Depuis la création du Championnat de France de la Montagne VHC en 2014, Pascal Ferretti s’est imposé à six reprises en tête du groupe 6/7. Cette année encore il remporte sa catégorie et ajoute à son palmarès un premier titre de Champion de France VHC à l’Indice de Performance.
Parmi les noms intimement liés à la course de côte, celui des Ferretti figure en bonne place. Dans les années 60, Jean le père de Pascal, et Angelo, son oncle, animaient la discipline aux volants de différentes voitures. Par la suite, les fils de Jean, Pascal et Thierry prendront la relève. Mécaniciens hors pair, Angelo et Jean Ferretti s’attèleront à la conception de plusieurs voitures et à la préparation de moteur qui permettront à des pilotes de haut rang d’aller chercher des titres.
Pascal Ferretti a donc toujours baigné dans l’univers de la course de côte. Lorsqu’en 1967 son oncle Angelo disputait ses premières épreuves au volant d’une Marcadier, Pascal n’était pas né. Et il n’avait que trois ans en 1971 lorsque Jean, son père, s’installait à son tour derrière le volant. Durant 20 ans, jusqu’en 1988, Angelo animera de nombreuses courses de côte. La carrière de Jean s’étalera également sur 20 ans, entre 1971 et 1991. Et c’est en 1990, au volant d’une Martini MK33 munie d’un moteur 12 soupapes développé par son père et son oncle que Pascal s’engageait sur ses premières épreuves. Une auto qui roule encore, puisqu’elle était cette saison au départ de Vuillafans aux mains de Stéphane Galiussi.
Dans la lignée familiale
A ses débuts Pascal partageait le volant de cette Martini avec son père : « Lui disputait des épreuves du championnat et moi je roulais en régional », se souvient Pascal qui l’année suivante sera au départ de Dunières et de Limonest. Après six saisons de bons et loyaux services, la Martini était remplacée par une Reynard 903 propulsée par un moteur Alfa-Romeo avec laquelle Pascal Ferretti allait animer la classe dédiée aux Formule 3 : « Je roulais alors sur des épreuves régionales et sur les manches du championnat pas trop éloignées de ma région natale », confie le Lyonnais. « J’ai fait à plusieurs reprises Dunières, Limonest, Chamrousse, Marchampt et parfois je me rendais à Bagnols-Sabran. » Mais si Pascal avait pris l’habitude de signer de nombreuses victoires de classe lorsqu’il évoluait en 1300 cm3, en F3 l’approche sera plus délicate : « Je n’arrivais pas à jouer devant avec cette auto. C’était la galère pour la régler et il était très compliqué d’être compétitif à son volant. »
En 1999, priorité était donnée à la construction d’une maison, Pascal Ferretti mettait donc la course entre parenthèses. Le Lyonnais avait l’intention de repartir pour la saison 2000, mais trouvait un acheteur pour sa F3 : « Je m’en suis séparé, et j’ai attendu le milieu de saison pour revenir au volant d’une Formule Renault. J’ai roulé deux ans avec cette auto que j’ai revendue avec l’intention d’acheter un Proto CN. » Mais Pascal ne parvenait pas à trouver une voiture à sa convenance, et se portait acquéreur d’une nouvelle Formule Renault : « C’était une des dernières versions avant les F.R 2000, une MK 78, avec laquelle j’ai eu l’occasion de faire de très bons résultats », se souvient Pascal qui s’engageait alors sur le Championnat de France de la Montagne.
C’est en 2005 que Pascal disposera enfin d’un Proto CN : « J’ai évolué alors en CN/1 pendant plusieurs saisons et j’allais repartir sur une Formule 3 lorsque j’ai eu une proposition de Patrice Merlin qui souhaitait mettre à ma disposition une MP2000 Evo 2002. L’auto, qui disposait d’un 1800 cm3 était entièrement entretenue par la structure Merlin. La proposition m’a plu et j’ai donc acheté cette voiture avec laquelle j’ai roulé jusqu’en 2010. » Avant de s’élancer en course, Pascal remplaçait le 1800 Integra Air par un 1600 cm3 et les résultats seront au rendez-vous puisqu’il enchainait les victoires en CNF/1.
