Pour sa dernière saison avec l’Alpine

Depuis plusieurs saisons, Anthony Dubois compte parmi les acteurs majeurs du Championnat de France de la Montagne Production. Il le confirme cette année encore en remportant le Trophée FFSA du GT Sport et en plaçant son Alpine A110 GT4 au quatrième rang.

Troisième du Championnat de France de la Montagne à l’issue de la saison 2020, Anthony Dubois avait alors démontré qu’une Alpine A110 GT4 évoluant en GT Sport pouvait s’immiscer dans la lutte qui oppose les pilotes disposant de GTTS/4. Il le confirmait dès le début de la saison 2021 en signant un succès scratch en Production à La Pommeraye, manche d’ouverte d’une campagne 2021 comptant huit rendez-vous… Mais si cette saison 2021 débutait de la plus belle des manières, elle s’achèvera dans la douleur. Anthony était en effet victime d’une violente sortie de route à Turckheim, accident qui sera à l’origine d’une fracture d’une vertèbre et d’énormes dégâts sur son Alpine.

Saison 2022 au volant d’une Alpine reconstruite
L’intersaison, avant que ne soit lancée la campagne 2022, s’annonçait donc compliquée pour Anthony. Le Berrichon devait en effet poursuivre son activité professionnelle malgré des douleurs récurrentes qui le gênaient dans sa vie quotidienne, et s’attelait dans le même temps à la reconstruction de son Alpine : « Il a fallu simultanément reconstruite la voiture et le bonhomme, et après un mois d’interruption de travail rendu nécessaire par la fracture, nous avons entamé les réparations qui se sont achevées une semaine avant le coup d’envoi de la saison à Bagnols-Sabran », précise Anthony qui mettait à profit la reconstruction de sa monture pour lui apporter quelques améliorations : « Nous avons notamment travaillé sur le poids de la voiture et lui avons offert une ’’cure d’amaigrissement’’. Pour le reste, nous n’avons pas apporté d’évolutions, l’important était vraiment d’obtenir un gain de poids. »

Une courte séance d’essais sur le circuit de la Châtre permettait à Anthony Dubois de voir que son Alpine fonctionnait, « mais nous n’avons absolument pas eu le temps de peaufiner le moindre réglage. C’était un déverminage plus qu’un essai, la voiture n’était alors pas totalement aboutie. Les sensations n’étaient pas trop mauvaises, mais j’étais conscient qu’il restait une importante charge de travail à réaliser. » Le matin même du départ en direction de Bagnols-sur-Cèze, avant de charger la voiture, Anthony réglait quelques derniers détails techniques : « Mais on savait qu’il n’allait pas être évident d’être dans le coup immédiatement. J’avais encore des doutes sur la voiture, mais également sur moi-même puisque je n’avais pas eu l’occasion de toucher le volant depuis la sortie de route à Turckheim. »

Troisième du Championnat de France de la Montagne Production en 2020, quatrième en 2021 malgré l’accident à Turckheim qui le privait de précieux points sur les deux dernières confrontations de la saison, Anthony savait qu’il pouvait une nouvelle fois jouer les premiers rôles : « L’objectif en début de saison était d’aller chercher une place sur le podium du championnat », confie-t-il. « Même si je savais que la concurrence serait énorme cette année en Production. Donc la priorité était de remporter le Trophée FFSA du GT Sport, le Challenge Open et ensuite un podium sur le championnat. »

Cumul de victoires de groupe !
Au volant d’une auto qu’il venait de terminer, dans une forme qui était loin d’être olympique, Anthony Dubois rejoignait la Course de Côte de Bagnols-Sabran pour passer un week-end dans un froid hivernal qui n’incitait pas à se lâcher sur une route où les pneumatiques avaient bien du mal à monter en température : « Les conditions étaient loin d’être idéales, mais d’entrée j’étais dans le coup ce qui était rassurant et m’a permis de me mettre en confiance », confie Anthony qui remportait le groupe GT Sport en terminant quatrième du Production : « C’est plutôt un très bon résultat pour débuter la saison, et pour une première course après avoir détruit la voiture. »

Même si tout se passait plutôt très bien sur la manche d’ouverture de la saison, Anthony émettait malgré tout quelques doutes sur le comportement de son Alpine : « Par moment j’avais le sentiment qu’elle m’échappait. » Une sensation qui se confirmait sur le Col Saint-Pierre qu’Anthony découvrait cette année : « De fait je n’ai pas pu pleinement profiter de cette épreuve qui propose deux courses en une, avec le bas du parcours assez sinueux, sur lequel on trouve de nombreuses relances, et le haut bien plus rapide, où tout se ressemble, et qu’il faut parfaitement connaitre pour l'aborder en confiance. Et là j’avoue que ma méconnaissance du tracé et le comportement surprenant de l’Alpine ne m’ont pas incité à attaquer à outrance », reconnait Anthony qui terminait huitième et deuxième du GT Sport.

