Le seul objectif de Maxime Dojat, à l’heure d’intégrer cette saison la catégorie reine de la Course de Côte, était de poursuivre sa progression. Mais le jeune espoir de la discipline a fait bien mieux, puisqu’au volant d’un Revolt 3P0 il a créé la surprise en accumulant les bons résultats pour, au final, remporter le ''Trophée Lionel Régal'' qui récompense le Meilleur Jeune en Sport.
Il a fait du chemin le gamin qui en 2019 remportait la Coupe du Meilleur Jeune en Production au volant de sa Renault Clio. Depuis, Maxime Dojat a engrangé les succès, s’est illustré avec un TracKing pour finalement venir se mesurer à l’élite de la discipline et démontrer qu’il était en mesure de jouer avec les meilleurs représentants du championnat.
Durant l’été 2019, Maxime n’avait que 18 ans lorsqu’il remportait la Coupe du Meilleur Jeune sur la mythique Course de Côte du Mont-Dore. L’année suivante, toujours au volant d’une Clio, il accrochait à son palmarès le Trophée FFSA du Meilleur Jeune en Production. En 2021, il s’installait dans l’habitacle d’un TracKing et terminait la saison à la deuxième place du Challenge Open CM derrière ''le Taulier '' de la catégorie, Yves Tholy. Il récidivait l’an dernier en terminant à nouveau au second rang de ce Challenge, après avoir donné du fil à retordre au même Yves Tholy.
Maxime Dojat, qui a fêté ses 23 ans au mois de septembre dernier, décidait alors de franchir un cap, et de se lancer sur une nouvelle campagne de France en intégrant la catégorie où évolue l’élite de la discipline, la classe E2-SC/3. Pour cela, il optait pour un Revolt 3P0 : « En fin de saison 2022, sans pour autant avoir le sentiment que j’avais fait le tour du TracKing, le besoin d’évoluer se faisait ressentir. Tant mes partenaires que moi-même avions envie de montrer autre chose », débute Maxime. « Nous avions donc le choix entre un Proto 2 litres, ou passer directement dans la catégorie supérieure. Je me suis dit qu’il était temps, et comme je tenais absolument à défendre mes chances pour le Trophée ''Lionel Régal '', j’ai fait le choix du Revolt et de la classe E2-SC/3. »
Objectif : Le ''Trophée Lionel Régal''
Excepté le ''Trophée Lionel Régal'', Maxime Dojat n’affichait pas d’objectif à l’heure de se lancer sur les épreuves de la saison 2023 : « Le seul but que je pouvais à mon sens viser c’était de parvenir à signer des chronos à une seconde au kilomètres des meilleurs de la catégorie. J’avais tout à apprendre, il me fallait cerner le comportement du Revolt, son maniement, et je n’avais de plus pas de droit à l’erreur, il aurait en effet été ridicule de casser la voiture alors que je devais comprendre comme elle fonctionnait. »
Malheureusement, divers éléments faisaient prendre du retard dans la construction de sa nouvelle voiture, dont Maxime ne disposera qu’à partir de Saint Gouëno. Souhaitant malgré tout être au départ de cette saison, l’Aindinois engageait son TracKing sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « Je signe le meilleur chrono du week-end en CM. Et si j’ai le maître-cylindre de freins qui me lâche sur ma meilleure montée, je parviens malgré tout a terminé deuxième de la classe à seulement une seconde trois de Jérôme Jacquot. Je suis donc pleinement satisfait. D’autant qu’avec 30 kilos de lests je suis à huit dixièmes du record. Pour une remise en jambe c’est un excellent week-end. »
Absent sur le Col Saint-Pierre, Maxime Dojat alignait son TracKing à Abreschviller où il signait un résultat de tout premier ordre. Treizième au scratch, il s’imposait non seulement dans la classe CM, mais remportait par la même occasion le groupe CN/CM : « C’est à mon sens la meilleure perf de l’année. J’améliore le record détenu par Fabien (Bourgeon) de plus de six dixièmes. C’est clairement la course la plus aboutie que j’ai réalisée avec le TracKing », analyse Maxime qui remporte pour l’occasion la Coupe du Meilleur Jeune en Sport.
