Pilote multidisciplinaire, touche à tout du sport automobile, Aurore Louison était cette année engagée sur le Championnat de France au volant de la Mitjet du Team Picard. Une saison de découverte, durant laquelle elle a eu l’occasion de signer des résultats probants et de parfaire sa connaissance des épreuves.
Dans les années 80 c’est au volant d’un Kart Cross conçu dans son garage que Philippe Louison disputait ses premières courses, avant de faire évoluer sa voiture au fil des saisons. Aurore, sa fille, avait pris pour habitude de suivre son père sur les épreuves, et l’envie d’en découdre derrière le volant se faisait chez elle rapidement ressentir. Le papa d’Aurore décidait donc de faire l’acquisition de deux Kart Cross afin de partager sa passion avec sa fille.
Aurore disputait alors ses premières courses sur la terre, avant de s’essayer sur l’asphalte avec un Fun Boost dont son père venait de faire l’acquisition. Suite à la vente du Fun Boost, Aurore se redirigeait vers les épreuves sur terre, sur lesquelles elle évoluera durant de nombreuses années. La cavalière émérite qu’est Aurore se partageait alors entre ses deux passions : Le cheval et le sport automobile.
Entre terre et asphalte
En 1995, Aurore Louison participait aux Sélections Volant Espoir Terre organisées sous l’égide de la FFSA, et terminait deuxième féminine avant de débuter la compétition l’année suivante dans ce qui est aujourd’hui devenu le Cross Car : « J’ai d’abord roulé en régional avant de faire trois saisons en Championnat de France », se souvient Aurore qui par trois fois terminera première féminine. A cette époque elle a eu l’occasion de rouler en Belgique où la encore elle terminait première féminine.
Par la suite Aurore Louison viendra s’essayer au rallye : « En tant que copilote, à bord d’une AX GTI, puis d’une AX Sport et par la suite avec une Opel Manta et une Saxo T4. J’ai navigué Thierry Bertin lorsqu’il roulait avec sa BMW, plusieurs expériences très enrichissantes. » A partir de 2001, on retrouvait Aurore en slalom et en course de côte : « J’ai commencé à rouler en slalom avec le Fun Boost, puis en 2003 un copain, Pascal Orsat, m’a proposé de partager le volant d’une monoplace propulsée par un moteur de moto, une vénérable Sparton. » Les résultats ne se faisaient pas attendre, et Aurore rachetait la monoplace pour s’aligner sur plusieurs courses de côte, et notamment s’engager à Vuillafans – Echevannes. « Ça reste pour moi un souvenir formidable », confie-t-elle.
Si elle a été copilote à bord d’une Opel Manta, Aurore a également eu l’occasion de prendre le volant de cette imposante auto, là encore pour affronter les pentes de diverses courses de côte : « J’ai roulé en double monte avec Michel Rousselot, le propriétaire de cette auto qui est extrêmement formatrice. Et j’ai connu de belles satisfactions parce que sur les dernières courses, avec cette voiture, je n’étais qu’à une seconde de celui avec qui je la partageais. »
Pilote multidisciplinaire, Aurore Louison a eu l’occasion d’évoluer sur toutes les surfaces, mais également sur plusieurs continents. En 2003 elle terminait cinquième du Sprint Car Challenge Damafro, épreuve disputée au Canada : « En 2002 j’ai fait la sélection du Trophée Andros féminin sur laquelle j’ai terminé deuxième. J’ai vraiment adoré évoluer sur la glace, surface que j’avais pratiqué en participant au Trophée des Alpes en 1998. Et nous avons été invités par le Challenge Damafro pour participer à cette épreuve du Championnat du Monde IRCI sur le circuit de Sherbrooke, devant plus de 50.000 spectateurs, sur une piste recouverte de 80 centimètres de glace, avec des vitesses de pointe de plus de 160 km/h… C’était vraiment exceptionnel ! »
Aurore renouvellera l’expérience du Trophée Andros en 2015 et 2016 : « Là encore on évolue sur de beaux circuits, et j’ai pu faire une saison complète pour finalement terminer deuxième féminine derrière Clémentine Lhoste avec qui j’évoluais au sein du Team Evo Sprint. » Aurore a eu également l’occasion auparavant de rouler en Quad Cross Terre, en Speedway, c’est dire si son approche du sport mécanique est vraiment éclectique.
