Pour sa saison de découverte du Championnat de France de la Montagne, Mickael Bonnevie s’était fixé comme objectif de remporter une victoire de classe. Le pilote de la Clio réussit au-delà de ses espérances avec au final sept succès obtenus dans sa classe et la victoire sur le Challenge Open A/3.
Au début des années 2000, le petit garçon qu’était Mickael Bonnevie n’aurait pour rien au monde loupé les Grand Prix de F1 diffusés à la télévision. On n’explique pas une passion, on est parfois même incapable d’en connaitre l’origine. Personne au sein de la famille de Mickael n’était impliqué de près ou de loin dans les sports mécaniques, ce sont les prouesses des stars de le Formule 1 qui engendraient chez lui une envie irrépressible de s’intéresser à ce sport.
Devant l’intérêt croissant développé par Mickael, son père l’emmenait à Magny Cours pour qu’il assiste au spectacle offert par la catégorie reine de la compétition automobile, à l’occasion du dernier Grand Prix de F1 organisé sur le circuit nivernais : « Et puis autour de chez moi sont organisés pas mal de rallyes et de courses de côte, ce qui m’a donné l’occasion de découvrir également ces disciplines », confie le jeune Lyonnais. En 2010, pour la première fois, le père de Mickael lui faisait découvrir la Course de Côte de Limonest, pour l’adolescent qu’il était ce fut un déclic : « J’ai adoré et je me suis dit qu’à mon tour je ferai la même chose que les pilotes que je voyais évoluer devant moi. »
Premiers pas en Clio 3 Cup
Mickael Bonnevie attendra fin 2019 pour faire l’acquisition d’une Clio 3 Cup avec laquelle il souhaitait s’engageait sur ses premières courses de côte : « Mais le Covid nous a coupé dans notre élan. Nous avons donc privilégié des sessions sur circuit pour que je me familiarise avec la voiture. » Malgré tout, Mickael parvenait à prendre part à trois épreuves, le Mont de Fourche, Lamure-sur-Azergues et une première participation sur une manche du Championnat de France, à Chamrousse : « Au Mont de Fourche je termine deuxième de classe derrière une Peugeot 306 Maxi qui était bien évidemment intouchable. Ce bon résultat m’a permis de trouver un sponsor grâce à qui j’ai pu m’engager à Chamrousse. Là je termine troisième de classe en signant le deuxième meilleur temps, mais au cumul je suis devancé de 63 millièmes. » A Lamure-sur-Azergues, Mickael se classait deuxième derrière l’expérimenté Stéphane Martinet.
Les premiers résultats confirmaient d’une part la valeur de Mickael Bonnevie, mais également qu’en optant pour une Renault Clio 3 Cup, il avait fait le bon choix : « Je voulais disposer d’une vraie voiture de course. Evoluer dans un environnement qui fait réellement sentir que l’on est en compétition. En plus de l’habitacle totalement vidé, la Clio 3 Cup dispose d’une boîte séquentielle, d’un panneau de commande, et même si cela reste basique, on est vraiment dans l’esprit voiture de course », confie Mickael.
