 1000 Turbo reconfigurée que Patrick Ramus envisage de prendre part à plusieurs épreuves en 2024 : « Mais je n’ai pas encore défini mon calendrier. Mon inscription au CFM dépendra des premiers résultats. Si la voiture est fiable sur les premières courses en régional, je rejoindrai peut-être le championnat. Il est clair que je serai présent sur la campagne de l’Ouest, et pour le reste tout dépendra du ressenti sur les premières courses. Il se peut que 2024 soit une année de transition avant de prendre part à l’intégralité du championnat en 2025 », conclut Patrick.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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