Débuts en fanfare avec le Revolt 3P0
Maxime Dojat ne sera pas au départ des Teurses de Thèreval – Agneaux et de La Pommeraye, mais fera débuter son Revolt 3P0 à Saint Gouëno : « Ce n’était pas évident comme approche parce que nous n’avons eu le temps que de faire dix tours sur un petit circuit de kart pour rôder les freins, la boîte de vitesses et le moteur. Je suis donc arrivé en Bretagne sans aucune expérience. Les conditions n’étaient pas optimales, mais il fallait bien commencer quelque part. » Et quels débuts ! En fin de meeting, Maxime occupe la cinquième place au scratch et remporte comme il le fera sur les épreuves suivantes, la Coupe du Meilleur Jeune : « Nous étions bien évidemment au-delà de nos espérances pour une première course. Dès le samedi matin, aux essais, j’étais devant Kevin (Petit) ce qui était totalement inattendu. L’auto était géniale, j’étais hyper à mon aise, et j’ai abordé cette épreuve sans pression, peut-être à cause de l’insouciance due à mon jeune âge », estime Maxime.
Le jeune espoir, qui préalablement n’avait jamais eu l’occasion de piloter une voiture sur laquelle il faut tenir compte de l’aérodynamisme, s’habituer aux palettes au volant, parvenait à intégrer sans la moindre difficulté ce nouvel univers : « C’était un chamboulement total, mais je me suis senti immédiatement à mon aise et je n’attendais qu’une chose, être à Marchampt quinze jours après. »
Marchampt où Maxime poursuivait sur sa lancée en terminant cette fois, au cumul des deux meilleures montées, à seulement une seconde quatre du podium : « Comme ce fut le cas tout au long de la saison, je manquais cruellement de pneus neufs. Avec des gommes neuves je pense que j’aurais pu contester le podium à Kevin (Petit), mais là ça n’était pas possible d’autant que lui disposait de ''balles neuves''. Après, je suis conscient que l’absence de Geoffrey (Schatz) et de Cindy (Gudet) joue en ma faveur. Mais signer un tel résultat, sur un tracé comme celui de Marchampt, pour ma seconde course avec le Revolt, c’est une excellente prestation qui me satisfait pleinement, vraiment que du positif. Finalement je me contente très bien de cette quatrième place. »
A l’heure d’aborder le tracé particulièrement complexe de Vuillafans, Maxime savait qu’il risquait de rencontrer quelques difficultés : « C’est à mon sens la course la plus difficile, sur laquelle il n’est jamais évident de se lâcher, sachant que l’on prend de très hautes vitesses entre le muret et les rochers. Finalement, ce fut positif parce que j’ai enregistré d’excellentes données qui me seront précieuses pour l’année prochaine. Je termine septième et je peux m’en réjouir, d’autant que vendredi nous avons cassé une pièce de la boîte de vitesses en la remontant, et que je dois mon salut à Etienne Pernot qui nous a fabriqué une pièce dans la nuit pour que nous puissions remonter la voiture et être au départ le samedi matin. »
Difficile de faire une saison exempte de déconvenues. A Dunières, Maxime Dojat, même s’il place son Revolt 3P0 au huitième rang, estime avoir loupé ce rendez-vous auvergnat : « C’est certainement la course que j’avais le mieux préparée parce que j’estimais qu’après les trois épreuves rapides que nous avions abordées, le tracé plus sinueux de Dunières allait me convenir… Finalement, je prends une déculottée en étant à cinq secondes des meilleurs et sans parvenir à améliorer mes chronos durant le week-end. C’est la première grosse claque, parce que je suis plus loin que je ne l’étais à Saint Gouëno où je découvrais la voiture. C’est vraiment une grosse frustration, le seul point positif vient des datas que nous avons enregistrées pour l’année prochaine. »
