Depuis 2016, année de ses premières apparitions sur le Championnat de France de la Montagne, Marc Pernot a eu l’occasion de glaner de nombreux succès de classe. Mais pour la première fois en 2021, le jeune Franc-Comtois s’engageait sur le Championnat, où il allait enchainer les victoires de classe, pour au final remporter le très convoité Trophée Lionel Régal qui récompense le meilleur jeune sur le Championnat Sport.
Le nom des Pernot est intimement lié à la Course de Côte. Ornans, le fief natal de la famille Pernot, se situe à quelques kilomètres de Vuillafans où se déroule depuis plus de 50 ans une des manches du Championnat de France de la Montagne. Depuis trois générations, les Pernot ont pris pour habitude de s’illustrer au volant de divers bolides sur ce tracé aussi apprécié que redouté par les animateurs du championnat.
Tout juste octogénaire, Georges Pernot n’en reste pas moins un passionné qui observe d’un œil bienveillant les prestations de ses petits-fils. C’est lui qui inaugurera la longue implication des Pernot dans la discipline. A la suite de Georges, c’est Eric, son fils, qui prendra le relais pour à son tour venir décrocher des victoires sur les épreuves du Championnat de France. Sa carrière sportive s’étalera du début des années 90 jusqu’en 2008 : « Et deux ans après avoir arrêté la compétition, il nous a mis mon frère et moi au karting », se souvient Marc. Car si le talent se transmet, il se partage également. Marc a en effet un frère ainé, Etienne, qui lui aussi aura marqué cette saison 2021 de son empreinte.
Premiers tours de roues en karting à l’adolescence
Marc n’avait donc qu’une douzaine d’années lorsque pour la première fois il s’installait derrière le volant d’un kart : « Nous avons roulé avec mon frère durant une année uniquement en loisir, en se partageant le kart familial. Ensuite, en 2010, nous avons fait avec Etienne notre première année de compétition en disposant chacun de notre propre kart. » En parallèle, Marc prenait part à des compétition de cyclisme sur route, ce qui ne pouvait que parfaire ses notions de trajectoire, « et puis accroitre l’esprit de compétition », analyse-t-il.
Il faudra attendre 2016 pour voir conjointement les frères Pernot débuter en sport automobile. Et tout naturellement, dans la lignée familiale, c’est vers la Course de Côte qu’ils se dirigeaient : « Pour notre toute première course, nous nous partagions une Formule Renault version 2007 sur la Course de Côte de Colombier-Fontaine, près de chez nous. » D’entrée de jeu les frères Pernot vont faire parler d’eux en terminant aux deux premières places de leur classe, et en accrochant les quatrième et sixième places du scratch.
Pour sa deuxième course, Marc s’attaquait à un gros morceau, la Course de Côte de Vuillafans. Sur cette épreuve qui lui tient à cœur, il allait terminer en tête des Formule Renault devant Rémi Béchadergue, Didier Chaumont, Thibaut Brand et Sarah Louvet : « Ca reste bien évidemment un excellent souvenir, s’imposer sur une épreuve du Championnat de France et d’autant plus à la maison. » Marc se rendra par la suite à Urcy où il remportait une nouvelle victoire de classe… En 2017, on retrouvait Marc au départ de quatre épreuves du Championnat de France de la Montagne : « Les bons résultats enregistrés en 2016 nous ont incité à disputer quatre manches chacun du CFM avec la Formule Renault. » L’occasion pour Marc d’enregistrer quatre nouveaux succès de classe à son palmarès.
La progression des frères Pernot devait nécessairement passer par un changement de voiture, afin de disposer d’une auto plus performante : « C’est pour cela qu’en 2018 nous avons fait l’acquisition de la Norma 2 litres que nous avons actuellement. » Avant de songer aligner des résultats probants, l’auto, qui venait du circuit, devait être reconfigurée pour correspondre aux sollicitations de la Course de Côte : « Nous devions de plus nous adapter à un pilotage bien différent de celui d’une Formule Renault, et évoluer dans une classe nettement plus relevée. De ce fait, même si nous sommes parvenus à signer de bons résultats, ce n’était pas réellement transcendant », estime Marc.
Ce n’est qu’en 2019 que la Norma bénéficiera d’une configuration réellement adaptée à la côte, et rapidement les chronos allaient suivre : « Nous étions en constante progression et nous commencions à viser les victoires du côté du 2 litres », se souvient Marc.