Mais la native du Doubs n’a jamais délaissé la terre. « Je me suis toujours partagée entre terre et asphalte sans vraiment savoir qu’elle était ma surface de prédilection. J’aime cette approche très variée du sport automobile qui permet d’apprendre et de progresser », explique Aurore qui de 2011 à 2018 roulait en Sprint Car avant de s’essayer à l’Autocross en 2018 sur une circuit accueillant le Championnat d’Europe de la discipline, celui de Maggiora en Italie : « Et puis lors de ma deuxième course en Buggy 1600, à Veynes, je me suis imposée. Si mes souvenirs sont bons, quatre champions de France étaient au départ ce week-end, donc la performance est pour moi valorisante. »
Détentrice du BPJEPS Sport Auto, Aurore Louison est totalement impliquée dans la compétition, et pour cette saison 2022, la Franc-Comtoise devait initialement courir en Buggy 1600 et prendre part à quelques manches du TTE avec une Mitjet : « Mais Monsieur Picard m’a appelé en me disant que j’avais déjà roulé avec sa Mitjet en 2018, qu’il était en quête d’un pilote pour le Championnat de France de la Montagne, et que je pouvais en disposer. Je me suis dit que c’était une belle opportunité à une période où j’avais besoin de me recentrer sur des épreuves moins intenses…Et j’ai foncé. » Un choix facilité par le fait qu’Aurore avait réellement apprécié le comportement de la Mitjet lorsqu’elle avait eu l’occasion de s’exprimer à son volant en 2018.
A la découverte du CFM
Malgré son immense expérience, Aurore découvrait cette saison le Championnat de France de la Montagne, et ne se fixait donc pas d’objectif en termes de résultats : « Je voulais juste me faire plaisir, découvrir de belles épreuves sans vraiment penser au résultat final », confie Aurore qui disposait d’une Mitjet 1300 cm3 et qui savait qu’elle allait se confronter à des 1400 plus performantes… Une journée d’essais sur le circuit de Pouilly-en-Auxois permettait à Aurore de découvrir une fuite au niveau du radiateur, un problème avec lequel elle devra composer lors de sa première participation de la saison sur le Col Saint-Pierre. Mais pour le reste, la Mitjet semblait parfaitement lui convenir.
Excepté une fuite de radiateur qui lui interdisait de s’élancer sur la dernière montée de course, son week-end au Col Saint-Pierre se déroulait sans encombre : « Nous n’avons pas voulu prendre le risque d’endommager le moteur et comme au cumul des deux montées j’avais l’assurance d’être classée, nous avons préféré arrêter là », explique Aurore Louison qui apprécie le tracé cévenol : « C’est une des plus belles épreuves de la saison. Mais je n’arrive toujours pas l’assimiler, et je me suis rendu compte qu’il allait falloir travailler assidument les épreuves », alors qu’elle se classait troisième du GTTS/1.
Court mais très rapide, le tracé d’Abreschviller est parfois redouté par certains pilotes. Aurore avoue pour sa part s’être fait plaisir sur l’épreuve mosellane : « J’ai vraiment commencé à prendre la voiture en main sur cette course et je pense que ça m’a aidé pour la suite de la saison. » Le plaisir sera une nouvelle fois au rendez-vous à Saint Gouëno, épreuve qu’Aurore Louison découvrait : « L’ambiance est extraordinaire, je ne regrette pas le déplacement. Pour ce qui est des performances, j’étais deuxième tout au long du week-end après que Jean-Michel Godet a été déstabilisé suite à un contact avec un rail. Mais il a su se ressaisir par la suite, mais j’ai adoré la bagarre. »
Pour Aurore Louison, Vuillafans c’est un peu la course à la maison, et une nouvelle fois la Franc-Comtoise allait se classer troisième derrière Cyril Picoche et Cédric Boureille : « Cyril (Picoche) roulait avec ma voiture, celle que j’engage habituellement en TTE, et j’étais super contente que nous roulions ensemble. Dimanche matin, je signe le meilleur temps de la classe sur la première montée, ce qui était très motivant. Je savais que je pouvais être dans le coup et je suis contente de ma prestation. »
