Avec un programme minimal de seulement six courses, François Fayet savait qu’il lui serait difficile de terminer au sommet de la hiérarchie de la classe A/3. Au volant de sa Renault Clio 2 Cup il a su crânement défendre ses chances pour finalement terminer deuxième du Challenge Open A/3.
Fils de mécanicien, François Fayet a baigné très tôt dans l’univers de la mécanique. D’autant que si Maurice, son père, n’a jamais eu l’occasion de s’installer derrière le volant d’une voiture de course, il apportera son aide précieuses à plusieurs pilotes en leur faisant bénéficier de son expertise dans la maintenance d’autos sportives. C’est d’ailleurs en sa qualité de mécanicien qu’il prendra part aux 24 Heures du Mans.
Captivé par les connaissances de son père, François Fayet axait ses études sur la mécaniques. A l’obtention de son baccalauréat, il côtoyait de nombreux passionnés de sport automobile qui n’allaient pas manquer de faire s’épanouir un virus déjà bien ancré dans ses gènes. Et si François ne fera pas réellement carrière dans l’univers de la mécanique, il occupe aujourd’hui les fonctions de pilote d’essais chez Michelin, en charge du développement des pneumatiques de séries. Ce qui, on peut en convenir, reste très proche du monde de la compétition.
Premières courses en copilote
Dès l’adolescence, c’est en compagnie de ses amis que François Fayet se rendait en spectateur sur plusieurs rallyes, assistait à des compétitions, s’imprégnait de l’ambiance : « Si je suis incapable de dire d’où vient vraiment l’attrait pour le sport automobile, je sais qu’au fond de moi j’ai toujours été passionné de bagnoles et de technique. C’est pour cela que j’ai fait du pilotage mon métier. Ce que j’aime avant tout, quelles que soient les conditions et la voiture, c’est rouler », confie François.
Finalement c’est en qualité de copilote que François allait faire ses premiers pas en compétition. Durant une dizaine d’années, il participera à de nombreux rallyes aux côtés de différents pilotes : « J’ai beaucoup roulé en régional, à bord de petites N/1, en F2000/13, dans l’habitacle d’une C2 R2 Maxi, d’une Clio R3, c’était très varié. Je me souviens avoir pris part une année à la Coupe Suzuki Swift et j’ai participé à plusieurs épreuve des Championnats de France des Rallyes, terre et asphalte », se remémore François.
En 2012, François Fayet se portait acquéreur de la Renault Clio 2 Cup qu’il possède encore aujourd’hui, avec l’intention de rouler en Track Days : « J’adorais cette voiture, et même si c’était uniquement pour du loisir, je voulais disposer d’une auto performante, différentes des voitures avec lesquelles je bosse au quotidien. » Rapidement, François allait prendre part à un slalom du côté de Roanne ville dont il est originaire : « Et puis je me suis amusé à m’engager sur une paire de courses de côte, mais avec chaque année un programme hyper light de trois ou quatre participations. »
En ayant goûté aux sensations que l’on peut connaitre derrière le volant, l’envie de poursuivre dans le siège de copilote s’estompait peu à peu : « A partir du moment où j’ai su à peu près piloter, j’ai commencé à m’ennuyer dans le baquet de droite, et de ce fait j’ai arrêté de courir en tant que copilote. Ça correspondait avec la naissance de ma première fille, et avec une implication dans un boulot qui s’avérait chronophage. Je n’avais donc plus de temps à consacrer à la compétition. »
Auvergnat d’adoption, lorsqu’il se décidait à franchir le pas et à affronter une course de côte inscrite au calendrier du Championnat de France de la Montagne, c’est tout naturellement vers le Mont-Dore que François allait se diriger. Au volant de sa Clio 2 Cup, il sera au départ de l’édition 2019. Une première participation qui se soldait par une deuxième place de classe, derrière Romain Billot mais devant des garçons tels que Stéphane Martinet, Maxime Dojat, Sylvain Dodille, Cyril Derre ou Elie Théophile… Clairement, François était dans le coup !
