Stéphane Villain de la Clio à la Mitjet

Au volant d’une Clio fiable et performante, Stéphane Villain s’engageait en 2022 sur le Championnat de France de la Montagne. Et si une sortie de route sur le Col Saint-Pierre a écourté sa saison, le Gardois conservera de cette première approche d’excellents souvenirs. Car si pour Stéphane le résultat sportif est mesuré, il retiendra qu’humainement cette participation lui a offert de belles satisfactions.

Même si comme une grande majorité de gamins Stéphane Villain avait dans sa jeunesse une certaine admiration pour les voitures et les motos, ses préoccupations d’enfants étaient très éloignées du sport mécanique. Bien évidemment, en habitant à quelques kilomètres de Sabran, l’évocation de la Course de Côte inscrite au calendrier du Championnat de France de la Montagne éveillait sa curiosité, mais sans plus. L’intérêt du jeune Gardois se portait alors sur la boxe qu’il pratiquera durant de nombreuses années, accrochant à la fin des années 90 un titre de Champion de France de Full Contact. Sapeur-pompier de profession, Stéphane s’adonnera à de nombreux sports, avec notamment une attirance particulière pour le VTT qu’il pratique encore aujourd’hui.

Avant d’atteindre la trentaine, la compétition automobile n’était donc toujours pas au cœur des préoccupations de Stéphane Villain. Et c’est au début des années 2010, qu’il assistait pour la première fois à la Course de Côte de Bagnols-Sabran où il accompagnait son beau-frère et un ami venus voir la manifestation. Et le spectacle offert par les pilotes n’allait pas le laisser indifférent. Stéphane sera présent, toujours en spectateur, lors des éditions suivantes avant de franchir le pas et de mettre tout en œuvre pour être à son tour au départ : « Je me suis dit qu’il fallait que je connaisse ses sensations », débute Stéphane. « Je déteste avoir des regrets et je ne fais pas partie des gens qui se réveillent à un âge avancé en se disant qu’ils auraient dû essayer. »

Peugeot 205 et Renault Clio pour les débuts
Avec un budget limité, Stéphane faisait alors l’acquisition d’une Peugeot 205 F2000 qu’il engageait sur quelques slaloms : « Je voulais me tester avant de m’aligner au départ d’une course de côte. Dans ma région, nous avions la chance d’avoir des slaloms qui se déroulaient sur des tracés en montées et non sur un parking, et cela permettait d’avoir une première approche de la côte. »

En 2017, c’est sur la 15ème édition de la Course de Côte du Pont des Abarines que Stéphane faisait sa première apparition en course avec sa Peugeot 205 2 litres : « C’était très bien, mais j’ai rapidement compris qu’au sein du groupe F2000 ma petite 205 était très limitée. C’était très plaisant, mais mon auto n’était pas facile à faire évoluer et j’ai préféré passer à autre choses. »

C’est donc une Renault Clio RS1 qui l’année suivante viendra prendre place dans le garage de Stéphane. Une auto avec laquelle il roulera en groupe N durant trois saisons : « J’adorais cette voiture. Avec un moteur d’origine et une boîte synchro je termine deuxième de ma classe sur la Finale de la Coupe de France à Urcy en 2018. Je termine également deuxième du Championnat de Ligue », se souvient le Gardois. « C’est une auto dans laquelle j’étais vraiment très bien, mais je suis sorti fort sur la Course de Côte de La Malène et elle était irrécupérable. »

Contraint de jeter la caisse de sa Clio, Stéphane Villain récupérait les quelques pièces encore utilisables, et décidait de poursuivre en groupe N, cette fois avec une Honda Civic : « La Civic avait la réputation d’être particulièrement compétitive, ce qui était le cas. Mais j’ai eu beaucoup de mal à m’adapter à son comportement parce qu’elle se conduit d’une manière totalement différente de la Clio. Avec le système VTEC (Variable Valve Timing and Lift Electronic Control), on est obligé de monter dans les tours et là on dispose de plus de couple, donc à l’opposé de la Clio. »