A Dunières, c’est cette fois Christian Januel et le même Cédric Boureille qui devançaient Aurore à l’arrivée de l’épreuve auvergnate : « Ce tracé est un peu compliqué, Christian est intouchable, et Cédric s’est bien battu. Au final c’est un bon week-end plutôt sympathique. » Le plateau du GTTS/1 sur la Course de Côte de Marchampt était particulièrement fourni avec notamment la présence de nombreux 1400 cm3 : « Là il était difficile de se mettre en avant sur ce tracé rapide où les moteurs jouent un rôle important. J’ai commis une petite erreur au ’’Portail’’ sur la première montée, et ça m’a peut-être un peu refroidi pour la suite. Et j’avoue avoir beaucoup souffert de la chaleur. »
« Formidable, magnifique, mais très technique… » C’est par ses mots qu’Aurore décrit le Mont-Dore, épreuve qu’elle découvrait cette saison : « Je n’ai pas encore tout compris, j’ai eu du mal à assimiler les enchainements de virages. Ça mérite que j’y revienne, mais ça me laisse un excellent souvenir. » Cinquième du GTTS/1 sur le Mont-Dore, Aurore signait le même résultat à Chamrousse, où une nouvelle fois le plateau de sa classe était conséquent : « Je me sentais un peu plus dans le coup et je suis plutôt satisfaite de mon résultat. »
C’est par une dernière cinquième place de classe que se concluait la saison d’Aurore Louison à Limonest : « Ce fut une belle découverte. Là encore j’ai signé le meilleur chrono dimanche matin, et ça a eu pour effet de réveiller mes adversaires qui n’ont pas manqué de revenir au combat. Mais j’ai la satisfaction d’avoir été dans le coup dès le début et de terminer cinquième sur huit partants. »
Une expérience très enrichissante
Au final, Aurore Louison termine quatrième du Challenge Open GTTS/1 et sur le podium du Challenge Féminin, derrière Morane Cat-Mackowiak et Elodie Lafosse : « Il est clair que si je manque encore d’expérience, je suis globalement satisfaite de ma saison sur le championnat. J’ai découvert de belles épreuves et de belles organisations. Il a fallu que je comprenne le fonctionnement de la Mitjet et j’ai eu la chance de travailler avec Cindy (Gudet) sur les trajectoires. Je pense que l’année prochaine je devrais être mieux », estime Aurore. « Et puis je suis contente que ma régularité soit récompensée par une place sur le podium du Challenge Féminin. » Satisfaite de sa saison, Aurore a également adoré l’ambiance et la bonne entente que ce soit dans sa classe où entre les pilotes féminines.
Si elle ne manque pas de remercier l’ensemble des acteurs de la discipline qu’elle a pu côtoyer cette saison, Aurore n’oublie pas ceux qui ont été un important soutien dans l’aventure : « Un grand merci à mon mari, Philippe, qui a la gentillesse de m’accompagner sur toutes les épreuves. Un grand merci à ma famille et à mes amis qui me suivent et m’envoient de nombreux messages, bien évidemment à Jean-Paul Picard qui me confie sa Mitjet, et à Cindy (Gudet) pour ses précieux conseils. Merci à SP Solutions pour l’entretien de la Mitjet, Piloevents (mon école) et Evo Sprint. Je rappelle que nous louons trois Mitjet sur le championnat TTE et en Trackdays pour ceux qui veulent s'y essayer. »
Si elle dispose de sa propre école de pilotage, Aurore Louison qui est titulaire du BPJEPS Sport Auto travaille beaucoup pour la structure Evo Sprint. Dans ce cadre, elle officie en tant que pilote instructeur pour cette entité spécialisée sur l’approche de la conduite sur terre : « On organise des stages sur des Sprint Car, qui sont des buggys propulsés par des moteurs de motos, et pour ma part je fais beaucoup de coaching pour les pilotes qui roulent sur le championnat terre. Et je travaille de temps en temps pour le circuit de Bresse. »
En 2023 on retrouvera Aurore Louison sur le Championnat de France de la Montagne : « Monsieur Picard nous réitère sa confiance et j’aurais donc la chance de poursuivre avec la Mitjet la saison prochaine. Je pense être au départ d’une dizaine d’épreuves », conclut Aurore.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
Retrouvez toutes les infos, bilan et portrait de Aurore Louison.