Dans l’esprit de Maxime Dojat, le profil du Mont-Dore ressemble à celui de Dunières, avec un tracé toutefois plus long. Après la déception rencontrée en Haute-Loire, l’Aindinois travaillait ardemment sur les réglages de son Revolt pour ce second rendez-vous auvergnat : « Les réglages trouvés samedi matin semblaient aller dans le bon sens. Samedi après-midi je monte sous la pluie, et je ne prends donc aucun risque. Dimanche matin, suite à un arrêt de course, je reste 1h30 en prégrille et bien évidemment avec les pneus froids et des réglages prévus pour une météo plus clémente, la voiture devenait inconduisible. Finalement ce n’est que sur la seconde et dernière montée de course que je suis parvenu à tirer profit de la voiture. Et parvenir à faire un 2'18'' au Mont-Dore en n’ayant fait que deux montées sur le sec, c’est plutôt excellent. On a vraiment bien travaillé et je pense qu’avec deux montées supplémentaires nous étions en mesure de signer des chronos en 2'16'', ou 2'15'' », estime Maxime qui reconnait que le résultat est dérisoire face aux événements qui ont marqué ce Mont-Dore : « A la fin de la course, nous avions plus une pensée pour les spectateurs blessés et pour la violente sortie de Cédric (Lansard) que pour nos résultats. »
A Chamrousse, Maxime Dojat plaçait une nouvelle fois son Revolt 3P0 à la cinquième place et, petit clin d’œil, il terminait juste devant le vainqueur du ''Trophée Lionel Régal'' 2022, Axel Petit : « Lors de la première montée d’essais, j’avais le sentiment que ça ne fonctionnait pas du tout, et finalement je suis à moins de deux secondes de Geoffrey (Schatz). C’est la première fois que nous parvenons à nous rapprocher autant des leaders sur l’ensemble des montées. Nous avons trouvé un bon set-up, maintenu Kevin (Petit) derrière tout au long du week-end, sauf sur la dernière montée où il chausse des gommes neuves et nous passe devant. Mais ce que je retiendrai c’est que nous avons fait une belle avancée dans l’approche des réglages durant ce rendez-vous dans les Alpes. »
La participation de Maxime Dojat à Turckheim, où il termine cinquième, sera pour lui l’occasion de connaitre une excellente surprise : « A l’inverse de Dunières, je m’attendais à prendre une déculottée sur ce tracé. Et finalement ce ne sera pas le cas. Si Vuillafans est à mon sens la course la plus compliquée physiquement, Turckheim est la plus complexe en termes de réglages et d’assimilation du tracé. Il faut une grosse connaissance du parcours que je n’avais affronté qu’une seule fois avec le TracKing », rappelle Maxime. « Ce fut donc un peu compliqué, mais je réalise une belle progression tout au long du week-end et au final, sur la dernière montée, sur six kilomètres je ne suis qu’à deux secondes de Fabien (Bourgeon). C’est donc très largement positif et prometteur pour les prochaines éditions. »
Après une seconde partie de saison où la réussite sera au rendez-vous sur l’ensemble des épreuves, Maxime Dojat allait malheureusement terminer sa campagne de France avec une grosse déconvenue à Limonest : « Nous n’étions pas du tout dedans lors des essais et nous avons dû revoir les réglages samedi soir. Le lendemain, sur les trois ou quatre premiers virages j’étais super bien, et ensuite j’arrive dans une zone où il y avait de l’huile et de la sciure, et pas de drapeau pour m’avertir… Je suis parvenu à rattraper la voiture je ne sais trop comment, mais dans le virage suivant, avec des gommes chargées de sciures, au moment où je mets le pied sur le frein, la voiture part en luge et je m’encastre sous le rail. »
Le week-end sur la dernière manche du championnat s’arrêtera là pour le jeune espoir de la discipline qui ne cache pas sa déception : « J’avais invité l’ensemble de mes partenaires, certains voyaient la voiture pour la première fois, et ce n’est absolument pas l’image que je voulais donner de moi et de la saison que nous avions réalisée. Je pense que nous méritions de fêter le trophée à la maison, de jouer éventuellement un podium, et je reconnais que ce fut difficile à accepter, d’autant que la sortie entraine des dégâts assez importants. »
Un Trophée FFSA et une place dans le top 10