La Civic sera revendue après un an de bons et loyaux services pour faire le bonheur de Patrice Taboulet qui roule aujourd’hui avec cette auto. Stéphane revenait alors à ses premières amours et mettait à profit la période durant laquelle la Covid-19 aura raison de nombreuses courses, pour affiner son budget et faire l’acquisition de la Clio Ragnotti avec laquelle il sera au départ de la saison 2022 : « J’ai pu monter dessus une boîte à crabots neuve et un moteur bien préparé pour en faire une auto performante dans la classe N/3. Et puis l’avantage non négligeable de la Clio, c’est que c’est une voiture facile à revendre parce qu’elle peut également rouler en rallye. »

Après plusieurs saisons à avoir arpenté les épreuves de sa Ligue, Stéphane Villain avait envie de découvrir des courses plus longues, bénéficiant d’organisations plus affutées, d’où l’idée de s’engager sur le championnat : « Le constat est simple, quand tu t’inscris sur le Col Saint-Pierre, en une montée tu roules autant que sur la totalité d’une épreuve régionale. Plutôt que de faire une dizaine ou une douzaine d’épreuves dans l’année, je préférais réduire le nombre de participations à six ou sept, mais sur des épreuves avec des kilométrages plus importants. »

S’il s’engageait sur le championnat avec comme principal objectif de se faire plaisir derrière le volant de sa Clio, Stéphane Villain espérait parvenir à tirer son épingle du jeu : « Je savais que j’allais être pénalisé parce que je découvrais la majorité des épreuves. Mais j’ai pour habitude de beaucoup travailler en amont, et de bien mémoriser les parcours. J’avais donc l’espoir de remporter le Challenge Open en devançant mon ami Alexandre Neulat. Mais la priorité c’était vraiment de me régaler sur les épreuves. »

C’est à Saint-Jean-du-Gard que l’on retrouvait Stéphane Villain en début de saison. Non pas sur le Col Saint-Pierre, mais sur la Course de Côte du Pont des Abarines qui se tient au mois de février. Sur cette épreuve, le Gardois allait briller en se classant dixième du Production, deuxième du groupe N et en remportant par la même occasion sa classe : « Ça met clairement en confiance avant d’attaquer la saison. Et puis on retrouve les copains que l’on n’a pas vu parfois pendant plusieurs mois. Ça permet également de mener à bien des essais grandeur nature. Au final je devance Sébastien Courbette qui roule fort avec sa Clio Ragnotti et je termine à moins de deux dixièmes de la BMW d’Alex Peyre qui dispose de 150 chevaux de plus que moi. »

Sur la première manche du Championnat de France de la Montagne, chez lui, à Bagnols-Sabran, Stéphane allait retrouver le même Sébastien Courbette qui cette fois prendra l’avantage : « Lors des essais j’ai battu mon propre record, à froid, dès le matin. Ensuite j’ai été devant tout au long du week-end, en étant particulièrement à mon aise. J’ai le souvenir de passer sans encombre la parabolique, avant les enfilades de l’arrivée, en restant ’’pied soudé’’ ce qui était pour moi une première. » Malheureusement, un souci mécanique allait mettre un terme à sa belle progression : « J’ai cassé un cardan sur le dernier virage de la dernière montée et Sébastien me passe devant au cumul. Cela fait partie intégrante de la course et ce n’est pas pour autant que je n’ai pas passé un excellent week-end. »

Après Sabran, Stéphane Villain enchaînait sur le Col Saint-Pierre. Une épreuve sur laquelle il espérait là encore se mettre en valeur mais qui se terminera plus tôt que prévu. Le Gardois, qui ne se présentait pas au départ dans les meilleures dispositions, sera victime d’un manque de concentration : « Je suis sorti sur la première montée de course et j’ai dû abandonner », rappelle Stéphane. « Au départ je pensais avoir vraiment fait du mal, mais suite à un contrôle de géométrie, on s’est rendu compte que la caisse n’avait absolument pas souffert. Par contre il y avait des dommages de carrosseries qui entamaient mon budget. » La réparation prendra du temps, d’autant que si Stéphane et un passionné de pilotage, il n’en reste pas moins novice en ce qui concerne la mécanique, un domaine très éloigné de ses activités professionnelles. « J’apprend au fil du temps, mais pour le moment je suis obligé de passer par des pros pour réparer. »