En 2020, la crise sanitaire tenait François Fayet éloigné de la compétition. Il reviendra sur le Mont-Dore en 2021 pour une nouvelle fois accrocher la deuxième place de la classe A/3, cette fois juste derrière Maxence Passaquet. Mais c’est certainement 2022 qui fut sa saison la plus intense avec à son programme la Course de Côte de Courpière où il remportait sa classe, et des participations au Mont-Dore, à Chamrousse et à Limonest. Sur le Mont-Dore, il accrochait la deuxième place du A/3, trois dixièmes derrière Mickaël Bonnevie. C’est à nouveau dans le sillage de Mickaël qu’on le retrouvait à l’arrivée de Chamrousse et de Limonest.
Avec sa Clio 2 Cup, François Fayet parvenait à accrocher le wagon des Clio 3 Cup, de quoi se motiver à s’engager sur le Championnat de France de la Montagne pour la saison 2023 : « Pour être honnête, j’avais le sentiment que malgré les bons résultats que j’avais eus l’occasion de signer, on parlait très peu de moi dans les médias, et que c’était certainement dû au fait que je n’étais pas un animateur du championnat. Je me suis dit qu’en m’inscrivant j’aurais l’opportunité de découvrir de belles épreuves, de faire plus de roulage et de disposer d’une plus grande visibilité, tout au moins une reconnaissance. Et puis je savais que si Mickaël Bonnevie repartait pour une nouvelle saison, j’allais avoir une vraie concurrence. »
Le Mont-Dore en point de mire
Le seul vrai objectif de François Fayet pour cette saison 2023 était de bien figurer à l’arrivée du Mont-Dore : « Pour ce qui est du Challenge Open, je ne visais pas la victoire. D’une part parce que je savais que Mickaël disposait d’un programme plus étendu que le mien, mais également parce qu’il dispose d’une expérience des épreuves que je n’ai pas. Au départ de la saison il y avait encore des courses que je devais découvrir. Mais j’espérais l’embêter le plus possible et surtout tenter de le devancer, notamment sur ma course fétiche, le Mont-Dore. »
Pour cette saison 2023, François Fayet s’était donc concocté une programme de six courses, le minimum pour pouvoir s’engager sur le championnat dans le cadre du Cfm-Challenge. Et c’est à Bagnols-Sabran qu’il débutait sa saison, sur une épreuve qu’il découvrait : « J’ai bien aimé cette épreuve typée rallye. Je ne me suis pas lancé comme un fou dans la bataille parce que c’était la première de la saison et que je ne connaissais pas. Mais finalement le résultat est là et me satisfait pleinement », confie François qui termine deuxième de sa classe à seulement une seconde trois de Mickaël Bonnevie.
Il faudra attendre La Pommeraye pour retrouver la Renault Clio 2 Cup de François Fayet qui, en terre angevine, allait signer un succès dans sa classe : « Cette épreuve fut une belle découverte. Le tracé n’est pas très long, mais il est très sympa, technique et rapide entre des rails, et pour moi qui dans mon travail est un peu l’habitude de piloter entre des rails, ce n’était pas dépaysant. J’avais l’impression d’évoluer dans un univers familier, et j’ai trouvé le rythme du week-end parfait. J’en garde vraiment un excellent souvenir », confie François qui pour s’imposer aura dû livrer un beau combat à Jimmy Rousseau : « Avant de prendre le départ de la quatrième et dernière montée de course, je ne disposais au cumul des deux meilleures ascensions que de 23 millièmes d’avance. Ce fut donc très chaud sur la dernière confrontation », rappelle François qui au final devançait son adversaire d’une seconde.
La Course de Côte de Marchampt, par laquelle se poursuivait le programme de François Fayet, sera une nouvelle découverte pour le pilote de la Clio qui n’avait jamais eu l’occasion d’évoluer dans les vignobles du Beaujolais : « Je savais que ça allait être très difficile, d’une part parce que Mickaël (Bonnevie) habite à quinze kilomètre et qu’il connait le tracé à la perfection, d’autre part parce que la configuration de Marchampt n’avantage pas une Clio 2 Cup. C’est très rapide et il faut vraiment s’engager dans des portions à hautes vitesses, ce qui n’est jamais évident à faire quand tu découvres. Il a fallu que je me fasse violence pour finalement réaliser en fin de week-end de bons chronos », estime François qui termine deuxième de sa classe derrière Mickaël Bonnevie.