Si les frères Pernot alignaient les excellents résultats, ils ne récoltaient pas réellement le fruit de leurs efforts. En se partageant la Norma familiale, ils devaient se résoudre à faire un nombre limité de courses, ce qui est loin d’être idéal pour découvrir les tracés. Pour la saison 2020, la décision était prise, ils disposeraient chacun d’une voiture : « Nous avons donc loué une Formule Renault au Team Hélium Racing, une version 2007, similaire à celle que nous avions précédemment. L’idée était de se partager avec Etienne la Norma et la Formule Renault dans l’optique de découvrir toutes les courses. Malheureusement le Covid est passé par là, et le championnat s’est réduit à trois meetings. »
Deux frères, deux autos pour la saison 2021
Avant d’aborder la saison 2021, une Formule Renault version 2013 venait rejoindre la Norma M20 FC dans le garage familial. Les frères Pernot disposaient à présent de deux voitures : « Nous avons donc établi un calendrier avec mon frère, pour disputer le championnat en se partageant les deux voitures. Là on avait de deux autos qui nous offraient l’opportunité de nous battre pour la victoire dans la classe. » Marc et Etienne ne s’en priveront pas…
Seul hic, en se partageant entre Norma et Formule Renault, les deux jeunes Franc-Comtois allaient se priver de précieux points dans leurs classes : « On savait qu’en ne faisait pas toutes les courses au volant de la même voiture on compromettait très sérieusement nos chances de remporter un Challenge Open. Malgré tout, Etienne y est parvenu en DE/7. Mais bien évidemment, la Norma reste tout de même plus performante et plus plaisante à pilote, et il était difficile de se départager pour savoir qui roulerait avec quoi, d’où l’idée de permuter entre les deux voitures. »
A l’approche de la saison 2021, dans la configuration dans laquelle il abordait les épreuves, Marc n’avait pas de réels objectifs au championnat : « On savait qu’on allait perdre des points et que c’était impossible en CN/2. Le but était donc d’essayer avant tout de s’imposer dans la classe sur les épreuves. »
La Course de Côte de Vuillafans – Echevannes est le rendez-vous de la saison le plus attendu par les frères Pernot. C’est la course à domicile, sur un tracé qu’ils connaissent et devant un public acquis à leur cause. Difficile dans ces conditions de ne pas appréhender le week-end sans une certaine pression. Pression décuplée par le fait que l’épreuve Franc-Comtoise était pour eux leur premier rendez-vous cette année : « En principe on arrive à Vuillafans avec trois ou quatre courses dans les jambes. Là ce n’était pas le cas. Durant ce week-end on est bien évidemment très sollicité et il était difficile de se plonger totalement dans la course. » Huitième au scratch, deuxième du CN/2 derrière Maxime Cotleur, Marc ne cache pas sa déception : « J’espérais mieux à la maison. J’ai eu du mal à me mettre dedans et les chronos ne sont pas à la hauteur de mes attentes. La voiture pouvait faire largement mieux, ça vient réellement de moi », reconnait-il humblement.
La victoire n’allait toutefois pas se faire attendre. Dès Dunières Marc Pernot s’imposait en CN/2 en positionnant sa Norma au sixième rang et en remportant, comme à Vuillafans, la Coupe du Meilleur Jeune : « Je découvrais ce tracé et avec une seule montée d’essais le samedi à cause de la météo et une piste encore grasse le dimanche matin, ce n’était pas facile. Je pensais que je n’arriverais pas à aligner de bons chronos sur cette épreuve. Mais au fil des montées je suis parvenu à cerner le tracé, et finalement ça a plutôt très bien marché. »
Changement de voiture pour la Course de Côte de Marchampt que Marc abordait au volant de la Formule Renault familiale. L’auto est différente, mais le résultat identique puisque comme il l’a fait cette saison sur toutes les manches du Championnat de France de la Montagne, il remportait dans le Beaujolais la Coupe du Meilleur Jeune, et qu’en prime il s’imposait dans sa classe : « C’est pour moi un week-end au top. Etienne avait remporté les premiers rendez-vous avec la Formule Renault, je fais de même sur cette épreuve, et nous continuerons jusqu’à la fin de la saison en établissant systématiquement de nouveaux records dans la classe. Belle satisfaction donc pour nous de signer une nouvelle victoire sur un tracé que j’ai beaucoup apprécié. »