Alors qu’il n’a eu l’opportunité cette année que de disputer la seconde partie de saison avec son Revolt 3P0, Maxime Dojat parvient à se classer dans le top 10 du Championnat Sport, et remporte le ''Trophée Lionel Régal'' qui récompense le Meilleur Jeune : « Je pense que beaucoup de gens ne nous attendaient pas à un tel niveau cette saison », analyse Maxime. « Dès Marchampt j’étais à moins d’une seconde au kilomètre des meilleurs, et c’était ce que je souhaitais parvenir à faire en fin de saison. Sur les dernières épreuves, je me bats avec Kevin (Petit) qui a une grosse expérience du maniement d’un Proto pour avoir roulé en 4 litres », poursuit-il. « Les résultats sont là, je ne commets pas la moindre erreur de toute la saison, et la sortie de route à Limonest ne peut pas m’être imputée. J’estime qu’à mon âge, pour une première saison avec un Proto aussi performant, les résultats sont plus qu’honorables. Nous avons à mon sens le championnat le plus relevé d’Europe, et parvenir à faire des top 5 c’est plus qu’enthousiasmant. »
Remporter le ''Trophée Lionel Régal'' reste quelque chose de marquant pour un jeune pilote, et ce n’est pas sans une certaine émotion que Maxime savoure ce trophée : « Au moment où je me suis lancé sur le championnat cette année, je comptais près de soixante points de retard sur Mattéo (Fel-Astorg), et s’il n’avait pas stoppé sa saison prématurément, ça aurait été très difficile de revenir sur lui parce que je ne lui reprenais que quatre ou cinq points par épreuve. Honnêtement, ça aurait été très compliqué à la régulière de rattraper ce retard », confie humblement Maxime. « Malgré tout, compte tenu des résultats que je signe, j’estime mériter amplement cette consécration. »
Dans le cadre de la structure LMJ Technology, Maxime Dojat propose plusieurs voitures à la location pour des pilotes qui veulent rouler en côte ou en circuit. Et cette saison, les résultats enregistrés par ceux qui ont eu la chance de s’exprimer au volant du TracKing furent plus qu’encourageants : « Nous avons fait dix courses avec le TracKing en location, qu’avec des pilotes super sympas, motivés et qui nous ont fait confiance. Au final on enregistre des victoires, des podiums de classes, et vraiment je remercie une nouvelle fois tous ceux qui nous ont fait confiance. »
Maxime Dojat profite également de l’occasion pour remercier une nouvelle fois ceux qui furent des soutiens durant cette campagne 2023 : « Un grand merci à mes partenaires, Corbioli Bâtisseurs Créateurs, Écriture Luisandre, Curt Peinture, Odacyeux, Config Racing, Charmetant Génie Climatique, Archeny Charpente, Groupe Manjot et Nicolas Millet Photography. Merci à mon équipe LMJ Technology pour une superbe première saison et merci aux clients de nous avoir fait confiance ! Je n’oublie évidemment pas la famille, mes parents et mon frère qui m’aident et me soutiennent à fond. Merci également aux amis qui participent de près ou de loin et à tous les commissaires et les bénévoles. »
Pour la saison à venir, l’objectif de Maxime Dojat est de prendre part à l’intégralité des épreuves du Championnat de France de la Montagne au volant de son Revolt 3P0 : « Maintenant, il faut trouver les budgets pour remonter la voiture, et ensuite pour nous assurer de pouvoir disputer la saison. Il est clair que c’est le budget qui déterminera ce que nous ferons. Mais l’objectif, puisque je n’aurai que 23 ans au départ de la saison, est de conserver le ''Trophée Lionel Régal''. Je voudrais également essayer de me battre pour les podiums sur les épreuves du championnat, et si je peux, terminer sur le podium du championnat. Ca peut paraitre ambitieux, mais compte tenu des résultats enregistrés cette saison, ça me semble être des prétentions légitimes », conclut le vainqueur du ''Trophée Lionel Régal 2024''.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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