Ces dernières années, Sébastien Starck a pris pour habitude d’affronter les tracés des épreuves du Championnat de France de la Montagne. Le jeune belge s’est construit un solide palmarès en glanant des succès sur différentes épreuves. Pour cette saison 2022 il s’engageait officiellement sur le CFM, pour finalement accrocher la troisième place d’un Challenge Open A/3 particulièrement relevé.
Originaire de Francorchamps, Raymond Starck, le grand-père de Sébastien, portait comme la majorité des habitants de la citée wallonne, un intérêt certain pour les bolides qui s’affrontaient sur ce qui est considéré comme le ’’plus beau circuit du Monde’’. Mais l’intérêt de Raymond Starck ne se cantonnait pas au circuit. Sa curiosité l’incitait à venir découvrir les courses de côte. Son fils Claude héritera de cette passion, mais ne se contentera pas d’être spectateur, il deviendra acteur en officiant en qualité de copilote sur plusieurs rallyes disputés en Belgique, puis derrière le volant en prenant part à quelques courses de côte.
Dans les traces de son ainé…
En 2012, à tout juste 19 ans, Corentin Starck suivait la voie ouverte par son père en alignant en course de côte une Peugeot 106 de location avec laquelle il aura l’occasion de disputer plusieurs épreuves en Belgique. Sébastien avait alors 15 ans, et suivait d’un œil attentif les performances de son ainé : « C’est ce qui m’a donné l’envie de rouler à mon tour », reconnait Sébastien. « Je suis comme mon frère passionné de courses de côte, mais je n’envisageais pas réellement d’entreprendre des démarches pour courir. Il est clair que de voir ’’Coco’’ derrière le volant m’a motivé pour faire de même », poursuit Sébastien qui très tôt a pratiqué avec assiduité le tennis de table.
Pour ce qui est du sport automobile, Sébastien suivait le parcours de son ainé et se tournait vers la structure qui lui avait loué sa première Peugeot 106, pour lui aussi s’installer derrière le volant de cette petite ’’Lionne’’ : « Mon frère avait été satisfait du team et de la 106, en toute logique je me suis rapproché d’eux. » Sa première saison, en 2016, verra Sébastien d’être au départ de quatre courses en Belgique : « Cela me permettait d’obtenir ma licence nationale et de pouvoir m’aligner sur le Championnat de Belgique ainsi que sur des épreuves à l’étranger. »
En 2017, On retrouvait Sébastien Starck au volant de la Renault Clio 3 Cup avec laquelle s’était illustré son ainé auparavant. Son programme sera réduit puisqu’on le retrouvait sur deux courses en Belgique et une première participation à Eschdorf au Luxembourg : « J’entamais mes études supérieures et je me devais de limiter mes engagements. C’était une année d’acclimatation à la voiture, sans réel objectif, si ce n’est de pouvoir me lancer en 2018 sur une vraie saison. »
Pour la saison 2018, à un calendrier de quatre courses en Belgique venaient s’ajouter des participations à La Broque et à Turckheim, avant que le jeune Belge ne soit qualifié pour les FIA Hill Climb Masters qui se déroulaient cette année-là à Gubbio en Italie : « C’est à mon sens durant cette saison que j’ai franchi un palier en termes de pilotage et d’expérience de la course. Sur la fin de saison j’ai eu le sentiment d’être réellement en progrès, progrès que je dois en grande partie à ma participation aux Masters », analyse Sébastien. « C’était jusqu’alors ma saison la plus étoffée, et participer à un événement de l’envergure des FIA Hill Climb Master offre une belle émulation face à une grosse concurrence internationale. » Sur cette manifestation hors normes, Sébastien s’illustrait en décrochant la médaille de bronze des moins de 25 ans, les médailles d’or et d’argent revenant à des pilotes pour lui intouchables car évoluant avec des ’’voitures ouvertes’’ : « C’était pour moi gratifiant et c’est une belle cerise sur le gâteau pour conclure la saison. »
Avec pas moins de neuf courses au programme de sa saison 2019, Sébastien Starck se concoctait un sympathique programme qui allait lui permettre de se mettre une nouvelle fois en valeur. En France, on le retrouvait à Abreschviller, à La Broque, à Vuillafans et à Turckheim : « J’avais en début de saison un réelle expérience avec la Clio et cela me permettait de tirer profit de son potentiel », confie Sébastien. « Sur les quatre épreuves que j’ai disputées en Belgique j’ai pu voir l’amélioration de mes chronos, et ce fut également le cas sur les épreuves françaises que j’avais déjà eu l’occasion d’affronter. J’étais toutefois conscient que je manquais encore d’expérience sur les courses françaises pour aller jouer les tout premiers rôles. Mais ce fut pour moi une super saison. »
En cette fin d’année 2019, Sébastien prenait conscience que sa Clio, toute performante qu’elle était, devait bénéficier d’une importante révision s’il voulait aller chercher les dixièmes qui font la différence. L’hiver sera consacré à cette révision, qui sera étalée sur plusieurs moins, la crise sanitaire liée au Covid ne permettant pas de rouler durant l’année 2020 : « Ma saison s’est résumée à ma participation à Turckheim au mois de septembre », se souvient Sébastien.