Il faudra attendre Chamrousse pour retrouver la Clio de Stéphane au départ d’une manche du championnat. Une épreuve sur laquelle il remportait sa classe : « J’ai pris le départ pour me rassurer sur le bon fonctionnement de ma voiture avec l’espoir de la faire briller parce que j’avais déjà en tête de m’en séparer. J’ai pu prouver par ce résultat que la Clio marchait fort et je me suis fait énormément plaisir. Cela confirmait la bonne prestation de l’année précédente où je loupe la victoire suite à une casse mécanique sur la dernière montée », se souvient Stéphane. « Après j’avoue que j’étais un peu embêté pour mon pote Alex (Neulat) parce que je termine devant lui alors que j’aurais bien aimé qu’il remporte une manche du championnat. Mais il gagne l’Open, et c’est mérité parce qu’il a énormément progressé et que c’est un super mec. »

« Le positif, c’est le côté humain ! »
Stéphane Villain est un pur Montagnard. Ce n’est pas par dépit et parce qu’il ne dispose pas de budgets pour faire des rallyes qu’il roule en courses de côte : « C’est vraiment ma discipline, j’adhère totalement à la philosophie, à l’ambiance qui règne sur les épreuves. Courir en course de côte est vraiment un choix affectif », confie-t-il. « De par la diversité des véhicules, la convivialité, l’entraide, c’est vraiment une discipline dans laquelle je me retrouve pleinement. » Et de ce fait, même si sa saison s’est réduite à trois participations, il gardera un excellent souvenir de son premier engagement sur le Championnat de France de la Montagne : « Du point de vue sportif on est loin du compte, mais l’auto fonctionnait parfaitement. Ce qui est plus que positif, c’est l’aspect humain, l’entraide dont j’ai pu bénéficier, notamment de la part des copains du team Cèze Sport Racing. J’ai eu en cette année 2022 plus de satisfactions humaines que sportives, et c’est loin d’être négligeable. »

Stéphane Villain a particulièrement apprécié le soutien dont il a bénéficié durant la saison 2022, et tient à remercier tous ceux qui l’ont accompagné : « Un immense merci à l’Agence de Courtage en Travaux de Maîtrise d’Œuvre et d’assistance et soutien technique ’’Vos Travaux Faciles’’ à Vénéjan. Merci également à Martinez Location de Saint Alexandre qui m’aide depuis la première heure, au Garage Saint Christophe de Goudargues pour le boulot sur la voiture, au garage Ligones à Bagnols-sur-Cèze, à J3D Modding pour l'étude des tracés du championnat, au Team Cèze Sport Racing pour tous les coups de main, et à tous les gens (amis et familles) qui me suivent de près ou de loin pendant cette aventure... »

A l’issue de la Course de Côte de Chamrousse, Stéphane Villain s’est séparé de sa Clio. Et c’est donc au volant d’une nouvelle monture qu’il évoluera en 2023 : « Je ne sais pas pendant combien de temps mes moyens financiers me permettront de courir. Mais je ne me vois pas arrêter la course de côte sans passer par la case proto. Le rêve ultime serait de disposer d’une Norma, mais ce n’est pas d’actualité. J’ai donc choisi de rester dans la catégorie Production, en m’approchant le plus de ce qui s’apparente à un Proto, ça sera donc une Mitjet 1300. C’est une vraie auto de course, en propulsion, avec une boîte séquentielle, un châssis tubulaire et une coque en fibre, et qui reste à un prix abordable. »

Si Sébastien Broche, le beau-frère de Stéphane, lui a fait découvrir les courses de côte, c’est lui qui aujourd’hui lui apporte son soutien en lui offrant son engagement sur le Championnat de France de la Montagne par le biais de sa société ’’Vos Travaux Faciles’’ : « De ce fait je serai présent cette année sur le CFM avec un programme en Open de six ou sept épreuves. Je n’ai pas encore défini mon calendrier mais on peut avoir la certitude de me retrouver à Sabran, sur le Saint-Pierre, à Dunières et à Chamrousse, pour le reste nous verrons », conclut-il.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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