Pour son retour sur le Championnat de France de la Montagne, Thomas Clausi a confirmé qu’il comptait parmi les valeurs sûres. Malgré une saison entachée par quelques soucis mécaniques, il rentre dans le top 10 du championnat et termine deuxième du Challenge Open DE/8.
Très tôt passionné de sport automobile, et notamment de courses de côte, Thomas Clausi se rendait en spectateur sur les épreuves de sa Côte d’Azur natale. Suivi par son père Pascal, lui-même passionné, ils ne manquaient pas de se lier rapidement d’amitié avec des animateurs de la discipline. A cette époque Pascal Jegu et René Paulin évoluaient en monoplaces, et tous deux allaient inciter Thomas à venir les rejoindre. Thomas faisait alors l’acquisition d’une Martini propulsée par un moteur 1300 cm3. Dès sa première année de compétition, il s’alignait au départ d’une douzaine d’épreuves, et en 2008 c’est sur pas moins de vingt-et-une courses de côte que l’on retrouvait le Varois.
Par la suite, c’est au volant d’une Clio Williams qu’il souhaitait se diriger vers le rallye. Mais le projet avortait suite à un accident survenu en essais. C’est en 2010 que Thomas disputait ses trois premiers rallyes, et qu’il enregistrait trois abandons sur problèmes mécaniques. Déçu par l’expérience, il achetait une Norma pour revenir vers la course de côte. En 2011, au volant de son Proto, il allait signer en régional de nombreux succès de groupe et de classe, et faire ses premières apparitions sur le Championnat de France de la Montagne.
En 2013, sept participations au CFM avec une F3 lui permettaient de remporter le très envié ''Trophée Lionel Régal'' qui récompense le Meilleur Jeune. 2014 sera marquée par la naissance de son fils Thiméo, et Thomas axait alors sa saison sur des épreuves régionales. Il reviendra par la suite au rallye avec une Peugeot 206, sans pour autant délaisser la côte. Et en 2018, le Varois s’engageait sur le Championnat de France de la Montagne dans le cadre du Challenge Open F3.
Pour Thomas Clausi l’amitié, le sens du partage, l’entraide ne sont pas de vains mots. Il garde constamment à l’esprit que s’il s’est aligné au départ du championnat en 2018, c’est grâce à son ami Jean-Pierre Ruga qui lui confiait le volant de sa F3. Ils étaient une quinzaine de pilotes engagés sur le Challenge Open DE/5, et Thomas défendait alors crânement sa place face à des pointures comme Billy Ritchen, David Guillaumard, Alban et Reynald Thomas, Etienne Debarre ou Samy Guth.
Concilier courses et gestion d’une entreprise
Pascal Clausi ayant décidait de faire valoir ses droits à la retraite, Thomas reprenait alors l’entreprise de peinture en bâtiments de son père, ce qui lui laissait moins de temps à consacrer à la course. En 2019, son programme sera plus light avec quelques apparitions sur le championnat au volant d’une Formule Renault : « J’avais remporté la classe sur le Col Saint-Pierre, j’étais également présent à Chamrousse, et j’ai remporté la Course de Côte du Muy avec la F3 d’un ami », se souvient-il. En 2020 Thomas allait remporter quatre rares courses régionales maintenues en cette période de crise sanitaire, mais surtout il faisait l’acquisition d’une nouvelle voiture, une Dallara F302. En 2021 Thomas alignait sa Dallara au départ du Mont-Dore et de Chamrousse et remportait dans le même temps plusieurs épreuves régionales de la Région PACA.
Thomas Clausi abordait la saison 2022 au volant d’une Dallara F305 Mercedes ex-Emeline Bréda. On le retrouvait à Bagnols-Sabran, sur le Saint-Pierre, à Vuillafans, au Mont-Dore, à Chamrousse et à Limonest. L’occasion pour lui de signer des victoires de classes, de remporter de nouveaux succès en régional, et de terminer troisième sur la Course de Côte de Lodève comptant pour le Championnat 2ème Division.