La saison 2021 voyait Sébastien Starck connaitre plusieurs consécrations. Le jeune belge était sacré Champion de Belgique performance factor 5 : « Notre championnat national, comme beaucoup de championnats en Europe a été un peu écourté. Cela m’a permis de prendre part à l’intégralité des courses inscrites au calendrier et de remporter ce titre en m’imposant dans ma catégorie sur chacune des manches. C’est revalorisant parce que c’est la catégorie dans laquelle on trouve le plus de concurrents. » Cette performance assurait à Sébastien sa qualification aux FIA Hill Climb Masters, et sa sélection au sein de l’équipe Belge qui terminait troisième de la Nations Cup : « Cette participation à Braga restera un souvenir inoubliable. Le fait de partager le podium avec des sommités de la discipline, en présence des meilleurs pilotes européens de courses de côte et dans une ambiance fabuleuse, c’est quelque chose de marquant. Cette édition au Portugal est à mon sens la plus aboutie, avec un nombre incroyable de spectateurs. »
Tenter de remporter un succès en A/3
Cette saison, cinq pilotes Belges étaient engagés sur le Championnat de France de la Montagne. Quatre évoluait dans la catégorie Sport, Sébastien était le seul à défendre ses chances en Production : « Je savais de part mes précédentes participations sur les épreuves françaises que je me situais parmi les pilotes qui pouvaient jouer la gagne. Mais pour autant je ne m’étais pas fixé d’objectif si ce n’est d’essayer de remporter au moins une victoire de classe sur une épreuve. Je ne connaissais pas tous les adversaires face à qui j’allais me battre dans la catégorie, excepté Laurent Lafosse et Michel Bineau, dont je ne voulais présager de rien. »
Contrairement aux autres représentants de la colonie belge qui avaient décidé de débuter la saison sur la manche d’ouverture à Bagnols-Sabran, Sébastien Starck retrouvait ses amis à Saint-Jean-du-Gard, pour découvrir le Col Saint-Pierre : « Mes obligations professionnelles m’empêchaient d’être présent à Sabran et j’ai donc sélectionné le Col Saint-Pierre parce que c’est une épreuve qui me faisait rêver », explique le jeune Belge qui allait consacrer deux journées pleines aux reconnaissances du tracé cévenol : « Il fallait ça, parce que durant la course je savais où je me situais. Je suis content de mon week-end qui s’est relativement bien passé », estime Sébastien qui à l’issue des essais pointait en tête de sa classe. « Un excès d’optimisme me fait commettre une petite erreur sur la première montée de course disputée samedi, et j’ai grillé un joker sur ce qui se révèlera la meilleure montée du week-end. J’ai donc débuté la journée de dimanche avec un peu de pression, et je suis parvenu à accrocher la deuxième place de la classe. C’est un peu frustrant, mais c’est une belle satisfaction pour cette découverte du Saint-Pierre qui figure dans le top 5 des plus belles courses que je n’aie jamais faites. »
Pour les pilotes belges, Abreschviller c’est un peu la course à la maison. L’épreuve mosellane est la manche française la plus proche de la Belgique, et pour l’occasion la colonie belge était au grand complet : « Nous avons une relation particulière avec les organisateurs qui date du ’’Tof’’ (Christophe Henry, ndr), et c’est toujours un vrai plaisir de se rendre à Abreschviller ou nous sommes toujours hyper bien accueillis », confie Sébastien qui signait cette saison une victoire dans sa classe : « Ce fut pour moi un super week-end avec un succès à la clé. Même si tous le monde n’était pas présent, c’était ma première victoire sur le Championnat de France et je ne peux qu’être content de mon week-end. »
Sébastien Starck allait par la suite signer un nouveau succès à La Pommeraye, épreuve qu’il découvrait à l’occasion de cette 58ème édition : « Dès les reconnaissances, le tracé m’a plutôt bien plu. C’est très atypique mais sympa. Nous étions treize engagés dans la classe A/3 et je savais que j’allais avoir fort à faire face à une telle concurrence. Mais j’étais rapidement dans le coup et dimanche matin j’ai attaqué fort et finalement j’occupe la première place de la classe de la première à la dernière montée. C’est selon moi ma prestation la plus aboutie sur le Championnat de France jusqu’à maintenant. »
La Course de Côte de Saint Gouëno sera également une découverte pour Sébastien Starck : « J’étais vraiment content de découvrir cette course dont mon frère m’avait fait l’éloge en me disant que c’était fabuleux. L’accueil est au top, l’ambiance géniale et le tracé atypique mais très intéressant. C’est pour moi une belle découverte et j’ai rapidement pris mes marques. J’étais deuxième à l’issue des essais, et dimanche j’ai voulu un peu trop en faire, et j’ai tapé un rail, ce qui me fait griller un joker. Je termine deuxième derrière Laurent (Lafosse) qui est un pilote très expérimenté et finalement je n'ai pas de regret. »
