Valeur montante de la Course de Côte, Baptiste Tognet-Bruchet est devenu en l’espace de deux saisons un pilote de monoplace qui retient l’attention des observateurs de la discipline. Après avoir découvert le maniement de sa Formule Renault en 2021, pour finalement accrocher la deuxième place du Challenge Open DE/7, il remporte ce même Challenge à l’issue de la saison 2022.
Après trois participations à des manches du Championnat de France de la Montagne en 2019 au volant d’une Mitjet, Baptiste Tognet-Bruchet décidait de rejoindre le Team Helium Racing pour venir animer le Challenge Open DE/7 au volant d’une Formule Renault. Une première saison qui laissait plus qu’entrevoir le talent du jeune pilote, puisqu’il terminait au second rang du Challenge. Il s’illustrait également à l’occasion des FIA Hill Climb Masters en se classant meilleur Jeune de la catégorie 2 sur l’épreuve internationale disputée au Portugal.
S’il a du talent, Baptiste Tognet-Bruchet a également une approche raisonnée de la compétition. Malgré son manque d’expérience, il sait qu’une carrière sportive se construit pas à pas, en se fixant des objectifs et en essayant avant tout de s’y tenir : « Durant la saison 2020, lorsque j’ai pris contact avec le Team Helium Racing s’était dans l’idée d’établir un plan de progression. J’ai fait des premiers essais sur circuit et on s’est donné une première saison de découverte pour tenter ensuite, en 2022, d’aller jouer le titre du côté des Formule Renault », explique Baptiste.
En quête du titre sur l’Open Formule Renault
La saison 2021 avait permis à Baptiste Tognet-Bruchet de prendre la mesure de sa monoplace, mais également de jauger du professionnalisme du Team Helium Racing qui, tout au long de la saison, lui fournissait une auto capable de jouer les premiers rôles : « Cela me permettait de repartir confiant et l’esprit serein pour la saison 2022, avec une équipe qui mettait tout en œuvre pour que j’aille chercher le titre. Nous avions entamé une démarche qui avait comme objectif de me faciliter l’apprentissage du pilotage d’une monoplace. Il paraissait logique que la finalité soit l’obtention du titre dans le Challenge Open. »
Au mois de février 2022, Baptiste Tognet-Bruchet retrouvait le volant de sa Formule Renault à l’occasion d’une séance d’essais menée sur le circuit du Bourbonnais, avant de tester à nouveau sa monoplace sur l’Anneau du Rhin avant de débuter sa saison. « Les essais au Bourbonnais me permettaient de valider les réglages, alors que sur l’Anneau du Rhin nous avons juste fait une séance de mise en jambe pour être opérationnel dès le début de saison. Les sensations étaient bonnes, tout allait dans le bon sens, et cela nous a permis de ’’pousser’’ un peu plus loin certains réglages, ce qui était indispensable pour aller chercher le titre. »
Avec près d’une dizaine de pilotes engagés cette saison sur le Challenge Open DE/7, Baptiste Tognet-Bruchet savait qu’il allait devoir faire face à une rude concurrence : « L’objectif était de remporter le Challenge Open, mais je savais que ça ne serait pas facile. Antoine Uny se présentait comme un prétendant au titre, je savais que Gaëtan Bischoff, Nicolas Neis ou des pilotes expérimentés comme Didier Chaumont ou Fred Errard seraient de sérieux adversaires. Mais c’est aussi pour cela que j’ai fait le choix de la Formule Renault, parce que c’est une catégorie au sein de laquelle la bagarre est omniprésente. » Difficulté supplémentaire pour le jeune étudiant, il se devait d’assumer un statut de prétendant à la victoire : « Ca ne m’était jamais arrivé, et ça mettait une pression supplémentaire en m’obligeant à gérer ce nouveau statut. »
Des succès et de nouveaux records
C’est à Abreschviller que Baptiste Tognet-Bruchet débutait sa saison. Et d’entrée de jeu il démontrait qu’il faudrait compter avec lui en allant chercher un premier succès en Lorraine : « C’est pour moi le début de saison parfait. J’avais fait le choix de commencer à Abreschviller d’une part parce que j’avais un peu de mal à me libérer pour Bagnols-Sabran et le Col Saint-Pierre, et que d’autre part je voulais commencer par une épreuve pas trop difficile. C’est un tracé court, mais technique, sur lequel il n’est pas évident d’aller vite mais que l’on mémorise facilement. J’avais déjà eu l’occasion de l’affronter en Mitjet, et cela m’a permis de pouvoir pleinement m’exprimer. Au final, je m’impose dans ma classe sur chacune des montées et je signe le nouveau record du tracé en Formule Renault. Je ne pouvais espérer mieux pour débuter ma saison. »