Pour affronter le mythique Mont-Dore, Marc retrouvait le volant de la Norma M20 FC et allait livrer un nouveau combat à Max Cotleur pour finalement s’imposer avec sept dixièmes d’avance sur son rival : « Vraiment content parce que c’est un succès à l’issue d’une belle bagarre. On a réussi à augmenter le rythme au fil des montées pour finalement signer un chrono dont je suis très content. »
C’est au volant de sa Formule Renault que Marc Pernot découvrait cette saison le tracé de Chamrousse. Une première participation qui se soldait par une nouvelle victoire de classe : « J’ai beaucoup aimé, et j’aimerais vraiment aborder ce tracé avec une auto un peu plus puissante, parce que je pense qu’on peut se faire vraiment plaisir. C’est vraiment un tracé pour gros proto ou une monoplace puissante. Mais j’avoue qu’avec la Formule Renault je me suis fait plaisir. »
En 2020, Marc Pernot était présent à Turckheim et avait pu affronter le parcours alsacien au volant de la Formule Renault du Team Helium Racing : « J’avais adoré ! Turckheim propose un mélange de tout ce que l’on peut retrouver durant la saison, avec des portions rapides, du serré, du technique, c’est vraiment top. Je m’impose en Formule Renault avec à la clé un nouveau record dans la catégorie, c’était vraiment bien. »
A Limonest, pour conclure la saison sur le championnat, Marc Pernot retrouvait la Norma et son adversaire habituel, Maxime Cotleur, qui au final le devançait de 147 millièmes au cumul des deux meilleures montées : « C’est une grosse frustration parce que je suis très loin des chronos que j’ai pu faire ici-même en 2019. C’est d’autant plus rageant que j’avais à l’époque moins de roulage et une auto moins compétitive. J’aurais dû faire mieux et je suis à plus d’une seconde de mes temps… Je n’ai trouvé ni les réglages, ni le rythme. Et même si je fais un meilleur chrono que Max, c’est lui qui l’emporte au cumul… Frustrant ! »
Et en matière de frustration, la Finale de la Coupe de France de la Montagne allait offrir son lot au pilote du Doubs. A l’issue d’un combat d’anthologie avec Pierre Mayeur et Didier Brun, Marc doit se résoudre à terminer deuxième à 474 millièmes de la Martini MK 62 de Pierre Mayeur : « Bien évidemment frustrant parce que je pense que j’aurais pu m’imposer… Sur la dernière montée je m’élance avec des gouttes de pluie sur le casque, et même si j’arrive à légèrement améliorer, ce n’est pas suffisant face à Pierre qui a pu rouler dans de meilleures conditions. C’est la course, mais je ne cache pas que je suis profondément déçu. »
Trophée Lionel Régal et 2ème de l’Open CN/2
Meilleur jeune sur toutes les épreuves de la saison, Marc Pernot remporte le Trophée Lionel Régal qui récompense le Meilleur Jeune de la catégorie Sport. Et même en se partageant entre sa Norma et sa Formule Renault, il termine deuxième du Challenge Open CN/2, troisième du Challenge Open DE/7 et 10ème du Championnat de France de la Montagne : « Le bilan est largement positif. Je connais à présent presque toutes les courses du championnat. Pour ce qui est du résultat, il est clair que j’aurais aimé faire un peu mieux sur deux ou trois courses, mais les résultats sont tout de même là », analyse-t-il. « Et puis même s’il y a deux ou trois fausses notes, il n’y a pas eu de casse mécanique ni de sortie de routes, l’ambiance était excellente, on peut vraiment être satisfait. »
A l’issue d’une saison durant laquelle il a connu la réussite, Marc Pernot remercie ceux qui par leur soutien lui ont permis de se mettre en valeur : « Un grand merci à ma famille, mes proches, Motul, AXA Ornans, la ville d'Ornans, LONI la terrasse bois, l'imprimeur Simon, et un grand merci à André. »
Fini le partage… En 2022 les frères Pernot auront donc chacun une voiture dédiée avec laquelle ils pourront pleinement s’exprimer dans leurs classes : « Nous avons vendu la Formule Renault. Une autre voiture viendra la remplacer. L’objectif sera qu’Etienne et moi puissions défendre nos chances dans nos challenges respectifs. » Le jeune Franc-Comtois veut pour l’heure rester vague, mais laisse entendre que lui et son frère devraient disposer d’autos aux performances proches.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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