N'ayant personne dans son entourage qui dispose de réelles compétences en mécanique, Mickael savait qu’il allait devoir apprendre en autodidacte : « Nous avons mis à profit la crise sanitaire pour intégralement démonter la Clio afin d’essayer de comprendre la mécanique et de parvenir à remonter les éléments sans être aidés. Alors bien évidemment nous n’avons pas ouvert le moteur ou la boîte, mais nous nous sommes attachés à démonter les trains roulants, tout ce qui se situe autour de ça. Et finalement nous avons été agréablement surpris de parvenir à effectuer tout ce travail sans difficulté. Cela nous a permis de bien comprendre la voiture. »
Une compréhension qui s’avérait nécessaire parce que lors de la prise en main de sa Clio, Mickael Bonnevie avoue avoir eu de vrais doutes : « Je me suis rendu sur circuit à plusieurs reprises et je me faisais systématiquement peur. Je ne savais pas si cela venait de moi, puisque je n’avais aucune expérience », confie le Lyonnais. « J’avais entendu dire que la Clio freinait fort et qu’elle était vraiment fun à piloter. Pour ma part j’avais le sentiment que c’était l’inverse. La voiture ne freinait pas et partait constamment en tête-à-queue. Je commençais à m’en dégouter. » Mais par chance, Mickael avait fait préalablement la connaissance de Thomas Chavot à qui il allait confier sa Renault. « Quand j’ai récupéré ma voiture, c’était le jour et la nuit. Il a vu tout de suite ce qui n’allait pas et à partir de là je me suis retrouvé immédiatement en confiance avec la Clio. »
Après de nouveaux essais positifs sur le circuit de Pouilly-en-Auxois, Mickael Bonnevie pouvait débuter sa saison en confiance, en affichant un objectif qu’il considérait comme réalisable : « Après les bons résultats obtenus en 2021, je voulais rouler sur le Championnat de France pour me confronter aux meilleurs. Je me suis dit que c’était la meilleure façon de progresser et j’avais espoir de signer au moins une victoire de classe. »
Sept victoires en huit participations
Pour débuter sa saison, Mickael Bonnevie ne faisait pas dans la facilité. C’est en effet sur les pentes du Col Saint-Pierre, certainement l’épreuve du championnat la plus difficile à assimiler, qu’il lançait sa campagne de France : « C’est ma course préférée, tant en termes de tracé que pour l’ambiance. Je ne sais pas si cela provient du fait qu’elle est inscrite au Championnat d’Europe, mais il régnait une atmosphère toute particulière. » Conscient des difficultés du Col Saint-Pierre, Michael reconnait avoir énormément travaillé sur des caméras embarquées : « Ce qui m’a permis de limiter mes montées de reconnaissances et d’avoir rapidement le parcours en tête. Dès le samedi sur la première montée de course, je suis devant Sébastien (Starck) qui m’avait devancé lors des essais. Et dimanche matin, je n’ai rien lâché, et finalement je remporte dès la première épreuve, ma première victoire de classe. Ça laisse un fabuleux souvenir, d’autant plus sur une course aussi prestigieuse. »
Il faudra attendre par la suite Vuillafans pour retrouver Mickael Bonnevie : « Ce qui est une erreur. Car en ne participant pas à la campagne de l’Ouest, j’ai laissé mes adversaires prendre de l’avance. Le manque de concurrents sur ces trois épreuves fait qu’il est plus facile de marquer des gros points, et avec le retard accumulé, j’ai passé la suite de la saison à essayer de revenir en tête. »
Devancé par ses rivaux au classement du Challenge Open, Mickael n’avait pas d’autre choix que d’aller chercher la victoire, ce qu’il fera à Vuillafans où on le retrouvait une nouvelle fois en tête de la classe A /3 : « Ce n’était pas facile parce que j’appréhendais un peu ce tracé étroit, mais j’avais bien travaillé en amont. Samedi je me suis porté en tête de la classe. Mais dimanche j’ai alterné satisfactions et déceptions parce que si j’étais dans le coup sur la première montée, sur la deuxième la voiture s’est mise en sécurité au moment où je me présentais au départ. Je me suis retrouvé au fond du classement. Heureusement nous avons réussi à trouver l’origine du problème, à le résoudre. » Mickael se devait alors d’attaquer pour espérer signer un résultat : « J’ai tout lâché et finalement c’est payant puisque je remporte une nouvelle fois ma classe et que c’est à mon sens une de mes plus belles victoires. »
A Dunières, où là encore Mickael Bonnevie découvrait le tracé, il allait être confronté à Laurent Lafosse qui bénéficie d’une excellente connaissance de l’épreuve auvergnate, et qui allait imposer sa Clio 2 deux dixièmes devant la Clio 3 du jeune rhodanien : « J’ai trouvé que l’organisation était top, et en ce qui concerne la course, j’ai vraiment tout donné, parfois même en étant à la limite… Mais Laurent était imbattable ce week-end-là. »