En septembre 2022, Thomas Clausi faisait l’acquisition d’une Tatuus Formula Master qu’il alignait en fin de saison sur le Cévennes Race Track en vue de préparer la saison 2023 : « C’était dans mon esprit l’évolution logique après avoir roulé pendant un bon bout de temps en F3. La Tatuus est la voiture idéale si l’on veut afficher des prétentions au sein du groupe DE. » Et les ambitions de Thomas Clausi étaient claires pour cette campagne : « Le premier objectif était de remporter le Trophée FFSA du groupe DE, et dans le même temps de jouer mes chances sur le Championnat 2ème Division », concède le Varois.
Un quête d’un Trophée de groupe DE
Avant de débuter sa saison, Thomas offrait à sa Tatuus Formula Master une révision poussée pour repartir avec une arme particulièrement affutée. Il semblait donc en mesure de défendre pleinement ses chances.
Et la saison allait particulièrement bien commencer pour Thomas Clausi qui, sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, imposait sa Tatuus Formula Master en tête du groupe DE : « J’avoue avoir été surpris. Je pensais être dans le coup mais pas terminer septième juste derrière les Protos E2-SC. Donc je suis particulièrement content du résultat. »
Sur le Col Saint-Pierre, on retrouvait une nouvelle fois Thomas dans le top dix, mais cette fois la victoire de groupe lui échappait pour trois dixièmes, et tombait dans l’escarcelle d’un autre pilote d’une Tatuus Formula Master, Nicolas Dumond : « Ce fut une belle bagarre, j’adore ce genre de combat », avoue Thomas. Un combat qui aurait pu tourner court, Nico Dumond étant victime d’une panne avant la dernière montée… On l’a déjà dit, l’entraide et l’esprit sportif sont pour Thomas Clausi des principes immuables, il n’hésitait donc pas à venir en aide à son rival et à le dépanner pour finalement lui permettre de s’imposer : « Il m’est impossible d’envisager la course autrement. La rivalité est une chose, mais l’esprit sportif doit régner en maitre », assène Thomas.
Après les deux épreuves gardoises par lesquelles débute le championnat, Thomas Clausi allait concentrer ses efforts sur le Championnat 2ème Division en enchainant les courses de côte du Ferrier, de Quillan et d’Andorre. Sur le Col du Ferrier, il terminait deuxième au scratch derrière l’Osella JRB de Matteo Fel-Astorg : « Là aussi ce fut une belle bagarre. Je fais une touchette le dimanche matin sur une route qui n’était pas vraiment au top et que l’on peut considérer comme limite dangereuse. Mais après la première montée je pointais au quatrième ou cinquième rang, je reviens à la deuxième place, donc je suis satisfait du résultat. »
A Quillan, une boîte de vitesse récalcitrante allait empêcher Thomas de défendre pleinement ses chances. Il accroche au final la cinquième place : « C’était un peu frustrant et vraiment regrettable ». Sur la Course de Côte d’Andorre, c’est à la quatrième place finale que l’on retrouvait la Tatuus Formula Master de Thomas Clausi : « Là encore la boîte me joue des tours et en plus j’ai eu un souci avec l’autobloquant et ça rendait la voiture inconduisible. Je pense que sans cela je pouvais raisonnablement viser le podium. »
Il faudra du temps à Thomas Clausi pour identifier clairement l’origine des problèmes et rectifier le tir. A l’heure de se rendre à Marchampt, il n’avait pas la certitude de pouvoir disposer de tout le potentiel de sa monoplace : « Mais finalement ça allait tout de même mieux, même si la boîte me donnait encore quelques petits soucis », confie le Varois qui termine troisième du groupe DE derrière Fabien Ponchant et Miguel Vidal, mais deuxième de la classe DE/8.