De retour chez lui, Anthony Dubois se penchait sur son Alpine A110 et détectait un problème de suspension qui affectait le comportement de sa monture : « Nous avons rectifié le tir avant de partir à Abreschviller. » Et en Moselle, le Berrichon imposait son Alpine en tête du GT Sport, 59 millièmes devant celle de Francis Dosières : « Ça s’est joué à très peu de choses. C’est une victoire, mais une victoire avec très peu d’avance. Après, je gardais à l’esprit que cela faisait de nombreuses années que je n’étais pas venu à ’’Abresch’’ et que là encore je souffrais d’une méconnaissance du tracé. Mais je repars toutefois satisfait de ma prestation en Lorraine. »

La lutte entre les deux Alpines A110 GT4 qui jouaient la gagne en GT Sport se poursuivait sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, où là c’est Francis Dosières qui prenait l’ascendant seize millièmes devant son adversaire : « J’étais venu tout seul sur cette épreuve et durant tout le week-end nous avons dû composer avec des changements météorologiques. En étant seul je n’avais pas le temps de toute faire, et sur une montée j’ai fait l’impasse sur le changement de pneumatiques. Et j’étais alors le seul à m’élancer en slick. Et ça n’a pas marché », reconnait Anthony dans un large sourire. Sur cette première montée disputée sous la pluie, il lâchait plus de dix secondes à ses adversaires : « Après je suis parvenu à me remettre dedans, mais sans trouver réellement la confiance. Moi qui suis en principe à mon aise sous la pluie, j’ai eu du mal. Après, l’écart est faible, mais je pense que j’aurais pu mieux faire. »

La Pommeraye laissait d’excellents souvenirs à Anthony Dubois qui l’an dernier avait signé une victoire scratch en Production et qui savait donc qu’il pouvait tirer son épingle du jeu sur l’épreuve angevine : « J’affectionne le tracé, il m’a réussi l’an dernier, et du coup je l’aborde plus serein et en confiance. Tout s’est passé naturellement bien et j’ai pu rouler vite sans me forcer », explique Anthony qui terminait cinquième et sortait vainqueur de la confrontation en GT Sport.

Le succès dans son groupe sera à nouveau au rendez-vous à Saint Gouëno où, en terminant quatrième, Anthony Dubois signait une large victoire en GT Sport : « Je n’avais pas une l’occasion de revenir à Saint Gouëno depuis que l’épreuve accueillait la Finale de la Coupe de France de la Montagne, en 2007. Je ne connaissais pas bien le tracé, mais j’ai bien reconnu et si j’ai mis un peu de temps à vraiment être rapide, au final je suis très satisfait de ma position avec une belle quatrième place au scratch. »

Il y a quelques années, Anthony se souvient s’être imposé dans le groupe FC sur la Course de Côte de Vuillafans. Cette année, il allait récidiver en GT Sport sur l’épreuve Franc-Comtoise : « Je connais plutôt bien le tracé et je trouve qu’il correspond bien à ma voiture. Nous avons trouvé rapidement un bon set-up, ce qui m’a permis de me lâcher, et ça fonctionne très bien. »

L’arrivée de Valentin, troisième enfant d’Anthony qui pointait le bout de son nez mi-juillet, privait le pilote de l’Alpine d’une participation à Dunières : « Il y a bien évidemment des priorités, et je savais dès le début de la saison qu’en toute logique je ne serais pas à Dunières. L’épreuve s’est passée pour moi à la maternité, avec la victoire pour Valentin et là encore d’intenses émotions. »

Anthony Dubois sera présent par la suite à Marchampt-en-Beaujolais où il classait son Alpine au sixième rang, remportant pour l’occasion un nouveau succès en GT Sport : « Ça se passe bien, je signe toujours les mêmes chronos, mais je suis à la limite et je ne peux rien faire de plus. J’avoue que je me suis un peu ennuyé à voir les puissantes GTTS/4 nous devancer sans que l’on puisse les contrer. C’est là que l’on est conscient de nos limites, c’est un peu frustrant. »