Confiant, dans une excellente dynamique, Baptiste Tognet-Bruchet se rendait par la suite à La Pommeraye où non seulement il remportait une nouvelle victoire de classe, mais se permettait également le luxe avec sa Formule Renault, de monter sur le podium du groupe DE : « C’était pour moi une découverte, et je peux dire une belle découverte… J’appréhendais ce tracé rapide, notamment sur le haut du parcours. Mais passé les premières montées d’essais, mes craintes se sont estompées et j’ai pris énormément de plaisir au volant », confie Baptiste. « Dimanche matin, sous la pluie, j’ai pensé qu’il y avait un coup à faire. Je me suis permis d’attaquer et c’est payant puisque je signe le troisième temps scratch », rappelle le sociétaire du Helium Racing que l’on retrouvait derrière Billy Ritchen et Kevin Petit, leader du groupe DE. « Par la suite le soleil a fait son apparition et la hiérarchie est redevenue plus habituelle, mais je m’impose en signant un nouveau record en DE/7 », ajoute Baptiste que l’on retrouvait à la onzième place du scratch, troisième du groupe DE derrière la Tatuus Formula Master de Fabien Ponchant et la F3 de Benoit Taviaux.
La campagne de France de Baptiste Tognet-Bruchet se poursuivait en Bretagne, à Saint Gouëno, épreuve qui allait marquer un petit coup d’arrêt à la belle dynamique enclenchée dès le début de saison : « Je commets une petit erreur de pilotage sur la troisième montée d’essais et je sors de la route. Ça ne m’était jamais arrivé, et ça fait partie intégrante de la course. C’est une étape dans la vie d’un pilote et je pense que j’avais besoin de passer par cette étape pour grandir et améliorer mon pilotage », analyse Baptiste qui endommage sa Formule Renault et qui ne pourra pas s’aligner au départ dimanche. « C’est dommage, on perd de gros points, mais avec le recul je pense que je ressors de cet incident de parcours plus grandi que frustré. »
Vuillafans était un rendez-vous attendu par Baptiste Tognet-Bruchet. D’une part parce que le tracé Franc-Comtois offre d’énormes sensations, ensuite parce qu’il se retrouvait sur les terres d’Antoine Uny, qui se présentait comme son principal rival : « Là vraiment, c’est une énorme satisfaction pour moi de terminer en tête du DE/7. Après la sortie de Saint Gouëno le doute s’installe, et cette victoire fait un bien énorme au moral. Ce n’est pas la course la plus facile, j’ai eu du mal lors des essais. Mais j’ai énormément travaillé avec toute l’équipe et au final de m’impose dans ma classe et je termine Meilleur Jeune de la catégorie Sport. Ce fut une belle reprises et un excellent week-end. »
Le duel avec Antoine Uny se poursuivait à Dunières où Baptiste Tognet-Bruchet parvenait à s’imposer avec une avance de neuf dixièmes au cumul des deux meilleures montées : « J’abordais cette épreuve en étant persuadé que la victoire n’était pas pour moi », avoue Baptiste. « Je ne connaissais pas ce tracé, beaucoup de pilotes m’avaient dit que c’était technique, glissant, complexe, et Antoine connaissait pour avoir déjà eu l’occasion de l’affronter à plusieurs reprises. Donc je partais du principe qu’en terminant deuxième je réalisais un excellent résultat… Mais dimanche matin je me rends compte que je suis dans le coup, je parviens à signer un nouveau record en DE/7 et je me suis lancé dans le combat. Ça a été rude, ça nous a tenu en haleine tout au long de la journée, mais c’est très enthousiasmant de sortir vainqueur d’un telle bataille. »
Le duel entre Baptiste Tognet-Bruchet et Antoine Uny se poursuivait avec un combat épique sur le Mont-Dore. A l’heure de faire les comptes, Baptiste impose sa Formule Renault dans le Massif du Sancy, trois dixièmes devant celle du Jurassien : « Les conditions au Mont-Dore étaient assez compliquées cette année, avec une piste un peu glissante. J’avais eu l’occasion de rouler en 2021 alors qu’Antoine était absent, ce qui explique certainement que je termine en tête des essais. Après Antoine a super bien roulé et il a vraiment fallu que je donne le maximum pour parvenir à terminer en tête. C’est une très belle satisfaction, d’abord parce que je m’impose, mais également parce qu’une victoire au Mont-Dore, même en Formule Renault, ça reste un grand moment. »