A Vuillafans, les problèmes de boîte allaient réapparaitre, privant Thomas Clausi de pouvoir exprimer totalement son talent sur son épreuve préférée : « C’est vraiment frustrant parce que j’adore ce tracé. Mais tout le long du week-end j’ai été pénalisé à cause de soucis récurrents de boîte. »
De retour sur la Côte d’Azur, Thomas Clausi ira chercher une victoire scratch sur la Course de Côte de Puget Ville, « où je signe un nouveau record du tracé, comme je le ferai ensuite à Barcelonnette. Ce qui est incompréhensible, c’est que nous n’avions rien touché et que nous n’avons plus eu de panne sur la voiture », s’étonne Thomas.
C’est donc rassuré et confiant que le Varois rejoignait le Mont-Dore : « J’adore là aussi cette épreuve, je sais que tant mes adversaires que moi nous connaissons bien le tracé et je savais que nous allions pouvoir nous battre à armes égales. » Mais à l’intermédiaire des 311 mètres, Thomas lâchait déjà quatre secondes : « C’est dire si ça ne marchait pas. Sur les deux seules montées de courses du week-end, je n’arrivais pas à enclencher les rapports. Du départ à ''la tranchée'' c’était un calvaire et ensuite tout fonctionnait, c’était à ne rien comprendre. »
Le doute s’installait alors dans l’esprit de Thomas qui était à deux doigts de renoncer : « Je me suis posé la question de tout vendre et de mettre un terme à ma saison. Mais finalement je me suis remotivé. Durant les quinze premiers jours d’août, avec l’aide de mon ami Kévin, nous avons démonté trois fois la boîte et nous avons dû passer entre 30 et 40 heures à essayer de résoudre le problème. » Finalement, Thomas découvrait que c’était un simple capteur qui était à l’origine de ses déconvenues.
A Chamrousse, Thomas Clausi disposait enfin d’une Tatuus Formula Master qui livrait tout son potentiel et avec laquelle il allait accrocher la huitième place, remporter la classe DE/8 et terminer deuxième du groupe DE : « Au cumul des deux meilleures montées, je suis à moins de deux secondes de la F3000 de Miguel (Vidal) qui dispose d’une auto plus performante. Nous nous sommes livré un duel de folie, j’en garde un excellent souvenir parce que nous nous sommes motivés l’un l’autre comme jamais. Et pour moi c’est un énorme soulagement de constater que la voiture fonctionne. »
Thomas Clausi n’était pas revenu à Turckheim depuis 2014, autant dire que le Varois avait tout à réapprendre sur l’épreuve alsacienne : « Au final, sur une montée de six kilomètres je termine à deux secondes d’un Fabien (Ponchant) qui connait par cœur et qui toute la saison va très vite. Donc pas de quoi rougir du résultat. » Fabien Ponchant remportait à Turckheim le groupe DE, un succès qu’il doit en partie à Thomas : « Samedi soir, il a été victime d’une sortie de route. Je suis allé le voir, lui demander s’il avait besoin d’aide et nous lui avons prêté les pièces qui lui manquaient pour qu’il puisse réparer. Certains me diront que c’était mon concurrent direct pour le Challenge Open, mais il m’est impossible de faire autrement. Je ne m’imagine pas avoir les pièces dans le camion, ne pas le lui dire et ne pas lui donner. »
Thomas Clausi allait terminer la saison comme il l’avait débuté, par une victoire de groupe sur la Course de Côte de Limonest : « Le week-end parfait puisque je prends ma revanche sur Miguel (Vidal) à l’issue d’un combat dans un excellent esprit sportif. C’est top pour terminer la saison, d’autant que je termine en tête du classement 2ème Division sur cette épreuve. »
Saison épuisante mais positive
