Pour les passionnés de Courses de Côte de la Ligue Occitanie-Méditerranée, Jérôme Jacquot est considéré comme un des hommes forts de la discipline. L’année 2021 aura permis au Gardois d’acquérir une dimension nationale en jouant les premiers rôles de la classe CM avec son Speed Car, et en concluant la saison par une victoire scratch sur une manche du Championnat 2ème Division.
C’est en 1981, qu’Alain Jacquot, le père de Jérôme, prenait part avec sa Simca Rallye II à ses premières épreuves, en rallyes et par la suite courses de côte. Animateur des épreuves régionales, il restera fidèle à la Simca 1000 et disposera de différents modèles – Rallye II et Rallye III – plus ou moins sur-vitaminés. Dix ans plus tard, Alain devenait papa d’un petit Jérôme qui bien évidemment allait suivre ses parents sur les épreuves et donc découvrir un environnement qui lui sera rapidement familier.
Les débuts en Simca 1000
Plus attiré par la course de côte que par le rallye, Jérôme attendait impatiemment d’avoir le permis en poche pour à son tour s’installer dans l’habitacle de la Simca 1000 familiale, et prendre part à sa première épreuve. En 2009, à tout juste 18 ans, titulaire depuis quelques jours du permis de conduire, il s’alignait au départ de la Course de Côte de La Malène : « Cette première épreuve était prévue de longue date, car si je me suis élancé avec la voiture de mon père, dès mes 15 ans nous avions fait l’acquisition d’une autre Simca 1000 qui m’était destinée et que nous avions préparée, essentiellement pour que je puisse me faire la main sur des montées historiques et du circuit en loisir », se souvient Jérôme.
S’il se consacrait avant tout aux montées historiques, Jérôme ne dédaignait pas de récupérer de temps en temps l’auto de son père pour aligner quelques bons chronos sur des épreuves régionales. Vainqueur de classe à plusieurs reprises, il parvenait à faire son entrée dans le top 10 notamment à Mialet et à Sumène : « En fait j’ai commencé à rouler vraiment en course à partir de 2014 et ce n’est qu’à partir de 2017 que je me suis vraiment attaché à avoir un vrai petit programme. » Le problème c’est qu’Alain, son père, n’avait pas réellement l’intention de mettre un terme à son implication en course, et que de ce fait Jérôme devait se trouver une auto pour poursuivre sa progression.
Fin 2018, il faisait l’acquisition d’un Proto BRC 05 avec l’intention de rouler essentiellement sur les épreuves de la Ligue Occitanie – Méditerranée durant la saison 2019 : « Dans ma ligue on retrouve deux manches du championnat, Bagnols-Sabran et le Col Saint-Pierre, et bien évidemment je me suis aligné au départ. » Ces deux participations allaient se solder par des accessions au podium de sa classe puisqu’il terminait troisième du CM à Bagnols-Sabran et deuxième sur le Col Saint-Pierre.
Si le choix de Jérôme Jacquot s’était porté sur le BRC, c’est parce que le pilote gardois n’avait aucune certitude quant à ses capacités de mener un Proto, et qu’il ne souhaitait pas de ce fait investir sur une voiture très onéreuse : « Je voulais avant tout me tester, savoir si ce type de voiture allait me correspondre et si je pouvais être compétitif avec un Proto CM. » Les résultats ne se feront pas attendre, mais Jérôme atteignait très vite les limites de sa monture : « Au bout de quatre courses, j’ai pris conscience que si j’essayais d’aller plus vite ça allait mal se terminer. J’ai donc décidé de vendre ce BRC et de faire l’acquisition d’un Speed Car plus performant pour terminer la saison 2019. »
En cette fin d’année, Jérôme n’aura l’opportunité de s’aligner qu’au départ de deux courses avant qu’une casse moteur ne l’oblige à mettre un terme prématuré à sa saison : « J’ai par la suite profité de la longue pause due à la crise sanitaire pour peaufiner les réglages de mon Speed Car et revenir pour une courte saison 2020. » Une saison à l’issue de laquelle il termine deuxième de la Ligue Occitanie – Méditerranée. « J’aurais à mon sens plus prétendre au titre, mais le système de comptabilisation des points favorise la place au scratch, et bien évidemment avec un Proto propulsé par un moteur de moto, même en gagnant ma catégorie sur toutes les courses, je ne pouvais pas concurrencer face à un pilote qui au volant d’une F3 termine systématiquement devant moi. »
Avec à son palmarès un titre de Vice-champion de Ligue, Jérôme Jacquot pouvait aspirer viser plus haut, mais c’est surtout l’envie de progresser qui l’incitait à s’engager sur le Championnat de France de la Montagne : « Je savais que j’allais pouvoir me confronter à des pilotes talentueux et expérimentés. Cela m’offrait l’occasion de savoir où je me situais par rapport aux meilleurs pilotes français évoluant en CM », analyse Jérôme qui souhaitait ardemment défier son copain Yves Tholy qu’il considère à juste titre comme la référence de la catégorie. « Et comme quelqu’un qui n’est pas avare de conseils, car tout au long de la saison il m’a donné des tuyaux pour évoluer et je peux dire que je lui dois beaucoup dans ma progression. »
Conscient qu’il n’était pas en mesure de mettre en place un calendrier très étoffé, Jérôme ne pouvait pas afficher de prétentions en termes de positionnement sur le Challenge Open CM : « Mon seul but était de progresser et de me jauger face à des adversaires réputés rapides, mais je savais que je n’irais pas chercher la victoire sur le challenge. »
Deuxième au scratch en Andorre
Les deux épreuves gardoises – Bagnols-Sabran et le Col Saint-Pierre – ayant été annulées, Jérôme se voyait privé en début de saison de ses deux courses à domicile. Et après un petit séjour chez Pep Motor où le Speed Car de Jérôme Jacquot bénéficiait d’une révision, le Gardois retrouvait une monture un peu plus affutée avec laquelle il se rendait en Andorre pour disputer la Pujada Arinsal : « Je suis allé en Andorre sans pression et finalement ça s’est plutôt bien passé », confie Jérôme qui réalise la prouesse de placer son Speed Car à la deuxième place, derrière la Norma 4 litres de Kevin Petit. « J’ai eu ma part de chance », confie-t-il humblement. « Raul Ferré est tombé en panne et Cyrille Frantz a connu des problèmes qui l’obligent à renoncer, et j’avoue que sous la pluie j’ai été là au bon moment », ajoute le Gardois qui découvrait le tracé Andorran.