La Course de Côte de Vuillafans sera marquée par un premier abandon de Sébastien Starck qui retrouvait en Franche-Comté un tracé qu’il apprécie tout particulièrement : « Lors des essais j’étais dans le coup, entre Mickael Bonnevie et Romain Billot. Dimanche matin j’ai voulu un peu trop en faire, et suite à un moment d’inattention j’ai tapé le rail », explique Sébastien. Direction de la Clio cassée, le Belge devait renoncer et voyait la suite de son programme compromis : « Je n’ai endommagé quasiment que des éléments de carrosserie, mais je ne savais pas quand je serai en mesure de trouver des pièces, sachant que ça faisait du mal à mon budget. »
C’est le mardi précédent l’épreuve de Chamrousse que Sébastien Starck récupérait sa Clio. Il partait alors directement découvrir l’épreuve iséroise, sur laquelle il aura quelques difficultés à se lâcher : « J’ai bien aimé la course, mais clairement je n’étais pas dans le coup. C’était ma première épreuve après ma sortie de route et ce n’était pas évident, j’avais toujours le spectre de grever un peu plus mon budget. Donc inconsciemment j’ai levé le pied et même si je n’étais pas totalement dans la course, nous avons passé un excellent week-end avec le team de Mickael Bonnevie avec qui nous avons réellement sympathisé cette année. »
La saison de Sébastien se terminait à Turckheim où son frère, Corentin, allait signer un premier succès sur une manche du Championnat de France de la Montagne. Et si Sébastien n’était là encore pas réellement dans le coup, sa performance en demi-teinte passera au second plan avec la victoire de son ainé : « J’avais le même ressenti qu’à Chamrousse. Même si je connais bien Turckheim qui est une épreuve que j’apprécie et sur laquelle je me rendais pour la quatrième fois, je ne suis pas parvenu à retrouver mes sensations habituelles. J’ai perdu des dixièmes par endroits, et au bout du compte l’addition est salée et je suis loin de mes chronos de référence », confie Sébastien.
Mais cet ultime rendez-vous pour le pilote Belge sera émotionnellement très intense : « La victoire de ’’Coco’’ est un moment incroyable. Quand j’ai terminé ma course, je suis revenu au départ avec ma compagne pour vivre la fin du meeting. Quand j’ai entendu le résultat, j’ai sauté dans tous les sens. La frustration de mon modeste résultat se transformait en un bonheur immense. C’est un moment fort, exceptionnel ! »
Troisième du Challenge Open A/3
A l’heure de faire les comptes, c’est sur la troisième marche du Challenge Open A/3 que l’on retrouve Sébastien Starck à la fin de cette saison : « Le bilan global est positif puisque je m’étais fixé comme objectif de signer une victoire de classe et que je m’impose à deux reprises. Je fais ensuite deux deuxième places et une troisième place sur huit participations, ce n’est pas trop mal et je suis assez content de ma saison », confie Sébastien. Et si le résultat sportif le satisfait, l’aventure humaine le comble : « Nous avons vécu cette saison tous ensemble, entre pilotes belges, ce qui était assez fort, d’autant que pour certains c’était une première. J’ai tissé des liens avec Mickael Bonnevie et avec son équipe, j’ai vraiment passé une super saison avec de belles découvertes de régions et de courses que je ne connaissais pas. »
A l’heure où prend fin cette belle aventure, Sébastien Starck remercie ceux qui l’ont accompagné sur cette campagne de France : « Je voudrais remercier tout particulièrement mes parents pour leur investissement et tout ce qu'ils font autour pour que je puisse vivre ma passion dans les meilleures conditions. Merci aussi à ma compagne Justine qui découvrait tout cette année et qui a assuré du début à la fin, et a mes fidèles mécanos Gilbert et Valère toujours fidèles au poste. Merci à Fred Errard et son bureau d'assurance pour son grand soutien cette saison, ainsi qu'au Gaume Racing Club qui nous a soutenu sur presque chaque course. Enfin, merci à tous les amis et les supporters présents pour nous supporter le long des côtes. »
Si des projets figures sur les tablettes pour la saison à venir, il est encore trop tôt pour que Sébastien puisse définir de quoi sera faite la prochaine saison : « La Clio devrait être à la vente et je souhaite changer de catégorie. Mon programme n’est pas défini, mais je pense que je serai présent sur quelques épreuves en France en 2023 », conclut le jeune Belge.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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