A l’issue de la saison 2010, Pascal décidait de raccrocher le casque pour se consacrer à d’autres occupations. Mais le hasard a voulu qu’en accompagnant Bernard Chamberod sur plusieurs courses, Angelo Ferretti fasse une découverte inattendue : « Une année, de retour Turckheim, il dit à mon père, ''Devine ce que j’ai vu ? '' Mon père l’a regardé dubitatif, et mon oncle lui a dit : ''J’ai vu ton ancienne voiture de course, la Marcadier.'' Finalement nous avons fait connaissance avec le propriétaire, et le jour où il l’a mis en vente, nous l’avons racheté. » Initialement c’était dans l’optique de rouler en circuit, pour le plaisir, que la famille Ferretti remontait cette voiture. Mais ce n’était pas vraiment dans la mentalité de Jean Ferretti de disposer d’un tel Proto sans qu’il ne prenne part à des compétitions : « ''Cette voiture n’est pas faite pour faire vroum vroum le dimanche sur un circuit, elle doit courir'' nous a dit mon père. » Pascal se voyait donc offrir l’opportunité de se relancer, cette fois au sein des Véhicules Historiques de Compétition.
Le groupe 6/7 en VHC chasse gardée de Pascal Ferretti
C’est en 2014, l’année de la création du Championnat de France de la Montagne VHC que Pascal retrouvait le volant d’une Marcadier JF01 avec laquelle courrait son père précédemment : « En fait, à l’origine, c’est une Marcadier Barzoï, que mon père avait prêtée à un ami. Mais il l’a très sérieusement endommagé dans le triple gauche du circuit de Lédenon. Mon père a donc décidé de transformer sa Barzoï en barquette sur laquelle il a monté un moteur Fiat. »
Le retour de Pascal Ferretti en 2014 sera marqué par deux succès sur les Courses de Côte de Lamure-sur-Azergues et de Limonest : « Une victoire à Limonest, à domicile, c’était vraiment très réjouissant. » L’année suivante, Pascal remportera le groupe 6/7 sur le Championnat VHC et à partir de 2021, sa Marcadier JF01 sera remplacée par une Marcadier JF02. Aux volants de ces deux modèles, entre 2015 et 2022, Pascal Ferretti remportait cinq titres dans le cadre du Challenge VHC groupe 6/7.
Pour cette saison 2023, l’objectif du Lyonnais était bien évidemment de remporter une sixième couronne, et même si en 2020, Pascal avait conclu sa saison à la place convoitée de Vice-champion de France, à égalité de points avec Sébastien Brisard, il sait qu’il lui est impossible de jouer le titre : « Nous ne sommes que deux dans le groupe, et de ce fait nous ne marquons pas l’intégralité des points. Dans les groupes réservés aux monoplaces ils sont un minimum de trois et les victoires sont donc récompensées par la totalité des points. Quels que soient mes résultats, je n’ai donc aucune chance de remporter le titre. » Pascal s’élançait donc avec comme double objectif le titre dans la catégorie 6/7 et un titre de Champion Montagne sur la Ligue Rhône-Alpes.
Succession de succès en groupe 6/7 et deux victoires au scratch
La première confrontation de la saison, la Course de Côte de Bagnols-Sabran, se terminera mieux qu’elle n’avait commencé : « Sur la première montée de course, j’ai un souci de train avant et je ne rejoins pas l’arrivée suite à une casse d’une chape qui tient une rotule. Je peux remercier Dan Bourgeon qui a soudé la pièce et qui m’a permis de repartir. Je n’ai même pas eu besoin de vérifier après la course, c’était nickel et cela me permet de conclure mon week-end et de remporter le groupe 6/7. »
Pascal allait connaitre le même genre de scénario sur le Saint-Pierre où cette fois c’est un boulon sur une barre transversale du train arrière qui le prend en défaut : « C’est sur la première montée du samedi soir, et compte tenu du comportement de la voiture j’ai préféré m’arrêter. » Dimanche, Pascal aura l’occasion de se remettre dans le rythme pour s’imposer une nouvelle fois dans le groupe.
