A l’issue de la courte saison 2020, c’est sur le podium du Championnat de France de la Montagne Production que l’on retrouvait Anthony Dubois. Au volant de son Alpine A110 GT4 le Berrichon pouvait espérer cette année rééditer cette performance, voire l’améliorer. Son début de saison allait démontrer qu’il était en capacité de s’illustrer à nouveau, avant qu’une sortie de route ne vienne ruiner ses espoirs.
Comme tout pilote qui se respecte, Anthony Dubois a bien évidemment la passion du pilotage et le sens des trajectoires. Mais son attrait pour la course automobile ne se cantonne pas à ces domaines, il a de plus une réelle appétence pour la mise au point des voitures aux volants desquelles il évolue. L’Alpine offre à ce titre un terrain propice tant elle permet d’exploiter diverses solutions avant de bénéficier des meilleurs réglages.
Durant la saison 2020, Anthony Dubois s’est donc fait plaisir en alignant une succession d’excellents chronos, mais également en travaillant sur sa monture pour en tirer la quintessence. Logique donc pour lui de se relancer en 2021 avec son Alpine : « Il est vrai que 2020 nous avait permis d’enregistrer un maximum d’infos et de prendre conscience que l’auto fonctionnait bien. » Totalement satisfait par la comportement de son Alpine, Anthony ne tentait pas de nouvelles évolutions durant l’intersaison. C’est donc dans la configuration dont elle disposait à Bagnols-Sabran, dernière épreuve de la saison passée, qu’il la retrouvait.
La pause hivernale étant longue, le pilote du Cher décidait avant d’affronter la Course de Côte de La Pommeraye, d’effectuer quelques tours de roulage en circuit : « Je me suis rendu à Lurcy-Lévis et ensuite à La Châtre où nous avons pu valider les réglages de la voiture. Je me suis refamiliarisé avec le comportement de l’Alpine et j’ai pris soin à vérifier la fiabilité de l’auto. Tout c’est parfaitement déroulé. »
Le podium du championnat comme objectif
Lorsque l’on goûte à un podium sur le Championnat de France de la Montagne, il est évident que l’on souhaite à nouveau rééditer cette expérience. Troisième à l’issue de la saison 2020, Anthony ambitionnait de récidiver cette saison : « Clairement j’espérais faire mieux, pourquoi pas viser une marche supplémentaire, et même tenter d’accrocher le titre, il n’y avait pas de raison de se mettre de barrière », confie cet ancien champion cycliste qui sait que la détermination joue énormément dans la réussite. « Mais il est clair que si je ne parvenais pas à faire mieux, je tenais à faire aussi bien. On prend vite goût à monter sur le podium. »
Un autre objectif se présentait naturellement à Anthony Dubois, celui de remporter les Trophées FFSA du Groupe GT Sport et du Challenge Open GT/2 : « Pour cela je savais que j’aurais à faire à forte opposition avec la présence de Francis (Dosières), pilote d’expérience qui affiche un énorme palmarès. C’est très plaisant de rivaliser avec un tel concurrent même si ça met nécessairement un petit coup de pression. »
Premier succès sur le Championnat
La saison d’Anthony Dubois ne pouvait pas mieux débuter. Sur la Course de Côte de La Pommeraye, théâtre du coup d’envoi de la saison, il allait signer son tout premier succès sur une épreuve du Championnat de France de la Montagne : « C’était une immense joie », lâche Anthony. « Je traversais alors une période difficile tant sur le plan personnel que professionnel, avec un déménagement et une création d’entreprise. Me présenter au départ de la première épreuve semblait compromis, mais je ne pouvais pas me résoudre à louper cette course. Finalement j’ai bien fait d’être présent. »
S’il ne cache pas qu’il n’avait pas l’esprit totalement concentré sur la course, Anthony reconnait qu’il attendait impatiemment cette première confrontation qui devait lui permettre de se jauger face à la concurrence : « Ce n’était pas évident parce qu’en plus les conditions météorologiques étaient très changeantes, difficile à appréhender. Mais ce que j’apprécie sur l’Alpine, c’est qu’elle offre une multitudes de réglages et permet de trouver, si on s’y penche vraiment dessus, le set-up idéal suivant les conditions. J’ai à présent l’expérience pour la régler, et j’aime bien ce genre de conditions qui nous obligent à trouver des solutions. Donc pour moi, le scénario de cette première épreuve était parfait. »
Sur un tracé qu’il apprécie mais qui nécessite une once d’intrépidité, Anthony était aux anges à l’heure de monter sur le podium : « Débuter la saison à La Pommeraye ce n’est pas évident parce qu’il faut trouver le rythme sur un tracé court mais rapide. Donc quand j’ai vu les temps, et que j’ai compris que je m’imposais, c’était un sentiment difficile à décrire. J’étais vraiment hyper content ! »
Un déménagement prévu de longue date contraignait Anthony à faire l’impasse sur la Course de Côte de Vuillafans – Echevannes. Mais c’est l’esprit serein, confiant après sa victoire à La Pommeraye, qu’il se rendait à Dunières : « C’est une course atypique sur laquelle il faut savoir trouver les bons réglages, un aspect de la course que j’apprécie. On a donc bien bossé et j’ai été immédiatement dans le coup après avoir trouvé rapidement le bon set-up », analyse Anthony qui monte sur le podium du Production et qui remporte le groupe GT Sport.
