Les victoires de groupe enregistrées par Sarah Bernard-Louvet lors de son retour sur le championnat pour la seconde partie de saison 2021, laissaient augurer de nouveaux trophées pour la Championne de France 2017. Le talent de la Lyonnaise ne s’est pas démenti, car même si elle a cette année encore disputé qu’une demi saison, elle termine tout de même sur le podium du challenge le plus fourni, l’Open A/5.
Championne de France de la Montagne 2017, Sarah Bernard-Louvet avait non seulement dominé le Championnat Sport pour ce qui est du classement féminin, mais avait également fait jeu égal avec bon nombre de ses homologues masculins. Lors de son retour sur le CFM en 2021, même si elle délaissait la catégorie Sport pour évoluer en Production, on s’attendait à ce qu’elle se présente comme une sérieuse cliente du côté du groupe A. Elle le confirmait rapidement en s’imposant dans son groupe sur deux des cinq manches sur lesquelles elle était engagée. Des résultats qui lui permettaient de se classer deuxième du Challenge Open A/5. Histoire de confirmer sa compétitivité, elle se permettait le luxe d’être la première femme à décrocher une médaille de bronze sur les FIA Hill Climb Masters disputés l’an dernier au Portugal.
On savait dès lors qu’en étant engagée sur le Championnat de France de la Montagne 2022, Sarah Bernard-Louvet se présentait comme une prétendante au titre de Championne, mais également au Trophée FFSA du groupe A et de fait au Challenge Open A/5 : « Il est clair que les bons résultats enregistrés en 2021 me mettaient en confiance, ils me donnaient avant tout envie de bien faire », confie Sarah. « Tout se présentait pour le mieux pour cette nouvelle saison. Nous intégrions le Team Hélium Racing, notre partenaire accentuait son soutien, nous avions établi un calendrier comprenant l’ensemble des épreuves du championnat et la 2ème Division, nous disposions d’un beau programme. »
Performante au volant de sa Léon Supercopa MK3 avec laquelle elle avait fait son retour l’an dernier, Sarah Bernard-Louvet se relançait pour une nouvelle campagne, toujours au volant de sa véloce espagnole : « Durant l’hiver la voiture a été confiée aux mains expertes de Thomas Chavot. Nous avons fait pas mal de réglages afin de trouver un set-up qui me convenait mieux, parce que nous n’avions pas eu le temps de le faire l’an dernier. Clairement je voulais me présenter au départ de la saison avec les meilleurs atouts en mains. »
En quête d’un nouveau titre de Championne de France
Avec une auto reconfigurée pour mieux répondre à ses attentes, Sarah se rendait au circuit du Bourbonnais pour mener à bien une courte séance d’essais : « Initialement, on se dit toujours qu’on va faire plusieurs séances, et finalement on n’a jamais le temps », confie Sarah dans un éclat de rire. « Mais cette demi-journée m’aura permis de prendre conscience que l’auto avait énormément évolué, qu’elle se comportait différemment de ce que j’avais connu l’année précédente. Il m’a donc fallu un temps d’adaptation, et en allant chercher la limite j’ai fait une paire de tête-à-queue, ce que tu peux te permettre en circuit, nettement moins en côte. »
S’il paraissait évident que Sarah Bernard-Louvet partent à la conquête d’une nouvelle couronne de Championne de France, ses performances antérieures et la compétitivité de la Supercopa, lui offraient légitimement la possibilité d’aller chercher un succès sur le Trophée FFSA du groupe A et au sein du Challenge Open A/5 : « Le concurrence était relevée, je savais notamment que Nicolas Granier serait un adversaire de taille, mais j’estimais pouvoir viser un podium, signer quelques succès de groupe sur le championnat et bien sûr remporter un nouveau titre de Championne de France. »
La saison ne débutait pas comme Sarah aurait pu l’espérer, et la Course de Côte de Bagnols-Sabran n’allait pas lui offrir les résultats escomptés : « Je reconnais que je ne suis pas super à mon aise sur ce tracé, et j’ai rencontré également une petite avarie qui a retenu notre attention pendant un certain temps avant que nous parvenions a la résoudre. Ces éléments réunis font que je ne suis pas parvenue à réaliser d’excellents chronos. C’était un peu décevant, mais c’était la première de la saison et ça n’avait pas lieu de m’inquiéter. Ca m’a permis de me remettre en jambe après la longue pause hivernale », estime Sarah qui remportait la Coupe des Dames sur cette manche d’ouverture.