En découvrant le tracé de la Course de Côte de Dunières, François Fayet pouvait afficher un large sourire. Le parcours de l’épreuve auvergnate devait plutôt bien convenir à une Clio 2 Cup, de quoi permettre à son pilote d’espérer accrocher un bon résultat : « Je dispose d’une auto agile, plus compacte et dans mon esprit ''ça pouvait le faire''. Le samedi soir, après la première montée de course, j’étais en tête avec près de deux secondes d’avance sur Mickaël (Bonnevie). Mais par la suite il a su revenir et même si je termine très proche de lui, la victoire lui revient. C’est une course d’où je repars avec quelques regrets, même si j’ai le sentiment d’avoir livré une belle bataille, ce qui était plutôt très sympa », reconnait François.
Le Mont-Dore, c’est la course fétiche de François Fayet, le rendez-vous hyper attendu. La déception, à l’issue d’un événement qui n’aura pas été à la hauteur des espérances des pilotes, est d’autant plus grande : « Je suis déçu du résultat », confie François qui termine troisième de sa classe, « mais également du déroulement de l’épreuve. C’est vraiment dommage de gâcher un tel événement. Ce n’est pas possible de sortir des paddocks le matin à 9h00 et de ne revenir qu’à 13h00 après avoir fait une seule montée. Le tracé est légendaire, je veux bien entendre que des faits de course aient perturbé le programme, mais l’organisation doit se remettre en question sur plusieurs points. »
La participation de François Fayet à Chamrousse n’effacera pas la déception du Mont-Dore. Bien au contraire puisque le pilote de la Clio ne rejoindra pas l’arrivée de ce qui sera sa dernière course de la saison : « J’étais clairement dans le coup sur cette épreuve, et je ne sais pas pourquoi à l’approche d’une courbe j’ai voulu freiner aussi tard. Là j’attaquais vraiment pour la gagne et ça n’est pas passé… C’est la course, c’est ma faute et je l’assume pleinement. »
Deuxième de l’Open A/3 pour sa première saison
Six participations, un abandon, et malgré tout François Fayet parvient en fin de saison à accrocher la deuxième place du Challenge Open A/3 derrière Mickaël Bonnevie : « La saison fut courte et le bilan mitigé. Au fil des courses je me suis pris au jeu et les chronos n’ont pas manqué de progresser, ce qui est plutôt très positif. Clairement, je voulais parvenir à devancer Mickaël au moins du fois. Finalement je remporte la classe à La Pommeraye devant Jimmy Rousseau, ce qui est déjà super bien, mais j’avais comme objectif de battre Mickaël sur une épreuve et c’est un peu là mon regret de la saison. J’avais selon moi les moyens de le devancer à Chamrousse, et si tel avait été le cas, j’aurais tiré un bilan un peu différent », analyse François. « Je garderai toutefois à l’esprit que j’ai pris du plaisir sur les épreuves disputées cette saison. »
S’il a pu découvrir cette année le Championnat de France de la Montagne, c’est parce que François Fayet avait l’aval de son épouse et de ses filles qui l’ont motivé à s’engager dans cette aventure : « Donc, en premier lieu, je voudrais remercier Anne, mon épouse et mes filles Chloé et Margot qui me supportent tant au quotidien que sur les épreuves où nous avons passé de très bons moments en famille. Merci à Milenio Concept qui m’a soutenu, ainsi que mon carrossier, la Carrosserie Auboyer, à Michelin Motorsport et au Ceerta. »
La sortie de route de Chamrousse a laissé quelques stigmates encore visibles sur la Renault Clio 2 Cup de François. La voiture est en phase de remontage et son pilote espère être prêt dès le début de la saison 2024 pour se lancer vers de nouvelles aventures : « Repartir sur un championnat nécessite de disposer de temps et d’un budget assez conséquent. Pour le moment je n’ai ni l’un ni l’autre », sourit François. « Je dois lutter contre ma femme et mes filles qui me poussent à refaire le championnat » poursuit François goguenard. « Mais en étant réaliste, pour le plaisir je pense que je serai au départ de quelques manches du championnat, mais que je vais essayer également de courir sur quelques régionales. » Un programme que François doit encore finaliser, et qui devrait se dérouler avec la Clio 2 Cup : « J’avoue que j’aurais bien aimé changer de voiture, mais les budgets sont devenus inabordables, tant pour l’achat d’une nouvelle voiture que pour le coût de maintenance. Nous verrons bien… A moins que je trouve une 308 Cup sous le sapin, sinon je repartirai avec la Clio », plaisante François en guise de conclusion.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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