Les performances seront une nouvelle fois au rendez-vous sur le Mont-Dore : « Je n’ai jamais été aussi vite sur le Mont-Dore. C’est une épreuve que je connais par cœur, certainement la seule que je connaisse à ce point. Je suis très content de la bataille que j’ai menée face à la Lamborghini de David Meillon et totalement satisfait de ma prestation. » Malheureusement, Anthony ne récoltera pas les fruits de sa combativité. A l’issue de l’épreuve, son Alpine subissait un contrôle, et le Berrichon refusera d’aller au bout des investigations : « Les conditions n’étaient pas réunies pour que ces vérifications se déroulent dans de bonnes conditions. On a voulu plomber mon turbo, à 21h30, dans des conditions qui ne me semblaient pas adaptées à ce genre de contrôle, et j’ai fait l’erreur de refuser. Cela m’a valu l’exclusion du meeting et au final ça me coutera le podium du championnat. J’assume la responsabilité de mes choix. »

L’exclusion d’Anthony Dubois au classement final du Mont-Dore aura comme effet de décupler la motivation de l’ancien champion cycliste qui a toujours était un compétiteur acharné : « J’avoue que je suis arrivé à Chamrousse avec la rage, avec l’envie d’en découdre. Alors certes il y a des faits de courses dont j’ai bénéficié. Mais même sans l’annulation de la dernière montée j’aurais certainement terminé sur le podium », confie Anthony qui se classe deuxième du Production derrière Ronald Garcès. « J’étais dans le coup tout de suite et je suis très satisfait, notamment d’avoir amélioré mon record de l’année précédente. »

A Turckheim, Anthony Dubois retrouvait un terrain qui lui avait laissé de très mauvais souvenirs. C’est en Alsace qu’en 2021 une violente sortie de route l’avait contraint à mettre un terme prématuré à sa saison : « Ce n’était pas évident, parce qu’il s’agissait d’aller vite mais de ne surtout pas commettre d’erreur. Ma participation de cette année m’a fait prendre conscience que ma sortie de l’an dernier provenait d’un excès d’optimisme à l’approche d’un virage. J’étais clairement trop vite, selon moi à cause d’une mauvaise reconnaissance », analyse-t-il. « Il est clair que la première fois que je suis repassé à l’endroit où j’étais sorti, c’était pour le moins bizarre. Mais au fil des montées, ça allait de mieux en mieux, et en fin de week-end, je suis parvenu à me libérer », explique Anthony qui remporte un large succès en GT Sport.

La saison d’Anthony Dubois se concluait par une nouvelle victoire en GT Sport sur la Course de Côte de Limonest où il plaçait son Alpine A110 GT4 au quatrième rang : « Limonest, c’est toujours un peu particulier comme approche. Sur ce parcours lent il a fallu travailler consciencieusement sur le set-up de la voiture, mais ce genre de parcours convient bien à l’Alpine et je suis très content de parvenir à devancer plusieurs GTTS/4, dont notamment la Renault R.S.01 de Philippe Schmitter. »

Vainqueur du Trophée FFSA du GT Sport et de l’Open GT/2
Au terme de cette saison, Anthony Dubois remporte le Trophée FFSA du GT Sport en se classant quatrième du championnat. C’est également lui qui s’impose sur le Challenge Open GT/2. : « Si je m’en tiens au bilan sportif, il est très bon. C’est certainement la saison où j’ai roulé le plus vite et durant laquelle j’ai réalisé les plus belles performances. Après, cela me fait également prendre conscience de la limite d’une GT Sport face aux GTTS/4, ce qui va m’inciter à changer de cap pour 2023. »

La saison 2023 s’annonce donc prometteuse, et avant de se lancer dans de nouveaux projets, Anthony Dubois tient à remercier ceux qui l’ont épaulé cette année : « Un immense merci à SignaTech, Somac, Bahco, Auto Primo, Mecaparts, Lubexel, Auberge Joseph Mellot, Adhesivelab, Peinture Pieces Auto, Arc-en-ciel, ainsi que les amis et la famille : Gabriel, Rodolphe, Caroline, Daniel et aussi mon père, qui sont présents sur les épreuves. Merci également aux pilotes avec qui nous avons partagé des moments de convivialité et je profite de l’occasion pour dire un merci à Jean-Marc Gandolfo pour sa bienveillance. »

L’Alpine A110 GT4 avec laquelle évoluait Anthony Dubois est vendue : « Ce qui implique des nouveautés pour la saison à venir », confie le Berrichon qui ne veut pas s’étaler sur ses futurs projets : « Rien n’est encore abouti et j’attends que cela se concrétise réellement pour en dire plus. Mais il est clair que l’objectif est de rouler sur le Championnat de France de la Montagne en 2023, toujours en Production. » Un nouveau projet et une structure qui s’étoffe pour Anthony qui semble vouloir parfaire son implication : « Notre structure s’agrandit et je vais disposer d’une équipe d’assistance. Cela peut nous permettre d’accueillir d’autres animateurs du championnat à nos côtés. Tout cela est pour le moment en projet », conclut Anthony.


Propos recueillis par Bruno Valette ©

 

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