Régulier et performant, ce sont les deux qualificatifs que l’on peut adosser à la performance d’Anthony Dubois à Marchampt-en-Beaujolais où une nouvelle fois il se hissait sur le podium du Production, en terminant en tête du GT Sport : « Un super week-end et une belle bagarre avec Francis (Dosières) qui avait tendance à réduire l’écart. Ça m’a obligé à rouler fort sur une épreuve rapide », confie Anthony. « Après, nous ne disposons que de 380 chevaux, et face aux autos plus puissantes je ne peux que me réjouir de parvenir à terminer sur le podium » ajoute le pilote du Cher qui confirme sa régularité en signant trois montées de course en 1’51’’.
En termes de résultats, les épreuves se suivaient et se ressemblaient pour Anthony Dubois qui, au Mont-Dore, accrochait à nouveau le podium du Production et une victoire en GT Sport : « Ça reste un super souvenir… Déjà parce que je termine les essais en tête en signant par deux fois le meilleur temps des Productions. Sous la pluie, ça met en confiance sur une épreuve que j’apprécie et que je connais. Dimanche, sous le soleil, Ronald (Garcès) et Yannick (Poinsignon) me passeront devant, mais pour ma part j’améliore mes chronos de la précédente édition et j’étais pleinement satisfait. »
S’il remporte le Groupe GT Sport à Chamrousse, et qu’il monte une nouvelle fois sur la troisième marche du podium, Anthony Dubois aurait pu offrir à son Alpine, une deuxième place sur l’épreuve alpine. Il termine en effet à seulement cinq centièmes de la Porsche de Christian Schmitter : « Ça reste une belle satisfaction. Terminer sur le podium est pour moi toujours un excellent résultat. Certes, il ne manquait pas grand-chose et tu peux toujours avoir des regrets d’avoir freiné trop tôt à un endroit, où ne pas avoir parfaitement abordé un virage. Mais ça commençait à aller très vite et en toute franchise j’étais un peu au ’’taquet’’. J’ai tout donné pour aller chercher Christian, mais sur une épreuve que je ne connaissais pas bien avec une seule participation auparavant, je ne peux pas avoir de regrets. »
Grosse sortie de route à Turckheim
On ne connaitra jamais les raisons qui sont à l’origine de la sortie de route d’Anthony Dubois à Turckheim. Une accident qui mettait un coup d’arrêt à sa saison et qui compromettait ses chances de terminer sur le podium du championnat : « Il est clair qu’avec la présence de Philippe et de Christian Schmitter, qui évoluaient à domicile, accéder au podium n’allait pas être simple », analyse Anthony. « J’avais pour objectif d’accrocher un nouveau podium, mais pour cela il fallait sortir la grosse attaque. Ce n’était que la deuxième fois que j’allais à Turckheim. Alors est-ce qu’on peut incriminer une méconnaissance du tracé, un excès d’attaque ou un manque d’adhérence ? Je n’en sais rien. »
Ce qu’Anthony garde à l’esprit, c’est que durant le week-end alsacien il n’a pas été la seule victime de violentes sorties de route : « Je ne connais pas les raisons qui ont entrainé ces accidents. Je ne sais pas si moi-même je n’ai pas glissé sur de l’huile ou des graviers. Je n’aurais jamais de réponse, je sais seulement que ma sortie n’est pas due à une défaillance mécanique. En revanche, je ne peux pas occulter que lors de la précédente édition j’ai failli sortir sur une trace d’huile. Je ne veux surtout pas incriminer personne, je fais juste un constat. »