Après une course en demi-teinte à Bagnols-Sabran, Sarah Bernard-Louvet n’allait pas se priver de se mettre en valeur sur les pentes du Col Saint-Pierre. Elle sortait en effet grande gagnante de la confrontation en groupe A : « Ce fut un super week-end durant lequel toutes les conditions étaient remplies pour que tout se déroule parfaitement. C’est un tracé que j’apprécie, plus large et sur lequel il m’était plus facile de m’adapter aux réglages de la voiture. Rémi (son mari, Ndr) connait parfaitement le Col Saint-Pierre et son aide m’a été précieuse. Au final je m’impose un dixième devant Nicolas (Granier), c’est dérisoire, mais cette victoire fut un super moment, d’autant plus le groupe A était particulièrement fourni en début de saison », se souvient Sarah qui sur ce Col Saint-Pierre termine au sixième rang : « Devancer des garçons comme Anthony Dubois ou Christophe Poinsignon, c’est particulièrement revalorisant. »
Le week-end à Abreschviller débutait sous les meilleurs auspices pour Sarah qui lors des essais était une nouvelle fois dans le match en réalisant les chronos qu’elle espérait : « Mais sur la première montée de course je commets une erreur de pilotage en retardant un freinage. J’ai fait une touchette qui a nécessité que l’on travaille sur la voiture. Par la suite je n’étais pas sûre que tout soit nickel et je ne me suis donc pas lâchée comme j’aurais dû. Clairement, sur la première montée de course je flingue mon week-end… Après ce n’est pas foncièrement grave parce que la performance n’est pas non plus ridicule, mais sans cela je pouvais terminer deuxième du groupe », estime Sarah que l’on retrouvait au quatrième rang.
La deuxième place du groupe, elle ira la chercher sur les Teurses de Thèreval – Agneaux où elle était uniquement devancée par le local de l’épreuve, Julien Dupont : « Samedi, sous le soleil, j’étais en tête à l’issue des essais et j’étais donc en confiance pour la suite. Mais dimanche, sous la pluie, ce n’était plus la même histoire. Je n’avais jamais roulé sur le mouillé avec la Supercopa et je suis allée à la faute. Ensuite, je ne suis jamais parvenue à rééditer mon chrono des essais », regrette Sarah. « C’était un peu décevant. »
Sarah connaitra un autre bon week-end à La Pommeraye, car même s’il ne fut pas exempt de petites erreurs, il lui permettait de terminer une nouvelle fois deuxième : « Je finis à une seconde trois de Nico (Granier) ce qui a de quoi me satisfaire », confie-t-elle. Mais la fin de la campagne de l’Ouest, marquera également la fin de saison de Sarah qui à Saint Gouëno partait à la faute : « Nous avions réuni nos partenaires, et j’avais à cœur de bien faire et j’ai peut-être été un peu submergée par la pression. Le week-end a été écourté mais nous avons tout de même pu faire notre réceptif, et même si j’ai le regret de terminer cette course prématurément, je garde un bon souvenir de ce week-end. »
On pourrait s’étonner que, une fois la Supercopa réparée, Sarah Bernard-Louvet n’est pas poursuivie sa saison. Mais la championne savait alors qu’elle attendait un heureux événement pour le mois d’octobre, et qu’elle ne pouvait évidemment pas s’installer à nouveau derrière le volant de la Supercopa.