Mickael Bonnevie prenait sa revanche à Marchampt où cette fois il s’imposait avec près de trois secondes d’avance sur le même Laurent Lafosse : « C’est la course à la maison, nous sommes à dix minutes de chez moi… Lors des essais je suis à nouveau derrière Laurent, ce qui m’a un peu ’’piqué’’. A domicile je voulais vraiment aller chercher la victoire. J’ai donc retravaillé mes caméras et dimanche matin j’ai fait une excellente montée et battu le record de la classe, mon premier record. Je termine le week-end par un succès en présence de ma famille et mes amis, ce qui fait particulièrement plaisir. »
Pour poursuivre sa saison, Mickael se lançait à la découverte du Mont-Dore : « C’est un tracé incroyable, sur lequel il ne faut pas s’endormir… On m’avait dit que pour gagner sa classe au Mont-Dore il fallait compter deux ou trois participations. Avec près d’une vingtaine de partants dans la classe ça s’annonçait difficile. Mais dès les essais j’ai vu que j’étais dans le coup. Et dimanche ça s’est bien passé et je savoure un succès qui représente beaucoup sur une course prestigieuse et face à une grosse concurrence. »
Le tracé alpin de Chamrousse est le seul que Mickael Bonnevie avait déjà eu l’occasion d’affronter. Il était en effet présent avec sa Clio lors de la dernière édition. Et si cette année il signe une large victoire sur l’épreuve iséroise, il n’est pas pour autant satisfait de sa prestation : « C’est ma plus grosse déception. C’est la course sur laquelle j’avais des datas, des repères, et je me présentais au départ plutôt serein. Mais François (Fayet) était plus rapide que moi tout au long du week-end. Je suis parvenu à le battre sur la montée où nous avons dû composer avec le brouillard et où j’ai certainement plus osé que lui. Mais j’espérais mieux de cette épreuve, et pour être tout à fait honnête, s’il y avait eu une troisième montée, François aurait été devant » estime Mickael.
A Turckheim, Mickael Bonnevie allait signer une nouvelle large victoire : « J’ai beaucoup aimé ce tracé mais j’avoue que j’ai eu quelques difficultés à débuter mon week-end. Samedi, je suis monté en slick sur le mouillé, puis en pneus pluie sur le sec, je n’avais donc pas de référence pour la course. Mais finalement tout s’est bien passé. J’avais pour objectif de passer sous la barre des 3’20’’ et au final je signe un meilleur chrono en 3’19’’504, ça me convient bien. »
A Limonest, Mickael Bonnevie retrouvait François Fayet et sortait vainqueur de la confrontation en devançant son adversaire d’une demi-seconde : « La pression était extrême parce que j’avais repris la tête du Challenge Open à Turckheim, mais Laurent (Lafosse) pouvait encore me repasser devant. C’est là encore une course un peu à domicile sur laquelle j’avais à cœur de bien faire. Globalement tout s’est bien passé du début à la fin du week-end. Et j’ai pu fêter ce titre en présence de mes amis, de ma famille et de mes partenaires, c’était vraiment sympa. »
Vainqueur du Challenge Open A/3
L’objectif initial de Mickael Bonnevie était de remporter une victoire cette saison dans la classe A/3. A l’heure de faire les comptes, le pilote de la Clio est monté à huit reprises sur le podium dont sept fois sur la première marche, pour au final remporter le Challenge Open : « Je pense que je ne pouvais pas rêver de mieux. J’ai beaucoup travaillé pour pallier au manque d’expérience, et c’est finalement payant. Alors certes j’ai gagné, mais je pense être assez loin du potentiel maximum de la voiture. Mais ce fut une super saison, dans une excellente ambiance et un fabuleux esprit sportif. On a passé de bons moments et fait de belles rencontres. »
Ses souvenirs de cette saison 2022, Mickael Bonnevie les partage avec ses nombreux soutiens qu’il veut aujourd’hui remercier : « Un grand merci à A+ Immobilier Patrimoine et à Laurent Alphonse qui est un passionné qui a le cœur sur la main et qui me suit depuis mes débuts en compétition. Merci à mes parents pour la logistique sur tous les week-ends de course, mes fidèles mécanos Alex, Quentin, Samuel et Romain et tous les amis qui viennent nous aider sur les courses. Merci à Lp Rallye 13 et TC Sport (Thomas Chavot) pour les réglages qu’il a faits sur la voiture et qui m’ont permis d’être en totale confiance, et une spéciale dédicace à Maxime Dojat qui m’a aidé à reconnaitre les épreuves. »
Il y a peu de chance que Mickael Bonnevie soit présent l’an prochain sur le championnat : « J’ai d’autres projets et je ne pourrai pas repartir pour une nouvelle saison, mais j’espère revenir très prochainement », conclut Mickael.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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