Transporté à l’hôpital pour subir des examens suite à ce violent accident, Anthony se voyait diagnostiquer une fracture d’une vertèbre. Une blessure qui allait entrainer un arrêt de travail de six semaines : « Impossible à respecter lorsque, comme moi, tu viens de créer ton entreprise. J’ai donc vécu des moments difficiles, avec un gros coup au moral, des douleurs qui m’empêchaient de faire les gestes de la vie quotidienne et l’impossibilité de travailler. La reprise a été très pénible, mais aujourd’hui je peux dire que tout est rentré dans l’ordre et que cet accident est à ranger parmi les mauvais souvenirs. » Si la période a été moralement difficile, Anthony n’oublie pas le soutien dont il a bénéficié : « Je tiens à remercier tous ceux qui m’ont envoyé des messages, pris des nouvelles, m’ont assuré de leurs soutiens. Ils étaient très nombreux, et ça fait chaud au cœur de voir que tous les amis de la course de côte sont présents dans les moments difficiles. »
Pour ce qui est de la voiture, l’Alpine a subi de gros dommages : « J’ai cru un temps que la caisse était irréparable. Après analyse on s’est rendu compte que nous pourrions réparer, mais qu’il allait falloir redoubler d’efforts… Nous sommes en phase de terminer la carrosserie, et la caisse nue devrait partir en peinture avant la fin de l’année. Après il y aura toute la phase de remontage avec énormément de changements de pièces que nous n’avons pas pu récupérer. »
Jusqu’alors, Anthony Dubois avait participé à toutes les éditions des FIA Hill Climb Masters. Il se faisait donc une joie, en fin de saison, de se rendre au Portugal : « Ça n’a pas été possible, et j’avoue que je n’ai pas vraiment suivi le déroulement de cette épreuve. Moralement c’était compliqué de voir les autres partir et de rester là. Il faut se faire une raison, mais je n’ai pas voulu me faire du mal pour rien, j’avais le sentiment d’être puni », lâche-t-il dans un sourire.
La meilleure et la pire saison
A l’heure de faire les comptes, c’est à la quatrième place du Championnat Production que l’on retrouve Anthony Dubois : « C’est pour moi la meilleure et la pire des mes saisons. J’ai vécu les deux extrêmes… Des supers moments avec un enchainement de podiums et de victoires de groupe, et de très douloureux avec la sortie de route de Turckheim et toutes les conséquences que cela engendre. Je veux évidemment positiver et garder à l’esprit les bons chronos et les belles performances, mais je n’oublie pas que j’ai vécu la pire sortie de route depuis mes débuts en compétition. »
Parmi les bons souvenirs, Anthony conservera ses succès dans le groupe GT Sport : « La confrontation avec Francis (Dosières) a créé une saine émulation et m’a permis indirectement de progresser. J’étais dans l’obligation d’être performant plus rapidement et cela m’a aidé dans l’obtention de bons résultats. » Il conserve également à l’esprit que cette saison était abordée dans des conditions optimales : « J’ai roulé précédemment avec une Scora et avec une Porsche, mais avec l’Alpine je dispose d’une vraie auto de course. Et le soutien de Signatech me permet d’avoir une approche plus professionnelle. Lorsque l’on travaille, nous ne sommes plus dans l’amateurisme mais nous savons exactement où nous allons. J’ai le matériel et une équipe technique sur laquelle je peux compter, ça aide énormément. »
S’il tient à remercier Guy, son père et Caroline son épouse pour leur soutien tout au long de la saison, Anthony Dubois souhaite également mettre en avant ses partenaires : « Un immense merci à Signatech Bourges pour leur appui technique important et également aux pneumatiques Michelin. Je profite également de l’occasion pour remercier l’ensemble de mes partenaires : Bahco, Somac, Ppa Bourges, Auberge Joseph Mellot, Mecaparts, Arc-en-ciel, Adhésive lab et la SARL Yves David. »
L’Alpine est donc en phase de reconstruction et Anthony Dubois a la ferme intention d’être au départ de l’ensemble des épreuves du Championnat au volant de son Alpine A110 GT4 : « Et si l’opportunité se présente, de m’aligner sur une ou deux épreuves à l’étranger. » il faudra donc compter en 2022 avec Anthony Dubois qui ne manquera pas de se battre pour accrocher un nouveau podium.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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