Rémi Bernard prend la relève
Mais si Sarah Bernard-Louvet stoppait sa saison après la campagne de l’Ouest, grâce à l’appui de son principal partenaire, la Léon Supercopa MK3 ne restait pas inactive. Rémi, son mari, prenait le relais. Et lui aussi allait sérieusement contrarier les plans des ’’cadors’’ du groupe A : « Nous voulions tenir nos engagements avec notre partenaire et avec le Team Hélium Racing, et de ce fait il était logique que Rémi me remplace derrière le volant », précise Sarah. « Cela faisait quatre ans que j’insistais pour qu’il reprenne le volant, ce ne fut donc pas du tout frustrant pour moi de lui laisser la place. Je dirais même bien au contraire compte tenu des circonstances. La petite déception de devoir arrêter a été vite effacée par le plaisir de revoir Remi derrière le volant. »
Après cinq ans d’absence, pour son retour à Dunières, Rémi Bernard accrochait la troisième place du groupe A, à 95 millièmes de la 308 Cup de Julien Paget et à seulement huit dixièmes du vainqueur Nicolas Granier. A Marchampt il se classait à nouveau troisième du groupe derrière les mêmes protagonistes. Au Mont-Dore on retrouvait une nouvelle fois Rémi Bernard sur le podium du groupe A avant qu’il n’aille chercher une victoire à Chamrousse : « Certains ont pu être surpris de voir Rémi performant après une si longue absence, mais pour ma part, je m’y attendais », avoue Sarah. « Sur la seconde partie de saison, il abordait des courses qu’il adore en étant libéré de toute pression. Il n’avait rien à perdre d’autant qu’il savait que ça serait sans lendemain, il avait en effet la ferme intention d’arrêter à l’issue de cette saison 2022. Il a pris un vrai plaisir et a signé de belles performances puisqu’il s’impose à Chamrousse en signant un nouveau record du groupe. »
Sarah sur le podium de l’Open A/5
Sarah Bernard-Louvet n’a donc fait qu’une moitié de saison. Une saison courte mais intense, et lorsqu’à l’issue des treize épreuves inscrites au calendrier il était l’heure de faire les comptes, le nom de Sarah Bernard-Louvet figurait encore sur le podium d’un Challenge Open A/5 qui comptait une dizaine d’engagés. Un excellent résultat compte tenu des circonstances : « Quand on fait le bilan, je constate que finalement je n’ai pas trouvé les bons réglages durant la pause qui précède la saison. Après, me concernant, dans ma situation il n’était pas évident psychologiquement d’être totalement impliquée dans la course. Mais globalement je suis contente de ce que j’ai fait » commente Sarah. « C’est une super saison, que j’ai pu partager avec ma moitié et qui se conclut par la naissance de notre fils James Philip… Et puis le fait de suivre Rémi alors qu’il était au volant m’a fait voir la course autrement, engrangé des informations, je pense que ça m’a fait grandir », analyse Sarah.
Cette saison particulièrement positive durant laquelle Sarah a signé une victoire de groupe sur le Col Saint-Pierre et qu’elle conclut sur le podium de l’Open A/5, elle souhaite, avec Rémi, la partager avec leurs soutiens : « Nos remerciements vont tout d’abord à notre partenaire Drakkar sans qui rien ne serait possible, toute l’équipe et les pilotes Helium Racing qui nous ont fait passer une superbe saison à leurs côtés ! Les souvenirs partagés ensemble resteront gravés pour la vie. Merci à mon mari Rémi Bernard pour son soutien permanent ainsi que tous nos proches, amis et famille qui ne cessent d’être derrière nous dans chaque étape de notre vie. »
Pour des raisons bien différentes, les saisons 2021 et 2022 furent des demi-saisons, et Sarah tient absolument à disputer une campagne complète : « C’est le projet pour 2023 avec soit dix, soit treize épreuves. Si nous avons le budget, je repars normalement pour un Championnat de France. La principale inconnue reste la voiture. La Supercopa est à la vente et si nous nous en séparons ça sera pour faire l’acquisition de quelque chose de plus performant, mais je ne sais pas quoi exactement. Mais si nous ne parvenons pas à la vendre, je repartirai à son volant en ayant pris soin de bien préparer ma saison durant la pause hivernale. »
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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