A l’heure de faire les comptes, alors qu’il n’a pas participé à l’ensemble du championnat, Thomas Clausi parvient à accrocher la neuvième place finale et à terminer deuxième du Challenge Open DE/8. Quatrième du Championnat 2ème Division, il termine à deux points seulement du podium : « Elle m’a épuisé ! » lâche Thomas lorsqu’on lui demande d’évoquer ce qu’il lui restera de cette saison. « J’ai passé mon temps à faire de la mécanique, ce dont je n’avais pas l’habitude lors de mes précédentes saisons », reconnait-il. « Pour ce qui est du 2ème Division, je me suis pénalisé en ne faisant pas la campagne de l’Ouest où tu marques en principe de gros points. Mais il faut garder à l’esprit que pour moi qui réside dans le Var, la Bretagne et la Normandie c’est vraiment très éloigné et c’est compliqué de concilier de tels déplacements avec des contraintes professionnelles. »
Sa non-participation aux épreuves de la campagne de l’Ouest allait également pénaliser Thomas dans sa quête d’un Trophée de groupe DE : « Fabien (Ponchant) réalise le sans-faute sur les trois épreuves en remportant le groupe, après cela il devenait quasiment impossible de le rattraper. Si on veut prétendre au titre dans un groupe, il faut être présent sur la campagne de l’Ouest, et je ne pouvais pas… Après, je ne me permettrais pas de dire que j’aurais pu battre Fabien qui est un pilote hyper talentueux, sa prestation cette année le démontre, mais j’aurais pu mieux défendre mes chances. »
Malgré tout Thomas veut dégager un bilan positif de sa saison : « Je suis content des chronos que j’ai pu signer. Malgré les soucis j’ai pu me battre, et quand la voiture fonctionnait, terminer dans le sillage des gros Protos, et le tout avec seulement deux trains de pneus. Je termine également la saison en beauté sur le Cévennes Race Track où je me classe troisième derrière deux Protos E2-SC. »
En parallèle de sa saison, Thomas a loué à plusieurs reprises une Formule Renault dont il s’est porté acquéreur : « Ça a vraiment bien marché. Cette voiture a fait de très bons résultats tant sur le championnat qu’en régional. Je retiendrai notamment les résultats du jeune Marvin Garampon-Brunet qui me l’a loué pour trois courses. Il fait des podiums de classe sur des épreuves régionales et sur le Cévennes Race Track termine à nouveau deuxième du DE/7. Normalement, il devrait en disposer l’année prochaine, et Michael Rozand devrait également faire quelques courses à son volant. »
La famille et les amis sont des piliers essentiels pour Thomas Clausi qui tient à remercier ceux qui l’ont aidé cette saison : « Un immense merci à mon équipe et tout particulièrement à Kevin qui a fait des efforts considérables pour être à mes côtés tout au long de la saison. Merci à mon papa qui conduit le camion, a mes amis et particulièrement à Alain qui m’a beaucoup apporté cette année dans la gestion de la voiture. Merci à mon fils Thimeo qui est mon premier supporter et qui du haut de ses 9 ans m’a suivi sur toutes les épreuves, à Laurent Guittonau et sa femme Dominique qui nous ont suivi sur presque toutes les courses et qui ont géré l'intendance, Merci à Seb (Jacqmin) avec qui nous avons fait équipe durant cette saison. Je n’oublie pas tous les pilotes qui ont loué ma Formule Renault et qui m’ont permis de disposer d’un budget. »
Il est fort possible que la Tatuus Formula Master soit à la location pour la saison 2024, ainsi que deux Formule Renault, puisque Thomas est en passe d’en acheter une seconde : « Que les pilotes intéressés n’hésitent pas à me contacter car pour ma part je me dirige vers d’autres projets. » L’intention de Thomas Clausi est de repartir sur le championnat en disposant d’une voiture plus compétitive que la Tatuus : « Rien n’est encore totalement défini, mais je serai présent sur le CFM en 2024. Nous arriverons certainement en force puisque mon petit cousin, Maxime Zerelli, qui a fait ses débuts à Limonest, sera à mes côtés dans le team, ainsi que mon fidèle Kevin Dauga qui va faire ses débuts en course », conclut le Varois.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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