Il était dit que le duel avec Antoine Uny se poursuivrait dans les Alpes, sur les pentes de Chamrousse, où cette fois la victoire allait échapper à Baptiste qui terminait deuxième des Formule Renault, cinq dixièmes derrière Antoine Uny : « J’ai eu beaucoup de mal à trouver le rythme avec la voiture. Ce fut un week-end compliqué, et j’ai vraiment énormément travaillé avec l’équipe Helium Racing sur chaque montée pour progresser tout au long du week-end. Après, il est impossible de dire si, sans l’annulation de la dernière montée, cela aurait modifié le classement final. »
Il n’y aura pas de match à Turckheim. En l’absence d’Antoine Uny, Baptiste se voyait privé de son principal rival et imposait largement sa Formule Renault en tête de sa classe, près de dix secondes devant son premier poursuivant : « La pression était tout de même au rendez-vous parce que j’avais comme adversaire Gaëtan (Bischoff) et Nico (Neis), deux alsaciens qui évoluaient là à domicile et qui connaissent bien ce tracé. Je savais qu’à domicile ils auraient à cœur de défendre leur chance, et j’ai donc vraiment travaillé durant les essais pour être vraiment prêt pour la course et pouvoir sortir la grosse attaque. On a parfaitement déroulé notre week-end de course et c’est une belle satisfaction de gagner à Turckheim, sur les terres du Helium Racing. »
L’ultime combat de la saison tournera à l’avantage d’Antoine Uny qui, à Limonest, devançait Baptiste Tognet-Bruchet de 773 millièmes : « Je jouais le titre et même si j’avais un petit matelas d’avance sur Antoine, je sais qu’il me fallait enregistrer un résultat. Je me présentais au départ avec des pneus usés et je me devais donc d’assurer. Après la deuxième montée de course, j’étais classé et donc sûr de remporter le titre. De ce fait j’ai pu attaquer un peu plus sur la dernière. Mais face à Antoine qui en fin de saison était en grande forme, parvenir à terminer deuxième est pour moi une belle performance. »
Vainqueur du Challenge Open Formule Renault
Cette saison 2022 aura vu Baptiste Tognet-Bruchet enchainer les victoires de classe et signer plusieurs records du côté du DE/7. Une succession de bons résultats qui lui permet de remporter le Challenge Open dédié aux Formule Renault : « C’est pour moi une belle finalité de tout ce que nous avons construit avec le Helium Racing durant ces trois dernières années », analyse Baptiste. « C’est une belle satisfaction d’atteindre les objectifs que l’on s’était fixés. Ca n’a pas forcément été toujours simple, il a eu des moments très forts, comme à La Pommeraye, mais également des déconvenues comme à Saint Gouëno. Mais globalement nous avons su construire avec l’équipe, ma famille et mes partenaires, un résultat qui récompense leur implication. »
Baptiste Tognet-Bruchet tient donc à partager ce titre avec tous ceux qui se sont impliqués à ses côtés durant cette saison : « Un grand merci à toute l'équipe Helium Racing ainsi qu’à tous mes coéquipiers sur cette saison 2022. Un grand merci également à ma famille, et à mes partenaires : La Cave du Vallon, le Garage de la Gare à Etoy, A Deux Pains De Là, GT2i, Sponser, More Management, Pirelli, mais également Nicolas Millet Photography et Pilotes tv pour les images. Je n’oublie pas Geoffrey Schatz pour ses coaching sur course et Kevin Petit pour ses conseils tout au long de la saison. »
Une chose est sûre, ce n’est pas en Formule Renault que l’on retrouvera Baptiste Tognet-Bruchet en 2023. Mais pour l’heure le jeune espoir n’a pas encore réellement défini de quoi serait faite sa saison : « J’ai envie d’évoluer, de progresser, et donc j’ai bien évidemment des projets qui vont dans ce sens. Mais rien n’est définitivement arrêté si ce n’est que je resterai dans la catégorie Sport. Quant au calendrier sportif, là encore nous n’avons rien arrêté », conclut le vainqueur du Challenge Open Formule Renault.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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