C’est à Marchampt-en-Beaujolais que l’on retrouvait par la suite la Marcadier de Pascal Ferretti qui, en plus d’un succès dans le groupe 6/7, remportait une victoire au scratch : « Je sais qu’en l’absence de la F2 de Sébastien Brisard, et en ayant une parfaite connaissance du terrain, j’avais une petite chance. Et je l’ai saisi. Il a fallu me battre avec la Martini MK33 de Jean-François Taponard et avec la Dallara F390 de Jacky Bonnot qui sont de vaillants adversaires. »
A Vuillafans Pascal Ferretti terminait une nouvelle fois en tête du groupe 6/7 et deuxième au scratch avant de signer à nouveau une victoire de groupe à Dunières. Mais un nouveau succès scratch attendait le Lyonnais au Mont-Dore où il imposait sa Marcadier au sommet de la hiérarchie de la catégorie Sport : « Au départ de la première montée, nous étions tous en slicks en prégrille. Le départ tardait à être donné et je vois alors des voitures du Production faire demi-tour. Avec mon frère on se pose la question de savoir s’ils ne vont pas mettre des pneus pluie. Renseignements pris auprès du Directeur de Course, nous sommes autorisés à chausser des pneus pluie, mais nous avons l’obligation de nous présenter au départ avant que ne débute la manche des Modernes. En revanche, si on revient avant que la dernière VHRS ne s’élance, on nous laisse partir... Nous avons fait un aller-retour express au camion pour changer de gommes, et j’ai pu revenir au départ dans les temps. Marc (Habouzit, le Directeur de Course, Ndr) a eu la gentillesse de m’accorder une minute entre le concurrent qui me précédait et moi. Et à l’issue de cette première montée, je creuse un énorme écart. Je n’avais plus qu’à assurer la deuxième montée pour m’imposer. »
Vainqueur à nouveau du groupe 6/7 à Chamrousse et à Turckheim, Pascal Ferretti apprend avant de se rendre à Limonest que la Course de Côte de Lodève, initialement dernier rendez-vous de la saison, était annulée : « Pour moi ça changeait la donne parce que j’avais prévu un calendrier de dix courses, en comptant Lodève, et je me retrouvais donc avec seulement neuf épreuves. Je dois donc impérativement terminer à Limonest pour assurer mes points. J’ai en plus une pression supplémentaire puisque j’occupe la tête du Championnat à l’Indice de Performance et qu’il serait regrettable que je perde ma position… De ce fait, j’ai roulé sans prendre de risque et ce sera la seule course de la saison sur laquelle je n’ai pas amélioré mes chronos des éditions précédentes. Mais bon, je termine quand même avec la victoire dans le groupe. »
Champion de France VHC à l’Indice de Performance
Pascal Ferretti conclut cette saison 2023 en remportant son sixième titre dans le cadre du Challenge VHC du groupe 6/7. Consécration supplémentaire, c’est lui qui coiffe la couronne de Champion de France à l’Indice de Performance : « C’est une saison parfaite à l’issue de laquelle je devrais m’imposer dans la Ligue Rhône-Alpes. Je n’ai pas fait les calculs mais avec les points engrangés à Marchampt, Chamrousse, Limonest et sur les deux courses de côte régionales de Coligny et du Pin, je suis théoriquement champion. Mon seul regret c’est de ne pas pouvoir jouer le titre sur le Championnat de France de la Montagne VHC Sport, par manque de concurrents dans mon groupe. »
A la conclusion de cette saison, les premiers remerciements de Pascal vont vers l’ensemble des membres de la famille Ferretti qui sont tous impliqués dans la compétition : « Bien évidemment je veux rendre un hommage appuyé à mon père (Jean) et à mon frère (Thierry) qui sont là sur les épreuves et qui m’aident tout au long de la saison pour préparer la voiture. J’ai la chance d’avoir des partenaires qui me sont fidèles depuis de très nombreuses années. Je veux donc remercier mon oncle Angelo et mon cousin David du Garage Ferretti, Jean-Pierre Ruga qui a une société de maintenance mécanique près de Grenoble, la carrosserie ''La Genassienne'' à Genas, mon patron de l’entreprise Delecsys, qui m’aide et me laisse la possibilité de disposer de temps à consacrer à la course, ASD pneus et tous les amis du Club Marcadier avec qui nous nous réunissons une fois par mois et qui me soutiennent. Je veux bien évidemment remercier tous les acteurs du championnat grâce à qui la course existe. »
Pour la saison à venir, le Lyonnais restera bien évidemment fidèle à Marcadier : « La Marcadier JF02 est à la vente. Si elle se vend, je repartirai avec la JF01 et dans le même temps je vais préparer une nouvelle barquette Marcadier, du même style que la JF02. J’ai la chance d’avoir retrouvé quelqu’un qui dispose d’une Marcadier similaire mais au lieu du moteur Renault 12 Gordini, elle est propulsée par un moteur Alfa-Romeo. Je vais donc pouvoir faire mon Passeport Technique et j’ai donc l’intention de repartir ensuite en 2025 avec une Marcadier JF02 à moteur Alfa », conclut le nouveau Champion de France de la Montagne VHC à l’Indice de Performance.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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