La découverte suivante se fera à Vuillafans, sur un tracé que Jérôme Jacquot qualifie de spectaculaire : « C’est très étroit et très rapide. Mais j’ai bien aimé », avoue le pilote du Speed Car qui signait là son tout premier succès en CM sur une manche du championnat : « Ca restera un excellent souvenir puisque j’avais déjà eu l’occasion de rouler à Sabran et au Saint-Pierre, mais sans jamais parvenir à m’imposer, là c’est la toute première victoire et elle fait évidemment plaisir. »
Jérôme n’allait pas en rester là. A Dunières, où la encore il découvrait le tracé, il se voyait proposer un duel face à son copain Yves Tholy. Et pour 460 millièmes, c’est lui qui sortait vainqueur de la confrontation : « C’est pour moi le plus beau combat de la saison, même si Yves a connu quelques soucis mécanique », s’empresse de préciser Jérôme en toute honnêteté. « Samedi, lors de la montée d’essais, je n’étais pas réellement à mon aise, et c’est grâce à Yves qui me donne une nouvelle fois un précieux conseil que j’ai roulé nettement mieux le dimanche, et que je réalise un record du tracé dans ma catégorie. Encore merci à lui ! »
A Chamrousse, où Jérôme se rendait pour la première fois, Yves Tholy prenait sa revanche en s’imposant devant le Gardois : « Ce fut un week-end plus difficile, notamment parce que j’étais tout seul, sans mon beau-père qui me suit habituellement sur toutes les épreuves et qui n’avait pas pu venir. Dès la première manche j’ai connu un problème de freins qui m’a obligé à monter au ralenti. Yves m’a aidé à réparer une durit de freins qui se perçait, mais je ne me suis jamais senti à mon aise sur ce tracé, et il faisait beaucoup trop chaud pour le type de gommes avec lesquelles j’évolue. Ce n’est pas mon meilleur week-end de la saison. »
La participation de Jérôme Jacquot au championnat se concluait après le rendez-vous isérois, mais on le retrouvait par la suite sur une épreuve de sa Ligue, la Course de Côte du Pompidou, où il terminait troisième au scratch derrière la Dallara F306 de Nicolas Verdier et la Norma 2 litres de Dimitri Pereira : « J’adore l’ambiance qui règne sur ces épreuves régionales, et puis là je retrouvais les copains de la région. Je n’avais pas les bons rapports de boîte, mais j’arrive à accrocher le podium sur la toute dernière montée. Vraiment content de retrouver ma Ligue et une course que j’affectionne. »
Succès scratch à Lodève
Et pour conclure la saison, Jérôme Jacquot allait réaliser le meilleur résultat de sa courte carrière en venant chercher à Lodève une victoire scratch sur une manche du Championnat de France de la Montagne 2ème Division : « C’est la première fois que je remporte une épreuve, et il se trouve que c’est une manche du championnat 2ème Division. C’est également la première fois qu’un Proto CM s’impose en 2ème Division, ça restera donc un fabuleux souvenir », avoue Jérôme qui l’emporte assez largement devant la Norma de Dimitri Pereira et la Tatuus de Rémi Béchadergue. « C’est d’autant plus sympa que ce sont deux copains, que nous avons passé un excellent week-end ensemble, et que j’étais ravi de partager le podium avec eux. »
L’objectif de Jérôme Jacquot pour cette saison 2021 était de progresser, le bilan est donc amplement positif : « Je pense que les progrès sont bien là. Pour le reste nous avons été, excepté un petit souci à Chamrousse, épargnés par les problèmes. Je n’ai pas commis d’erreur. Et j’ai la chance d’avoir pu tirer profit du super boulot que Pep Motor a fait sur la mécanique de mon Speed Car », précise Jérôme qui malgré un nombre de courses limitées, termine troisième du Challenge Open CM.
Et bien évidemment quand on évoque les personnes que Jérôme tient à remercier pour leurs soutiens, il ne manque pas d’évoquer Pep Motor Technology :« Grâce à qui j’ai pu disposer d’un Speed Car compétitif. Un immense merci à Christophe mon beau-père qui me suit partout et qui gère la logistique, à Anaïs ma compagne et à tous les amis et les copains qui m’encouragent et notamment mon meilleur ami Bastien. Merci à mes partenaires, le Garage de la Croix de Beauzon à Saint-Christol-Les-Alès, le Garage Anthony à Salindres, les écuries La Blaquière et MC Design (Marie Cammares) à Revel. »
La saison 2022 de Jérôme Jacquot devrait être concentrée sur le Championnat de la Ligue Occitanie – Méditerranée où le Gardois a incontestablement des cartes à jouer : « J’ai vendu le Speed Car et je vais donc repartir avec une nouvelle voiture. Je vais donc devoir découvrir un nouvelle auto avec laquelle je vais essayer de me battre pour le podium de la Ligue. Pour la victoire, nous verrons par la suite », conclut Jérôme Jacquot.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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